Santé
publique France publie discrètement le 25 octobre 2023, «Données
de surveillance du syndrome hémolytique et urémique (SHU) en 2022».
Points
clés
- En
2022, 253 cas de SHU pédiatriques ont été notifiés à Santé
publique France, dont un cas dans les départements français et
régions d’outre-mer.
-
L’incidence annuelle du SHU pédiatrique était la plus élevée
observée depuis le début de la surveillance en 1996. Cette forte
hausse de l’incidence, observée dans toutes les tranches d’âge
et dans la majorité des régions, est liée en partie à la survenue
de plusieurs épidémies dont une de très grande ampleur (57 cas
confirmés), mais reste élevée avec une analyse restreinte au cas
sporadiques.
-
Ces épidémies ont impacté l’épidémiologie des cas de SHU
pédiatriques en 2022 avec deux pics de cas, un premier en mars-avril
en lien avec l’épidémie liée aux pizzas surgelées, et un
deuxième en période estivale comme habituellement observé. Une
hétérogénéité régionale est observée comme chaque année, mais
elle est influencée en partie par la distribution des cas liés à
des épidémies dans certaines régions (Hauts de France, Île de
France, Pays de la Loire, Paca).
- Le
sérogroupe O26 restait très majoritaire et était à l’origine de
deux épidémies. Le nombre de souches O80 était stable, de même
que le nombre de souches O157.
Pour
les détails, il faut aller au rapport, «Surveillance
du syndrome hémolytique et urémique post-diarrhéique chez
l’enfant de moins de 15 ans en France en 2022».
En
2022, 253 cas de SHU pédiatriques ont été notifiés à Santé
publique France, dont un cas dans les départements français et
régions d’outre-mer.
Habituellement,
si l’on peut dire, Santé
publique France rapporte qu’il y a 100 à 160 cas de SHU
notifiés en France …
Je
reprend ci-après l’article
paru dans Food Safety News le 31 octobre 2023 à ce sujet,
Lors
de l’épidémie provoquée par les pizzas surgelées Buitoni
Fraîch’Up, 59 patients avaient un âge médian de 6 ans. Ils sont
tombés malades entre janvier et avril 2022. Deux enfants sont
décédés.
Record
de cas de SHU
Les
253 cas de SHU en 2022 constituent le chiffre le plus élevé depuis
le début de la surveillance en 1996. En 2021, 128 cas ont été
signalés. Les données de surveillance du SHU de Santé publique
France ne couvrent que les moins de 15 ans.
La
forte augmentation de l’incidence est en partie due à plusieurs
épidémies, dont le seul incident majeur de Nestlé, mais également
à un grand nombre de cas sporadiques.
En
2022, il y a eu deux pics de cas, le premier en mars et avril en
raison de l'épidémie liée aux pizzas et un second durant l'été
vers juillet, où l'on observe habituellement un pic.
Comme
les années précédentes, la plupart des enfants avaient moins de 3
ans et étaient âgés de 1 mois à 14 ans. Un peu plus de la moitié
étaient des filles. Les taux d'incidence étaient plus élevés dans
tous les groupes d'âge et dans toutes les régions.
La
durée médiane d'hospitalisation était de six jours, mais variait
de 1 à 25 jours pour les 59 cas pour lesquels cette information
était disponible.
Le
sérogroupe O26 de E. coli était prédominant, suivi du
sérogroupe O80. Le nombre de cas dus à O80 et O157 est resté
comparable à 2021. Sur 226 cas, 114 étaient O26, 16 étaient O80 et
neuf étaient O157.
Onze
enquêtes épidémiologiques ont été menées suite à des
suspicions de foyers d'infection. Il a été possible de confirmer
deux fois l'origine d'un aliment, ce qui a donné lieu à des mesures
de rappel et de retrait.
Pour
deux autres incidents, soit un type d'aliment commun a été
suspecté, mais aucune confirmation n'a été possible, soit une
origine alimentaire a été suspectée sans qu'aucun élément
spécifique n'ait été identifié.
Mises
en évidence de l’épidémie
Lors
de l'épidémie liée aux pizzas surgelées, 55 personnes ont été
infectées par E. coli producteur de shigatoxines (STEC)
O26:H11 et deux par STEC O103:H2. Deux cas probables n'avaient pas de
souche isolée mais avaient un lien épidémiologique avec un cas
confirmé. Les patients étaient âgés de moins de 1 an à 40 ans.
Les
premières investigations ont révélé plusieurs aliments suspects
consommés par les cas, notamment de la viande bovine hachée et des
produits de la même chaîne de restauration rapide, mais les travaux
de traçabilité ont exclu ces sources. L'analyse des données des
cartes de fidélité a permis d'identifier l'achat fréquent de
pizzas surgelées Buitoni, et un deuxième questionnaire destiné aux
familles a confirmé la consommation régulière de ces pizzas par
les personnes malades.
La
gamme de pizzas impliquée était produite à partir de farine non
cuite. Les ingrédients ont été testés positifs pour les souches
épidémiques. Au total, 41 patients sur 55 ont déclaré avoir mangé
cette marque de pizzas.
À
l'été 2022, cinq cas de SHU ont été signalés par un hôpital des
Bouches-du-Rhône. Neuf STEC O26:H11 confirmés et trois patients
possibles ont finalement été identifiés. Onze cas d’infection
sont survenues en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et deux en
Occitanie. Tous les patients avaient un SHU et ont été hospitalisés
en juin et juillet.
Les
investigations ont permis d'identifier des produits laitiers vendus
par une ferme de l'Aupillon dans les Bouches-du-Rhône. STEC O26 a
été isolé d'un produit appartenant au même groupe génomique que
les souches isolées des patients. Après un rappel
de produits à base de lait cru, aucun autre cas n'a été
enregistré.
En
septembre 2022, Santé publique France s'est penchée sur un excès
de cas de STEC O145 dans plusieurs régions de l'ouest de la France.
Quatre enfants atteints de SHU et deux souffrant de diarrhée
sanglante ont été infectés par STEC O145:H28 en septembre. Les
enquêtes épidémiologiques ont mis en évidence des légumes, mais
il n'a pas été possible de trouver une source commune d'infection.
Lors
d'un autre incident, 16 cas confirmés de STEC O157:H7 ont été
constatés en avril et mai 2022. Il s'agissait de 14 enfants âgés
de 1 à 13 ans et de deux adultes. Six enfants souffraient du SHU. La
source n'a pas été trouvée.
Dans
la discussion, les auteurs
notent,
En 2022, l’incidence annuelle du SHU pédiatrique était la plus
élevée observée depuis le début de la surveillance en 1996. Cette
forte hausse de l’incidence, observée dans toutes les tranches
d’âge et dans la majorité des régions, est liée en partie à la
survenue de plusieurs épidémies dont une de très grande ampleur
(57 cas confirmés), mais reste élevée avec une analyse restreinte
au cas sporadiques.
Commentaire
Un
constat simple, il y a eu plus de cas de SHU pédiatriques liés à
d’autres causes que celle des pizzas surgelées. Même sans les cas
de SHU pédiatriques liés aux pizzas surgelées, il y aurait eu en
France un record de cas de SHU pédiatriques en 2022.
L’article
remercie les familles qui ont participé aux investigations, mais
Santé publique France aurait dû mettre en première page de son
site internet les données de la surveillance du syndrome
hémolytique et urémique post-diarrhéique chez l’enfant de moins
de 15 ans en France en 2022. Un peu d’empathie, cela ne fait pas de
mal.
On pourrait aussi citer le retard des rappels de produits laitiers au lait cru par RappelConso,
le 27 juillet 2023, alors le journal La
Provence en parle le 22 juillet 2022.
Dernier
constat, les consommateurs sont peu ou pas informés des cas de SHU
pédiatriques régulièrement par des communiqués, le silence ou
l’absence de transparence de la DGAL est assourdissant.