« Une
étude révèle que la virulence de Listeria dépend du type
d'aliment », source adapté d'après Food
Safety News et le communiqué
des hôpitaux de Paris.
Des
scientifiques ont découvert que la virulence de Listeria
diffère selon le type d'aliment, en découvrant que les produits
laitiers sont contaminés par les bactéries les plus virulentes.
Des
chercheurs de l'Institut Pasteur, de l'Institut national français de
la santé et de la recherche médicale (Inserm), de
l’Université Paris et de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP
ont
dit
que « Ces
résultats aideront à mieux identifier les voies de contamination
des aliments pour réduire leur contamination par Listeria. De plus,
ils permettront d’améliorer les recommandations en matière de
consommation alimentaire pour les populations à risque ».
L’équipe
a révélé que des clones hypervirulents, en particulier le complexe
clonal (CC) 1, étaient associés aux produits laitiers, tandis que
les clones hypovirulents, principalement les CC9 et CC121, étaient
davantage présents dans les produits de viande et de poisson.
L'étude a été publiée dans la revue Nature
Communications.
On
croyait que les différentes souches de Listeria avaient le
même niveau de virulence, mais l’unité
de biologie des infections de l’Institut Pasteur et de l'Inserm
et du Centre
national de référence des Listeria de l’Institut Pasteur
avaient déjà montré l’extrême
diversité génétique et phénotypique de Listeria et
l’existence sous-populations d’hypervirulantes et
d'hypovirulantes, appelées clones.
Adaptation
de l'environnement
Les
clones hypovirulents ont davantage de gènes de résistance au stress
et de tolérance au chlorure de benzalkonium qui les rendent
résistants au désinfectant utilisé dans l'industrie alimentaire;
ces clones sont plus capables de survivre et de former des
populations bactériennes qui adhèrent aux surfaces contenant de
faibles concentrations de ce désinfectant, suggérant qu'ils sont
mieux adaptés à l'environnement de production alimentaire.
« Les
clones hypervirulents colonisent mieux la lumière intestinale et les
tissus intestinaux que les clones hypovirulents, suggérant leur
meilleure adaptation à l’hôte »,
explique le Pr Marc Lecuit, de l’unité de biologie des infections
à l’Institut Pasteur, de l’université de Paris et du service
des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital
Necker-Enfants malades AP-HP.
Les
scientifiques ont examiné 3 333 échantillons d'aliments et 3 308
isolats cliniques non redondants collectés de 2005 à 2016 lors de
la surveillance de la listériose en France. La plupart des isolats
alimentaires, 1 408, provenaient de produits de viande. Il y avait
758 issus de produits laitiers, 406 de produits de la mer, 354
étaient des produits mélangés, 103 2TAIENT issus de fruits et de
légumes et 304 des produits alimentaires inconnus.
Seulement
4,4% des isolats alimentaires CC121 provenaient de produits laitiers,
alors que 53,2% provenaient de viande et 21,2% de produits de la mer.
L'autre clone hypovirulent majeur CC9 a également été rarement
isolé à partir de produits laitiers à 6,6%, mais fréquemment dans
les produits de viande à 66,4%.
En
revanche, 48,3% des isolats CC1 provenaient de produits laitiers,
alors que seulement 23,6% provenaient de produits carnés.
Différents
modes de contamination
Les
produits CC121 et CC9 figurent parmi les clones les moins fréquents
dans les produits laitiers à base de lait cru, alors que dans ceux à
base de lait pasteurisé/inconnu, les deux clones constituent
respectivement les deuxième et septième clones les plus abondants.
Les
résultats suggèrent des différences clés entre les modes de
contamination des produits laitiers par rapport aux produits carnés
et aux autres catégories d'aliments. Les produits de viande sont
initialement physiologiquement stériles et sont probablement
contaminés par Listeria monocytogenes lors de la
transformation et/ou de la conservation. En revanche, les produits
laitiers, qui contiennent physiologiquement des bactéries, peuvent
être contaminés avant et/ou pendant la traite.
On
a constaté que les clones hypovirulents CC9 et CC121 produisaient
davantage de biofilm et se développaient mieux que les CC1, CC2, CC4
et CC6 en présence de faibles concentrations de chlorure de
benzalkonium. Aucune croissance n'a été observée avec 200 mg/L
pour les souches testées.
Les
résultats devraient aider à caractériser les niches écologiques
dans lesquelles Listeria développe des capacités de
virulence et de survie environnementale et à mieux comprendre la
façon dont Listeria circule entre différents environnements.