Une équipe de recherche internationale a découvert une nouvelle molécule qui pourrait révolutionner le marché des biosurfactants.
Dirigé par le professeur Charles Gauthier de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), le groupe a caractérisé un nouveau biosurfactant dans une étude publiée dans Chemical Science, la revue phare de la Royal Society of Chemistry. Synthétisés à partir du pétrole, les surfactants forment l’ingrédient actif principal de la majorité des savons, des détergents et des shampoings. Moins polluants et produits par des bactéries, les biosurfactants peuvent remplacer ces surfactants synthétiques.
Parmi eux, les molécules de rhamnolipides attirent particulièrement l’attention, puisqu’elles sont biodégradables, peu toxiques, peu polluantes et qu’elles peuvent être produites à partir de résidus industriels. Mais il y a un hic. Elles sont produites par Pseudomonas aeruginosa, une bactérie pathogène et à risque pour l’être humain.
Les molécules, récupérées de cette bactérie, sont parfois mélangées à d’autres composés ou à des facteurs de virulence, ce qui complexifie leur utilisation.
Pour pallier ces limitations, l’équipe de recherche a identifié des molécules semblables à celles des rhamnolipides chez la bactérie non pathogène Pantoea ananatis. Elle a également pu synthétiser ces molécules, appelées «ananatosides», en laboratoire. Il serait ainsi possible d’en produire en plus grande quantité que par voie bactérienne. L’industrie démontre déjà un intérêt pour ces nouvelles molécules prometteuses.
Analyser la structure
L’équipe a montré que la forme lactonisée a une incidence importante sur l’activité biologique des molécules. En effet, elle diminue les propriétés surfactantes des rhamnolipides tout en les rendant toxiques. Le groupe de recherche veut maintenant caractériser davantage de biosurfactants et assurer la stabilité des molécules.
Une équipe interdisciplinaire
Mayri Alejandra Dìaz De Rienzo, chercheuse à l’Université Liverpool John Moores, en Angleterre, a également participé aux travaux comme professeure invitée de l’INRS. Ses connaissances en fermentation et en traitement en aval des biosurfactants a permis de déterminer les propriétés surfactantes de glycolipides microbiens.
Maude Cloutier, doctorante et récipiendaire d’une bourse d’études supérieures du Canada Vanier, et Marie-Joëlle Prévost, boursière d’été du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), ont principalement contribué aux travaux de synthèse chimique en laboratoire.
À propos de l’étude