Tribune dans
l’hebdomadaire Le
Point
du 8 mai 2020, « Pour
l'obligation du port d'une protection faciale ».
Je
signe des deux mains …
ll
est certain aujourd'hui qu'il n'y aura de sortie du confinement et de
victoire contre le Covid-19 qu'avec un port du masque ou écran
anti-postillons généralisé. Et ce port généralisé ne peut être
qu'obligatoire. Nous exigeons donc pour la santé de tous
l'obligation dès aujourd'hui du port du masque dans le domaine
public.
Les
faits montrent que tous les territoires, pays, régions ou villes
sans exception, où le masque est porté par la population, ont
maîtrisé l'épidémie. Les autorités scientifiques et médicales
de tous les pays, tout d'abord dubitatives, ont été convaincues
devant ces faits incontestables et recommandent son obligation.
Citons l'académie de Médecine, l'académie des Sciences, le Conseil
scientifique, le Haut Conseil de la santé publique en France,
les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) aux États-Unis,
l'ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control), mais
également les plus hautes autorités des pays asiatiques où la
pandémie a été repoussée comme en Chine,
en
Corée par exemple.
Mais
la maîtrise de l'épidémie ne pourra se faire que si le masque est
porté par tous dans le domaine public. Faute de quoi, le taux de
reproduction de la maladie (R0) restera trop élevé. Plusieurs
études scientifiques concluent que, même sans confinement, le port
d'un masque à 80% ou plus fait descendre le R0 au-dessous de 1,
condition nécessaire pour faire reculer l'épidémie. Si plus de 80%
de la population porte le masque, la maladie reculera plus vite. En
effet, tout dispositif barrière du visage protège celui qui le
porte et celui qui est en face. Il ne s'agit donc pas d'une mesure
individuelle mais de responsabilité collective suivant le principe
de protection bilatérale émetteur < > récepteur. Ce système
de protection peut être un masque ou un écran anti-postillons (EAP,
masque « fait maison ») tels que des millions de Français
en ont déjà réalisé. Ces dispositifs sont à la portée de tous
et de toutes les bourses, sans attendre la disponibilité de masques
industriels.
Après
des mois d'hésitation, le gouvernement commence à reconnaître
l'importance du masque pour tous. Mais le port systématique ne peut
être suffisant sans obligation. Il ne s'agit pas d'obliger pour
sanctionner mais pour créer la cohérence entre le message, l'action
et finalement le résultat.
Cette
obligation s'impose pour trois raisons :
- C'est un devoir pour le bien commun de tous sans distinction, pas seulement pour ceux qui prennent les transports en commun ou sont concernés par l'éducation au collège. L'État doit protéger tous les citoyens de manière égale.
- C'est un devoir de cohérence. Comment expliquer qu'il faut baisser la limitation de vitesse à 80 km/h pour sauver quelques centaines de vies, rendre obligatoire les vaccins ou interdire de fumer dans les lieux publics et ne pas imposer les masques en cas d'épidémie, une mesure préventive efficace pour sauver les plus fragiles et nos emplois ?
- C'est un devoir de clarification et de détermination. Ce n'est pas aux commerçants ou aux parents de faire des choix de santé publique. Si le masque s'impose, il doit être imposé à tous.
L'obligation
du port du masque ou d'un EAP n'est donc pas seulement une mesure
technique que chacun peut admettre, mais un acte politique et un acte
citoyen. Pour les enfants ayant atteint l'âge de raison, leur
demander de participer à cet effort est une façon de les faire
grandir, et nos amis asiatiques prouvent que la chose est possible.
Cet acte s'impose par le souci de respecter quatre principes fondamentaux de notre Constitution :
- Le principe de précaution tant il est acquis que le port d'un dispositif barrière sur le nez et la bouche (masque ou EAP) représente la protection la plus accessible et efficace.
- Le principe de liberté, car le port de l'EAP est la condition pour ne pas retourner en confinement, synonyme de privation de liberté de mouvement et d'effondrement de l'économie.
- Le principe d'égalité tant on ne peut imaginer que la sécurité de chaque citoyen dépende de facteurs arbitraires, tels que les décisions d'autres usagers des transports et commerces, des commerçants eux-mêmes, de l'employeur, etc.
- Le principe de fraternité car porter un EAP de façon à ne pas contaminer les autres, notamment les plus fragiles, au cas où l'on est soi-même contaminé sans le savoir, est un acte de fraternité. Une étude estime aujourd'hui que 44% des contaminations sont le fait de porteurs qui ne sont pas encore, ou ne seront jamais symptomatiques.
Comme
l'exige notre Constitution, nous demandons que le port du masque ou
de toute autre protection faciale soit rendu obligatoire dans
l'espace public dès maintenant et après la fin du confinement.
Premiers
signataires
François
Amblard, biologiste et physicien, directeur de recherche au CNRS,
professeur et chercheur en Corée du Sud
Bernard
Bensaid, CEO, groupe DocteGestio Jacques Biot, ancien président de
l'École Polytechnique
François
Braun, médecin, président de SAMU-Urgences de France
Yves
Bréchet, physicien, membre de l'Académie des Sciences, ancien Haut
Commissaire à l'Énergie Atomique
Éric
Caumes, médecin, chef du service des maladies infectieuses,
Pitié-Salpêtrière
Yves
Charpak, médecin, épidémiologiste, vice-président de la Société
Française de Santé Publique
Pascale
Cossart, professeur Institut Pasteur, membre de l'Académie des
Sciences
Patrick
Couvreur, président de l'Académie de Pharmacie, membre des
Académies des Sciences, de Médecine et de Technologie
Claude
Debru, membre de l'Académie des Sciences et de l'Académie
d'Agriculture de France
Bernard
Decaris, professeur honoraire de Génétique Microbiologie,
université de Lorraine
Marc
Duval-Destin, ingénieur, vice-président Thales Avionics
Marcel
Filoche, directeur de recherches CNRS
Jean
Fourtaux, ancien cadre dirigeant d'EDF
Gilles
Fumey, géographe, professeur Sorbonne Université
Denis
Gratias, directeur de recherche émérite au CNRS, membre de
l'Académie des Sciences
François
Guilhot, membre de l'Académie de Médecine
Christian
Gerondeau, ancien directeur de la Sécurité Civile
Denis
Jérome, membre de l'Académie des Sciences, directeur de recherches
honoraire au CNRS
Jean
Jouzel, climatologue, membre de l'Académie des Sciences
Jean
de Kervasdoué, membre de l'Académie des Technologies
Les
membres de la Kès (bureau des élèves) de la promotion 1981 de
l'École Polytechnique
Jean-Marie
Lehn, prix Nobel de chimie
Jacques
Lucas, professeur, membre de l'Académie des Sciences
Le
collectif “Masques pour tous”
Bernard
Meunier, ancien président du CNRS, membre de l'Académie des
Sciences, membre de l'Académie de Pharmacie
Yves
Meyer, membre de l'Académie des Sciences
Michel
Monsigny, docteur ès Sciences, professeur des Universités en
biochimie et glycobiologie
Gérard
Mourou, prix Nobel de physique
Jean-Michel
Nataf, ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts
Bernard
Niclot, président, Win Innovation
Eva
Pebey-Peyroula, professeure émérite de l'Université
Grenoble-Alpes, membre de l'Académie des Sciences
Didier
Pitot, ingénieur
Le
collectif “Pour une autre communication officielle sur les masques”
Le
collectif “Prévention Covid Alsace”
Yves
Quéré, membre de l'Académie des Sciences
Alain
Rambach, microbiologiste, généticien, initiateur du génie
génétique en France
Toufic
Reno, immunologiste, directeur de recherches INSERM
Guy
Sandner, docteur en Médecine et docteur ès Sciences, retraité
Nicole
Sansonetti, praticien hospitalier retraitée
Philippe
Sansonetti, professeur au Collège de France, membre de l'Académie
des Sciences
Le
collectif “Stop-postillons”
Pierre
Suquet, directeur de recherche émérite au CNRS, membre de
l'Académie des Sciences
Jean-Claude
Thierry, directeur de recherches honoraire CNRS
Eric
Vivier, praticien hospitalier, professeur, directeur scientifique
Innate Pharma
Eric
Westhof, membre de l'Académie des Sciences
Jean-Michel
Yolin, ingénieur général des Mines, président honoraire de la
section innovation du Conseil général de l'économie
Jean
Zinn-Justin, membre de l'Académie des Sciences