mardi 30 avril 2019

Le directeur général de l'OMS appelle à mettre l'accent sur la sécurité sanitaire des aliments


« Le directeur général de l'OMS appelle à mettre l'accent sur la sécurité sanitaire des aliments », source article de Joe Whitworth paru le 30 avril 2019 dans Food Safety News.

Selon le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il n'existe aucun type de sécurité sanitaire des aliments que ce soit pour les riches et un autre pour les pauvres.

M. Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Photo Pierre Albouy
Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que la santé de toutes les personnes, peu importe où elles vivent et ce qu'elles mangent, doit être également protégée. Il était parmi ceux qui ont pris la parole devant les participants au Forum international sur la sécurité sanitaire des aliments et le commerce au siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève.

Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, a déclaré qu'il existe un héritage de sous-dénombrement massif de personnes malades d'aliments insalubres.

« Les agents pathogènes présents dans les aliments, qu’ils soient microbiens, tels que les virus, les bactéries et les parasites, ou les produits chimiques provenant de toxines et de métaux lourds, voire des résidus de pesticides et de médicaments vétérinaires, comportent des risques pour la santé humaine. Mais trop souvent, les gens ne font pas de lien entre les symptômes auxquels ils sont exposés - ou auxquels ils pourraient l’être à l’avenir - et les risques liés à l’alimentation auxquels ils ont été exposés », a-t-il déclaré lors du forum tenu les 23 et 24 avril 2019.

« Ce qui rend la sécurité sanitaire des aliments unique et différente des autres domaines de la santé publique, c'est sa nature multisectorielle. Elle recoupe différents secteurs tels que la santé, l'agriculture, la pêche, l'industrie, le commerce, l'environnement, le tourisme, l'éducation et l'économie. Elle traverse également les frontières nationales. Les aliments produits dans un pays aujourd'hui peuvent, en moins de 24 heures, se trouver de l'autre côté de la planète et être acheminés vers les magasins, les restaurants et les maisons. »

Impact direct sur les populations du monde entier
En 2015, l'OMS a publié des estimations du fardeau mondial des maladies d'origine alimentaire. Celles-ci ont montré que près d'une personne sur 10 tombe malade chaque année et que 420 000 meurent d'aliments insalubres. Les enfants de moins de cinq ans supportaient un tiers de la charge de morbidité.

Ghebreyesus a déclaré que bien que la première Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments, qui se tiendra cette année le 7 juin, soit importante, la question ne devrait pas être traitée en priorité une fois par an.

« Chaque repas, chaque collation, chaque fois que les plats sont préparés, chaque fois que les aliments sont cultivés, produits et transportés - tout cela est un moment où la sécurité sanitaire des aliments doit être une priorité », a-t-il déclaré.

« Alors que le forum insiste à juste titre sur les aspects économiques et commerciaux des aliments, nous ne devons jamais oublier les dizaines de millions de personnes qui doivent supporter le fardeau des maladies d’origine alimentaire. Nos actions ici auront un impact direct sur la vie et la santé des personnes partout dans le monde. Il nous incombe de tirer le meilleur parti de ces opportunités politiques et de faire passer la sécurité sanitaire des aliments au niveau supérieur. »

L'événement a eu lieu en Suisse, un pays qui importe environ la moitié de tous ces aliments.

Outre les faits scientifiques, les aspects éthiques - tels que le développement durable, le bien-être animal et la protection de l'environnement - deviennent de plus en plus importants dans les échanges internationaux et accroissent la pression sur les pays qui importent beaucoup de marchandises, selon l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) en Suisse.

Des responsables de l'OSAV ont déclaré que les normes internationales étaient importantes pour le pays et devaient reposer sur des bases scientifiques, mais également tenir compte de facteurs culturels ou des attentes des consommateurs.

Capacité à commercer
Alan Wolff
Alan Wolff, directeur général adjoint de l'OMC, a déclaré que les autorités nationales constituaient le premier rempart contre la propagation de la maladie.

« Toutes les autorités ont besoin de systèmes opérationnels de contrôle des aliments pour garantir la sécurité sanitaire des aliments importés. Les consommateurs doivent pouvoir avoir confiance dans le fait que cela respecte les mêmes exigences de sécurité sanitaire des aliments que les aliments produits au pays. »

Les exportateurs doivent se conformer aux exigences des pays importateurs en matière de sécurité sanitaire des aliments, a déclaré Wolff.

« Les droits de douane sont souvent perçus comme un obstacle majeur au commerce. Cependant, la manière dont les normes sont appliquées aux importations peut totalement bloquer le commerce d'un produit alimentaire. Pour cette raison, le manque de capacité à respecter les exigences en matière de sécurité sanitaire des denrées alimentaires peut constituer un obstacle majeur à la participation au commerce international, en particulier pour les exportateurs des pays en développement et plus généralement pour les PME. »

Il a ajouté que l’Accord de l’OMC sur les mesures sanitaires et phytosanitaires, entré en vigueur en 1995, avait contribué à protéger la santé publique tout en réduisant les obstacles au commerce en exigeant que les exigences en matière de sécurité sanitaire des aliments reposent sur des bases scientifiques.

Wolff a déclaré que le fait d'aider les pays à mettre en œuvre les mesures de sécurité sanitaire des aliments et à se conformer aux exigences des marchés d'exportation est une priorité essentielle et que le Cadre intégré renforcé (EIF pour Enhanced Integrated Framework) et le Fonds pour l'application des normes et le développement du commerce (STDF pour Standards and Trade Development Facility) contribuent à renforcer les capacités.

« Grâce au soutien du STDF, plus de 70 projets ont aidé les agriculteurs, les transformateurs, les commerçants et les gouvernements à renforcer leur capacité à respecter les normes internationales en matière de sécurité sanitaire des aliments, à protéger la sécurité des aliments des consommateurs et à obtenir un meilleur accès aux marchés mondiaux. En Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, les projets du STDF ont également aidé les agriculteurs à utiliser des pesticides à faible risque pour les cultures tropicales, respectant ainsi les normes internationales en matière de sécurité sanitaire des aliments et facilitant ainsi  des échanges sûrs. »

Wolff a déclaré que l'importance de ce travail ne fera qu'augmenter à l'avenir.

« La demande de produits alimentaires augmentera à mesure que la population mondiale augmente, les habitudes de consommation et les préférences des consommateurs évoluent, les chaînes d’approvisionnement deviennent plus complexes et le changement climatique entraîne des changements des conditions de croissance. En outre, les changements technologiques ont un impact sur la production alimentaire, sur les outils et solutions disponibles pour la sécurité sanitaire des aliments et sur les pratiques commerciales. »

L'événement s’est réalisé à partir de la première conférence internationale sur la sécurité sanitaire des aliments organisée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'OMS et l'Union africaine, qui a eu lieu à Addis-Abeba en février de cette année.

lundi 29 avril 2019

La sécurité sanitaire des aliments en France dans la tourmente ?



Le 2 avril 2019 est publié une « Infographie - La sécurité sanitaire des aliments » :
Les exploitants du secteur alimentaire sont responsables des produits qu'ils placent sur le marché : ils mettent en œuvre les mesures adaptées pour fabriquer des produits sains et sûrs et ils doivent en rendre compte aux autorités de contrôle du ministère (DGAL), qui effectuent des inspections.
Dans un article sur ce document, j’avais indiqué qu’il y avait un étonnant tour de passe passe sur le nombre d’inspections sur la sécurité des aliments, étonnant, non ?

Dans son bilan 2018, la DGAL indiquait 57 800 inspections, dès lors pourquoi écrire ... 75 000 inspections en sécurité des aliments ... comment cela peut-il se justifier, mis à part un coup de com ?


Désormais, depuis le 28 juin 2019, le chiffre de 57 500 inspections en sécurité des aliments s'affiche sur l'infographie sur la sécurité sanitaire des aliments, le blog est donc ravi d'être lu, au moins, par la DGAL!

Le 26 avril 2019, et après moult tergiversations, voir 1 et 2, le ministère de l’agriculture se résout à annoncer le « Lancement d'une mission inter-inspections sur l'organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments », le tout étant signé par une cohorte de quatre ministres, c'est dire la soit disant importance du sujet ...
Car n’en doutez pas,
La sécurité sanitaire de notre alimentation est une mission de service public majeure, que le Gouvernement souhaite renforcer. Il s’agit à la fois d’un enjeu de santé publique, mais aussi de développement économique et de rayonnement international.
Ce serez bien si on avait des preuves de ce qui est avancé ...


Malheureusement, le site du ministère de l’agriculture se contente de fournir le laconique communiqué de presse des quatre ministres, en omettant de citer la lettre de mission, « Mission sur l’organisation des contrôles relatifs à la sécurité sanitaire des aliments », qui, elle, est bien présente sur le site de la DGCCRF, déjà une guéguerre de com avant l'heure ...

Morceaux choisis :
L'introduction est en quelque sorte « bienvenue chez les bisounours » ou on découvre l'eau chaude, 
Notre système de contrôles officiels de la sécurité sanitaire des aliments doit faire face à des risques alimentaires évolutifs dans leur nature et leur intensité :

  • en sus des risques microbiologiques, notre sécurité sanitaire des aliments doit faire face à des risques émergents (additifs, contaminants, nanoparticules, huiles minérales, etc.) ; 
  • la multiplicité des facteurs de risque et l’incertitude sur la réalité des dangers et leur hiérarchisation contribuent à nourrir l’inquiétude des consommateurs ; 
  • l’évolution de l’environnement économique, l’ouverture des marchés, l’augmentation des flux commerciaux et la segmentation complexifient l’exercice du contrôle et des mesures à prendre en cas d’alerte.
Là c’est carrément, l’hôpital qui se fout de la charité, qui a réduit le nombre de contrôles et d’inspections et qui rend la situation à peine maîtrisable ?

On semble découvrir les dangers et les risques, mais si le gouvernement avait eu une démarche basée sur la science, on n’en serez peut-être pas là, mais bien au contraire, le gouvernement adopte à chaque problème santé et ou de sécurité sanitaire des aliments rencontré une démarche politique, « on interdit », démarche qui flatte les « marchands de peurs » ...

Bref, cette introduction s’inquiète d’une situation qui est bien connue depuis très longtemps et qu’on n’a pas voulu voir !

Il est noté :

Dans certains cas, notamment dans les établissements de remise directe (métiers de bouche, restauration collective), la pression de contrôle n’est pas aussi élevée qu’au sein d’autres Etats-membres de l’Union européenne.
L'aveu est de taille, mais les établissements de restauration commerciale sont oubliés, étonnant, non ?
Vous étudierez les options envisageables pour répondre aux attentes des consommateurs et garantir la conformité aux exigences européennes, au regard des aspects suivants :
  • efficacité de l’exercice des missions ;
  • clarté de l’organisation et répartition des compétences entre les structures ;
  • lisibilité pour le consommateur ;
  • modalités de déploiement de l’option préconisée
Les trois options suggérées fortement ont été cités dans un précédent article, ici, pas de grand changement à attendre ?

Ce qui est attendu ressemble à s'y méprendre à la quadrature du cercle,


Votre analyse présentera les avantages et inconvénients de chaque option, notamment en matière de coût pour les finances publique, les voies de financement, d’impact sur les synergies dans la conduite des contrôles et le maintien de la compétence des agents, y compris dans les laboratoire. L’impact sur l’efficacité de la gestion des alertes devra être évalué. Vous établirez un comparatif avec le système de sécurité sanitaire des aliments mis en place dans les différents Etats-membres en identifiant les bonnes pratiques permettant d’améliorer l’efficacité globale de notre système.
Il faudra faire du neuf avec du vieux car attention au coût pour les finances publiques ...

Et pourtant comme je l’ai expliqué dans l’article du 25 décembre 2018, « La sécurité des aliments est-elle une variable d’ajustement de la politique économique de la France ? »

Les exemples de dysfonctionnements évoqués dans cet article sont nombreux, c’est à méditer, et malheureusement la situation en 2019, en particulier, au sujet des rappels, qui sont la façon la plus concrète pour le consommateur de voir ce qui se passe en matière de sécurité des aliments, s’est considérablement dégradée … nous en reparlerons bientôt avec le bilan catastrophique d’avril des avis de rappels des produits alimentaires …

A suivre ...