Eurosurveillance nous
propos un article
qui revient sur une épidémie
nationale de plusieurs sérotypes à
Salmonella
Bovismorbificans
ST142 et de Salmonella Typhimurium ST34 monophasique associée à des
saucisses sèches
de porc en
France,
septembre
2020 à
janvier
2021.
Message clé de santé publique
Que vouliez-vous aborder dans cette étude ?
Salmonella enterica subsp. enterica est la principale
cause d'infections diarrhéiques d'origine alimentaire en Europe. Les
protocoles de diagnostic actuels ciblent les infections à agent
unique, mais pas les infections à sérotypes multiples. Nous avons
voulu décrire une récente épidémie de Salmonella à
sérotypes multiples chez l'homme en France en 2020, qui a donné
lieu à une enquête internationale.
Qu'avons-nous appris de cette étude ?
L'épidémie a touché 44 personnes en association avec la
consommation de produits secs de charcuterie (saucisse sèche droite
et saucisse sèche courbe) de porc
contaminées par deux sérotypes différents de Salmonella.
Les investigations identifiant plusieurs sérotypes de Salmonella
dans les aliments étaient compliquées et nécessitaient la
collaboration de sept institutions différentes. L'identification des
deux sérotypes n'a été possible que dans un seul échantillon
alimentaire.
Quelles sont les implications de vos découvertes pour la santé
publique ?
Cette étude met en
évidence la nécessité d'améliorer les procédures pour mieux
détecter les contaminations mixtes des produits alimentaires par
différents sérotypes de Salmonella,
qui, selon nous, peuvent passer inaperçues avec les procédures de
laboratoire standard actuelles.
Pour mémoire,
Dans la discussion de
l’article,
les auteurs notents (extraits) :
Nous décrivons une
épidémie nationale de salmonellose impliquant 44 cas dans deux
groupes microbiologiques par deux sérotypes : 33 cas avec S.
Bovismorbificans ST142 et 11 cas avec le variant monophasique de S.
Typhimurium
ST34. Les deux clusters étaient associés à la consommation de
saucisses sèches de porc produites par le même fabricant entre
septembre et novembre 2020. Les enquêtes épidémiologiques ont
pointé la consommation de saucisses de marque A commercialisées par
la chaîne de supermarchés 1. De plus, l'enquête sur les cartes de
fidélité des supermarchés a renforcé cette association, en
enregistrant l'achat du produit suspect quelques jours avant la date
d'apparition des symptômes dans la plupart des registres.
Des mesures de contrôle
ont été mises en œuvre à la suite des enquêtes épidémiologiques
du cluster S.
Bovismorbificans avec trois rappels/retraits en novembre 2020. Le
cluster S.4,12:i:- a été identifié fin décembre, mais
l'apparition des symptômes de la plupart des cas s'est produite
avant le 30 novembre (sauf un cas en décembre). Suite aux rappels et
retraits des produits suspects, la détection des cas humains a
rapidement décliné. Les agences de santé internationales ont été
informées du premier groupe d'épidémies (S.
Bovismorbificans) par le biais des notifications au RASFF et à
EpiPulse en raison de l'exportation du produit dans d'autres pays
européens. Aucun cas appartenant au premier groupe n'a été signalé
hors de France et aucun génome appartenant au deuxième groupe n'a
été identifié sur EnteroBase pour aucun autre pays.
S.
Bovismorbificans n'a été isolé qu'à partir d'un échantillon
alimentaire fourni par un patient. Bien qu'une contamination
post-achat par le patient soit possible, les données
épidémiologiques et l'absence de nouveaux cas suite aux rappels et
retraits ont fortement soutenu l'hypothèse d'une contamination du
produit avant la vente.
Dans cette éclosion, bien
qu'il n'ait pas été possible d'isoler les deux sérotypes de
Salmonella
à partir d'un seul échantillon alimentaire ou humain, une qPCR a
identifié les deux sérotypes dans le même échantillon
alimentaire. Ceci a suggéré que les produits alimentaires pouvaient
avoir été contaminés à des taux différents par les deux
sérotypes, simultanément, échappant aux procédures standards des
laboratoires de microbiologie pour l'identification des
contaminations multi-souches. À cette fin, la détection d'un signal
Salmonella
positif par qPCR dans un échantillon de pré-enrichissement peut
être une approche puissante pour une détection et une enquête
rapides. Néanmoins, la méthode devrait être standardisée et une
confirmation devrait toujours être effectuée par isolement,
identification et caractérisation génomique des souches.
Conclusion
Nous présentons ici deux
épidémies simultanées à Salmonella
enterica
liées à la consommation de saucisses sèches de porc produites
pendant une courte période par le même fabricant : la première
causée par S.
Bovismorbificans et la seconde par le variant monophasique de S.
Typhimurium, 4,12 :je:-. Cependant, les méthodes moléculaires ont
révélé une double contamination d'un même échantillon
alimentaire analysé. Les éclosions multi-souches peuvent ne pas
être détectées par les approches de détection bactériologique
actuelles. Nous pensons que les protocoles de laboratoire standard,
tant au niveau clinique qu'au niveau du contrôle alimentaire,
devraient inclure des procédures pour améliorer la détection des
contaminations de sérotypes mixtes de Salmonella.
De plus, notre rapport met en évidence l'utilité des tests qPCR
spécifiques au sérotype pour enquêter sur les épidémies
d'origine alimentaire.
Référence
Pardos
de la Gandara Maria, Fournet
Nelly, Bonifait
Laetitia, Lefèvre
Sophie, Chemaly
Marianne, Grastilleur
Charlotte, Cadel-Six
Sabrina, Fach
Patrick, Pignault
Agnès, Brisabois
Anne, Jourdan-Da
Silva Nathalie, Weill
François-Xavier. Countrywide multi-serotype outbreak of
Salmonella
Bovismorbificans ST142 and monophasic Salmonella
Typhimurium ST34 associated with dried pork sausages in France,
September 2020 to January 2021. Euro
Surveill. 2023;28(2):pii=2200123.
https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2023.28.2.2200123