Des scientifiques ont
décrypté la manière dont certains types de bactéries « nageant » ont
évolué pour pouvoir s'échapper lorsqu'elles sont piégées dans de petits
espaces.
Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouvelles
méthodes pour enrayer la propagation de certaines bactéries, notamment
d’espèces responsables d’intoxications alimentaires et d’ulcères gastriques.
De nombreuses bactéries peuvent nager, ce qui leur permet de
rechercher de nouvelles sources d'éléments nutritifs ou, dans le cas de
bactéries pathogènes, d'infecter et de se propager.
Flagelles
Presque toutes les espèces de bactéries nageant se
propulsent en avant à l’aide d’hélices en forme de tire-bouchon appelées « flagelles ».
Les flagelles bactériens sont composés de milliers de blocs
constitutifs de protéines disposés en chaînes spiralées.
Une équipe multidisciplinaire de scientifiques, comprenant
des chercheurs de l’Université de York, a découvert que certains types de
bactéries ont développé des flagelles complexes composés de nombreux types de
protéines afin de leur permettre de se déplacer en dehors de petits espaces.
Mystère de longue
date
Les scientifiques ont examiné une espèce de bactérie vivant
dans le sol, Shewanella putrefaciens,
et ont découvert que, lorsqu'elles se retrouvaient coincées dans un espace
restreint, leurs flagelles à composantes multiples se mettent en boucle, enveloppant
les corps cellulaires et leur permettant de se libérer à la façon d’un
tire-bouchon.
Le Dr Laurence Wilson, du département de physique, co-auteur
de l’étude, a déclaré : « La question de savoir pourquoi certaines
bactéries telles que E. coli ont des
flagelles constitués d’un type de protéine alors que d’autres ont des
flagelles plus complexes constitués de nombreux types différents a été un
mystère de longue date.
« La nature aime conserver
des choses simples. Dans toute ‘machine’, plus de composants signifient plus de
problèmes pouvant survenir. Notre étude a montré que les flagelles complexes
ont une fonction qui aide les bactéries à s'échapper quand elles se retrouvent
coincées dans des espaces restreints, un avantage qui dépasse le coût du
maintien des gènes pour coder les différents blocs constitutifs des protéines ».
3D
Pour l’étude, des scientifiques de l’Université de York ont utilisé
leur expertise en microscopie holographique à haute vitesse pour suivre des
cellules en 3D, leur permettant ainsi de voir comment les cellules utilisent
leurs flagelles pour nager et se répandre.
Des collègues internationaux de l’Institut de microbiologie
et de biologie moléculaire de Geissen (Allemagne) ont soigneusement défini
l’emplacement des différents éléments constitutifs au sein de chaque flagelle.
Des informaticiens de l’Université Philipps de Marbourg, en Allemagne, ont
construit une série de simulations leur permettant de tester l’effet de la
variation lente des propriétés physiques du flagelle.
Ils ont constaté que les éléments constitutifs des flagelles
de Shewanella putrefaciens étaient
disposés de manière optimale. En effet, lorsqu’ils enlevaient ou permutaient
les composants du flagelle, la capacité de la bactérie à nager, que ce soit
dans des « eaux libres » ou dans des espaces restreints, était
réduite.
Blocage de la
transmission
Le Dr Wilson a ajouté : « Des espèces bactériennes
telles que Campylobacter jejuni,
responsable de l'intoxication alimentaire, et Helicobacter pylori, responsable d’ulcères de l’estomac,
maintiennent de multiples composants dans leur flagelle.
« Cette étude
nous donne une meilleure compréhension de la physique des infections
bactériennes - des connaissances qui pourraient conduire à de nouveaux moyens
de bloquer la transmission d'infections nuisibles à l'avenir. »
L’article
'Spatial arrangement of several flagellins
within bacterial flagella improves motility in different environments' est
publié accès libre danq Nature Communications.