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dimanche 19 mars 2023

L'éradication de la poliomyélite nécessitera de modifier la stratégie actuelle de santé publique

«L'éradication de la poliomyélite nécessitera de modifier la stratégie actuelle de santé publique», source communiqué du 6 mars du Global Virus Network (GVN).

Les récentes déclarations d'urgence de santé publique à New York et à Londres en raison d'infections par la poliomyélite et la détection du virus dans les eaux usées de ces villes indiquent clairement que la poliomyélite n'est plus sur le point d'être éradiquée.

Désormais, quatre membres du Global Virus Network (GVN) ont proposé des changements dans la stratégie mondiale d'éradication de la poliomyélite afin de remettre le monde sur la bonne voie pour éliminer un jour la menace de la poliomyélite. Les auteurs des recommandations comprenaient le directeur et cofondateur de l'Institut de virologie humaine de l'École de médecine de l'Université du Maryland, Robert C. Gallo, professeur émérite de médecine et cofondateur et président du conseil de direction scientifique du GVN, deux des plus éminents experts mondiaux en poliovirus, Konstantin Chumakov, professeur à l'Université George Washington et à l'Université du Maryland, et Stanley Plotkin, conseiller scientifique de la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI) et le président de GVN, Christian Bréchot, professeur à l'Université de Floride du Sud.

Ils ont suggéré que l'éradication n'est possible qu'en assurant la couverture vaccinale la plus élevée possible dans le monde et en la maintenant indéfiniment  Les politiques de vaccination doivent être adaptées individuellement aux différentes régions du monde et utiliser à la fois le vaccin antipoliomyélitique composé de virus inactivé (en combinaison avec d'autres vaccins) ainsi que de nouveaux vaccins antipoliomyélitiques oraux améliorés qui utilisent un virus vivant affaibli. Les experts ont également exhorté à convoquer à nouveau un groupe scientifique conseillant l'OMS sur l'éradication du poliovirus qui peut répondre au besoin et adapter les politiques face à de nouvelles données ou à des urgences de santé publique.

Les experts en maladies infectieuses ont publié leur point de vue dans le New England Journal of Medicine le 16 février 2023.

L'Initiative mondiale pour l'éradication de la polio (GPEI pour Global Polio Eradication Initiative), qui s'est formée il y a 34 ans, visait l'objectif d'éradication de la poliomyélite d'ici 2000. Ce groupe a élaboré le plan original d'éradication de la poliomyélite et formé un groupe consultatif scientifique, qui a ensuite été dissous avant que les objectifs prévus ne soient atteints. Selon les auteurs, cela a conduit à certaines décisions qui n'étaient pas fondées sur des bases scientifiques solides, notamment de ne plus immuniser contre l'un des trois types de poliovirus alors qu'une version plus faible de ce poliovirus était encore présente dans les communautés. La résurgence de la circulation du poliovirus qui en résulte se poursuit jusqu'à ce jour, et le virus est réapparu au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans d'autres pays après des décennies où il pensait être éradiqué.

«L'Initiative a basé ses directives sur la stratégie qui a été utilisée pour éradiquer la variole. Cependant, le poliovirus est plus délicat dans la mesure où pour chaque personne paralysée par une infection, des centaines ne présentent aucun symptôme, ce qui signifie que le virus peut circuler silencieusement dans les communautés sans que personne ne le sache», a dit le Dr Gallo. «Il était prématuré de supposer que les plans suivraient leur cours sans heurts. Ces récentes épidémies confirment la nécessité d'un groupe consultatif scientifique actif qui peut conseiller, mobiliser et ajuster le plan d'éradication de la poliomyélite en temps réel selon les besoins.»

Au cours des dernières décennies, il y a eu une augmentation des voyages dans le monde, ce qui peut permettre aux infections de migrer des pays en développement où elles sont plus courantes vers les communautés des pays industrialisés où elles peuvent se propager sans être détectées, devenant ainsi le plus grand danger pour les personnes non vaccinées et les personnes avec un système immunitaire affaibli.

Alors que la plupart des personnes au Royaume-Uni et aux États-Unis sont vaccinées contre la poliomyélite, comment cette récente épidémie dans deux grandes villes internationales s'est-elle produite ? Comme pour d'autres virus autrefois considérés comme rares dans les pays plus développés, comme la rougeole ou les oreillons, certaines communautés ont choisi de ne pas vacciner. De plus, la nature des vaccins antipoliomyélitiques dans les pays industrialisés a peut-être permis à des infections asymptomatiques de circuler sans être détectées depuis un certain temps maintenant.

Il existe deux principaux types de vaccins antipoliomyélitiques : la version injectable utilise des particules virales non infectieuses pour générer l'immunité (IPV pour inactivated polio virus) ou le vaccin antipoliomyélitique oral (OPV pour oral polivirus vaccine) qui utilise une version vivante et affaiblie du virus.

«Le vaccin antipoliomyélitique injectable ‘tué’ protège de la paralysie, mais contrairement à la version vivante, il ne génère pas d'immunité robuste dans le tractus intestinal nécessaire pour empêcher la circulation du virus. Cela signifie que des cas asymptomatiques peuvent circuler chez les personnes vaccinées. Alors, pourquoi n'utilisons-nous pas la version ‘vivante’ à la place ?», dit le Dr Chumakov. «La version vivante atténuée peut revenir à la virulence (une version plus infectieuse) et se propager aux personnes non vaccinées ou dont le système immunitaire est affaibli et qui provoquent parfois une maladie paralytique. En fait, des versions mutées du vaccin antipoliomyélitique oral circulent actuellement à Londres et à New York. C'est un Catch-22 (situation ubuesque, perdant-perdant), mais il y a peut-être une issue : récemment, une nouvelle version du vaccin a été développée qui ne se convertit pas en poliovirus virulent dérivé d'un vaccin. En combinaison avec le vaccin antipoliomyélitique injectable, ce nouveau vaccin antipoliomyélitique oral peut devenir un outil efficace pour créer en toute sécurité une immunité complète qui peut arrêter la propagation de la maladie.

L'éradication actuelle de la poliomyélite prévoit l'élimination progressive des vaccins antipoliomyélitiques oraux vivants trois ans après la documentation du dernier cas de poliovirus sauvage ou naturel, en le remplaçant par le vaccin antipoliomyélitique injectable.

«Comme l'histoire nous l'a récemment montré avec les vaccins contre la COVID, ce n'est pas parce que nous aimerions que ces vaccins soient disponibles qu'ils le seront. Il peut y avoir une bousculade et les pays les plus riches obtiendront les vaccins avant les autres», a dit le Dr Plotkin. «Par conséquent, au GVN, nous proposons que le groupe institue un changement de politique non basé uniquement sur la fin d’une étape, mais plutôt sur la question de savoir s'il existe une offre appropriée pour compenser l'augmentation de la demande. Mieux encore, intégrez une stratégie pour garantir qu'il y aura des vaccins antipoliomyélitiques injectables disponibles pour soutenir l'approvisionnement mondial le moment venu.

Une fois que le monde se convertira entièrement aux vaccins injectables, le plan du GEPI était de supprimer tous les vaccins contre la poliomyélite dix ans après cette transition.

«Le plus gros problème sur la voie de l'éradication de la poliomyélite est de le faire en toute sécurité grâce à l'utilisation combinée de vaccins oraux inactivés et vivants. Le premier empêcherait la paralysie due au poliovirus sauvage et dérivé du vaccin, tandis que le second empêcherait à terme la circulation des deux formes de poliovirus et de la paralysie», a dit le Dr Bréchot. «L'industrie du vaccin est capable de fabriquer les deux si on lui en donne l'ordre.»

dimanche 5 février 2023

L'OMS poursuit l'urgence mondiale contre la poliomyélite tandis qu'une faille a été constatée dans une installation de fabrication de vaccins aux Pays-Bas

««L'OMS poursuit l'urgence mondiale contre la poliomyélite alors qu'une faille a été constatée dans une installation de fabrication de vandisaccins aux Pays-Bas»,  article de Lisa Schnirring paru le 2 février 2023 dans CIDRAP News.

Bien que des progrès aient été réalisés contre la poliomyélite, le risque de propagation internationale du poliovirus circulant dérivé d'un vaccin de type 2 (PVDVc2) reste élevé et lasource situation justifie toujours une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), a dit l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

L'annonce fait suite à une recommandation du comité d'urgence de l'OMS contre la poliomyélite, qui s'est réuni le 25 janvier pour discuter des derniers développements. Le groupe a également noté une faille dans le confinement du poliovirus sauvage de type 3 (WPV3 pour wild poliovirus type 3) chez un fabricant de vaccins aux Pays-Bas, que des chercheurs néerlandais ont détaillée dans le dernier numéro d'Eurosurveillance.

Cas en baisse en Afghanistan et au Pakistan
L'OMS a déclaré pour la première fois une USPPI pour la poliomyélite en mai 2014 en raison de la propagation internationale du poliovirus sauvage de type 1 (PVS1), et son comité d'urgence, qui se réunit généralement tous les 3 mois, s'est maintenant réuni 34 fois.

Dans sa déclaration, le comité d'urgence a noté que les cas de PVS1 en Afghanistan et au Pakistan ont considérablement diminué, mais que la détection de PVS1 dans l'environnement se poursuit, ce qui suggère une propagation continue. Le comité a déclaré qu'il ne restait que trois clusters génétiques du poliovirus sauvage de type 1 (WPV1), qui se trouvent en Afghanistan, en Afrique et au Pakistan, et que la diversité génétique du virus s'était réduite.

Bien que les cas de PVDVc2 diminuent, le risque de propagation internationale reste élevé en raison de la transmission en Afrique, de détections dans les Amériques, en Europe et en Israël, et d'une détection récente en Indonésie. Le groupe a également fait part de ses inquiétudes concernant le PVDVc1, la souche de type 1 dérivée du vaccin, en Afrique, en particulier dans le contexte des cas de PVS1 au Mozambique et des lacunes de l'immunité de la population.

La surveillance est cruciale pour identifier les failles de laboratoire
Dans un article paru dans Eurosurveillance, des chercheurs néerlandais ont décrit une détection de PVS3 en novembre 2022 dans le cadre de la surveillance entourant un laboratoire travaillant sur les vaccins de la poliomyélite à Bilthoven. Un échantillon d'eaux usées était positif pour le virus infectieux, qui était génétiquement similaire aux stocks de vaccins utilisés dans l'établissement.

De plus, les auteurs de l'étude ont trouvé de légères différences de mutation qui suggéraient une excrétion humaine. Les enquêteurs, utilisant des protocoles nationaux et internationaux, ont effectué des tests sérologiques et ont découvert qu'un employé avait probablement été récemment infecté. Des prélèvements de selles de l'employé entièrement vacciné et asymptomatique étaient positifs pour le PVS3.

L'employé a accepté de s'isoler volontairement dans une zone à forte couverture vaccinale le 8 décembre, sous la supervision des autorités sanitaires locales. L'excrétion du virus s'est poursuivie pendant 33 jours et l'employé a quitté l'isolement le 11 janvier. Aucun signe de transmission continue n'a été retrouvé.

Les auteurs ont écrit que l'affaire montre que des failles de confinement, dont celles qui conduisent à une infection, peuvent passer inaperçues et que la surveillance environnementale est cruciale pour les identifier.

vendredi 6 janvier 2023

Le Canada détecte du poliovirus dans des prélèvements d'eaux usées

«Le Canada détecte du poliovirus dans des prélèvements d'eaux usées», Brève du 5 janvier 2023 par Lisa Schnirring de CIDRAP News.

Deux jours avant Noël, le Canada a signalé à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le poliovirus de type 2 dérivé d'un vaccin (VDPV2) provenant de deux prélèvements d'eaux usées à l'Organisation mondiale de la Santé, l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS) de l'OMS dans une mise à jour épidémiologique du 30 décembre.

 Les prélèvements canadiens qui ont été testés positifs pour le virus ont été collectés en août dans le cadre d'un échantillonnage ciblé sur des zones étroitement liées aux communautés de New York où des échantillons similaires positifs pour les eaux usées ont été trouvés plus tôt. Un troisième échantillon environnemental positif du Canada, également collecté en août, est en attente de confirmation par isolement du virus.

L'OPS a déclaré que les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis testaient les échantillons canadiens pour voir s'ils étaient génétiquement liés aux échantillons de VDPV2 (vaccine-derived poliovirus type 2) de New York.

Le Canada n'a signalé aucun cas de paralysie flasque aiguë (PFA) en 2022.

Prélèvements des eaux usées aux États-Unis
L'été dernier, le VDPV2 a été confirmé chez un jeune homme non vacciné sans voyage récent dans le comté de Rockland à New York qui a subi une PFA. L'affaire a marqué le premier cas aux États-Unis depuis 2013.

Un échantillonnage élargi des eaux usées à la suite du cas a identifié le virus dans plusieurs comtés voisins, y compris à New York, suggérant une propagation communautaire du virus. Au 30 décembre, New York avait identifié 99 échantillons positifs préoccupants, dont 92 avaient des liens génétiques avec le cas de PFA du comté de Rockland. L'échantillon positif le plus récent a été signalé en novembre dans le comté d'Orange.

En 2022, des résultats environnementaux similaires ont été signalés lors d'analyses des eaux usées à Londres et à Jérusalem. Début décembre, le CDC a annoncé un plan visant à étendre les tests de dépistage du poliovirus dans les eaux usées afin d'évaluer l'étendue de la propagation et de concentrer les efforts de vaccination, en commençant par le Michigan et Philadelphie.

Mise à jour du 7 janvier 2023
Pendant ce temps, trois pays africains signalent davantage de cas de poliomyélite dérivée du vaccin, source CIDRAP News du 6 janvier 2023.