Les consommateurs ont le potentiel d'avoir une voix plus forte et de
jouer un plus grand rôle dans la sécurité des aliments, selon les
intervenants d'un récent webinaire.
La session, qui s'est tenue dans le cadre de la série Health Talks,
a réuni Vincent Doumeizel de la Lloyd's Register Foundation, Chris
Hegadorn du Committee on World Food Security et Charlie Worthington
de Consumers International.
Simone Raszl, scientifique à l'Organisation mondiale de la santé, a
déclaré: « Nous sommes tous des consommateurs et nous voulons
avoir la possibilité de choisir, mais nous devons être informés et
conscients des risques et savoir comment utiliser ce choix. Il y a
tellement de problèmes maintenant et il y a beaucoup d'informations,
mais les consommateurs doivent savoir ce qui est vrai ou faux et
comment les utiliser à leur avantage.
Niveau de sécurité aliments par pays
«Soixante pour cent des personnes sont préoccupées par les
aliments qu'elles consomment. Nous savons que les aliments n'ont
jamais été aussi sûrs qu’aujourd'hui, mais nous disons toujours
bonne chance au lieu de bon appétit lorsque nous déjeunons. 17% ont
connu ou connaissent des personnes qui ont eu de graves problèmes
dus à des maladies d'origine alimentaire», a-t-il dit.
«Le plus gros problème réside dans la perception du risque et le
manque d'informations dont nous disposons. La sécurité des aliments
n'attire que lorsqu'on a un problème, personne ne s'en soucie tant
que ça se passe bien. Les personnes savent que la chaîne
d'approvisionnement alimentaire est obscure. La sécurité des
aliments ne peut avoir lieu qu'une fois que la chaîne est
entièrement traçable et transparente, ce qui n'est pas le cas
actuellement et ce manque de transparence ne rassure pas le
consommateur.
«Il est important que les services réglementaires soient en mesure
d'évaluer le niveau de sécurité des aliments d'un pays. Il existe
des normes pour les entreprises, mais nous n'avons pas de normes au
niveau des pays, nous cherchons donc à mettre en place un indice de
sécurité des aliments pour définir par pays le niveau de
sensibilisation et de réglementation en matière de sécurité des
aliments. Nous pensons que nous devons améliorer la formation,
l'éducation et les compétences dans les pays émergents pour
améliorer la sécurité des aliments.
Chris Hegadorn, secrétaire du Committee on World Food Security
(CFS), a dit que les consommateurs jouent un rôle vital en exigeant
des aliments sûrs de la part des producteurs et des distributeurs.
«Nous considérons le rôle des associations de consommateurs comme
des acteurs clés pour représenter les voix des consommateurs. La
société civile est là pour faire pression sur les gouvernements et
les organisations afin qu'ils prennent au sérieux la réforme de la
sécurité des aliments. Nous savons à quel point cette question est
importante pour la santé publique. J'appelle tout le monde à
travailler avec nous et l'OMS pour s'assurer que la sécurité des
aliments reçoive l'attention et l'attention nécessaires pour
résoudre les problèmes majeurs», a-t-il dit.
«La confiance est au cœur de ce que nous devons soutenir. Les
scandales montrent la complexité des pressions économiques et
politiques que subissent les producteurs. Nous devrions nous rappeler
chaque jour à quel point la sécurité des aliments est importante
et à quel point il est important de protéger les intérêts des
consommateurs.»
Le consommateur a un rôle, mais les autres sont aussi
responsables
Charlie Worthington de Consumers International, a déclaré que le
risque pour la sécurité des aliments n'est pas réparti de manière
égale, avec des communautés vulnérables dans différentes parties
du monde.
«Les personnes les plus à risque ont souvent le moins de voix et de
pouvoir sur le gouvernement et les entreprises. La sensibilisation et
l'éducation des consommateurs sont une part importante de la
responsabilité des organisations de consommateurs par le biais des
médias ou directement avec les consommateurs dans les écoles et les
lieux de travail pour éduquer et informer sur les meilleures
pratiques en matière de sécurité des aliments et les risques et
défis émergents», a-t-il dit.
«Le travail ne s'arrête pas à la mise en œuvre de politiques, les
organisations de consommateurs ont un rôle à jouer en surveillant
et en appliquant la loi, en tenant les entreprises responsables et en
s'assurant que les gouvernements mettent en œuvre les normes
auxquelles ils se sont engagés. Plus il y aura de voix de
consommateurs, plus nous serons forts.»
Les messages qui doivent être partagés avec les personnes varient
selon les pays, a dit Worthington.
«Les 5
clés de l'OMS pour des aliments plus sûrs sont un point de
départ important pour aider les consommateurs à maximiser leur
propre sécurité sanitaire par le choix et la préparation des
aliments. Il est utile de penser que la sensibilisation des
consommateurs ne se limite pas à faire porter la responsabilité de
la sécurité sanitaire des aliments aux consommateurs. Cela va
au-delà de ce qui peut être réalisé par la seule information, car
bon nombre des défis auxquels sont confrontés les consommateurs en
termes de sécurité des aliments surviennent beaucoup plus tôt dans
la chaîne de valeur et il peut être difficile pour les individus de
sentir qu'ils peuvent influer sur cela, mais en travaillant ensemble,
cela devient un moyen de mener des campagnes sur la sécurité des
aliments et l'hygiène.
«Un autre domaine que nous avons examiné récemment est la
confiance et les marchés alimentaires numériques, car de plus en
plus de consommateurs, en particulier pendant la pandémie,
achetaient des aliments en ligne et cela devient un obstacle encore
plus important à l'application et au renforcement de la confiance.»
Livraison d’aliments sûrs
Une autre session a examiné les services de livraison et les
entreprises de plats à emporter et comment, pour un plat, trois
lieux de sécurité des aliments, la cuisine de production, le
chauffeur-livreur et le foyer du consommateur, doivent être pris en
compte.
Parmi les conférenciers figuraient Adam Kramer des Centers for
Disease Control and Prevention des États-Unis, et Julie Pierce, de
la Food Standards Agency (FSA). Pierce a déclaré que le secteur est
en croissance et n'est pas pour autant stable.
«Il s'agit d'un écosystème complexe de grandes et petites
entreprises qui se font concurrence et travaillent ensemble. Il est
volatil car les joueurs peuvent facilement entrer sur le marché et
peuvent en sortir tout aussi facilement. Il n'y a rien dans ces
entreprises qui les rend plus risquées que l'équivalent
traditionnel. Parfois, le risque est que les personnes pensent
qu'elles sont invisiblese pour les services réglmentaires, alors
elles se comportent mal, parfois ils ne réalisent pas qu'elles sont
une entreprise alimentaire ou parfois nous ne pouvons pas les voir
facilement, alors imaginez le pire», a-t-elle dit.
«Nous ne devons pas perdre de vue les avantages, c'est une grande
opportunité pour les consommateurs, en leur donnant un accès et un
choix améliorés, les entreprises ont des coûts d'entrée plus bas
et des opportunités d'innovation. En tant que services
réglementaires, nous pouvons utiliser l'effet positif des
plateformes pour les amener à ne répertorier que les entreprises
ayant une note élevée en hygiène des aliments. Nous pouvons les
amener à utiliser leurs données pour gérer au mieux leur chaîne
d'approvisionnement, les rappels et les épidémies et communiquer
avec leurs clients.»
Pierce a donné quelques exemples pilotes et d'autres travaux de la
FSA dans ce domaine.
«Nous recherchons les entreprises qui déforment leur note en
hygiène des aliments, elles disent qu'elles ont un meilleur score
qu'elles ne l’ont réellement, nous surveillons ce qui est annoncé
à la vente et par qui et nous travaillons sur une charte volontaire
avec les agrégateurs afin qu'ils suppriment de la liste les
entreprises peu performantes», a-t-elle dit.
«Notre principal défi est la visibilité des entreprises, mais nous
pouvons rechercher leur empreinte numérique. Nous devons comprendre
comment les consommateurs prennent leurs décisions d'achat dans ce
monde numérique. Un restaurant a un autocollant sur la porte et vous
pouvez voir quelle est la note en hygiène des aliments mais quel est
l'équivalent sur un site Internet ?»
Gérer les risques dans des systèmes en évolution
Kramer a dit que l'une des principales préoccupations est l'abus
potentiel de la température, car les aliments ne sont pas réfrigérés
ou maintenus au chaud pendant la livraison.
«L'une des questions clés est la suivante: les aliments sont-ils
reçus en personne, puis consommés ou rangés immédiatement ou
sont-ils laissés à la porte en attendant que quelqu'un ne le prenne
? Au restaurant, les aliments sont consommés tout de suite, ce qui
minimise le risque. Avec les produits d'épicerie, nous devons savoir
quand la commande a été conditionnée, quand a-t-elle quitté le
contrôle de la température et comment a-t-elle été conditionnée
le lait était-il à côté des céréales ?», a-t-il dit.
«La contamination est probablement une grande préoccupation. Pour
les commandes d'épicerie ou les kits de repas, comment les aliments
sont-ils conditinnés ? Y a-t-il un risque de contamination croisée,
ont-ils de la viande crue avec des plats prêts à consommer, comment
les aliments sont-ils transportés et le chauffeur a-t-il prélevé
un aliment avant de la livrer ?»
De nouveaux modèles commerciaux ont également été créés, a dit
Kramer.
«Nous voyons des cuisines partagées où plusieurs restaurants
travaillent dans une seule cuisine. Cela soulève la question pour
les inspecteurs, s'il y a un problème qui est responsable ? Nous
voyons des agrégateurs construire une cuisine partagée pour
desservir le marché de la livraison et des restaurants créer des
marques virtuelles, cela crée un problème pour comprendre s'il
existe des établissements alimentaires sans licence en activité et
si quelqu'un tombe malade, comment identifier le restaurant réel »,
a-t-il dit.
«Les cuisines fantômes (ghost kitchens) se sont mises en place pour
préparer la nourriture à livrer, un client peut penser qu'il reçoit
de la nourriture d'un restaurant à proximité, mais en réalité, le
restaurant sert les clients du restaurant et la cuisine fantôme
s'occupe des commandes de livraison. La responsabilité de la
nourriture se termine-t-elle avec le restaurant lorsqu'il la passe au
chauffeur-livreur ?
«Le risque supplémentaire
de maladie d'origine alimentaire peut être minimisé grâce aux
efforts de l'industrie et des consommateurs qui reçoivent les
aliments.
Le principal défi est le rythme rapide des changements, les
réglementations sont lentes à suivre les tendances. Vous devez
faire preuve de créativité, appliquer les réglementations
existantes et aider à permettre à ces entreprises tout en
maintenant la sécurité des aliments afin que personne ne tombe
malade.»
Aux lecteurs du blog
Je suis en conflit depuis
plusieurs années avec la revue PROCESS
Alimentaire
pour une triste question d’argent qui permettrait de récupérer et
de diffuser correctement les 10 052 articles initialement publiés
gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue,
alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite
lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS
Alimentaire
s’est comportée et continue de se comporter en censeur et refuse
tout assouplissement pour la modique somme de 500 euros. N’ayant
pas les moyens d’aller devant la justice, je leur fait ici de la
publicité gratuite. Derrière cette revue, il y a des aimables
censeurs, les journalistes complices de la direction !