Affichage des articles dont le libellé est exploitations laitières. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est exploitations laitières. Afficher tous les articles

samedi 8 avril 2023

Norvège : Des études mettent en évidence le risque lié au lait cru

Ce n’est pas nouveau le barfblog en parlait déjà en 2017 dans «Shiga toxin producing E coli in raw milk products in Norway».

«Norvège : Des études mettent en évidence le risque lié au lait cru», source article de Joe Whitworth paru le 8 avril 2023 dans Food Safety News.

Selon une étude, il existe un risque important associé à la consommation de lait cru de vaches norvégiennes.

Lene Idland, de la faculté de médecine vétérinaire de l'Université norvégienne des sciences de la vie, a fourni des chiffres actualisés sur la prévalence de certains agents pathogènes pouvant être présents dans le lait cru dans trois études publiées.

Idland a collecté des échantillons de lait et d'environnement dans 18 exploitations laitières de l'est de la Norvège. Les sites ont été visités six fois d'août 2019 à juillet 2020.

Des agents pathogènes retrouvés dans les exploitations
Listeria monocytogenes, Campylobacter et E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) ont été retrouvés dans des échantillons environnementaux et de filtres à lait provenant d’exploitations laitières. Environ 3% des échantillons de lait des tanks et de trayons étaient contaminés par Campylobacter et un type de STEC a été isolé du lait de tank.

Au total, 7% des filtres à lait étaient contaminés par des STEC, 13% par Listeria monocytogenes et 4% par Campylobacter. Quatre isolats de STEC étaient positifs pour eae, qui est un gène associé à la capacité de provoquer une maladie humaine grave.

Les trois agents pathogènes se trouvent couramment dans les exploitations laitières norvégiennes et il est difficile d'éviter la transmission au lait cru. Une bonne hygiène dans l’exploitation laitière peut réduire le risque de contamination du lait, mais elle ne l'élimine pas, a dit Idland.

La deuxième étude a montré qu'un même clone de Listeria peut persister dans un troupeau bovin au fil du temps, et que les clones détectés dans l'environnement de l’exploitation laitière peuvent contaminer les filtres à lait et le lait du tank à lait.

Les isolats provenant d'environnements agricoles et de lait cru ont été comparés à ceux d'autres habitats environnementaux et de patients atteints de listériose. Les résultats ont révélé que les clusters d'isolats sans association probable étaient impossibles à distinguer en utilisant différents types d'analyse. Cela indique la nécessité d'améliorer les systèmes de surveillance et de ne pas se fier uniquement aux analyses d'ADN, a constaté l'étude.

Boire du lait qui n'a pas été pasteurisé gagne en popularité. En Norvège, il est obligatoire de pasteuriser le lait vendu dans le commerce mais cela ne s'applique pas à la vente aléatoire de lait cru provenant directement des exploitations laitières.

En Norvège, les épidémies associées au lait cru sont relativement rares mais 17 enfants ont été infectés par Campylobacter après avoir bu du lait cru ou Cryptosporidium après contact avec des animaux lors d'une visite dans une ferme en 2021.

Impact de l'évolution des pratiques
La production de bovins laitiers dans le pays est en transition d'une stabulation entravée avec des systèmes de traite conventionnels par tuyauterie à des systèmes modernes de stabulation libre avec une traite robotisée. La présence des trois agents pathogènes était plus élevée dans les échantillons prélevés dans les exploitations en stabulation libre que dans celles en stabulation entravée.

«Les nouvelles technologies agricoles peuvent créer de nouvelles niches permettant aux microbes de survivre ou de se développer, ce qui peut poser des problèmes de sécurité alimentaire. De bonnes mesures d'hygiène semblent réduire le risque d'entrée d'agents pathogènes zoonotiques dans la chaîne de production laitière», a conclu l'étude.

La troisième étude a mis en évidence l'importance de conserver le lait cru à basse température entre la traite et la consommation, y compris pendant le transport.

Une expérience a montré que le stockage à des températures abusives peut entraîner une propagation rapide des STEC, ce qui augmente le risque d'infection.

Les personnes qui ont une préférence pour boire du lait cru ou en donner à leurs enfants doivent être sensibilisées aux risques liés à la consommation, en particulier pour les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées.

jeudi 10 mars 2022

Prévalence de Campylobacter spp., de Listeria monocytogenes et de Escherichia coli producteurs de shigatoxines dans les élevages bovins laitiers norvégiens

Stabulation netravée (à gauch)e versus stabulation libre (à droite).
Un article paru dans Journal of Applied Microbiology en accès libre a pour titre «The prevalence of Campylobacter spp., Listeria monocytogenes and Shiga toxin-producing Escherichia coli in Norwegian dairy cattle farms; a comparison between free stall and tie stall housing systems» (La prévalence de Campylobacter spp., de Listeria monocytogenes et de Escherichia coli producteurs de shigatoxines dans les élevages bovins laitiers norvégiens; une comparaison entre les systèmes de logement en stabulation libre et en stabulation entravée).

Objectifs
Cette étude a exploré comment les systèmes d'exploitation des fermes laitières avec stabulation libre ou entravée et le score hygiène des vaches influencent l'apparition de bactéries zoonotiques dans le lait cru.

Méthodes et résultats
Des échantillons de lait de tank à lait, de filtres à lait, de matières fécales, d'aliments, de trayons et du lait de trayons ont été prélevés dans onze exploitations agricoles avec stabulation libre et sept exploitations agricoles avec stabulation entravée tous les deux mois sur une période de 11 mois et analysés pour la présence de STEC par culture combinée à la PCR et pour Campylobacter spp. et L. monocytogenes par culture seulement. Campylobacter spp., L. monocytogenes et STEC présents dans les pélèvements provenant de l'environnement de la ferme et ont également été détectés dans respectivement 4%, 13% et 7% des filtres à lait,, et dans 3%, 0% et 1% des prélèvements de lait dans les tanks à lait. Quatre isolats de STEC portaient le gène eae, qui est lié à la capacité de provoquer une maladie humaine grave. L. monocytogenes a été détecté plus fréquemment dans les troupeaux en stabulation libre que dans les troupeaux en stabulation entravée dans les fécès (p=0,02) et les aliments pour animaux (p=0,03), et Campylobacter spp. a été détecté plus fréquemment dans les troupeaux en stabulation libre dans les fèces (p<0,01) et les prélèvements de trayons (p=0,03). Une association entre le score hygiène des vaches et la détection de Campylobacter spp. dans le lait des trayons a été observée (p = 0,03).

Conclusion
Étant donné que certains échantillons prélevés dans des systèmes de stabulation libre ont révélé une teneur significativement plus élevée (p<0,05) en L. monocytogenes et Campylobacter spp. que des échantillons prélevés dans des troupeaux en stabulation entravée, la présente étude suggère que le type de système de logement peut influencer la sécurité sanitaire du lait cru. 

Importance et impact de l'étude
Cette étude met en évidence que des bactéries zoonotiques peuvent être présentes dans le lait cru indépendamment des conditions d'hygiène à la ferme et du système de logement utilisé. Dans l'ensemble, cette étude apporte des connaissances importantes pour évaluer le risque lié à la consommation de lait non pasteurisé.

En conclusion, la présente étude révèle une large distribution de L. monocytogenes, Campylobacter spp. et STEC dans des échantillons environnementaux prélevés dans des exploitations laitières norvégiennes, indépendamment du système de logement. La présence de bactéries à faibles doses infectieuses, telles que Campylobacter spp. et STEC, dans les systèmes de traite combinés à une population humaine de plus en plus âgée et à un plus grand nombre de personnes souffrant de facteurs de risque sous-jacents de maladies graves, renforcent l'importance de réglementations strictes concernant les ventes commerciales de lait cru (lait non pasteurisé). L'évolution des technologies agricoles continuera très probablement à présenter de nouveaux défis en matière de sécurité des aliments à l'avenir et la nécessité d'une adaptation continue des mesures d'hygiène et des stratégies de contrôle des pathogènes doit être soulignée. 

Aux lecteurs du blog
Pour une triste question d’argent, 500 euros, la revue PROCESS Alimentaire prive les lecteurs de 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles, étant donné le nombre important de lecteurs. Le départ du blog de la revue a été uniquement motivé par un manque de réactivité dans la maintenance du blog.

jeudi 22 juillet 2021

De la persistance de Listeria monocytogenes dans les exploitations laitières

Voici le résumé d’un article paru dans mSphere qui a pour titre, Des éléments mobiles soutiennent la persistance de Listeria monocytogenes dans les exploitations laitières et hébergent des gènes de résistance aux métaux lourds et à la bacitracine. L’article est disponible en accès libre.

Résumé

Listeria monocytogenes est un agent pathogène d'origine alimentaire et un saprophyte environnemental résilient. Les exploitations laitières sont un réservoir de L. monocytogenes, et les souches peuvent persister dans les exploitations pendant des années. Ici, nous avons séquencé des génomes de 250 isolats de L. monocytogenes pour étudier la persistance et les éléments génétiques mobiles des souches de Listeria vivant dans les exploitations laitières. Nous avons effectué une analyse phylogénomique basée sur le polymorphisme mononucléotidique (SNP) afin d’identifier 14 clades monophylétiques de L. monocytogenes persistants dans les exploitations pendant ≥6 mois. Nous avons constaté que les prophages et autres éléments génétiques mobiles étaient, en moyenne, plus nombreux parmi les isolats des clades persistants que non persistants, et nous avons démontré que les gènes de résistance à la bacitracine, à l'arsenic et au cadmium étaient significativement plus répandus parmi les isolats des clades persistants que non persistants. Nous avons identifié une diversité d'éléments mobiles parmi les 250 isolats d’exploitations laitières, dont trois nouveaux plasmides, trois nouveaux transposons et un nouveau prophage abritant des gènes de résistance au cadmium. Plusieurs des éléments mobiles que nous avons identifiés chez Listeria étaient identiques aux éléments mobiles des entérocoques, ce qui indique un transfert récent entre ces genres. Grâce à une étude d'association à l'échelle du génome, nous avons découvert que trois systèmes de défense putatifs contre les prophages et les plasmides envahissants étaient négativement associés à la persistance dans les exploitations laitières. Nos résultats suggèrent que les éléments mobiles soutiennent la persistance de L. monocytogenes dans les exploitations laitières et que L. monocytogenes habitant l'agroécosystème est un réservoir potentiel d'éléments mobiles qui peuvent se propager à l'industrie alimentaire.

Importance

Les matières premières d'origine animale sont une source importante de L. monocytogenes dans l'industrie alimentaire. La connaissance des facteurs contribuant à la transmission et à la persistance de l'agent pathogène dans les exploitations laitières est essentielle pour concevoir des stratégies efficaces contre la propagation de l'agent pathogène de la ferme à l'assiette. De plus en plus de preuves suggèrent que les éléments génétiques mobiles soutiennent l'adaptation et la persistance de L. monocytogenes dans l'industrie alimentaire, car ces éléments contribuent à la diffusion de gènes codant pour des phénotypes favorables, tels que la résilience contre les biocides. La compréhension du rôle des exploitations agricoles en tant que réservoir potentiel de ces éléments est nécessaire pour gérer la transmission des éléments mobiles à travers la chaîne alimentaire. Étant donné que L. monocytogenes cohabite dans l'écosystème de l’exploitation laitière avec une diversité des autres espèces bactériennes, il est important d'évaluer le degré d'échange d'éléments génétiques entre Listeria et d'autres espèces, car de tels échanges peuvent contribuer à l'apparition de nouveaux phénotypes de résistance.