Dans Note d’appui
scientifique et technique de l’Anses relative à une demande d’avis sur
l’évaluation du risque relatif à la consommation de denrées alimentaires issues
de veaux d’élevage traités à la liqueur de Villate, l’Anses s’est posée
cette question … à la demande d’avis de la DGAL sur
l’évaluation du risque relatif à la consommation de denrées alimentaires issues
de veaux d’élevage traités à la liqueur de Villate.
Une inspection par les services vétérinaires dans un élevage a fait suspecter une utilisation sous-cutanée (« abcès de fixation ») de la liqueur de Villate.
La liqueur de Villate, en tant que solution à base d’acide acétique, d’acétate de plomb, de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc, est un produit vendu sans autorisation de mise sur le marché (AMM) à usage externe pour l’entretien des sabots des chevaux afin de prévenir certaines pathologies. En l’absence d’AMM et de limites maximales de résidus (LMR) fixées, la liqueur de Villate n’est pas une substance autorisée pour l’administration à des animaux producteurs de denrées alimentaires. Cette préparation aurait donc été détournée de son usage sans cadre réglementaire.
Les pathologies en question seraient les fourchettes
pourries des chevaux … comme cela est rapporté dans un article de 2017 sur « Les
débuts d’un vétérinaire breton : Indigence de l’arsenal thérapeutique en 1923 ».
On se risquerait bien un jeu de mots, un remède de cheval pour soigner des veaux ?
Contexte
Les informations transmises par la DGAL le 20 mai 2019 en lien avec les résultats de l’inspection :
a/ Des veaux ont été traités à assez grande échelle (au moins 26 élevages d’un même groupement dans le Cantal sont concernés) par de la liqueur de Villate pour produire un abcès de fixation afin de, supposément, par le déclenchement d’une inflammation locale (« abcès de fixation »), activer le système immunitaire et lutter, en dernière intention, contre des infections respiratoires des veaux. L’administration s’est faite au fanon, par voie sous-cutanée.
b/ Approximativement 200 veaux en cours d’engraissement dans ces exploitations agricoles sont actuellement consignés en attente d’abattage pour la mise sur le marché en vue de la consommation humaine d’ici au jeudi 23 mai 2019 ;
c/ Cette pratique semble avoir cours depuis plusieurs mois et la DGAL estime qu’environ 0 à 15 veaux par lots de l’ordre de 300 animaux répartis dans au moins 26 élevages agricoles ont ainsi été traités depuis 2017 selon cette modalité
ConclusionsConcernant les viandes issues des veaux traités à la liqueur de Villate actuellement sous séquestre, les estimations des concentrations de plomb dans la viande après une injection sous-cutanée de liqueur de Villate sont supérieures à la teneur maximale (règlement (CE) n°1881/20069) fixée, pour la viande bovine, à 0,1 mg/kg, selon un choix dit ALARA10 qui reflète donc avant tout les niveaux de concentration en Plomb habituellement observés dans les viandes du fait de contaminations essentiellement environnementales.Sur la base des calculs d’exposition réalisés, la consommation exclusive de viandes issues des veaux traités actuellement sous séquestre conduirait pour le consommateur à une exposition chronique au plomb augmentée d’un facteur de 255 à 515 fois (pour des concentrations estimées de plomb dans le muscle variant de 1,96 à 3,9 mg.kg-1) par rapport à l’exposition au plomb liée à la consommation de viandes de veau estimée à partir des données de contamination EAT2.
Conclusions de l’Agence
L’Anses conclut que, compte tenu de l’absence de données concernant les données pharmacocinétiques des composants de la solution de liqueur de Villate et de paramètres liés à l’absorption et la distribution chez le veau des substances la constituant, il n’est pas possible d’estimer précisément les concentrations de ces substances dans les parties comestibles des veaux actuellement sous séquestre.
Concernant les abats, l’Anses attire l’attention de la DGAL sur le fait que, compte tenu de leur rôle épurateur de l’organisme, ils accumulent les xénobiotiques. Ainsi, le ratio concentration de plomb dans le foie sur concentration du plomb dans les muscles est de l’ordre de 20 (Efsa, 2010). Le calcul d’estimation d’exposition n’a pas inclus de consommation de foie ou d’abats.
L’Anses renvoie la
balle à la DGAL,
En conséquence, afin d’estimer plus précisément un risque chronique lié à l’ingestion des viandes des veaux traités par injection sous-cutanée à la liqueur de Villate, et notamment celles qui auraient pu entrer dans la chaîne alimentaire avant intervention des inspecteurs, l’Anses considère qu’il serait nécessaire de recueillir des données analytiques de concentrations des substances issues de la liqueur de Villate (notamment le plomb) dans les productions des animaux concernés, par exemple par des analyses menées à l’abattoir.