dimanche 16 décembre 2018

Mais que c'est compliqué d'avoir des informations sur les rappels des produits alimentaires !


Une fois n’est pas coutume, la DGCCRF a été plus prompte que ‘tout le monde’, il faut aussi savoir le dire… mais ne vendons pas la peau de l’ours …

Le 22 novembre 2018, un très bref communiqué de la DGCCRF rapporte un « Avis de rappel de farine de sarrasin complète biologique de marque NATURALINE ».

  • Nom du produit : Farine de sarrasin complète biologique 500g
  • Marque : Naturaline
  • Référence : lot 31618 DDM : 12/11/2020
  • Distribué notamment chez : Cora, Intermarché, Leclerc, magasins U
  • Risque : Présence d'alcaloïdes tropaniques (Datura)
  • Commentaire : Il est demandé aux personnes détenant ce produit de ne pas le consommer et de le rapporter au point de vente. 
Vraiment très succinct …

Plusieurs jours après, le 13 décembre 2018, le site Oulah! informe des trois rappels suivants :
Farine Sarrasin Bio CPT MDP 500G de marque NaturalinePâtes Spécialité du Moulin au Sarrasin Bio DCP 250 g de marque Moulin des Moines et Farine Sarrasin Bio CPT MDP 500G de marque Moulin des Moines.
Ces trois produits sont distribués par Auchan.

Toujours le 13 décembre 2018, Auchan informe que « La société Moulin des Moines procède au rappel des produits suivants : « Bio Naturaline Farine Sarrasin », « Bio Moulin des Moines Farine Sarrasin », et « Bio Moulin des Moines spécialité Sarrasin DCP 250g (Pâtes) ».

Il s’agissait donc bien de trois produits rappelés !
Pour l’instant la DGCCRF n’a pas signalé le rappel des deux autres produits concernés par l’avis de rappel d’Auchan … étonnant, non ?

Quel est le souci avec ces graines de sarrasin ?

Absent dans le communiqué de la DGCCRF, il est précisé dans le communiqué d’Auchan et les communiqués d’Oulah (12 et 3) ce qui suit :
Des graines de sarrasin certifiées bio originaire de France sont suspectées d’être contaminées par une plante : la DATURA. Elles ont été transformées en farine de sarrasin et en pâtes au sarrasin.
D’une manière générale, les alcaloïdes contenus dans la datura (atropine et scopolamine) peuvent provoquer des troubles hépatiques, nerveux et sanguins plus ou moins graves : sécheresse de la bouche, pupilles dilatées, troubles de la vue, tachycardie, agitation, confusion, désorientation spatio-temporelle, hallucinations, paroles incohérentes… De très petites quantités suffisent pour déclencher une intoxication.
Moralité, rien ne sert de courir, il faut partir à point, la DGCCRF a donc servi d’éclaireur le 22 novembre 2018, mais pas complètement ; les sites d'Oulah! et d'Auchan ont donc diffusé l’information la plus complète le 13 décembre 2018 …

Pour information, la revue 60 Millions de consommateurs n’a pas diffusé d’information sur ces rappels et l’association UFC Que Choisir en est restée au communiqué incomplet de la DGCCRF … dur, dur d'être informé complètement ...

C’est Noël avant l’heure, une souris retrouvée dans un calendrier de l’Avent … Leptospirose inside ?

Une souris piégée entre le carton et le plastique d'un calendrier de l'Avent. - P.B. Cliquez sur l'image pour l'agrandir
« Elle découvre une souris dans le calendrier de l'Avent de sa fille », source France Bleu Hérault et France Bleu du 15 décembre 2018
Une maman héraultaise a découvert vendredi 14 décembre une souris morte derrière la fenêtre du calendrier de l'Avent de sa fille. La souris aurait été piégée à l'intérieur au moment de la fabrication en usine. Elle a porté réclamation auprès de la société Milka.
Mauvaise surprise pour une maman de Causses-et-Veyran (Hérault) vendredi matin. En ouvrant la fenêtre 14 du calendrier de l'Avent de sa fille Mya, 2 ans, Priscilla n'est pas tombée sur un chocolat mais sur une souris morte « et une odeur épouvantable ».


Deux jours plus tôt, elle avait découvert un chocolat rongé à l'intérieur. « Je l'ai même montré à mon conjoint en me disant que c'était bizarre. Je me suis dit que peut-être que lors de la fabrication ils l'ont cassé ou il est tombé. Du coup je l'ai jeté sans me poser plus de questions. » Sauf que la petite Mya a déjà mangé treize chocolats. Sa maman s'inquiète, elle appelle immédiatement pédiatre et centre antipoison pour être sûre qu'il n'y a rien.
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« L'urine de souris ça peut être dangereux. On nous a dit de surveiller la petite dans les prochains jours. » - Priscilla, la maman de Mya.


Le calendrier Milka a été acheté dans le magasin Intermarché de Béziers, mais si la souris s'est retrouvée là, ce serait au moment de la fabrication en usine d'après la maman : « Je pense qu'elle a du commencer à grignoter le chocolat dans l'usine et qu'elle s'est faite piégée au moment de l'assemblage du calendrier. Elle était coincée entre le carton et le plastique, elle est sûrement morte étouffée. » Priscilla a contacté le service client de Milka qui lui a demandé d'envoyer des preuves, notamment des photos. Priscilla a même du garder le calendrier... avec la souris toujours en place : « Dans un sac poubelle, au congélateur ! ».
La leptospirose est une maladie bactérienne présente dans le monde entier. Ses principaux réservoirs sont les rongeurs, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans leur urine. 

Sur le site de Milka, il n’est pas possible retrouver le « calendrier de l’Avent », un rappel préventif en cours ?

Bien entendu, les nuisibles comme des rongeurs, cela se rencontre un peu partout à Paris, comme en témoigne cette affiche ci-dessus retrouvée sur une place très fréquentée ...

Tous ces soucis seraient évités si l'on avait acheté un catalogue de l’Avent de l’Eglise catholique de Paris. Le marché de Noël s'appelait autrefois le marché de l'Avent ...

Comment des bactéries pathogènes se font piéger par une cage à septines?


« Les septines agissent en tant que police cellulaire pour identifier, emprisonner et tuer le ‘supermicrobe’ Shigella », source communiqué de la London School of Hygiene & Tropical Medicine du 12 décembre 2018.

Une découverte passionnante révèle de nouveaux indices pour arrêter la propagation d'infections mortelles.
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Quelques éléments bibliographiques pour aller plus loin sur les septines :

Les septines sont des protéines du cytosquelette qui forment des filaments au niveau de la membrane plasmique interne. 
Le cytosquelette est un terme qui désigne le réseau de filaments existant dans une cellule, et qui lui confère ses propriétés mécaniques et architecturales. Les septines sont des composants essentiels de ce réseau. Elles peuvent s’associer en filaments et sont impliquées, entre autres, dans la division cellulaire.
Les septines sont impliquées dans la formation du cytosquelette, la division cellulaire et la tumorigenèse. Les septines constituent une famille de protéines conservées qui forme des complexes hétéro-oligomériques qui s’assemblent en filaments. 

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Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Cell Host & Microbe, une famille de protéines naturellement présentes dans nos cellules pourrait contribuer à enrayer la propagation d'infections résistantes aux antibiotiques dangereuses en utilisant des pouvoirs similaires à ceux de ‘Poirot’ pour recueillir des preuves de l'infection bactérienne et l’emprisonner.
En utilisant des technologies de pointe pour imager des cellules humaines et étudier l'infection au niveau d'une seule cellule bactérienne, l'équipe de recherche, dirigée par la London School of Hygiene & Tropical Medicine, a mis au jour les preuves les plus solides jamais fournies à savoir que les septines emprisonnent Shigella. De manière cruciale, cela révèle pour la première fois que ces protéines peuvent détecter les zones de division des bactéries et les empêcher de le faire en formant des structures en forme de cage autour des bactéries.

La résistance aux antibiotiques est l’une des plus grandes menaces pour la santé mondiale. Outre la nécessité de développer de nouveaux médicaments, tels que des antibiotiques, de nouvelles méthodes de lutte contre l’infection bactérienne sont d’une importance vitale. Shigella, un agent pathogène de l'intestin humain, infecte plus de 150 millions de personnes dans le monde et provoque jusqu'à 500 000 décès par an. En raison du nombre croissant de souches résistantes aux antibiotiques, Shigella est l’un des ‘supermicrobes’ considérés comme une priorité par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Légende: Dans des cellules humaines, les septines construisent une cage (rouge) pour piéger les bactéries (bleu vert) afin de combattre l'infection. Crédit Serge Mostowy. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
L’équipe de recherche a déclaré que, bien que les septines soient un mécanisme naturel puissant pour restreindre Shigella, des travaux futurs seront nécessaires pour déterminer comment exploiter la biologie des septines à des fins thérapeutiques. On espère que ces nouvelles découvertes pourraient conduire à une nouvelle façon de renforcer le système immunitaire humain et traiter une grande variété d'infections bactériennes.

L'auteur principal, le professeur Serge Mostowy de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, a dit : « Nous travaillons activement à l'ingénierie de cette découverte pour une application en santé humaine. Si nous pouvons utiliser des médicaments pour stimuler la mise en cage par la septine, nous disposerons d'un nouveau moyen de lutte contre l'infection. »

En 2010, les chercheurs ont constaté pour la première fois que les cages dues aux septines pouvaient piéger Shigella, ouvrant ainsi la perspective séduisante d’une nouvelle façon d’empêcher la propagation des bactéries dans le corps. Cependant, la manière dont les cellules reconnaissaient que Shigella était piégé et que le sort des bactéries piégées était pour la plupart inconnues.

Sina Krokowski, co-auteur de l'étude, a dit : « Pour la médecine moderne, la façon dont les cellules peuvent reconnaître les bactéries fait l'objet d'investigations approfondies. Cette information sera cruciale si les septines peuvent être utilisées comme traitement chez l'homme. »

L’équipe de recherche a découvert avec passion que la cage due aux septines semble reconnaître les bactéries en division active, qu’elles soient résistantes aux antibiotiques ou non. De plus, en utilisant un microscope à haute résolution équipé d’une caméra ultramoderne, l'équipe de recherche a découvert qu'une fois emprisonnée dans une ‘cage’ due aux septines, 93% des bactéries ne se divisaient plus jamais car elles étaient destinées à l'autophagie (processus de nettoyage et surtout de « recyclage » dans la cellule -aa), un processus cellulaire consistant à ‘se manger soi-même’, fournissant la preuve définitive que les cages sont anti-bactériennes.

Le professeur Mostowy a dit : « L’émergence des ‘supermicrobes’ est l’un des plus grands problèmes de santé mondiale à laquelle nous sommes confrontés. De nouveaux médicaments pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens sont cruciaux, mais ils sont coûteux et tous risquent de rencontrer une résistance. Nous devons donc également rechercher d'autres moyens novateurs afin de contrôler l'infection bactérienne.

« En appliquant des techniques de microscopie de pointe, disponibles ces dernières années, pour étudier la réponse immunitaire cellulaire à Shigella, nous avons désormais des preuves évidentes que les septines peuvent être une nouvelle arme ‘naturelle’ dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques. De manière remarquable, ces protéines agissent en tant que ‘capteurs’ de la cellule hôte pour reconnaître les bactéries en division active, la population bactérienne exacte qui cause la maladie, pour les piéger. En plus de Shigella, cela peut également s'appliquer à une grande variété d'agents pathogènes bactériens invasifs tels que Pseudomonas et Staphylococcus. »

Les auteurs reconnaissent les limites de l'étude, notamment la possibilité que certaines bactéries aient évolué pour éviter le piégeage de la cage dues aux septines, et la nécessité d'une étude in vivo avant application chez l'homme.

Les travaux de recherche ont été financés par le Wellcome Trust et le Lister Institute of Preventive Medicine.