Le
blog vous avait déjà parlé des soucis posés par les
microplastiques dans différents articles ici,
y compris leur présence éventuelle dans les aliments.
Voici
selon un
communiqué du 30 avril 2020 de l’Ifremer, « Des
hotspots de micro-plastiques dans les fonds marins contrôlés par
les courants profonds ».
Cette étude montre que les microplastiques ne transitent pas uniquement via les canyons sous-marins mais qu'une grande partie est transportée par des courants de fond avant de se déposer sur des bancs de sédiments au pied des pentes sous-marines. L'image est de l'Université de Machester.
Une
étude publiée dans le journal Science, à laquelle l'Ifremer a contribué, révèle l’existence de zones
d’accumulation ou hotspots de
microplastiques dans les fonds marins. C’est dans ces zones que la
majeure partie des microplastiques rejetée dans l’océan pourrait
s’accumuler sous l’influence des courants de fond.
Cette
étude montre que les microplastiques ne transitent pas uniquement
via les canyons sous-marins mais qu'une grande partie est transportée
par des courants de fond avant de se déposer sur des bancs de
sédiments au pied des pentes sous-marines.
Plus
de 10 millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetés dans
les océans chaque année. Si les déchets flottants sont aujourd’hui
très étudiés, leur masse cumulée représente moins de 1% du
plastique présent dans les océans du monde. Les scientifiques
supposaient que les 99% manquants se trouvaient dans les profondeurs
de l'océan, mais jusqu'à présent, personne ne savait où ils se
trouvaient exactement. Un
projet de recherche international mené
par l'Université de Manchester (Royaume-Uni), le Centre national
d'océanographie (Royaume-Uni), les universités de Brême
(Allemagne), de Durham (Royaume-Uni) et l’Ifremer (France) a
révélé les niveaux de microplastiques les plus élevés jamais
enregistrés sur le fond marin, avec jusqu'à 1,9 millions
de morceaux sur une surface d'un mètre carré seulement.
Publiés
cette semaine dans le journal Science, ces
travaux de recherche ont montré comment les courants marins
transportent de minuscules fragments et fibres de plastique sur le
fond marin. Ces
courants peuvent concentrer les microplastiques dans d'énormes zones
d’accumulations de sédiments, qu'ils ont appelés hotspots
de
microplastiques. Ces hotspots
semblent
être les équivalents en profondeur de ce que l'on appelle les
« zones
d’accumulation de déchets »
formés par les courants à la surface de l'océan.
Les
microplastiques des fonds marins sont principalement constitués de
fibres provenant de textiles et de vêtements. Ces
fibres ne sont pas filtrées efficacement dans les stations
d'épuration et pénètrent facilement dans les rivières et les
océans. Une fois dans les océans, deux scénarios : soit elles s’y
déposent lentement, soit elles sont transportées rapidement par les
courants de puissantes avalanches sous-marines qui descendent via des
canyons sous-marins jusqu'au fond (Lire
les recherches antérieures du groupe dans Environmental
Science & Technology).
Une fois en profondeur, les microplastiques sont facilement capturés
et transportés par les « courants
de fond »
qui peuvent concentrer les fibres et les fragments dans de grands
bancs sédimentaires.
Ces
courants des grands fonds marins transportent également de l'eau
riche en oxygène et en nutriments, ce qui signifie
que les hotspots de
microplastiques des fonds marins peuvent également abriter
d'importantes communautés biologiques susceptibles de consommer ou
absorber les microplastiques.
Cette
étude révèle pour la première fois le lien direct qui existe
entre le comportement de courants de fond et les concentrations de
microplastiques des fonds marins. Ces résultats aideront à prédire
l'emplacement d'autres hotspots de
microplastiques des grands fonds marins et orienteront ainsi la
recherche sur l'impact des microplastiques sur la vie marine.
L'équipe
a recueilli des échantillons de sédiments du fond de la mer
Tyrrhénienne et a interprété leur répartition en s’appuyant sur
des modèles calibrés des courants océaniques profonds et une
cartographie détaillée du fond marin. En laboratoire, les
plastiques ont été séparés des sédiments, comptés au
microscope, puis analysés par spectroscopie infrarouge pour
déterminer les différents types de plastique. Grâce à ces
informations, l'équipe
a pu montrer comment les courants océaniques contrôlaient la
répartition des microplastiques sur le fond marin.
L'auteur
principal de l'étude, le Dr Ian Kane de l'Université
de Manchester (UK), a
déclaré : «
presque tout le monde a entendu parler des tristement célèbres
« déchets » de plastique flottant dans l'océan, mais
nous avohttps://www.manchester.ac.uk/discover/news/scientists-find-highest-ever-level-of-microplastics-on-seafloor/ns été choqués par les fortes concentrations de
microplastiques que nous avons trouvées dans les fonds marins ».
Ajoutant que « nous avons découvert que les microplastiques ne
sont pas répartis uniformément dans la zone d'étude, mais qu'ils
sont distribués par de puissants courants de fond qui les
concentrent dans certaines zones ».
Le
Dr Mike Clare du Centre
national d'océanographie (UK), co-responsable de l’étude,
ajoute : « notre
étude a montré comment des études détaillées des courants du
fond marin peuvent nous aider à relier les voies de transport des
microplastiques en profondeur et à trouver les microplastiques
« manquants ». Une meilleure compréhension est
nécessaire pour orienter les actions futures dans le but de limiter
le flux futur de plastique dans les grands fonds marins et de
minimiser ses impacts sur les écosystèmes océaniques ».
«
Grâce à notre modèle de simulation fine des courants profosciencends
développé à l’Ifremer, nous avons montré dans cette étude
qu’une grande partie des microplastiques est transportée par ces
courants avant de se déposer sur des bancs de sédiments (appelées
contourites) au pied des pentes sous-marines, explique
Pierre Garreau, modélisateur en océanographie physique et
responsable du Laboratoire
Océan Côtier de l’Ifremer. Ce
n’était une évidence pour personne auparavant. Beaucoup
imaginaient que les microplastiques se déposaient de manière assez
homogène sur les fonds océanique ou transitaient par les canyons
sous-marins. Ces résultats aideront les spécialistes de
l’environnement à savoir désormais où chercher les
microplastiques en mer de manière plus précise grâce à ce modèle.
C’est aussi une indication pour les géologues : la forte
concentration de microplastiques dans les contourites indique que
leur formation est toujours active ».
NB : Le titre de l'article est celui du communiqué de l'Université de Manchester, Scientists find highest ever level of microplastics on seafloor.
NB : Le titre de l'article est celui du communiqué de l'Université de Manchester, Scientists find highest ever level of microplastics on seafloor.