Être confiné permet de regarder ce
qui se dit ici et là et de ce qui s’est dit dans un passé récent
ou pour reprendre une formule empruntée à Racine, vers un pays
éloigné, tant je ne reconnais plus trop mon pays vue l’état
d’impréparation flagrante dans la lutte contre le coronavirus,
COVID-19.
Mon propos tournera autour d’un seul
thème celui des masques …
J’en ai un peu parlé dans cet
article, Coronavirus
: Oui, il faut suivre les consignes du gouvernement même si vous
n'êtes pas d'accord ! qui
fournissait quelques informations émanant de la CPAM et
des autorités de santé publique incitant la population à
porter un masque en cas d’épidémie de grippe ...
Il
y a aussi cet autre article témoignage
à
lire dans Causeur.fr,
Le
port du masque « à la hongkongaise » comme alternative au
confinement. Le masque protège les autres plus que son porteur,
où
il est question de
la pénurie de masques pour la population, et la journaliste fait le
parallèle entre le confinement actuel en France, ‘restez chez
vous’, et le confinement individuel pratiqué à Hong Kong et elle
indique dans un courrier qu’« Il
faut donc promouvoir le port du masque comme un acte citoyen
d’intérêt collectif. »
Ce courrier a été adressé par Florence de Changy à Martin Hirsch, le directeur de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Alors que le gouvernement nous dit que le port du masque n’est pas utile et que la polémique enfle en France, la journaliste observe les bons résultats obtenus à Hong Kong.
Sera-t-elle
entendue, sans doute, mais quand ?
Quand
on aura des masques, en porter deviendra nécessaire ...
Et
enfin cet article qui
relate une bien
étrange
histoire
des masques pour le personnel de santé dans Le
Point,
« Pénurie
de masques : à qui la faute ? »,
par
Arnaud Mercier, The Conversation France. Professeur
en information-communication à l'Institut français de presse
(université Paris-2-Panthéon-Assas).
La France a liquidé son stock de masques de protection. Ceux-ci manquent cruellement au personnel de santé. Qui est à l'origine de cette décision ?
À l'heure de la polémique sanitaire interne à la pandémie – l'absence de masques de protection efficaces pour les soignants et pour le personnel indispensable afin de faire fonctionner l'économie du pays même en temps de crise –, il est essentiel de rétablir la chronologie des faits qui a conduit notre pays à se désarmer face au risque de pandémie. Sans doute qu'après le retour à une ère de sécurité sanitaire des commissions d'enquête vont se créer pour faire toute la lumière sur les faits. Avec des moyens d'investigation autres que les nôtres aujourd'hui. Mais, déjà, la lecture complète de nombreux documents officiels publiés permet de rétablir une archéologie des choix de politique publique.
Lisez
cet article ainsi que la vidéo qui l’accompagne ci-dessous :
Mais comme je l’ai dit en commençant cet article faisons donc ce voyage dans un passé récent, vers ce pays éloigné, la France …
En
lisant par exemple, le
rapport n°332 (2004-2005) sur « Le
risque épidémique » de M. Jean-Pierre Door, député et
Mme Marie-Christine Blandin, sénatrice, fait au nom de l'Office
parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et
technologiques, déposé le 10 mai 2005.
Pour
mettre d’emblée l’ambiance, il est indiqué :
Le rapport qui vous est soumis n'est pas limité à l'étude des risques épidémiques potentiels, dont la presse parle fréquemment, mais aborde ceux d'aujourd'hui car « le risque épidémique » demeure un problème majeur de santé publique à l'échelon de la planète : les maladies infectieuses sont responsables d'un tiers de la mortalité observée annuellement. Elles sont causées par des agents appartenant à des groupes très différents, bactéries, virus, champignons, protozoaires, parasites et même prions, pour lesquels les épidémiologies, les maladies induites et les moyens de lutte sont complètement différents.
Il
est rappelé lors d’une audition publique par un médecin :
« Il s'agit également d'apprendre aux professionnels de santé à se servir de certains outils tels que, par exemple, les masques respiratoires lorsqu'ils ont à gérer certains patients. Dans certaines circonstances, ces masques peuvent revêtir une importance toute particulière pour protéger les personnels de santé mais également éviter la diffusion de certaines épidémies.
Voici ci-après des extraits significatifs sur le rôle des masques, à
vous de voir ..
Une
problématique particulière : la crise de grande ampleur
Nous avons besoin de constituer des stocks de produits très importants mais, dans la mesure où il est peu probable que tous les Etats de l'Union européenne soient agressés en même temps, il serait opportun de disposer de stocks au niveau de l'Union européenne.
Dans la perspective d'une épidémie de grippe, il y aurait, dès la première vague, 30 à 50% de personnes contaminées.
Il faut réfléchir aux conditions de protection de la population. Il faudrait garder les enfants à la maison, interrompre les transports collectifs et le pays serait désorganisé.
S'agissant des masques, tout dépend du niveau de protection recherché, une protection optimale implique la consommation de 4 à 6 masques par jour.
Or, les réflexions sur la protection des populations avec des masques adaptés n'ont pas abouti. Si nous voulons éviter la paralysie du pays, il faut offrir une protection à ceux qui se déplacent.
Il convient également de réfléchir au mode de distribution des produits car, pour éviter la diffusion d'une épidémie, il est absolument indispensable d'éviter la concentration des populations, ce qui implique que les produits soient distribués à la population et non qu'elle aille les chercher.
Une
problématique particulière : la crise de grande ampleur
Le plan gouvernemental contre les pandémies grippales a été adopté le 7 octobre 2004, à partir du plan construit, en 1999, par l'Organisation Mondiale de la Santé dont il reprend la structure.
Si une pandémie de type virus H5N1 apparaît sous une forme qui n'est pas contagieuse d'homme à homme, l'isolement pourrait se faire à domicile; par contre si nous entrons dans une phase pandémique contagieuse d'homme à homme, nous devrons lutter contre une telle épidémie par trois méthodes :
- La mise en place de barrières physiques. Cette méthode qui est très efficace implique la possibilité de fermer les écoles, d'interdire les rassemblements de limiter les transports collectifs dans les grandes aux agglomérations ; elle implique aussi que les personnes en contact avec le public puissent disposer de masques adaptés à la pandémie.
La deuxième barrière implique la distribution de médicaments antiviraux et la troisième, l'accès à des vaccins.
Ce plan suscite exactement les mêmes difficultés et interrogations que le plan biotox : à savoir le risque de paralysie du pays et les difficultés de communication vis-à-vis d'une population stressée pour ne pas dire plus.
Un des moyens de rassurer la population serait de mettre à sa disposition des masques de protection. Les autorités interrogées par vos rapporteurs pensent que des masques classiques, de type masques de chirurgien, n'offriraient qu'une protection extrêmement limitée. Il serait souhaitable de disposer de modèles extrêmement efficaces mais relativement coûteux. Une réflexion est engagée au ministère de l'économie et des finances pour examiner les conditions dans lesquelles des accords pourraient être passés avec des industriels afin que ces derniers se dotent des machines outils nécessaires à la fabrication, dans un délai extrêmement rapide, de plusieurs millions de masques.
Il est prévu de réserver, dans un premier temps, les masques produits aux personnels d'intervention les plus exposés au risque épidémique. Vos rapporteurs considèrent que la réflexion mérite d'être développée sur ce point. La mise à disposition de masques en nombre suffisant aurait certainement un coût très élevé mais, en même temps, aiderait à limiter la paralysie du pays. Vu sous cet angle, il convient de relativiser le coût. Cette dimension de mise en place de barrières physiques pour protéger individuellement chaque personne mérite d'être étudiée très attentivement.
Vous
voyez la crise sur les masques ne vient pas hasard, loin s’en faut
...il semble exister une sorte de continuité dans le mur des
politiques publiques dont les effets délétères se voient
aujourd’hui, alors qu’on est confronté au problème de
l’épidémie du coronavirus … CQFD !
Selon DNA du 25 mars sur la visite du Président de la République à Mulhouse :
Complément du 26 mars 2020. Autre témoignage, « Coronavirus : des masques pour tous en Thaïlande et rien en France, récit au temps du confinement ».
Complément du 31 mars 2020. On lira la note d'appui scientifique et technique de l'Anses relative à la proposition d’orientations utiles pour la prévention de l’exposition au virus SRASCoV-2 en milieu professionnel, dans des contextes autres que ceux des soins et de la santé, publiée le 30 mars 2020.
Selon DNA du 25 mars sur la visite du Président de la République à Mulhouse :
... interpellé sur le manque de matériels, notamment de masques, comme Marie Castro, directrice d’un Ehpad de Wintzenheim et le Dr Tryniszewski, médecin de ville. « La situation est inédite, c’est du jamais vu, le système est submergé, c’est très inquiétant », a aussi averti un urgentiste mulhousien. « Le flux des malades ayant besoin de réanimation est sans fin, on pourrait remplir une rea classique tous les jours ! », a renchéri une autre urgentiste.
« Je mesure ce que vous êtes en train de prendre comme stress, comme charge de travail, et vous avez accompli un travail remarquable », leur a dit le chef de l’Etat, en annonçant que le nombre de tests en France allait être porté à 29 000 par jour contre 5000 actuellement, surtout pour les soignants et les Ehpad.Hélas, le Président de la République ne répond pas aux questions qu'on lui pose y compris sur les masques ... c'est très inquiétant ...
Complément du 26 mars 2020. Autre témoignage, « Coronavirus : des masques pour tous en Thaïlande et rien en France, récit au temps du confinement ».
Salariée à France 3 Alsace et de retour de Thaïlande, j’ai pu comparer l’efficacité (ou non) des mesures prises dans les deux pays pour endiguer la propagation du coronavirus. De la pénurie de masques en France à la profusion à Bangkok, mon voyage se résume à ces deux images.
Complément du 31 mars 2020. On lira la note d'appui scientifique et technique de l'Anses relative à la proposition d’orientations utiles pour la prévention de l’exposition au virus SRASCoV-2 en milieu professionnel, dans des contextes autres que ceux des soins et de la santé, publiée le 30 mars 2020.
Complément du 4 avril 2020. On lira dans Le Figaro.fr, Coronavirus : vers un port généralisé du masque ?
Alors que le gouvernement n'a cessé de répéter que les masques n'avaient aucune utilité pour les individus non-porteurs de la maladie, le discours est en train d'évoluer.