Alors que le salon de l’agriculture vient de s’ouvrir, le monde paysan s’interroge sur l’ambition d’Emmanuel Macron, de son Gouvernement et de sa majorité, pour l’agriculture française.
Depuis le mois de mai dernier, le ministère de l’Agriculture est également celui de la Souveraineté alimentaire, à la grande satisfaction des organisations professionnelles, la FNSEA en premier lieu. Mais il y a loin des paroles aux actes. Et depuis ces mêmes dix derniers mois, il y a peu de signes positifs en provenance du pouvoir. Nous sommes même plutôt dans la «désagricultarisation» comme on a parlé de désindustrialisation. Le plaidoyer le plus sévère contre l’absence de politique agricole vient du cœur même de la macronie. Dans une interview accordée au Point, l’ex-député LREM (et anciennement éleveur et président de coop, désormais reconverti dans des activités de conseils) Jean-Baptiste Moreau se livre à un réquisitoire sans faiblesse contre la politique qu’il a soutenu pendant le premier quinquennat (Le Point.fr, 25 février, Notre agriculture est en danger de mort).
Extraits : «Si on ne trouve pas des solutions pour être attractifs, la production française va continuer à s’écrouler (.) Le mot de souveraineté n’a plus aucun sens aujourd’hui, puisque nous sommes dépendants pour la plupart des productions, et ça s’effondre partout ! On importe la moitié de nos fruits et légumes, la moitié de notre volaille (contre seulement 13% en 2000 !), même les productions des grandes cultures dégringolent. La betterave à sucre a fait la une de l’actualité récemment, mais on risque de perdre l’entièreté de la filière !».
L’ancien élu détaille par la suite les raisons de cette débandade, des raisons largement expliquées dans de nombreuses tribunes, et même, osons immodestement l’écrire, régulièrement dans ce Blog. On ne peut que regretter que cette lucidité ne se soit pas exprimée plus tôt.
Des annonces sont attendues pendant ce salon. Et notamment avec le Plan de souveraineté fruits, légumes, et pommes de terre. La lecture de ce qui sera présenté par le ministre le 1er mars en sera très simple. Soit ce plan remplira les cases posées par la profession, soit non.
La suite de l’article est issue des Nouvelles fraîches du blog-notes d’Olivier Masbou.
«Le plan vise à donner un cadre stratégique et des leviers d’actions opérationnels afin que la filière fruits et légumes puisse inverser la tendance des courbes de production à horizon 2030 et répondre à ces défis» écrivait Marc Fesneau le 21 septembre dernier en lançant les travaux.
Le secteur de la production, très prudent à ce jour sur l’ambition de ce plan, a décidé de prendre date en fixant ses «lignes rouges». Dans un document commun, Légumes de France, FNPF, Gefel et Felcoop, détaillent ces lignes rouges.
Le besoin de financement de la production fruitière pour atteindre une autosuffisance de 60% s’élève à 1,679 Mds d’euros pour une augmentation totale de surface de l’ordre de 37 300 hectares. Le besoin financier est estimé à 1,709 Mds d’euros pour les légumes frais pour aider à la création de 600 hectares de serres fermées, 1200 ha d’abris froid notamment. Si on ajoute divers autres besoins (irrigation, …), l’enveloppe globale s’élève à 4,3 Mds d’euros.
«Au-delà des besoins, insistent les quatre fédérations, l’inversion de la perte de compétitivité ne peut se faire que par une levée rapide des nombreux verrous réglementaires bloquant la quasi-totalité des projets de développement de la filière».
- engagement massif dans l’accompagnement financier dans le renouvellement et le développement des vergers et des serres ;
- plan d’investissement dans le matériel de protection contre les aléas climatiques, y compris l’amélioration de l’accès à l’eau ;
- levée des verrous réglementaires et fin de la surtransposition sur des sujets aussi divers que l’installation de serres, la construction de retenues collinaires, la construction de logement saisonniers, l’innovation et l’expérimentation, l’évaluation et le circuit d’homologation des produits phytosanitaires ;
- pas uniquement des budgets recyclés, dérisoires au regard des besoins et de l’urgence d’intervention ;
- un guichet unique avec des fonds dédiés nationaux.
Réponse, mercredi.
NB : Pas d'article demain mardi 28 février sur le blog pour cause de Salon de l'Agriculture.