«Dans quelle mesure vos sushis sont-ils sûrs ?», source
EurekAlert!
Les
bactéries présentes dans les produits de la mer crus peuvent vous
rendre malade. Les produits de la mer peuvent également propager des
bactéries résistantes aux antibiotiques.
Les
sushis sont devenus un plat quotidien en Norvège et ailleurs dans le
monde, et de nombreuses personnes optent pour le sashimi et d'autres
poissons crus lorsqu'ils souhaitent s'offrir quelque chose de
savoureux.
Il
est important de souligner ici qu’en règle générale, il est
totalement sûr de manger ce type d’aliment en Norvège. Cependant,
même si les sushis peuvent être délicieux, ils comportent
également un risque pour la santé, tant pour les individus que pour
la société dans son ensemble.
«Les
bactéries présentes dans les sushis, les sashimis et les produits
de poisson fumé à froid peuvent présenter un risque pour les
personnes qui consomment fréquemment de tels aliments, en
particulier les personnes dont le système immunitaire est faible,
les enfants et les personnes âgées», explique Hyejeong Lee.
Dans
sa thèse, elle a étudié différentes variétés de bactéries
Aeromonas dans les produits de la mer qui ne subissent pas de
transformation approfondie. Sans traitement thermique, ni recours à
d’autres méthodes antibactériennes, le risque que les niveaux de
bactéries deviennent élevés augmente fortement.
«L'objectif
était d'acquérir davantage de connaissances sur Aeromonas
dans ce type de produits de la mer – à la fois sur le rôle de la
bactérie dans l’altérration du produit et dans l'apparition de
maladies. De plus, nous voulions voir si les produits de la mer crus
pouvaient propager des bactéries résistantes aux antibiotiques»,
explique la Dr Lee.
Listeria
monocytogenes est probablement la bactérie pathogène la plus
connue liée aux produits de la mer crus ou légèrement transformés.
Cependant, la prévalence de Aeromonas dans ce type de
produits inquiète les scientifiques depuis un certain temps.
Un
traitement limité n’inhibe pas la croissance bactérienne
Le
point de départ de Lee était les produits de la pêche facilement
disponibles sur le marché norvégien. Elle a vérifié ces produits
pour la bactérie Aeromonas.
«Les
résultats montrent que le transformation intermédiaire que
reçoivent ces produits de poisson ne garantit pas que la croissance
de la bactérie Aeromonas sera inhibée», explique Lee.
En
d’autres termes, la transformation des sushis, sashimis et poissons
fumés à froid est inefficace pour empêcher la croissance
bactérienne. Mais ce n'est pas tout.
«La
majorité de ces variants de Aeromonas sont peut-être
pathogènes et plusieurs facteurs de risque différents leur sont
souvent associés», explique Lee.
Lee
souligne que le risque de tomber malade à cause de Aeromonas
est certes très faible, en particulier pour les personnes en bonne
santé.
«Aeromonas
est souvent ignoré lorsque nous parlons de sécurité des aliments.
Je pense que mes recherches soulignent que l’industrie alimentaire
doit accorder davantage d’attention à ces bactéries», dit Lee.
Peut
propager la résistance aux antibiotiques
Bien
sûr, ce n’est pas très agréable pour les personnes qui tombent
malades, mais si l’on considère la situation dans son ensemble, un
autre facteur est encore plus important.
Les
bactéries Aeromonas dans la mer échangent fréquemment du matériel
génétique avec d'autres bactéries. C’est particulièrement
regrettable si ce matériel génétique provient de bactéries
résistantes aux antibiotiques.
«Certaines
souches de Aeromonas peuvent également propager la résistance
aux antibiotiques d'un type de bactérie à un autre. La consommation
de fr produits de la mer infectés par des bactéries résistantes
est un moyen probable pour ces bactéries de se propager des animaux
et environnements marins aux humains», conclut Lee.
Les
bactéries résistantes constituent un problème croissant dans le
monde. Les bactéries résistantes ne provoquent pas plus de maladies
que les autres bactéries, mais elles sont beaucoup plus difficiles à
traiter, car tous les types d'antibiotiques ne sont pas efficaces
contre elles. Dans le pire des cas, aucun antibiotique n’agit.
Combattre
la propagation
«Pour
lutter contre la propagation des bactéries résistantes aux
antibiotiques, il est important que nous adoptions une approche
globale qui tienne compte ensemble de la santé animale et humaine,
de la production alimentaire et de l'environnement afin d'améliorer
la santé publique», déclare Anita Nordeng Jakobsen, professeure au
Département de biotechnologie et des sciences alimentaires de la
Norwegian University of Science and Technology (NTNU).
La
professeure souligne que les micro-organismes sont transférés entre
les animaux et les humains via l’alimentation et l’environnement,
de sorte qu’une utilisation réduite des antibiotiques ne suffit
pas à elle seule à empêcher la prolifération bactérienne.
Les
méthodes préventives comprennent la surveillance et le prélèvement
systématique d'échantillons dans les environnements de production,
la recherche de bons indicateurs de surveillance, la mise en œuvre
de mesures lorsque des bactéries multirésistantes sont détectées
dans des groupes d'animaux, la vaccination, ainsi qu'un travail
d'éducation et de sensibilisation dans le domaine de la production
alimentaire dans le monde.
Une
réglementation stricte de la part des autorités est probablement le
moyen le plus important pour résoudre le problème des bactéries
résistantes aux antibiotiques. Cependant, les individus peuvent
faire la différence en choisissant des produits crus provenant de
pays qui n’utilisent que de petites quantités d’antibiotiques en
aquaculture, comme la Norvège.
La
Norvège est parmi les meilleurs au monde en matière d'utilisation
restrictive des antibiotiques, tant dans l'industrie aquacole que
dans l'élevage. Cependant, l’utilisation d’antibiotiques à
titre préventif ou favorisant la croissance est courante dans
d’autres régions du monde, notamment en Asie du Sud-Est.
Référence
: Hye-Jeong Lee,
Julia E. Storesund, Bjørn-Tore Lunestad, Sunniva Hoel, Jørgen
Lerfall, Anita Nordeng Jakobsen.Whole
genome sequence analysis of Aeromonas spp. isolated from ready-to-eat
seafood: antimicrobial resistance and virulence factors.
Frontiers in Microbiology, June 2023.
Commentaire
L’article
fait un peu de pub sur les produits de la mer de Norvège, suivez mon
regard ...