dimanche 17 mars 2019

L'Anses répond aux questions de la Commission des affaires économiques: glyphosate, couches pour bébés, alimentation


Audition plénière de Roger Genet, directeur général de l’Anses devant la Commission des affaires économiques le mercredi 13 mars 2019, un bref compte-rendu est proposé sur le site du Sénat, « L’Anses tenue de répondre aux nombreuses questions de la commission des affaires économiques : couches pour bébé, alimentation, glyphosate ».
Roger Genet, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), a été tenu de répondre le 13 mars aux très nombreuses questions des membres de la commission des affaires économiques du Sénat, présidée par Sophie Primas, qui portaient tant sur l’alimentation et l’agriculture que l’industrie et l’énergie.


Concernant les couches pour bébé, résumant le contenu de l’avis de l’Anses du mois de janvier ayant démontré qu’il existait des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances chimiques contenues dans ces couches, Roger Genet affirme que : « quand on a mis au point nos tests plus représentatifs, on a décelé des choses que les industriels ne voyaient pas - ou ne semblaient pas voir ». Néanmoins, il précise que « de façon générale, nous n’avons pas trouvé de marque qui était meilleure que les autres sur les produits que nous avons examinés ».


Sur le glyphosate, Monsieur Genet a également « très vigoureusement contesté » devant les sénateurs de la commission la décision du tribunal administratif de Lyon, mettant en doute l’expertise scientifique de l’Anses, et a réfuté toute erreur d’appréciation de l’Anses dans l’application de la réglementation en vigueur.


Il a, au reste, expliqué que les doses de glyphosate présentes dans des analyses d’urine, dont il estime qu’elles traduisent une consommation journalière de 30 à 60 microgrammes pour des personnes pesant 60 kilogrammes, restent bien inférieures au seuil maximum toléré, établi à 900 microgrammes par litre d’eau. Dès lors, pour le directeur de l’Anses, le résultat de ces tests, « sur le plan sanitaire, [c’]est plutôt rassurant ». 


Précisant le positionnement de l’Anses sur plusieurs sujets d’actualité, il a rappelé que les évaluations de l’Anses visent à « réduire les expositions à ce qui est strictement nécessaire en tenant compte du développement souhaitable des activités économiques et humaines et de la préservation de la santé ».
La vidéo de l'audition est ici.

Un autre intérêt de cette audition est d'illustrer l'ignorance de certains de nos élus qui lisent plus les nouvelles dans les médias ou les réseaux sociaux que les avis de l'Anses ou de l'EFSA ... cherchez bien, vous allez trouver ...

Des graines de pavot non lavées sous le feu de du Congrès des Etats-Unis et ailleurs


« Des graines de pavot non lavées sous le feu de du Congrès des Etats-Unis (Capitol Hill) et dans le monde entier », source article de Coral Beach paru le 16 mars 2019 dans Food Safety News.

Un homme qui réclame des modifications de la législation américaine depuis que son fils est décédé d’une intoxication à la morphine en 2016 s’attend à voir des projets de loi déposés en avril.
Son fils ne consommait pas de drogue. Ce sont des graines de pavot non lavées, achetées sur Amazon.com et infusées sous forme de thé, qui l'ont tué.

Le projet de loi devrait être présenté à la Chambre des représentants et au Sénat des États-Unis au début d’avril. Il définirait les graines de pavot non lavées comme des « graines de pavot n'ayant pas été traitées de manière à éliminer de manière adéquate la paille de pavot, le latex ou tout autre contaminant pouvant contribuer à la formation d’un taux de morphine, de codéine ou d'autres composés potentiellement dangereux pour la santé. »

Si elle est approuvée par le Congrès et promulguée par le président, la loi transformera les graines de pavot non lavées en contaminant, ce qui signifie qu'il serait illégal de les vendre ou de vendre des aliments ou des boissons les contenant.

Le père de Hacala, Steve Hacala, se réjouit du changement au congrès. Il était également heureux lorsque Walmart a enlevé des graines de pavot non lavées de ses rayons après la mort de son fils. Il n’est pas heureux que des entités en ligne telles que Amazon continuent de vendre diverses marques de graines de pavot non lavées. L’étiquetage des graines indiquent une variété d’allégations non fondées sur les bienfaits pour la santé.

Sur le site d’Amazon France, plusieurs références de graines de pavot, aucune n’indique si elles ont été lavées et la seule allégation de santé trouvée est, « Est très utilisé en Allemagne où l'on considère qu'il rend le pain plus digeste ».

Les enquêteurs ont déterminé que ces allégations présentes sur l'étiquetage étaient à l'origine du décès de Stephen Patrick Hacala Jr.

« Les autorités chargées de l'application de la loi ont été confondues par la cause du décès. Il n’y avait aucune preuve de traumatisme, ni de drogue dans l’appartement de Stephen. La présence, toutefois, d'un sac de graines de pavot partiellement utilisées et d'une bouteille d'eau contenant certaines des graines mouillées a suscité des soupçons », selon une lettre du sénateur américain Tom Cotton envoyée au commissaire de la FDA, Scott Gottlieb, en août 2018.

« Après un examen plus approfondi et des recherches sur les achats de graines de pavot par Stephen sur Amazon.com, il a été déterminé par la suite que des graines non lavées de pavot avaient tué Stephen. Stephen avait acheté les graines afin de faire du thé aux graines de pavot, probablement pour obtenir un effet calmant expliqué par les avis des consommateurs en ligne sur Amazon.com. Une autopsie a révélé qu'en fait, Stephen était décédé d'une intoxication à la morphine. »

Le moment de l’action dans la capitale des États-Unis arrive alors que les autorités françaises avertissent le public (communiqué du 1er mars 2019) de ne pas consommer de pains et de sandwichs préparés avec du pain aux graines de pavot.

Les responsables ont sonné l'alerte après que des employés de sociétés françaises ont eu un résultat positif au test d'opiacés. Les employés ont été catégoriques sur le fait qu’ils n’avaient pris aucune drogue, selon des informations parues dans la presse française. Les analyses ont confirmé que les graines de pavot contenues dans le pain qu'ils avaient mangé contenaient des quantités particulièrement élevées d'alcaloïdes.

A noter aussi l’article des autorités du Luxembourg « Alcaloïdes opioïdes dans les graines de pavot ».

Le chemin vers la loi
En avril 2018, l'aîné des Hacala et son épouse Betty se sont rendus à Washington DC pour rencontrer des représentants de la FDA. Le couple a exhorté les responsables à la répression à propos des ventes de graines de pavot.

En juillet 2018, le procureur général de l'Arkansas, Leslie Rutledge, a écrit aux responsables de plusieurs opérations de vente en ligne, dont Jeff Bezos d'Amazon, pour les exhorter à retirer de leur offre de graines de pavot non lavées. Depuis le 15 mars de cette année, les graines de pavot non lavées sont toujours disponibles sur Amazon et d’autres sites Internet.

En août 2018, Rutledge a écrit au commissaire de la FDA pour lui demander d'adopter une réglementation exigeant que les graines de pavot soient étiquetées en fonction de leur « contenu potentiellement nocif et interdire la vente de graines de pavot contenant des substances maîtrisées. »

« Les graines de pavot sont parfois utilisées comme ingrédient dans des produits de boulangerie aux États-Unis. Lavées et préparées de manière appropriée, ils conviennent à la consommation », a déclaré Rutledge dans sa lettre au commissaire de la FDA, Scott Gottlieb.

« Si elles sont vendues « non lavées », toutefois, les graines pourraient provoquer une intoxication inattendue, la maladie et la mort. En effet, la plante de pavot à opium contient un latex au point d’extraction des graines de pavot. Ce latex contient également de la morphine, de la codéine et de la thébaïne, substances contrôlées mortelles. Lorsqu'elles sont préparées pour la consommation, les graines de pavot sont lavées et traitées afin d'éliminer les traces de ces substances. Mais à l'état brut, naturel ou cru, les graines de pavot sont dangereuses. »

La toxicité variable des graines de pavot non lavées, associée à Internet, a créé une situation dangereuse pour les consommateurs du monde entier, a déclaré Bill Marler. Du thé à base de graines pourrait n'avoir aucun effet négatif, mais le suivant pourrait vous tuer.

« Amazon vend toujours ce genre de choses. Essentiellement, un médicament de l’annexe 1 (Schedule 1 drug) est vendu », a dit Marler, avocat, spécialiste des victimes d’intoxication alimentaire depuis l’épidémie mortelle d’infection à E. coli de 1993, attribuée aux hamburgers de Jack in the Box.

Rappelons tout de même que selon le communiqué des autorités du Luxembourg,
Il est recommandé aux populations les plus à risque, comme les femmes enceintes, les nourrissons, les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes de santé présentant un risque de rétention urinaire ou une fonction respiratoire altérée, de ne pas consommer de graines de pavot tant que le secteur n’est pas soumis à des limites contraignantes européennes.


Risque lié à l’exposition aux alcaloïdes opioïdes

Bien qu’il y ait évidence scientifique que la cuisson peut diminuer la teneur en alcaloïdes entre 30 % et 90 %, il ne peut pas être exclu que des teneurs élevées soient détectées dans des produits cuits à base de graines de pavots (comme les produits de boulangerie).

A signaler dans ce contexte, une alerte au RASFF de l'UE notifiée par la France le 15/03/2019, référence 2019.0993, présence de bogues de Datura (Datura stramonium L) dans des haricots verts de France.