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jeudi 13 juin 2019

Enquête sur la viande de cheval en Irlande et fraude aux steaks hachés en France

« Enquête sur la viande de cheval en Irlande et fraude aux steaks hachés en France », tel est le titre d'un article paru dans FoodSafety News le 12 juin 2019.

Le blog vous avait déjà entretenu de la fraude aux steaks hachés en France ici.

La police irlandaise, a fouillé sept sites la semaine dernière dans le cadre d'une enquête sur une fraude liée à la viande de cheval.

La police irlandaise, des agents du ministère de l'agriculture, de l'alimentation et de la marine (DAFM pour Department of Agriculture, Food and the Marine) et de l'autorité irlandaise de la sécurité des aliments (FSAI) ont effectué des recherches planifiées à Roscommon, Leitrim, Sligo, Westmeath et Kilkenny. Les sites consultés comprenaient des exploitations agricoles, des maisons et un bâtiment commercial.

Des perquisitions ont eu lieu au cours d'une enquête sur des infractions liées à des pratiques frauduleuses relatives à la falsification de passeports d'identité et à la micropuce de chevaux présentés à l'abattoir dans ces zones.

La FSAI est l'agence qui a mis en lumière le scandale de la viande de cheval en janvier 2013 après avoir effectué des analyses sur des burgers contenant de l'ADN de cheval. La question s'est ensuite répandue dans toute l'Europe.

En avril de cette année en France, l’ancien directeur de l’entreprise de viande Spanghero, Jacques Poujol, a été condamné à 24 mois de prison, dont 18 avec sursis. Patrice Monguillon, directeur de l'usine de Spanghero, a été condamné à un an de prison avec sursis. Johannès Fasen, un trader néerlandais, a été condamné à deux ans et Hendricus Windmeijer, qui travaillait pour Fasen, a été condamné à un an de prison avec sursis.

Le système de contrôle irlandais
Le DAFM a la présence permanente d'un vétérinaire officiel et d'une équipe technique dans tous les abattoirs agréés, y compris les deux sites d'abattage de chevaux approuvés par le DAFM. Tous les abattoirs dont la viande est destinée à la consommation humaine doivent satisfaire aux exigences fixées dans les réglementations européennes en matière de sécurité des aliments.

Lorsqu'un cheval équin est présenté à l'abattoir, le système irlandais est vérifié pour s'assurer qu'il est éligible pour la chaîne alimentaire. Si les informations figurant dans la base de données diffèrent du passeport, elles sont exclues de la chaîne et le cheval ne peut pas être abattu.

Tous les équidés présentés dans les abattoirs sont soumis à un examen ante mortem effectué par le DAFM afin de s'assurer de leur aptitude à être abattus. Ils sont également scannés pour rechercher une micropuce et les détails sont comparés aux données du passeport et enregistrés par le DAFM. Des contrôles post mortem sont également effectués sur les équidés abattus.

Les agents du Criminal Assets Bureau, Garda National Drugs and Organized Crime Bureau et du Garda National Cyber Crime Bureau ont aussi soutenu l’enquête.

L'Irlande a été impliquée dans trois alertes notifiées au RASFF cette année concernant de la viande de cheval. Deux pour des enregistrements de traçabilité médiocres impliquant des passeports pour la viande de cheval réfrigérée et la troisième pour les dioxines présentes dans de la viande de cheval réfrigérée.

Une des alertes de traçabilité a conduit Lackmann Tuschonka Konskaya à rappeler de la viande de cheval en conserve en mai. Le produit de 400 g venait d'Allemagne et avait une date de péremption au 8 juillet.

Fraude aux steaks hachés découverte en France
Entre-temps, les autorités françaises ont révélé un stratagème frauduleux qui aurait faussement déformer la qualité de la viande hachée congelée donnée à certaines associations pour aider les nécessiteux du pays.

La Croix-Rouge française, la Fédération française des banques alimentaires, les Restaurants du Cœur et le Secours Populaire ont alerté les autorités. Les associations ont cessé la distribution de ces produits en février.

Après avoir été informés en mars, les enquêteurs de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la lutte antifraude (DGCCRF) ont prélevé des dizaines d'échantillons de produits pour analyse et résultats entre la mi-mai et le mois de juin. Ils ont constaté des non-conformités avec les règles de qualité en excès de graisse et des défauts de composition.

Une société française a fourni les produits, provenant d'un fabricant polonais. Une autre entreprise française aurait joué le rôle d'intermédiaire. Les analyses microbiologiques ont montré qu'il n'y avait pas de danger pour la santé des consommateurs.

L'aide alimentaire aux plus démunis reçoit de l'argent d'un Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) pour acheter de la nourriture pour les quatre associations.

Les chefs des deux entreprises françaises anonymes ont été interrogés par les autorités et les résultats de l'enquête seront communiqués aux procureurs dès son achèvement.

NB : Comme vous pourrez le constater, cet article comme d'autres ne cite pas FranceAgriMer ...

samedi 8 juin 2019

Fraude à 780 tonnes de faux steaks hachés. FranceAgriMer serait présumé innocent


« Nous avons un objectif qui est d'être réactif, cela n'empêche pas les fraudes, mais en revanche il faut que nous puissions l'améliorer et que nous puissions améliorer la coopération, la coordination européenne pour être encore plus réactifs », disait le 7 juin 2019 le 'nouveau' directeur général de l'alimentation dans une interview soporifique à Alim'agri.

Ça tombe bien, en voici une de 'nouvelle' fraude !

Voilà une affaire qui concerne pourtant un organisme publique dépendant du ministère de l'agriculture, pad besoin donc d'aller très loin, cet organisme public est donc selon la formule consacrée présumée innocent mais ce qui est révélé ci-après le rend présumé suspect dans cette affaire ...

Selon un excellent article de Marianne du 7 juin 2019, bien construit et très documenté auquel je vous renvoie, voici quelques éléments,
780 tonnes de steaks « non conformes » ont été livrés à des associations caritatives. Derrière cette affaire, un organisme public, FranceAgriMer, a peut-être péché par légèreté. Car, comme le montre « Marianne », un seul critère a été retenu lors de l’achat : le prix. Tant pis pour la qualité…

3,46 euros le kg hors taxe !
L’information a été révélée ce 7 juin au matin sur RTL : 780 tonnes de « faux steaks hachés » ont été livrées à la Croix-Rouge, aux Restos du cœur, au Secours populaire français et à la Fédération française des banques alimentaires. Quatre des principales associations venant en aide aux plus démunis. Ces steaks hachés étaient en réalité composés d’une mixture d’amidon, de soja, de peau et de gras, sans trace de viande bovine. Ils avaient été achetés grâce à une dotation du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD). C’est FranceAgriMer, un office public rattaché au ministère de l’Agriculture, qui s’est chargé des courses en gros. En très gros même. Marianne, qui a fouillé les appels d’offres, a retrouvé celui lancé par FranceAgriMer dans cette affaire. L’avis d’attribution, en date du 6 juin 2018, livre trois informations importantes :
- La première est la qualité du produit commandé : 3 lots de « steak haché surgelé de bœuf 15% MG », pour des montants de 1 895 735 euros, 1 974 418 euros et 1 372 137 euros. Soit un total de 5,2 millions d’euros.
- La deuxième information est le nom de la PME qui a fauté, l’entreprise qui est allée acheter les fameux steaks en Pologne : Voldis SAS, une entreprise des Côtes d’Armor. Évidemment, cette société apparaîtra comme le grand méchant tout désigné puisqu'elle n'a d'évidence pas respecté les 15% de matière grasse imposés. Mais est-elle seule fautive ? L’entreprise costarmoricaine n’est pas la seule à l’œuvre dans ce dossier.
- La troisième information contenue dans l’appel d’offre indique qu’une autre entité a peut-être fait preuve de légèreté : FranceAgriMer, donc l’Etat. Le cahier des charges rédigé par l’organisme public ne mentionne en effet qu’un critère d’achat : le prix. Rien, en revanche, sur un élément pourtant important : « la bonne qualité gustative des produits distribués » ou « la note organoleptique » (comprendre l’odeur, la saveur, la consistance et l’aspect). Des critères auxquels le FEAD devrait pourtant être attaché, si l’on en croit un rapport daté de 2017 de la Direction générale de la cohésion sociale se penchant sur ses activités.
Quoi qu’il en soit, étant donné le rôle d’un organisme public comme FranceAgriMer dans cette affaire, on comprend pourquoi Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, était présente dès ce matin au micro de RTL pour expliquer que l'Etat allait saisir la justice : « Il est hors de question que ce type d'attitude se reproduise », a martelé la responsable gouvernementale, au micro de la matinale. Comme s'il fallait charger absolument l'entreprise pour mieux sauver le soldat FranceAgriMer...

Complément du 9 juin 2019. On lira un autre point de vue dans la revue PROCESS Alimentaire qui réussit l'exploit de ne pas citer FranceAgriMer.

On lira aussi ce communiqué de presse de trois directions générale du 7 juin 2019, « Aide alimentaire : les services de l’État ont mis en évidence une fraude portant sur la qualité de steaks hachés ».