Deux grandes épidémies d'origine alimentaire ont récemment été
mises en évidence lors d'une conférence européenne sur les
maladies infectieuses.
Les présentations à l’European
Scientific Conference on Applied Infectious Disease Epidemiology
(ESCAIDE) ont couvert une épidémie
à E. coli provenant de pizzas Nestlé en France et une
épidémie dans plusieurs pays à Salmonella Typhimurium
monophasique liée à des chocolats Ferrero.
En février 2022, Santé Publique France a identifié plus de cas de
syndrome hémolytique et urémique pédiatrique (SHU) que d'habitude
avec huit cas d’infection. Les cas étaient positifs pour E.
coli producteurs de shigatoxines (STEC) O26:H11 ou O103:H2
identifiés par séquençage du génome entier (WGS). Seules deux
personnes étaient atteintes par E. coli O103.
Produits et farine positifs pour E. coli pathogène
Au total, 56 cas confirmés et deux cas probables ont été
découverts dans tout le pays avec une apparition entre le 18 janvier
et avril avec un âge médian de 6 ans. Il y a eu 50 cas de SHU, deux
enfants sont décédés et deux autres ont eu des séquelles graves
d'infections.
Une étude cas-témoins a révélé une forte association entre la
consommation de pizza et la maladie.
Au total, 35 cas sur 40 ont déclaré avoir mangé de la pizza
surgelée Buitoni Fraîch'Up et 35 cas sur 37 avec des achats de
pizza sur cartes de fidélité ont acheté cette marque.
Les souches épidémiques STEC O26:H11 et O103:H2 ont été isolées
à partir de pizzas prélevées au domicile des patients et à
l'usine de fabrication. E. coli a également été isolé dans
la farine utilisée pour faire des pizzas.
Les pizzas surgelées étaient fabriquées dans une seule usine à
Caudry, avec une ligne de production individuelle et aucune recuisson
de la pâte avant la vente. Nestlé cherche à reprendre ses
activités mais l'approbation des autorités françaises est en
attente.
Les investigations ont confirmé que les pizzas surgelées étaient à
l'origine de la plus grande épidémie de SHU à E.
coli jamais documentée en France. En mars, Nestlé a rappelé
et retiré les pizzas incriminées, et la production de l'usine a été
suspendue. Une enquête pénale sur l'incident a été ouverte en
mai.
Selon la présentation, «Cette épidémie est très inhabituelle,
car les températures et les temps de cuisson typiques des pizzas
surgelées devraient éliminer le risque d'infection. Les
investigations se poursuivent pour comprendre l'origine de la
contamination et la persistance des STEC dans les pizzas cuites.»
Épidémie à Salmonella liée au chocolat
L’ESCAIDE s'est tenu à Stockholm et à distance du 23 au 25
novembre. Il était organisé par le Centre européen de prévention
et de contrôle des maladies (ECDC).
Trois affiches (posters) portaient sur l'épidémie à Salmonella
Typhimurium monophasique liée à du chocolat Kinder fabriqué par
Ferrero en Belgique qui a rendu malades plus de 450 personnes. Ils
couvraient les réponses nationales au Royaume-Uni, en Belgique et en
Irlande.
1. An Easter Surprise: Salmonella Typhimurium outbreak linked
to chocolate products in the United Kingdom, 2022; a case control
study.
2. International outbreak of Salmonella Typhimurium linked to
a chocolate factory in 2022: Belgian findings.
3. Monophasic Salmonella Typhimurium outbreak linked to
chocolate products, Ireland, 2022.
En février 2022, le Royaume-Uni a signalé des cas groupés
d'infections à Salmonella Typhimurium. Début avril, 150 cas,
principalement chez des femmes et des enfants, ont été observés
dans l'UE et au Royaume-Uni avec des dates de prélèvements allant
de fin décembre 2021 à fin mars 2022. Le Royaume-Uni a émis une
alerte EpiPulse à la mi-février et le premier contact entre le
Royaume-Uni et les autorités belges de la sécurité des aliments a
été le 1er avril.
Les premiers entretiens avec des patients britanniques ont suggéré
que les œufs Kinder étaient le véhicule probable de l'infection ou
du poulet transformé. Une étude cas-témoins a inclus 26 cas et 106
témoins âgés de moins de 11 ans. Elle a fourni des preuves solides
que les œufs Kinder étaient un vecteur de l'épidémie et a soutenu
le rappel des produits Ferrero en avril sur la base d'investigations
épidémiologiques descriptives et de la chaîne alimentaire.
D'autres produits ont montré une association significative dans le
modèle, mais ce n'était pas de la même ampleur que les œufs en
chocolat et sans autres preuves à l'appui d'autres investigations,
ils ne peuvent pas être considérés comme des véhicules clés pour
les cas au Royaume-Uni, ont dit les scientifiques.
Deux clusters
La maladie est apparue de la mi-janvier à avril de cette année et
un pic a été observé à la mi-février. Sur les 62 patients, 54
étaient âgés de 1 à 9 ans. Parmi 44 patients interrogés, 19 ont
été hospitalisés et 41 ont consommé des produits de l'usine, et
35 ont déclaré avoir mangé des œufs en chocolat Kinder Surprise.
Sept des 229 produits alimentaires ont été testés positifs pour
Salmonella ; l'analyse du séquençage du génome entier a
indiqué des correspondances avec les deux groupes. Selon l’affiche
belge, «En décembre 2021 (la date est le 21
décembre), Salmonella a été retrouvée dans des
échantillons lors d'un autocontrôle dans l'usine, ces isolats
correspondaient aux clusters identifiées ultérieurement. Onze types
de produits ont été rappelés dans le monde et les autorités de
sécurité des aliments ont fermé l'usine le 8 avril 2022.
Onze types de produits ont été rappelés et les autorités de la
sécurité des aliments ont fermé l'usine d'Arlon en avril mais elle
a rouvert en juin. Une enquête sur l'incident par le parquet de
Luxembourg est en cours.
Suite à l'alerte EpiPulse mi-février, une enquête a débuté en
Irlande un mois plus tard après avoir identifié sept cas avec une
séquence identique à la souche responsable de l'épidémie
internationale.
Deux souches distinctes ont causé 16 cas de maladie mais l'une des
souches n'a causé qu'un seul cas de maladie en Irlande. La plupart
des malades étaient des femmes et avaient moins de 10 ans, mais la
tranche d'âge allait de 1 à 56 ans. Quatre personnes ont été
hospitalisées. Les personnes sont tombées malades de fin janvier à
fin mars.
Une étude cas-témoin appariée a
été utilisée pour confirmer la source de l'infection. Neuf cas et
24 témoins appariés ont été inclus. La probabilité d'avoir
consommé un produit Kinder spécifique était sept fois plus élevée
dans les cas notifiés comme Salmonella
Typhimurium monophasique par rapport aux cas d'autres maladies
gastro-intestinales. Ce produit a été consommé dans sept cas sur
neuf. La probabilité d'avoir l'un des produits rappelés était 10
fois plus élevée dans les cas de Salmonella
Typhimurium monophasique par rapport aux cas d'autres maladies
gastro-intestinales.
Commentaire
Pour les produits de chez Ferrero,
on aura noté l’écart entre l’autoconrôle positif pour
Salmonella en décembre 2021 et le rappel
en France, le 5 avril 2022, sachant qu'au Royaume-Uni, il a été retrouvé Salmonella dès le 21 décembre 2021.
Pour les produits Nestlé Butoni,
je m’en tiens à ce que le groupe Nestlé,
a déclaré dans un communiqué, «Les
analyses effectuées sur des prélèvements de farine et certains
échantillons de produits finis ont permis de déceler la présence
de la bactérie E.
coli
STEC, que nous n’avions pas détectée.»
Lorsque l’on dit que «Les
investigations se poursuivent pour comprendre l'origine de la
contamination et la persistance des STEC dans les pizzas cuites.»,
il faudrait peut-être indiquer «des pizzas insuffisamment cuites».
Complément
Sur le site l’ESCAIDE, vous pourrez retrouver les principales interventions liées à la sécurité des aliments : - Page 71 – An Easter Surprise: Salmonella Typhimurium outbreak linked to chocolate products in the United Kingdom, 2022; a case control study
- Page 72 – International outbreak of Salmonella Typhimurium linked to a chocolate factory in 2022: Belgian findings
- Page 73 – Whole Genome Sequencing identified a prolonged Salmonella Poona nursery outbreak (2016-2021) in North West England, UK
- Page 74 – Climate Warming and increasing Vibrio vulnificus infections in North America
- Page 106 – Timely and reliable outbreak investigation using a non-probabilistic online panel as a source of controls – two parallel case-control studies investigating a Salmonella Braenderup outbreak in Germany
- Page 107 – An outbreak of Escherichia coli-associated haemolytic uremic syndrome linked to consumption of an unexpected food vehicle, France 2022
- Page 110 – Norovirus GII.3[P12] outbreak associated with the drinking-water supply in a rural area in Galicia, Spain, 2021
- Page 111 – Impact of COVID-19 restrictions on the epidemiology of Cryptosporidium spp. in England and Wales
- Page 149 – Monophasic Salmonella Typhimurium outbreak linked to chocolate products, Ireland, 2022
- Page 151 – Successful containment of a Listeria monocytogenes outbreak caused by shredded vegetables, Hesse/Germany, 2021-2022
- Page 152 – Outbreak of monophasic Salmonella Typhimurium linked to fresh small tomatoes, Sweden, 2021
- Page 195 – Botulism outbreak and response in Dangara District Tajikistan, October 2020
- Page 196 – Outbreak of suspected Clostridium perfringens associated with consumption of roast beef in a restaurant, January 2022 South West England
- Page 198 – Doughnuts for weight loss? A norovirus outbreak in the Australian Capital Territory, November 2021
Mise à jour du 9 décembre 2022