mercredi 31 juillet 2019

Steaks hachés frauduleux : Après le rapport du Sénat, voici venir l’heure des responsabilités



Le blog a déjà consacré plusieurs articles aux steaks hachés frauduleux, 1, 2, 3, 4 et 5 et ce n’est pas fini tant cette affaire illustre les carences des contrôles, n'est-ce pas Monsieur le ministre de l'agriculture ... il n'y a pas que la sécheresse!

Un article de Wladimir Garcin-Berson dans Le Figaro du 29 juillet 2019 a attiré mon attention, « Affaire des steaks hachés frauduleux: un rapport dénonce la «négligence» de l’État ».
Contrôles jugés insuffisants, État « défaillant », origine de la viande impossible à déterminer… le constat des élus est sans appel. Réalisé sous l’égide du sénateur (groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste) Fabien Gay, le document salue tout d’abord le « professionnalisme, la vigilance et la réactivité » des associations - les Restos du cœur, la Croix-Rouge, le Secours populaire et la Fédération française des banques alimentaires -, qui ont été les premières à repérer le problème posé par les steaks hachés de « très mauvaise qualité » achetés dans le cadre du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). « Il n’est pas acceptable qu’en France, des produits présentant de tels défauts de composition aient pu être distribués aux associations caritatives », sanctionne la commission des Affaires économiques du Sénat 
Au total, 457 tonnes de steaks hachés achetés via le FEAD ont été distribuées aux bénéficiaires, sur les 1436 tonnes livrées, rappelle le document. La totalité des échantillons étudiés par la DGCCRF ont présenté des «non-conformités majeures» à la réglementation ainsi qu’au cahier des charges de l’appel d’offres publié et géré par l’agence FranceAgriMer. Traces de poulet, échantillons d’abats, protéines extraites de végétaux, amidon… la viande était de « mauvaise qualité », avec un « excès de gras » et des « anomalies » en grand nombre.

Ensuite, le rapport revient sur les contrôles qualitatifs sur les produits, et estime que ceux-ci sont insuffisants et mal réalisés. « L’empilement [des contrôles actuels] n’a pas empêché la distribution » des steaks hachés frauduleux, impliquant qu’ils doivent être remaniés, considèrent les sénateurs. Ils appellent donc à renforcer les autocontrôles réalisés par le fabriquant lui-même, puis à « remettre l’administration au cœur des contrôles » sanitaires. Face à cela, le document suggère de multiplier les contrôles aléatoires réalisés par FranceAgriMer pour les denrées FEAD, et de rétablir des «contrôles gustatifs obligatoires pour tous les produits lors des appels d’offres».
Signe des manquements dans le système de contrôle actuel: le fabriquant polonais, Biernacki, n’avait pas été contrôlé dans ses locaux depuis 2013, « alors qu’il a été un producteur régulier pour des marchés publics sur les steaks hachés » et qu’il avait « connu en 2015 un problème de salmonelle », s’est insurgé Fabien Gay sur sa page Facebook.
 La directrice de FranceAgriMer, Christine Avelin, a estimé de son côté que cette affaire devra permettre de « perfectionner le processus » de contrôle et d’alerte des denrées.
Trop c’est trop, c’est consternant ! Quel langage méprisant, alors que si FranceAgriMer avait fait son job et de même les services chargés des contrôles, tout cela ne serait pas arrivé …
Une fois l’enquête terminée, Bercy compte transmettre ce dossier au procureur, afin d’envoyer un message de fermeté aux entreprises: « les faits mis en évidence sont susceptibles d’être qualifiés de tromperie en bande organisée, ce qui constitue un délit pénal » sévèrement réprimé, ont précisé les services de l’État. » 
Et qui va sanctionner les manques de contrôles des services de l’Etat ?

Certes, le rôle de la commission des affaires économiques du Sénat « n'est pas de s'ériger en tribunal. Toutefois, sa mission est bien, lors de l'occurrence d'une crise, d'avoir une vision exhaustive des faits afin de repérer les principaux dysfonctionnements qui ont mené à cette situation. »

Etats-Unis: Quand une association de consommateurs trouve des Listeria dans des légumes verts à feuilles prêts à consommer


Il n’est pas simple de conclure quand il s’agit d’une étude réalisée par une association de consommateurs, la preuve en est avec cette étude  aux Etats-Unis, « Une étude de Consumer Reports détecte la présence de Listeria sur des légumes verts à feuilles dans plusieurs magasins », source CIDRAP News.

Si nos associations de consommateurs en France pouvaient s’en inspirer …
Les légumes verts à feuilles de plusieurs chaînes de magasins ont été retrouvés positif pour la bactérie Listeria, dans le cadre d’une étude menée par Consumer Reports qui a entraîné une investigation de la Food and Drug Administration (FDA).

Le magazine a analysé 234 échantillons de légumes verts à feuilles réfrigérés, dont 6 étaient positifs pour Listeria monocytogenes. Les six échantillons comprenaient deux légumes verts à feuilles prélavés en sachet (contenant tous les deux des épinards) et quatre morceaux de chou vert, de laitue verte, de la laitue frisée et des épinards.

Les échantillons provenaient de Acme, Costco, Hannaford et Whole Foods et ont tous été achetés du 3 au 19 juin dans le Connecticut, le New Jersey et à New York.

« Bien qu'il ne soit pas surprenant de retrouver Listeria dans un petit pourcentage de produits contenant des légumes verts à feuilles analysés, il est toujours préoccupant de retrouver des bactéries susceptibles de rendre des personnes malades dans des aliments qui ne sont pas censés être cuits », déclare Karen Wong, médecin au sein de la branche épidémiologie des maladies entériques du Centers for Disease Control and Prevention (CDC).

Une souche observée dans l'échantillon prélevé dans un mélange printanier d'épinards bio de Nature's Place « lavé trois fois » est  génétiquement liée à au moins deux cas de listériose déclarés au CDC.

« En réponse aux conclusions de Consumer Reports, la FDA a lancé une inspection de l'usine qui a produit le mélange de printemps à base d'épinards bio de Nature's Place, le produit contenant une souche de Listeria liée à deux cas de maladie », a dit Consumer Reports.

L'étude de Consumer Reports ne vise pas à aboutir à des conclusions définitives sur la sécurité des aliments concernant les produits de supermarché, ont déclaré les auteurs.

Toutefois, cela suggère que les personnes susceptibles de complications liées à la listériose, y compris les femmes enceintes et les personnes âgées, cuisent leurs légumes verts avant de les consommer.
« À moins d'une épidémie connue et persistante, pour la plupart des gens, les avantages nutritionnels [de la consommation de légumes verts à feuilles] l'emportent sur les risques de contamination potentiels », a déclaré James. E. Rogers, directeur de la recherche sur la sécurité des aliments et des analyses chez Consumer Reports.

Commentaires. On notera que, rapidement, on a pu détecter une souche de Listeria responsable de deux cas de maladie et qu’une inspection par la FDA est cours dans l’entreprise alimentaire où l’on détecté cette souche …

La sécurité des aliments et le personnel sont parmi les principales préoccupations des entreprises alimentaires en Irlande


« La sécurité des aliments et le personnel sont parmi les principales préoccupations des entreprises alimentaires en Irlande », source communiqué de la Food Safety Authority of Ireland du 29 juillet 2019.

La Food Safety Authority of Ireland (FSAI) a révélé une étude nationale sur les attitudes qui montre que, du point de vue de la réglementation des aliments, l'étiquetage des allergènes alimentaires et des ingrédients est la principale préoccupation des entreprises alimentaires irlandaises.

L’étude a interrogé des cadres supérieurs d’un large éventail d’entreprises alimentaires sur leurs préoccupations concernant la sécurité sanitaire des aliments et le contexte opérationnel actuel de l’industrie alimentaire.

L’étude montre que plus de 7 entreprises alimentaires sur 10 sont de plus en plus confiantes vis-à-vis de la réglementation irlandaise en matière de sécurité des aliments.

Près des trois quarts (73%) ont déclaré que les aliments produits en Irlande sont plus sûrs qu’il y a cinq ans.

Malgré la confiance accrue, de nombreuses préoccupations en matière de sécurité des aliments persistent pour les entreprises alimentaires. L'industrie alimentaire craint l'étiquetage des allergènes et des ingrédients, les exigences en matière d'hygiène et de manipulation des aliments ainsi que d'autres problèmes de sécurité des aliments largement mentionnés, notamment l'utilisation d'hormones, de pesticides, d'antibiotiques et d'additifs.

L'étiquetage des allergènes et des ingrédients vient en tête des préoccupations majeures des entreprises irlandaises dans le domaine de la sécurité des aliments, avec plus de la moitié (53%) qui considère cela comme l'une de leurs trois principales préoccupations.

Les exigences en matière d'hygiène et de manipulation des aliments (36%) et les substances chimiques cancérogènes dans les aliments (30%) se classaient également en bonne place parmi les personnes interrogées.

L'industrie fait preuve d'une grande confiance dans les mesures de sécurité sanitaire des aliments. Cependant, environ un cinquième (18%) réclame plus de réglementation et d'application.

Environ un tiers (31%) des entreprises alimentaires ne se sentent pas suffisamment renseignées sur les informations relatives à la sécurité des aliments, malgré le pourcentage élevé de personnes prétendant couvrir ces informations en interne ou via des consultants.

Pamela Byrne, directrice générale dela  FSAI, a appelé les entreprises du secteur alimentaire à résoudre les problèmes de sécurité des aliments mis en évidence dans le sondage.

« Nous encourageons les entreprises alimentaires qui estiment ne pas disposer d'informations suffisantes sur la sécurité des aliments à contacter la FSAI pour obtenir plus de conseils et d'instructions. Alors que la majorité des entreprises alimentaires reconnaissent leur responsabilité de garantir la sécurité des aliments qu’elles servent, il est inacceptable que plus de 1 sur 10 considèrent cela comme une responsabilité de la FSAI, ce qui n’est pas le cas - la responsabilité incombe aux entreprises alimentaires. Les conséquences de la non-divulgation des informations sur les allergènes et du non-respect des règles d'hygiène des aliments sont très graves et la FSAI, ainsi que l'inspection des aliments, s'efforce en permanence de veiller à ce que les entreprises n'affichent pas ces exigences. »

Environ 7 entreprises de entreprises alimentaires  irlandaises sur 10 (69%) considèrent la disponibilité de travailleurs qualifiés comme un sujet de préoccupation majeur. Cela reflète la forte diminution du chômage, alors que l'économie se redressait progressivement et se dirigeait vers le plein emploi ces dernières années, réduisant ainsi le bassin de main-d'œuvre disponible dans les entreprises alimentaires.

Le Brexit est la deuxième préoccupation majeure des entreprises alimentaires: plus des deux tiers (67%) ont identifié son impact inconnu en tant que préoccupation commerciale. Les entreprises alimentaires s'inquiètent particulièrement de la hausse des coûts des approvisionnements, des tarifs et des taux de change liés au Brexit dans l'industrie alimentaire irlandaise:

Près de 8 entreprises sur 10 (78%) pensent que le Brexit pourrait augmenter le coût des approvisionnements
Près des trois quarts (74%) des entreprises craignent que les tarifs augmentent les coûts
Une grande majorité (68%) craint que la volatilité des taux de change ne se répercute sur les affaires

Selon le Dr Byrne, l’étude informe les décisions réglementaires et politiques.

« Notre étude montre que les difficultés évoquées pour attirer du personnel qualifié et l’augmentation de la réglementation et des taxes font partie des menaces perçues par les entreprises alimentaires. Dans le même temps, le résultat final du Brexit n’est pas encore connu, presque trois ans après le référendum, et cela concerne également les entreprises alimentaires ici. »

Le Dr Byrne a salué la confiance exprimée par l'industrie alimentaire à la fois dans la réglementation sur la sécurité des aliments et par la FSAI en tant qu'organisation: « La FSAI est l'un des premiers organismes de réglementation de la sécurité des aliments en Europe et nous voulons que les entreprises alimentaires sachent que nous sommes réactifs et compréhensifs et que nous sommes à leur disposition pour les informer de la conformité. La FSAI continue de collaborer avec les entreprises alimentaires pour veiller à ce que les réglementations en matière de sécurité des aliments soient respectées et à ce que le secteur alimentaire irlandais maintienne sa réputation d’être l’un des plus sûrs au monde. Dans cet esprit, nous sommes heureux de constater que la grande majorité des entreprises ont exprimé leur satisfaction pour le travail effectué par la FSAI. Cette étude démontre qu’il existe un certain nombre de facteurs différents concernant l’industrie alimentaire et que la FSAI veillera à ce que ceux-ci ne détournent pas les entreprises de la nécessité de garantir aux consommateurs que leurs aliments soient sûrs à consommer. »

L’étude nationale sur les attitudes a été entreprise par Amárach et a comporté des entretiens avec plus de 200 entreprises du secteur alimentaire appartenant à un large éventail de PME nationales et internationales. Les personnes interrogées ont occupé différents postes de direction, notamment des propriétaires d'entreprises alimentaires, directeurs, directeurs, managers, chefs, managers de la santé et de la sécurité sanitaire et de la formation. Les entreprises du secteur alimentaire regroupaient importateurs, fabricants, distributeurs, restauration commerciale et détaillants.

Food Safety News a rapporté les résultats d’enquêtes auprès des consommateurs et des manipulateurs d'aliments.

Au début de l’année, la FSAI a révélé une étude avec les consommateurs sur la sécurité et l’hygiène des aliments, ainsi que des préoccupations concernant les aliments et l’industrie.

Les consommateurs ont admis avoir un comportement à risque en ce qui concerne la manipulation des aliments à la maison. Près de la moitié n'ont pas accordé toute leur attention aux DLC, sept sur dix ayant déclaré avoir consommé des aliments après leur DLC. Un peu plus de six personnes sur dix laissent les restes refroidir du réfrigérateur toute la nuit pour les manger au cours des deux prochains jours. Près de la moitié des consommateurs stockaient des aliments dans le réfrigérateur sans les emballer.

Une enquête différente sur les manipulateurs d’aliments en Irlande, publiée dans la revue Food Control, avait révélé que seulement 16% des répondants pouvaient énumérer les 14 allergènes.

L'étude a révélé que près de 10% des 689 salariés de l'alimentation inclus dans l'enquête ne se lavent pas les mains chaque fois qu'ils utilisent les toilettes. On a posé aux répondants des questions sur le travail en cas de malaise, les limites critiques, les allergènes alimentaires et l'hygiène des mains.

Selon les chercheurs, 28% des sondés ont déclaré n'avoir jamais reçu de formation en matière de sécurité des aliments, ce qui suggère un respect insuffisant de cette exigence législative.

Ceux qui travaillent dans la restauration collective avaient le score de connaissances le plus élevé et le pourcentage le plus élevé de formation de niveau 3. On a constaté que le personnel des bars avait le niveau de connaissances et le pourcentage de formation de niveau 3 les plus faible et le niveau le plus élevé de personnes n'ayant jamais reçu de formation en matière de sécurité des aliments.

Choses lues sur le glyphosate ...

Pascal Xicluna / agriculture.gouv.fr
« À la demande du Gouvernement, l’ANSES lance un appel à candidature pour améliorer les connaissances relatives à la cancérogénicité du glyphosate. », dixit un communiqué très optimiste du ministère de l’agriculture du 19 juillet 2019.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a remis début juillet aux ministres en charge de l’écologie, de la santé et de l’agriculture, un avis relatif à un cahier des charges d’une étude sur le potentiel caractère cancérogène du glyphosate.
Les quatre ministres avaient saisi l’Anses le 28 mars 2018, compte tenu des avis divergents rendus par les agences qui font référence en matière d’évaluation. Le CIRC, agence internationale de recherche sur le cancer de l’OMS, a en effet inscrit en 2015 le glyphosate sur la liste des substances cancérigènes probables alors que l’EFSA (Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments) et l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques) d’autre part ont conclu respectivement en 2015 et en 2017 que le glyphosate était peu susceptible de présenter un risque cancérogène.
À la suite de cet avis, l’ANSES lance un appel à candidature à l’attention des équipes de recherche publique, nationales et internationales pour réaliser cette étude.
Les résultats seront disponibles sous 18 mois et viendront compléter le dossier de réexamen de l’autorisation de la substance par les États membres de l’Union européenne en 2022.
Le coût de l’étude s’élève à 1,2 M€ et son financement sera assuré par des crédits du plan Écophyto. 
Bien entendu, le communiqué de quatre ministres omet de signaler que l’Anses avait indiqué qule niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité, mais, malheureusement la réalité est tout autre, comme montre bien le tweet de Gil Rivière-Wekstein ...