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mardi 13 juillet 2021

Des personnes ayant reçu des bactéries amicales dans des gouttes nasales sont protégées contre la méningite

«Des personnes ayant reçu des bactéries amicales dans des gouttes nasales sont protégées contre la méningite», source communiqué de l’Univesité de Southampton.

Un essai inédit au monde a montré que des gouttes nasales de bactéries amicales modifiées protègent contre la méningite.

Dirigé par le professeur Robert Read et le Dr Jay Laver du NIHR Southampton Biomedical Research Center et de l'Université de Southampton, le travail est le premier du genre.

Ensemble, ils ont inséré un gène dans un type inoffensif de bactérie, qui lui permet de rester dans le nez et de déclencher une réponse immunitaire. Ils ont ensuite introduit ces bactéries dans le nez de volontaires sains via des gouttes nasales.

Les résultats, publiés dans la revue Science Translational Medicine, ont montré une forte réponse immunitaire contre des bactéries responsables de la méningite et une protection de longue durée.

Protéger contre la méningite

La méningite survient chez des personnes de tous âges, mais touche principalement les nourrissons, les jeunes enfants et les personnes âgées. La méningite à méningocoques est une forme bactérienne de la maladie, causant 1 500 cas par an au Royaume-Uni. Elle peut entraîner la mort en en quatre heures après le début des symptômes.

Environ 10% des adultes sont porteurs de Neisseria meningitidis à l'arrière du nez et de la gorge sans aucun signe, ni symptôme. Cependant, chez certaines personnes, il peut envahir la circulation sanguine. Cela peut entraîner des affections potentiellement mortelles, notamment une méningite et un empoisonnement du sang (‘septicémie).

La bactérie ‘amicale’, Neisseria lactamica (N. lactamica) vit aussi naturellement dans le nez de certaines personnes. En occupant le nez, la bactérie protège d'un type sévère de méningite. Elle le fait en empêchant son proche cousin Neisseria meningitidis (N. meningitidis) de prendre pied.

Réponse immunitaire renforcée

Les nouvelles données s'appuient sur les travaux antérieurs de l'équipe visant à exploiter ce phénomène naturel. Cette étude a montré que des gouttes nasales de N. lactamica ont empêché N. meningitidis de s'installer chez 60% des participants.

Pour ces personnes, N. lactamica avait verrouillé son cousin mortel. Cela a conduit à des travaux visant à rendre N. lactamica encore plus efficace pour déplacer N. meningitidis.

L'équipe l'a fait en lui remettant l'une des armes clés de N. meningitidis ; une protéine de surface collante’ qui s’agrippe aux cellules qui tapissent le nez. En insérant une copie du gène de cette protéine dans l'ADN de N. lactamica, celui-ci pourrait également la produire, ce qui uniformiserait les règles du jeu.

En plus d'induire une réponse immunitaire plus forte, ces bactéries modifiées sont restées plus longtemps. Présentes pendant au moins 28 jours, la plupart des participants (86%) l’hébergeaient toujours à 90 jours, et elle n'a causé aucun symptôme indésirable.

Les résultats de l'étude, financée par le Medical Research Council, sont prometteurs pour cette nouvelle façon de prévenir les infections potentiellement mortelles, sans médicament. C'est une approche qui pourrait être critique face à la résistance croissante aux antimicrobiens.

Le Dr Jay Laver, chercheur principal en microbiologie moléculaire de l'Université de Southampton, a dit : «Bien que cette étude ait identifié le potentiel de notre technologie recombinante avec N. lactamica pour protéger les personnes contre la méningite la technologie de la plate-forme sous-jacente a des applications plus larges.»

«Il est théoriquement possible d'exprimer n'importe quel antigène dans nos bactéries, ce qui signifie que nous pouvons potentiellement les adapter pour lutter contre une multitude d'infections qui pénètrent dans le corps par les voies respiratoires supérieures. En plus de la livraison d'antigènes vaccinaux, les progrès de la biologie synthétique signifient que nous pourrions également utiliser des bactéries génétiquement modifiées pour fabriquer et livrer des molécules thérapeutiques dans un proche avenir.

Le professeur Read, directeur du NIHR Southampton Biomedical Research Center, a dit : «Ce travail a montré qu'il est possible de protéger des personnes contre des maladies graves en utilisant des gouttes nasales contenant des bactéries amicales génétiquement modifiées. Nous pensons que ce sera probablement un moyen très efficace et populaire de protéger les gens contre une série de maladies à l'avenir.»

mercredi 30 juin 2021

Méningites néonatales : l’immaturité du microbiote et des barrières épithéliales mise en cause

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«Méningites néonatales : l’immaturité du microbiote et des barrières épithéliales mise en cause», source communiqué de l’Institut Pasteur du 29 juin 2021.

Les méningites sont associées à une mortalité importante et entraînent fréquemment de lourdes séquelles. Les nouveau-nés sont particulièrement sensibles à ce type d’infection et en développent 30 fois plus fréquemment que la population générale. Le streptocoque du groupe B est la bactérie la plus souvent en cause dans les méningites du nouveau-né alors qu’elle ne provoque qu’exceptionnellement une maladie chez l’adulte. Des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’Inserm, Université de Paris et l’hôpital Necker-Enfants malades ont cherché à expliquer la susceptibilité néonatale au développement des méningites à streptocoque B. Ils montrent, chez le modèle murin, que l’immaturité du microbiote intestinal ainsi que celles des barrières épithéliales telles que l’intestin et le plexus choroïdes jouent un rôle dans la susceptibilité des nouveau-nés à la méningite bactérienne due au streptocoque du groupe B. Ces résultats ont été publiés dans la revue Cell Reports.

Les nouveau-nés sont plus susceptibles de développer une méningite bactérienne que les enfants et les adultes. Le streptocoque du groupe B est le pathogène responsable d’une grande partie des méningites néonatales. Dans la plupart des cas, l’infection est précédée par la colonisation de l’intestin par la bactérie. La flore commensale bactérienne intestinale (microbiote) joue un rôle physiologique clé, car elle participe notamment à la digestion, protège des pathogènes intestinaux et contribue à la différentiation des tissus et au développement de l’immunité. Chez le nouveau-né, cette flore est absente, et elle va progressivement s’implanter dans les premières semaines de vie.

Dans une nouvelle étude, des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec l’Inserm, Université de Paris et l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris démontrent, dans un modèle murin, que l’immaturité du microbiote intestinal du nouveau-né est en partie responsable de la susceptibilité néonatale à la méningite bactérienne due au streptocoque du groupe B. En l’absence de microbiote mature, la bactérie peut en effet coloniser abondamment l’intestin du nouveau-né. De plus, la fonction barrière des vaisseaux sanguins de l’intestin que la bactérie doit traverser pour disséminer jusqu’au cerveau par le sang est moindre et le système immunitaire ne parvient pas à contrôler l’infection.

De manière surprenante, les chercheurs ont également mis en évidence qu’indépendamment du microbiote, les barrières épithéliales que constituent l’intestin et les plexus choroïdes (l’interface entre le sang et le liquide cérébro-spinal qui baigne le cerveau) ne sont pas complètement matures chez le nouveau-né, ce qui favorise l’accès des bactéries au cerveau. En effet, l’activité d’une voie de signalisation appelée Wnt impliquée dans la croissance et la différentiation des tissus est plus importante chez le nouveau-né, ce qui se traduit par une fonction barrière moindre de l’intestin et des plexus choroïdes à cet âge.

«Nous montrons dans cette étude comment deux facteurs liés au jeune âge, l’immaturité du microbiote et la croissance des tissus épithéliaux intestinaux et choroïdiens, sont impliqués dans la susceptibilité des nouveau-nés à la méningite bactérienne due au streptocoque du groupe B, à toutes les étapes de l’infection depuis la colonisation de l’intestin jusqu’à sa dissémination dans le cerveau» explique Marc Lecuit (PU-PH, Université de Paris, hôpital Necker - Enfant malades), responsable de l’unité Biologie de l’infection à l’Institut Pasteur et dernier auteur de cette étude.

Les résultats de ces travaux illustrent l’importance du microbiote et son rôle dans la protection contre les infections.