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samedi 24 décembre 2022

Des experts débattent du statut du virus de la variole du singe en tant qu'infection sexuellement transmissible


Notons aussi dans ce contexte que l’OMS avait décidé de changer le nom du virus en mpox en lieu et place de mokeypox,
Lorsque l'épidémie de monkeypox s'est étendue au début de cette année, un langage raciste et stigmatisant en ligne, dans d'autres contextes et dans certaines communautés a été observé et signalé à l'OMS. Lors de plusieurs réunions, publiques et privées, un certain nombre de personnes et de pays ont fait part de leurs préoccupations et ont demandé à l'OMS de proposer une voie à suivre pour changer le nom.
Divers organes consultatifs ont été entendus au cours du processus de consultation, y compris des experts des comités consultatifs médicaux et scientifiques et de classification et statistiques qui étaient constitués de représentants des autorités gouvernementales de 45 pays différents.
Habituellement, le processus de mise à jour de l’International Classification of Diseases (ICD peut prendre plusieurs années, mais dans ce cas, le processus a été accéléré.

«Des experts débattent du statut de mpox en tant qu'infection sexuellement transmissible», source article de Stephanie Soucheray paru le 22 décembre 2022 dans CIDRAP News.

Dans Clinical Infectious Diseases, deux commentaires opposés débattent pour savoir si le mpox doit ou non être considéré comme une infection sexuellement transmissible (IST).

Alors que l'épidémie mondiale de 2022 a été largement définie par la transmission sexuelle chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), la maladie a toujours été définie par contact familial ou contact animal-humain via l'ingestion de viande de brousse.

Trois conditions remplies
Dans le premier article, des médecins du Brigham & Women's Hospital de Boston et de Californie utilisent des facteurs épidémiologiques pour démontrer la causalité. Ils suggèrent que, parce que le virus peut être isolé des fluides sexuels et en raison de l'association temporelle entre l'activité sexuelle et l'infection ultérieure, le mpox devrait être considéré comme une IST.

«L'association entre Mpox et la transmission sexuelle remplit jusqu'à présent trois conditions importantes : une association forte, une cohérence dans le temps et l'emplacement géographique, et la temporalité», écrivent-ils.

Les auteurs ont déclaré que cette définition devrait certainement être adoptée en Europe et en Amérique du Nord, mais la transmission sexuelle n'est pas le mode de transmission dominant en Afrique, donc désigner le virus comme une IST dans cette région peut être inutile.

L'association entre Mpox et transmission sexuelle remplit jusqu'à présent trois conditions importantes : une association forte, une cohérence dans le temps et dans l'emplacement géographique, et la temporalité.

Besoin de contexte historique
Le deuxième commentaire indique que l'étiquetage du mpox comme IST ignore l'impact historique de la maladie en Afrique centrale et occidentale. «La majorité des épidémies historiques ont été localisées avec peu ou pas de transmission sexuelle notée, ce qui diffère considérablement de ce que l'on voit actuellement», écrivent les auteurs.

En étiquetant le virus comme une IST, moins d'attention pourrait être accordée aux cas pédiatriques ou au suivi de la maladie dans d'autres groupes vulnérables qui sont plus fréquemment touchés en Afrique, ajoutent les auteurs, Aniruddha Hazra de l'Université de Chicago Medicine et Joseph N Cherabie de la Washington University School of Medicine à St. Louis.

La majorité des épidémies historiques ont été localisées avec peu ou pas de transmission sexuelle notée, ce qui diffère considérablement de ce que l'on voit actuellement

En septembre, CIDRAP avait publié un commentaire de H. Hunter Handsfield déclarant que le mpox est certainement une IST, car l'activité sexuelle a été impliquée dans 95% des cas aux États-Unis, et les HSH doivent être correctement informés des risques de contracter le virus.

NB : Maurizio de Angelis/Science photo library. Photo du virus de la varilole du singe. Les particles de virus de la variole du singe sont composées d’un génome d’ADN (acide déoxyribonucléique) entouré d’une couche de protéines et d’une enveloppe lipidique.

Mise à jour du 28 décembre 2022

mercredi 19 octobre 2022

Variole du singe : De nouvelles preuves en faveur d'une infection sexuellement transmissible. Qu'en pense Santé publique France ?

Légende de l'image. La coloration par i
mmunofluorescence démontre que le virus de la variole du singe (vert) peut être détecté dans la lumière épididymaire (rouge), site de maturation et de stockage des spermatozoïdes, d'un macaque crabier atteint d'une infection aiguë par le virus de la variole du singe. Les noyaux étaient contre-colorés en bleu. (Crédit image : Dr Xiankun (Kevin) Zeng, USAMRIID).

Peut-on mettre un mot sur certaines maladies, en l’occurrence les cas de variole du singe ?

Pour Santé publique France, il s’agit de cas d’une zoonose ou maladie transmissible de l’animal à l’homme. Bien entendu, cette maladie peut être qualifiée de zoonose, mais vu le nombre de cas dans le monde, il est plus exact, me semble-t-il, de la qualifier d’infection sexuellement transmissible. Mais est-ce politiquement correct ? Santé publique France n’a sans doute pas voulu s’attirer les foudres de quelques lobbies ...

Dans un précédent article, le blog vous avait informé, «Variole du singe, infection sexuellement transmissible ou non ?» réalisé à partir d’un communiqué de l’Académie de médecine de France, «Variole du singe : zoonose et infection sexuellement transmissible (IST)», et pourtant il y aurait de quoi, mais comme l’on dit pas d’amalgame.

Voici donc un nouvel élément, «Une étude chez les primates montre que la présence du virus de la variole du singe dans les testicules», source article de Stephanie Soucheray paru le 19 octobre dans CIDRAP News.

Pour la première fois, des chercheurs ont dit avoir détecté le virus de la variole du singe dans des testicules de primates non humains pendant la phase aiguë de l'infection, selon une étude publiée dans Nature Microbiology. Bien que l'étude ait impliqué des macaques, elle fournit plus de preuves que le virus de la variole du singe pourrait être transmis sexuellement chez l'homme.

L'étude a été menée par des scientifiques de l'US Army Medical Research Institute of Infectious Diseases (USAMRIID).

Virus retrouvé dans les structures de production du sperme
«Nous avons détecté le virus du monkeypox dans les cellules interstitielles et les tubules séminifères des testicules, ainsi que dans la lumière épididymaire, qui sont les sites de production et de maturation des spermatozoïdes», a dit l'auteur principal Xiankun (Kevin) Zeng de l'USAMRIID dans un communiqué de presse.

Le virus a été retrouvé dans les testicules de deux animaux qui ont survécu à un challenge au virus d ela variole du singe pendant la phase aiguë, et le virus a été détecté dans les testicules jusqu'à 37 jours après l'infection, bien plus longtemps que ce qui était détectable à partir d'autres organes et lésions cutanées.

«Il semble donc plausible que la transmission humaine chez les patients masculins convalescents puisse se produire via le sperme», a déclaré Zeng. Le sperme des singes n'a pas été testé, car les chercheurs utilisaient des échantillons de tissus archivés.

Actuellement, la transmission humaine est comprise comme se produisant par contact direct avec des lésions cutanées, des fluides corporels et des sécrétions respiratoires. Certaines petites études menées cette année ont cependant montré la détection de l'ADN viral du monkeypox dans le sperme de patients.

«Comme le virus de la variole du singe peut être transmis par contact direct avec des fluides corporels, la compréhension de la biologie de l'infection par le virus de la variole du singe des testicules pendant les phases aiguës et de convalescence de la maladie, et l'excrétion dans le sperme, a des implications importantes pour la santé publique», ont conclu les auteurs.

dimanche 11 septembre 2022

Variole du singe, infection sexuellement transmissible ou non ?

Publié le 8 juillet 2022, ce communiqué de l’Académie de médecine de France n’a pas fait grand bruit et n’a pas été repris, «Variole du singe : zoonose et infection sexuellement transmissible (IST)», et pourtant il y aurait de quoi, mais comme l’on dit pas d’amalgame ...

Depuis le 7 mai 2022, une épidémie de cas humains de variole du singe est constatée en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. Le 6 juillet 2022, 7146 cas ont été recensés dans 53 pays, dont 577 en France. Cette épidémie révèle des changements majeurs dans l’épidémiologie de cette zoonose tropicale :
– pas de voyage récent en Afrique, à l’exception du premier cas au Royaume-Uni, qui revenait du Nigéria ;
– pas d’origine zoonotique identifiée, mais une transmission interhumaine certaine ou probable ;
– forte prédominance masculine, en majorité des Hommes ayant des relations Sexuelles avec des Hommes (HSH) et ayant des partenaires multiples ;
– prévalence très élevée des localisations génitales et anales de l’éruption vésiculeuse (78% pour 498 cas confirmés en France, situation au 30 juin 2022).

Dans son point au 8 septembre, Santé publique France indique que «La très grande majorité des cas confirmés adultes recensés à ce jour sont de sexe masculin et 73 cas (1,9%) sont de sexe féminin.»

Pour autant, Santé publique France, temple de la bien pensance, s’il en est, n’emploie pas la terminologie d’infection sexuellement transmissible (IST) pour parler de la variole du singe.

Alors que l’Académie nationale de médecine recommande de mettre en œuvre toutes les mesures disponibles permettant de contrôler sa diffusion, notamment de définir sans les stigmatiser les populations à risque.

Unn commentaire récent sur le site de CIDRAP News indique, «No question monkeypox is an STI» (Il ne fait aucun doute, la variole du singe est une infection sexuellement transmissible ou IST), voici quelques extraits.

La question de savoir si la variole du singe (MPX) doit ou non être étiqueté comme une infection sexuellement transmissible (IST) n'est pas vraiment un débat parmi les experts en IST.

Jusqu'à présent, plus de 95% des cas aux États-Unis ont été contractés lors de contacts sexuels entre hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Ne pas appeler cela une IST équivaut presque à dire que la syphilis n'est pas une IST, car les exceptions à la transmission sexuelle sont courantes dans certains contextes.

De manière pragmatique, les HSH doivent être informés que certaines pratiques sexuelles et certains modes de vie les exposent à un risque très élevé de MPX. Ainsi que son contraire : que les expositions sexuelles modifiées peuvent être presque 100 % protectrices.

Le Centers for Disease Control and Prevention a publié le 9 septembre un rapport documentant une association intime entre le MPX et d'autres IST chez les HSH aux États-Unis. Le CDC conseille depuis longtemps de dépister les patients qui ont des IST nouvellement diagnostiquées pour d'autres IST, et il recommande le dépistage des IST à toutes les personnes évaluées pour le MPX, reconnaissant implicitement le MPX comme une IST.

Les cas récemment signalés de MPX chez des personnes autres que les HSH sont similaires à l'évolution de la transmission du VIH au cours des premières années du VIH/SIDA dans les pays industrialisés. Mais la transmission sexuelle dominante du VIH chez les HSH, et sa caractérisation comme une IST chez eux, reste valable.

NB : La photo provient du NIAID