« Les
intoxications alimentaires à l'histamine pourraient augmenter en
Europe », source article
de Joe Whitworth paru le 12 juin 2019 dans Food Safety News.
Selon
des chercheurs, le risque d'intoxication alimentaire à l'histamine
ou intoxication histaminique, également appelé scombrotoxisme,
pourrait augmenter à l'avenir si les tendances des échanges
commerciaux se poursuivaient.
Des
scientifiques ont fait cette remarque dans la revue Eurosurveillance
lors d'une investigation sur un foyer de cas en 2017 lié à du thon
en France.
La
contamination par l'histamine est généralement due à une
réfrigération inadéquate du poisson et peut survenir à n'importe
quel stade de la chaîne alimentaire. Une fois formé, l'histamine
n'est pas détruite par la cuisson, le fumage ou la congélation.
Les
chercheurs prévoient que le risque d'intoxication alimentaire à
l'histamine pourrait augmenter dans les années à venir, car les
importations de thon frais en Europe ont augmenté de 5% en moyenne
par an entre 2011 et 2015. Si la tendance se maintient, il est
probable que l'intoxication va suivre.
Selon
l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le
Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC),
599 foyers de HFP ont été signalés dans l'Union européenne entre
2010 et 2017. Le pic d'intoxications alimentaires à l'histamine a
été atteint en 2017, avec 117 foyers impliquant 572 patients,
principalement signalés. par la France et l'Espagne.
L'Italie
a notifié les 10 dernières alertes d'intoxication par des poissons
scombridés d'Espagne, du Sri Lanka ou d'Inde depuis 2010 sur le
portail du RASFF, avec la plus récente notification au mois de juin.
Dix notifications cette année ont mentionné l'histamine.
La
surveillance nationale en France montre que les intoxications
alimentaires à l'histamine ont représenté 3,6%, soit 263 des 7 346
foyers de cas d'origine alimentaire signalées entre 2010 et 2016.
Sur ce nombre, seulement 62 ont été confirmées en laboratoire, ce
qui souligne les difficultés de l'investigation.
L’intoxication
alimentaire à l’histamine est une réaction de type allergique
provoquée par la consommation de poisson ou d’aliments fermentés
contenant une forte concentration d’histamine. Les poissons
scombridés tels que le thon et le maquereau, ainsi que certains
poissons non scombridés, tels que le mahi-mahi, les sardines, les
pilchards, le hareng, sont couramment impliqués.
Intoxication
à l'histamine en France
En
avril 2017, une épidémie d'intoxication à l'histamine s'est
produite dans une unité militaire française près de Paris. Au
total, 40 cas ont été identifiés parmi les 241 personnes ayant
mangé au centre de restauration.
L'âge
médian des cas était de 38 ans, avec une fourchette globale de 18 à
58 ans. Soixante-huit pour cent, 21 sur 31 étaient des hommes. Les
symptômes communs étaient des maux de tête, des bouffées de
chaleur, des éruptions cutanées, des nausées, des palpitations et
de la diarrhée. Six patients ont été hospitalisés, tous pendant
moins de quelques heures.
« Lors
de cette éclosion, l'apparition initiale de symptômes chez deux
personnes manipulant des aliments aurait pu alerter le personnel dès
le début; cependant, leurs symptômes étaient, selon eux,
inattendus pour une épidémie d'origine alimentaire et n'ont donc
pas été immédiatement associés au thon », ont dit les
chercheurs.
Les
chercheurs ont mené une étude cas-témoins sur 31 cas et 63 sujets
témoins. Parmi les cas, 30 avaient consommé du thon, alors que
seulement 12 des 63 sujets témoins en avaient consommé.
Une
analyse multivariée a montré que les filets de thon jaune cuits
étaient la source probable de l'intoxication alimentaire.
L'intoxication à l'histamine a été rapidement suspectée en raison
des symptômes d'allergie des patients, de l'apparition rapide après
un repas et de la consommation de thon. Dès que cela a été
suspecté, le thon non cuit restant a été retiré du centre de
restauration militaire.
Le
thon jaune frais provenait de La Réunion et a été livré sous vide
et emballé avec des glaçons sur le principal marché alimentaire de
Paris (Rungis). Aucune question liée à la chaîne du froid n'a pu
être établie dans les chaînes d'approvisionnement en amont et en
aval.
Enquête
de traçabilité
Un
test de dépistage réalisé par le fournisseur local à la Réunion
avant son transport en France a révélé que la concentration en
histamine était inférieure à 200 milligrammes par kilogramme.
La
concentration d'histamine s'est établie à 1 720 mg/kg dans les
restes de thon cru et à 3 720 mg/kg dans les échantillons témoins
de thon cuit, bien au-dessus des valeurs limites définies par la
réglementation européenne de 200 mg/kg.
La
présence de Klebsiella variicola et de Pantoea
agglomerans, micro-organismes de l'ordre des Enterobacterales
qui produiraient de l'histamine, a été confirmée dans les restes
de thon cru.
« La
concentration peut varier dans la chair d'un thon ou entre différents
poissons d'un même lot. Cela pourrait expliquer pourquoi toutes les
personnes qui ont mangé du thon ne sont pas tombées malades et
pourquoi l'analyse effectuée par le fournisseur local à la Réunion
était normale », ont écrit des chercheurs.
Les
valeurs de température enregistrées peuvent être retracées du
bateau de pêche à l'installation militaire autonome. Elles étaient
conformes aux exigences réglementaires comprises entre 0°C et +2°C
pour les produits de la pêche crus.
L’évaluation
du processus de restauration et des installations n’a pas mis en
évidence d’écart par rapport aux pratiques de conservation et
d’hygiène des aliments. Aucune odeur anormale, ni changement
d'apparence du thon n'a été observé par les cuisiniers.
Les
chercheurs ont supposé que la contamination pouvait s'être produite
tôt dans la phase de pêche, y compris le temps passé dans l'eau
après la mort ou lors de la préparation initiale du poisson, telle
que la découpe et l'éviscération.
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