jeudi 31 octobre 2019

Glyphosate et produits phytosanitaires : Quelques différences entre la France et la Suisse


Alors que l’Anses fait le point sur les données de surveillance sur le glyphosate, la Suisse fait le point sur les produits phytosanitaires …
L’Anses publie le 29 octobre 2019  une synthèse des données de surveillance relatives à la substance glyphosate et dresse un état des connaissances disponibles en France concernant sa présence dans les eaux, les aliments ainsi que les niveaux d’imprégnation chez l’Homme. 
Dans le cadre de son dispositif de phytopharmacovigilance pour détecter d’éventuels effets indésirables des produits phytosanitaires, l’Anses collecte un ensemble de données de surveillance relatives à la présence de résidus de substances dans les milieux, les expositions et les impacts sur la santé humaine et les écosystèmes. 
Ces informations sont résumées dans des fiches de synthèse « phytopharmacovigilance » par substance, afin d’être utiles à tous les acteurs notamment les services de contrôle et les administrations concernées.  L’Agence publie ce jour une fiche pour le glyphosate et l’acide aminométhylphosphonique ou AMPA son métabolite principal.   
On y trouve des données sur,
  • Glyphosate dans les milieux aquatiques et les eaux souterraines
  • Glyphosate dans les eaux destinées à la consommation humaine
  • Glyphosate dans l’alimentation et exposition par voie orale
Comme le rapporte La France Agricole, « L’Anses fait un point rassurant sur les données de surveillance ».

Mais comme le rapporte le communiqué de l’Anses, on n’oublie pas d’autres considérations politiciennes,
Par ailleurs, l’Anses poursuit ses travaux sur le glyphosate visant à renforcer les connaissances actuelles sur le potentiel caractère cancérogène de la substance, ainsi que l’évaluation des alternatives possibles au glyphosate dans le cadre des autorisations de mise sur le marché. 
Pendant ce temps-là, en Suisse, tranquillement, sereinement, l’OSAV nous explique les produits phytosanitaires :
Les produits phytosanitaires sont utilisés pour la protection des cultures et des produits agricoles. Ils sont soumis à une procédure d’homologation et leurs autorisations sont réévaluées à intervalle régulier. L’OSAV s’assure qu’ils ne mettent pas en danger la santé des consommateurs lorsqu’ils sont employés de manière conforme aux instructions d’utilisation. 
Ainsi la rubrique « Pleins feux sur les produits phytosanitaires » ne seraient pas possible en France, puisque le glyphosate doit disparaître d’ici 2021 …
Ces derniers temps, les produits phytosanitaires font beaucoup parler d’eux. Souvent, on ne sait pas très bien s’ils sont véritablement dangereux. Les études et analyses menées par les différents pays et organisations arrivent à des résultats divergents. Vous trouverez ci-dessous quelques questions et réponses sur le thème des pesticides.
L’OSAV propose des Questions et réponses sur les produits phytosanitaires et en voici quelques unes :

Question : Sur quelles denrées alimentaires peut-on trouver des résidus de produits phytosanitaires ?
En principe, on peut trouver des résidus de produits phytosanitaires sur toutes les denrées alimentaires, principalement sur celles d’origine végétale. On trouve plus de résidus dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle que dans ceux provenant de l’agriculture biologique.

Question : Quelle est la dangerosité des résidus de produits phytosanitaires ?
Les valeurs maximales de résidus dans les denrées alimentaires sont établies de telle manière que, si elles sont respectées, elles ne représentent aucun danger pour la santé des consommateurs d’après l’état actuel des connaissances. Pour en limiter l’absorption le plus possible, les valeurs maximales de résidus fixées d’après les bonnes pratiques phytosanitaires (seulement la quantité nécessaire pour combattre les parasites ou les mauvaises herbes) sont très souvent nettement plus faibles que ce qui serait requis en termes de protection de la santé.

Question : Du point de vue de la santé humaine, ne serait-il pas préférable d’utiliser des produits phytosanitaires d’origine naturelle plutôt que des produits de synthèse ?
Par définition, l’activité biologique des produits phytosanitaires leur permet de lutter contre les organismes nuisibles. Que ces produits soient d’origine naturelle ou de synthèse, ils peuvent représenter un risque pour l’être humain et l’environnement et doivent donc passer par une procédure d’autorisation.

Question : Pourquoi l’OSAV évalue-t-il certains produits phytosanitaires ou leurs produits de dégradation différemment de l’UE ?
Comme la Suisse ne fait pas partie du système d’évaluation européen, l’OSAV doit effectuer sa propre évaluation des risques. L’évaluation de la sécurité de la substance active et de ses métabolites se base sur les données que le détenteur de l’autorisation doit mettre à disposition. Comme les décisions de l’UE ne sont pas automatiquement reprises et que l’évaluation en Suisse est effectuée plus tard que celle du programme de l’UE, les données à disposition comme les méthodes d’évaluation utilisées peuvent différer entre l’OSAV et les autorités européennes.

Question : En tant que consommateur, comment peut-on acheter des denrées alimentaires sans résidus de produits phytosanitaires ?
La teneur en produits phytosanitaires des denrées alimentaires est très faible, de sorte qu’un risque pour la santé peut être exclu. Si l’on veut toutefois consommer des aliments sans résidus, il faut se renseigner auprès de l’agriculteur ou du commerçant. Une autre possibilité est de produire soi-même ses aliments.
On utilise aussi des produits phytosanitaires dans l’agriculture biologique, mais les produits chimiques de synthèse n’y sont pas autorisés.

NB : Sur le sujet, on lira,
Mise à jour du 19 décembre 2019. A lire dans Alerte Environnement, Glyphosate: le pouvoir manipule l’ANSES. 

Attention, toutes les courges ne sont pas comestibles !

L'Anses a retweeté cette information du journal Le Parisien à propos de la toxicité des courges ...
Mais aussi l'Anses a diffusé ce tweet,
Voir l'information de l'Anses

A l’approche d’Halloween et en pleine saison des citrouilles, potirons, potimarrons, pâtissons et autres cucurbitacées qui égaient les recettes d’automne, il est important de rappeler que toutes les «courges» ne sont pas comestibles. Certaines courges amères peuvent être à l’origine d’intoxication alimentaire parfois grave.

Quelques conseils pour éviter les intoxications :
Les courges ornementales (coloquintes) : Toutes toxiques, elles ne doivent pas être consommées. Vérifiez l’étiquette ou demandez conseil aux vendeurs sur les lieux de vente. 

Les courges alimentaires, achetées dans le commerce ou cultivées dans le potager familial : Goûtez un petit morceau de courge crue et si le goût est amer, recrachez-le et jetez la courge : elle ne doit pas être consommée, même cuite.

Les courges issues de potagers familiaux : Ne consommez pas de courges «sauvages» qui ont poussé spontanément. Ne récupérez pas non plus les graines des récoltes précédentes pour les ressemer. Achetez de nouvelles graines à chaque nouvelle semence dans le potager.

Commentaire du 1er novembre. Mieux vaut tard que jamais ! Ce type de conseils arrive pratiquement le jour d'Halloween, un peu comme les conseils sur les champignons qui arrivent le 23 octobre 2019 ...

Complément du 2 novembre 2019. Le ministère de l'agriculture informe sur Courges et potirons, savoureux légumes d'automne.
Emblématiques légumes de l’automne et de l’hiver, les courges et potirons sont originaires d’Amérique du Sud. Ces cucurbitacées affichent une large variété de couleurs, de formes et de tailles. La France en produit plus de 100 000 tonnes par an, dont un tiers en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Zoom sur ces légumes riches en micronutriments et pauvres en calories. Salés ou sucrés, ils se dégustent en velouté, en soufflé et même en tarte.
On nous dit même :
Les courges et potirons sont souvent confondus avec la citrouille, plus ronde, plus orange vif, mais moins savoureuse. Cette courge d’hiver, très populaire aux États-Unis, se cuisine rarement (la Jack Be Little, de petite taille, fait partie des rares exceptions). Son usage reste essentiellement décoratif, pour Halloween bien sûr, mais aussi pour servir de récipient pour des soupes ou des purées. 

Vous avez dit « renforcement des contrôles pour l'opération fêtes de fin d'année » ?


S’agissant de la « Sécurité sanitaire des aliments : renforcement des contrôles pour l'opération fêtes de fin d'année (OFFA) », annonce le ministère de l’agriculture le 30 novembre 2019. « Ce dispositif d'inspection sera mis en place du 1er novembre 2019 au 15 janvier 2020. »

Pourquoi pas ?

Mais s’agit-il réellement d’un renforcement … des contrôles ?

On évoque près de 4000 agents mobilisés sur une période de deux mois et demi. Sachant que l’an dernier (OFFA 2018/19), il y a eu 8095 inspections, un très rapide calcul permet de rapporter cela autour deux inspections sur la dite période, vous avez dit renforcement des contrôles …

On nous explique en résumé,
Les inspections donnent lieu à des suites administratives voire judiciaires pour les établissements ne respectant pas la réglementation en matière sanitaire ou d’étiquetage. L'an dernier, les 8 095 inspections liées à cette opération ont conduit à établir notamment 860 mises en demeure et 115 fermetures administratives, dont 80 dans le seul secteur de la restauration commerciale, en lien avec une perte de maîtrise des risques sanitaires. Ces sanctions administratives ont été assorties de 83 procès-verbaux d'infractions pénales dont 74 en remise directe, principalement en restauration commerciale (35 PV) et distribution/métiers de bouche (35 PV). 
Pour faire court, le ministère de l’agriculture nous a proposé deux bilans de l’OFFA 2018/19, un bilan détaillé et un bilan simplifié.

Ainsi dans le bilan détaillé de l’OFFA 2018/19, on apprend
Parmi les 8 095 contrôles entrant dans le champ de l'OFFA, 7 837 inspections complètes, pour lesquelles tous les points de contrôle (chapitre, item, sous-item) doivent être observés, ont permis de juger du niveau de maîtrise des risques des établissements et ainsi de donner lieu à leur évaluation globale.
La particularité de l’OFFA 2018/19 a vu la participation de la DGCCRF, en sera-t-il de même pour cette nouvelle opération, nous ne savons pas …

Sur le tableau ci-dessous, vous avez le bilan détaillé de l’OFFA 2018/19. On notera surtout l’augmentation des interventions (inspections ?) notamment en restauration commerciale … mais faute de moyens humains, quand on augmente les actions sur un secteur, cela baisse sur les autres …
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Un dernier point plus comique qu’autre chose, on nous dit,
Les résultats de cette opération sont rendus accessibles au public sur le site internet Alim’Confiance ; une carte interactive permet de rechercher l’établissement par son nom ou son adresse et d'avoir accès à la date de la dernière inspection ainsi qu'au niveau d’hygiène qui y aura été constaté. 
D’accord, mais encore faudrait-il savoir quel établissement a été inspecté ?

Cela étant, à la date de la rédaction de l’article, sur Alim’Confiance, pour la restauration commerciale, il y avait les ‘résultats’ de 15 570 restaurants inspectés : 

68 avec la mention à corriger de manière urgente, 
1010 à améliorer, 
9261 satisfaisant et,
5231 très satisfaisant.

Rappelons toutefois qu’En France, « Au titre de la sécurité sanitaire de l’alimentation, un établissement de restauration est donc contrôlé en moyenne tous les quinze ans par les services de l’État. » Source rapport de la Cour des comptes, février 2019.

« … d’après la DGAL, le Royaume-Uni disposait en 2016 d’un inspecteur pour 74 établissements de remise directe (restaurants, commerces de bouche, distributeurs) alors qu’en France un inspecteur est en moyenne responsable de la surveillance de 3 284 établissements. » Source Rapport d’Information fait au nom de la commission des affaires économiques et de la commission des affaires sociales sur les procédures de retrait et de rappel des produits alimentaires présentant un risque sanitaire.

Vous avez dit renforcement des contrôles …

mercredi 30 octobre 2019

Listeria: Traquer le coupable à l'aide du profilage génétique, vu par le BfR


« Listeria: traquer le coupable à l'aide du profilage génétique », source BfR 40/2019 du 23 octobre 2019.
L'information génétique aide à localiser la source des infections d'origine alimentaire

C'est une course contre la montre: si des aliments contaminés par des germes sont en circulation, il faut en trouver la source le plus rapidement possible.

Le but est d'éviter autant que possible les infections et même les décès. Les méthodes avec lesquelles on peut examiner les informations provenant du matériel génétique des agents pathogènes (génome) fournissent une aide importante à cet égard. L’exemple de la clarification des éclosions de maladies causées par Listeria montre à quel point elles peuvent être utiles.

Ce sont des bactéries potentiellement pathogènes présentes dans les aliments. En comparant les informations sur le matériel génétique avec Listeria, il était déjà possible de trouver la source d'une infection dans divers cas.

« Les méthodes biologiques moléculaires et la comparaison des informations génomiques provenant de germes alimentaires révolutionnent le travail des autorités de surveillance », a déclaré le Dr Andreas Hensel, président du BfR. « Ils constituent une excellente base pour localiser rapidement et clairement les aliments contaminés par des agents pathogènes. »

Des conseils sur la protection contre Listeria sont disponibles dans un document de huit pages intitulé, Protection contre les infections d'origine alimentaire dans les foyers domestiques.

La question centrale en cas d'épidémie est la suivante: quel type d'agent pathogène est responsable d'une infection?

Par exemple, les méthodes classiques utilisent des propriétés de surface, des anomalies biochimiques ou des segments d’informations sur le matériel génétique pour trouver un micro-organisme suspect. Bien que ces méthodes aient fait leurs preuves, elles ne peuvent pas déterminer quelle variant génétique de l'agent pathogène est impliquée avec une précision absolue.

Cependant, avec l’émergence de méthodes haute résolution d’information sur le matériel génétique (séquençage à haut débit), il est devenu possible de s’attaquer au « cœur »  d’un germe - le « manuel de construction » stocké dans ses gènes. Depuis lors, le séquençage du génome complet (WGS) est devenu de plus en plus important dans la détection des microbes pathogènes.

Le Study Centre for Genome Sequencing and Analysis ou Centre d’étude du séquençage et de l’analyse du génome a récemment été fondé au BfR. Il sert de contact aux laboratoires de recherche des États fédéraux allemands (les Laender) et fournit aux laboratoires nationaux de référence situés à l’Institut avec des « méthodes de détection » modernes pour la recherche d’agents pathogènes. Avec ce soutien, les laboratoires nationaux de référence devraient aider à identifier les risques en temps utile. Les laboratoires de référence de Listeria monocytogenes (le type le plus dangereux de Listeria), Salmonella, Campylobacter et Escherichia coli, entre autres sont situés au BfR.

Même si ces nouvelles méthodes sont révolutionnaires, il est essentiel que les autorités de surveillance sanitaire de la santé et des aliments travaillent bien ensemble à l'avenir. Par exemple, en cas d'éclosion de Listeria monocytogenes chez l'homme, les agents pathogènes isolés par les autorités de surveillance des aliments des États fédéraux (« Laender ») seront envoyés au BfR.

Le matériel génétique sera entièrement analysé au laboratoire national de référence. Ces informations sur le génome seront ensuite comparées aux informations du matériel génétique de Listeria que l’Institut Robert Koch (RKI) a détectées chez l’homme.

Si la séquence des isolats présente un degré élevé de similitude relationnelle dans le génome, cela indique généralement la source de l'épidémie. Les résultats de la comparaison seront transmis aux autorités de surveillance des États fédéraux allemands (« Laender »). La simple comparaison de la séquence ne suffit généralement pas pour clarifier complètement une éclosion. Il devrait toujours y avoir d'autres indicateurs expliquant de manière plausible la transmission.

Par exemple, la manière dont un produit est arrivé du fabricant aux personnes concernées doit être documentée. Avec le logiciel FoodChain-Lab, le BfR a développé un outil numérique performant à cet effet.