Améliorer
la confiance dans les travaux des experts selon l'OPECST, mais
cela ne peut pas être valable pour le glyphosate revient à
continuer à fonctionner comme d'hab, comme si le cas du glyphosate
n'est pas emblématique de ce qui pourrit précisément l'expertise
scientifique ... en France comme à l'étranger ...
L'Office
parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et
technologiques (OPECST) vient de faire paraître à titre provisoire
le Rapport de M. Philippe Bolo, Mme Anne Genetet, MM. Pierre
Médevielle et Pierre Ouzoulias établi au nom de cet office,
intitulé « Evaluation
des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver
le chemin de la confiance »
Comme
documents disponibles nous avons donc le Rapport
provisoire, une synthèse, le 1er
communiqué de presse et
le 2e
communiqué de presse.
Le
premier communiqué de presse est en fait le carton d''invitation à
la conférence de presse, dans lequel il était indiqué :
... les conclusions de leur rapport d’information sur l’indépendance et l’objectivité des agences chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché ANSES, EFSA, ECHA… plusieurs agences sont chargées en France et en Europe de l’expertise des risques sanitaires et environnementaux liés à l’utilisation de nombreux produits : pesticides agricoles, additifs alimentaires, biocides, produits chimiques utilisés dans les produits de grande consommation…
La polémique sur le glyphosate a conduit l’OPECST à se pencher sur leur fonctionnement et sur les difficultés et limites de l’expertise des risques. Accès aux données, prise en compte des avancées de la science, choix des méthodologies, prévention des conflits d’intérêt, communication sur les risques : des progrès restent à faire pour trouver le chemin de la confiance de nos concitoyens dans l’expertise produite par nos agences.
Pas
très clair tout cela d'autant qu'on apprend ce qu'on
savait déjà, selon le deuxième communiqué de presse,
Contrairement à ce qui a pu être indiqué, il ne se prononce pas sur la toxicité à long terme du glyphosate, qui doit être réexaminée par plusieurs agences d’évaluation européennes dans le cadre du processus de réautorisation du glyphosate à l’horizon 2022. Si la question du glyphosate est abordée dans le rapport, c’est pour mettre en perspective les différences d’appréciations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et les agences d’évaluation, notamment l’EFSA, afin d’éclairer le public sur le contenu et la portée de ces divergences apparentes entre experts, mais pas de rouvrir le débat sur l’interdiction du glyphosate, qui a été tranché par le Gouvernement.
Fermez
le ban! L'interdiction du glyphosate est bien politique et non pas
scientifique …
C'est
dommage car en préambule ce communiqué de presse avait pourtant
indiqué,
L’objectif de cette mission consistait à comprendre le fonctionnement des agences, les difficultés qu’elles peuvent rencontrer dans la conduite et la restitution de leurs travaux d’évaluation des risques et dessiner des pistes pour renforcer la confiance dans l’expertise scientifique qu’elles produisent.
A-t-on
encore confiance dans l'expertise scientifique ? Je serais tenté
de dire ça dépend … de l'opinion publique et des sondages …
Sur
le document de synthèse, glyphosate oblige, on nous explique que
l'enjeu central est d' « améliorer la confiance dans
les travaux des experts »
Comment
expliquer que le glyphosate soit classé cancérogène probable par
le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et pas par
les agences sanitaires et environnementales ?
En mars 2015, le CIRC a classé le glyphosate parmi les cancérogènes probables (monographie n°112). Or, en novembre 2015, l’EFSA a estimé, comme le font presque toutes les autres agences d’évaluation officielles nationales (US-EPA aux États-Unis, FSC au Japon, APVMA en Australie …) qu’il était « improbable que le glyphosate fasse courir aux humains un danger cancérogène ».Cette divergence, troublante pour le grand public, s’explique par l’utilisation de sources différentes :
- Le CIRC s’intéresse à toutes les formulations contenant du glyphosate alors que l’EFSA étudie le glyphosate en substance pure.
- Concernant les études épidémiologiques, CIRC et EFSA s’appuient sur des sources quasi-identiques, notamment l’Agricultural Health Study (AHS) américaine et concluent à un niveau de preuve limité (CIRC) voire très limité (EFSA) de cancérogénicité du glyphosate pour l’homme.
- Concernant les études animales, le CIRC en identifie 2 qui attestent d’un lien significatif entre exposition au glyphosate et cancer, écartées par l’EFSA pour non-respect des critères de l’OCDE. A l’inverse l’EFSA a eu accès aux études non publiées des industriels, contrairement au CIRC (le CIRC n’a étudié que 3 études sur les souris sur les 5 utilisées par l’EFSA et le CIRC n’a étudié que 3 études sur les rats sur les 9 utilisées par l’EFSA).
- Le CIRC estime également qu’il existe des preuves mécanistiques solides que l’exposition au glyphosate entraîne des effets génotoxiques ou induit du stress oxydatif, alors que l’EFSA estime qu’il est improbable que le glyphosate puisse être génotoxique.
La divergence d’appréciation s’explique aussi par des différences dans l’interprétation des données disponibles, notamment sur la pertinence biologique de données d’expérimentations animales ou encore sur l’absence de prise en compte par l’EFSA de la cytotoxicité secondaire.
Enfin, la portée des travaux du CIRC et de l’EFSA diffère : le CIRC se concentre sur la question du danger causé par le glyphosate (indépendamment du degré d’exposition), alors que l’EFSA analyse les risques encourus pour la santé humaine ou l’environnement (combinant danger et exposition). Les doses à partir desquelles des études identifient des effets cancérogènes chez l’animal (au-delà de l’absorption de 1 000 mg/kg de poids corporel) sont très élevées et donc improbables à atteindre, avec une dose journalière admissible (DJA) fixée à 0,5 mg/kg de poids corporel, correspondant à une dose sans effet observé (NOAEL) de 50 mg/kg à laquelle s’applique un facteur de sécurité de 100. Les agences ont donc jusqu’à présent écarté le risque cancérigène en cas d’exposition au glyphosate, dans les conditions normales d’utilisation de cette substance.
Complément
du 23 mai 2029.
On écoutera avec intérêt le débat, « Faut-il
interdire le glyphosate? »