Après une récente
polémique au conseil de Paris sur la population importante de
rats pour les uns et de surmulots pour d’autres, dont
il va être question ci-après,
voici «Entre
le bien-être du rat d’égout et la santé publique, faut-il
choisir ?», source
communiqué
de l’Académie nationale de médecine du
15 juillet
2022
Le rat d’égout prolifère de façon inquiétante dans les grandes
villes, en particulier dans la capitale. Qu’on le nomme Rattus
norvegicus, rat brun ou surmulot, c’est la plus nuisible des
espèces commensales de l’Homme en raison de ses grandes capacités
d’adaptation, de ses exigences alimentaires, de son intense
prolificité et surtout, des zoonoses bactériennes, virales et
parasitaires dont il peut être vecteur.
Les rats d’égout prolifèrent en milieu urbain dans les zones où
ils trouvent des ressources alimentaires, de l’eau et des endroits
pour nicher. Avec un ratio de 1,5 à 1,75 rats par habitant, Paris et
Marseille feraient partie des 10 villes les plus infestées au monde.
À un tel niveau de densité de population, ces rongeurs à vie
nocturne sortent des caves et des égouts et deviennent visibles le
jour dans les rues, les parcs et les jardins, dans tous les lieux où
ils peuvent trouver de quoi se nourrir et s’hydrater (caniveaux,
poubelles, aires de pique-nique, marchés, habitations…).
Certains défenseurs de la condition animale arguent que Rattus
norvegicus est l’espèce dont dérive le rat domestique
d’élevage, facile à apprivoiser comme rat de laboratoire ou
nouvel animal de compagnie (NAC). Plaidant pour que la relation entre
le rat d’égout et l’Homme ne soit plus considérée comme un
commensalisme nuisible, mais comme une véritable symbiose, une élue
de ce courant de pensée au sein de la capitale a récemment demandé
de «légitimer la place des rats dans la ville»,
de reconnaître leur utilité comme «auxiliaires dans la gestion
des déchets en ville», de les nommer «surmulots pour
éviter de les stigmatiser», et de renoncer à les éliminer au
nom du «bien-être animal».
Face à l’ingénuité de ces propos, qui bénéficient parfois
d’une écoute favorable il importe de rappeler que le rat reste une
menace pour la santé humaine en raison des nombreuses zoonoses
transmissibles par ses exoparasites, ses déjections, ses morsures ou
ses griffures.
- C’est par la puce du rat, Xenopsylla cheopis, que se
transmet la peste bubonique due à Yersinia pestis, le
typhus murin dû à Rickettsia typhi, la bartonellose due à
Bartonella elizabethae.
- Les urines du rat peuvent contaminer l’environnement par des
leptospires ; il est le principal réservoir mondial de la
leptospirose, maladie redoutable pour les personnes exposées
professionnellement (égoutiers) ou les propriétaires
de NAC.
- Ses fèces peuvent contaminer la chaîne alimentaire par des
salmonelles, notamment les œufs crus et les ovoproduits.
- La morsure du rat peut inoculer une bactérie présente dans sa
salive, Streptobacillus moniliformis, qui peut
provoquer une septicémie rapidement mortelle en l’absence d’une
antibiothérapie précoce.
- Le rat peut aussi héberger de nombreuses autres bactéries
pathogènes pour l’Homme, telles que Staphylococcus aureus,
Escherichia coli, Mycobacterium bovis,
Streptococcus pneumoniae, Campylobacter, Yersinia
pseudotuberculosis et Clostridium difficile (aujourd’hui
Clostridioides difficile -aa).
Il représente ainsi une source importante de bactéries résistantes
aux antibiotiques dans l’environnement humain.
- Plusieurs zoonoses virales sont imputables aux rats : la fièvre
hémorragique avec syndrome rénal (hantavirose) due au virus Séoul,
l’hépatite E due à un hepevirus, la chorioméningite
lymphocytaire due à un arénavirus. Ils peuvent aussi être porteurs
asymptomatiques d’Orthopoxvirus (cowpox, monkeypox). En France, le
rat est aussi impliqué dans certaines zoonoses parasitaires et
mycotiques (trichinellose, toxoplasmose, capillariose,
cryptosporidiose, teigne).
La surpopulation de rats d’égout dans les grandes villes, comme
Paris et Marseille, est un véritable danger pour la santé publique.
C’est pourquoi l’Académie nationale de médecine
recommande :
- que les mairies promeuvent un plan de propreté urbaine, rigoureux
et pérenne, pour supprimer les déchets alimentaires accessibles aux
rongeurs, s’appliquant essentiellement au nettoyage de la voirie,
des parcs et jardins, ainsi qu’à la collecte des ordures ménagères
;
- que les mairies entreprennent, en liaison avec les syndics et les
bailleurs, de vigoureuses campagnes de dératisation dans les
habitations et l’environnement urbain chaque fois qu’une
surpopulation de rongeurs est constatée (rats visibles dans la
journée) ;
- que des captures de rats d’égouts soient effectuées
régulièrement afin de surveiller le portage d’agents pathogènes
et de détecter d’éventuelles émergences ;
- d’améliorer, dans un contexte «une seule santé», la diffusion
des connaissances en médecine humaine et en médecine vétérinaire
sur les zoonoses véhiculées par ces rongeurs, notamment à
l’intention des propriétaires de NAC.
Commentaire
Si le communiqué de l'Académie de Médecine pouvait être entendu ...
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