« Le
fromage de brebis des Pyrénées, victime indirecte du coronavirus »,
source agri-mutuel
avec l’AFP du 23 mai 2020.
Conséquence
inattendue de la crise sanitaire du coronavirus: la qualité de
l'herbe sur les sommets des Pyrénées est compromise et avec elle la
qualité et la quantité des célèbres fromages de brebis produits
durant l'estive.
Avec
l’approche de l’été, la transhumance des troupeaux de brebis
doit commencer ces prochains jours dans le Béarn, mais les bergers
redoutent une saison «très compliquée» après les
restrictions du printemps. Le confinement les a contraints, comme
tout le monde, à rester chez eux. Pas question, donc, de partir en
montagne pour entretenir les cabanes qui les accueillent pendant
l’estive.
Ce
sont les 13 gendarmes du peloton de haute montagne, basé à
Oloron-Sainte-Marie, qui s’en sont chargés. « On a
proposé notre aide au début du confinement à l’Institut
patrimonial du Haut Béarn qui nous a donné une liste d’une
cinquantaines de cabanes à aller inspecter », explique le
chef Renaud Saison. Il peut y avoir eu des coulées d’avalanches
dans l’hiver ou bien des tuiles manquantes ou cassées sur les
toits, détaille le gendarme.
Mais
les bergers sont avant tout préoccupés par la qualité de l’herbe,
compromise en montagne par l’interdiction de tout écobuage durant
le confinement, selon l’association des éleveurs transhumants des
vallées béarnaises.
Le
20 mars, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques décidait de
suspendre la pratique « jusqu’à la fin du confinement »,
afin que « les services départementaux d’incendie et de
secours ainsi que la gendarmerie se concentrent exclusivement à la
protection de la population ».
L’écobuage,
cette pratique ancestrale qui consiste à mettre le feu à des
parcelles délimitées afin d’en brûler la végétation dite
«sèche», permet le fleurissement d’une herbe tendre et
feuillue, idéale pour le pâturage.
fromages d'estive |
« On
se sent oubliés »
Ce
«tapis», en cas d’humidité, dégage même une odeur
repoussante pour les brebis, qui renoncent à pâturer.
Habituellement pratiqué entre mars et avril, l’écobuage n’est
désormais plus d’actualité. « Entre temps, le gros
bétail c’est-à-dire les vaches et les chevaux ont été montés,
donc la cohabitation avec des écobuages est impossible »,
explique Julien Lassalle. D’autant que depuis 2012, la pratique est
interdite entre avril et octobre « afin de contrôler des
écobuages non réglementés qui pourraient partir en feu »,
souligne la préfecture.
Les
380 bêtes de Jeanine Loustau monteront donc à Accous dès le début
du mois de juin, mais l’éleveuse ne se fait pas d’illusion :
« Il n’y aura pas d’herbe, donc pas de lait et pas de
fromage. On a parlé de l’agriculture pendant deux mois, pour qu’on
nourrisse les gens, mais à côté de ça on se sent oubliés »,
souffle l’éleveuse.
Elle
dit avoir «sérieusement envisagé» de renoncer à l’estive,
sans s’y résoudre. « Les brebis en ont besoin et
l’exploitation aussi parce qu’on ne peut pas faire les foins si
les bêtes sont là. C’est indispensable sur des petites surfaces
comme les nôtres ». Pour elle, le fromage d’estive,
produit savoureux qui fait souvent la notoriété d’une ferme,
représente 30% de sa production annuelle.
La
crise sanitaire a également rendu impossible un aspect important de
la transhumance: la fête qui l’accompagne. Là aussi, les
rassemblements aux départs des transhumances ont été interdits.
« C’est
un moment important pour nous parce qu’il y a beaucoup de
participation et ça nous permet de créer du lien avec les gens du
pays, les touristes, les consommateurs. Ce sont des moments
privilégiés où on se fait du bien »,
regrette Julien Lassalle.
Confirmation
avec cet article, « Les
estives 2020 impactées par le COVID19 »,
source Petite
république.com.
Avec
les nouvelles conditions sanitaires imposées face au coronavirus le
cadre de l’organisation des estives 2020 est modifié. La
montée aux estives va démarrer le lundi de Pentecôte. Les
troupeaux partiront accompagnés de leurs éleveurs selon un planning
sur une semaine mis en place par la municipalité. Cette année pas
de réunions d’éleveurs, Yves le berger ne fera pas le tour des
bergeries pour effectuer le marquage et la vaccination. Le marquage
se fera sur le lieu de l’estive. Il n’y aura pas de regroupement
avant le départ à Aspet avec le traditionnel casse-croûte offert
par la mairie. La vision de l’osmose dans le lien ancestral entre
les bêtes et les hommes gravissant les pentes de Cagire demeure pour
cette année un souvenir.
Les contraintes
sanitaires impactent également la venue de stagiaires comme les
autres années. L’employé communal seul se rendra sur les lieux
pour aider les bergers. Les éleveurs pourront visiter leurs
troupeaux le dimanche selon un protocole précis, répartis en petits
groupes. Ils devront apporter leur propre matériel pour l’entretien
du bétail.
Toutes ces
contraintes n’ont pas impacté le nombre d’éleveurs pratiquant
l’estive et le nombre des brebis reste aussi équivalent.
NB : Dans
les Pyrénées, on parle d’estive et non d’alpage.