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samedi 26 janvier 2019

Rappels de laits infantiles, le recours au principe de précaution est inutile !

Autant le communiqué de la DGCCR du 24 janvier à propos du rappel de produits de nutrition infantile de la marque Modilac avait été sobre, c'est de l'habituel, du classique, voir ici, autant le communiqué de la DGCCRF du 25 janvier concernant le rappel de de produits de nutrition infantile de marque PICOT AR de chez Lactalis, n' pas plu du tout à la DGCCRF … qu'on en juge …

S'agissant de l'entreprise Modilac qui commercialise ces produits a procédé ce jour, en lien avec la DGCCRF et la DGS, au rappel de toute sa gamme de produits de nutrition infantile à base de protéines de riz et, de manière élargie, de l’ensemble des fabrications issues du site de production espagnol concerné.
La DGCCRF prend note de la décision de l’entreprise Lactalis Nutrition Santé de procéder au rappel du produit Picot AR, ce produit étant fabriqué dans la même usine espagnole que celle dont sont issus les produits ayant fait l’objet d’un rappel, en date du 24 janvier 2019, susceptibles d’être contaminés par Salmonella Poona.

On sent que cela n'a pas fait plaisir à la DGCCRF de passer par dessus leurs prérogatives …

Le retrait/rappel ne s'est donc pas fait en accord avec la DGCCRF et la DGS ...
Le retrait/rappel concerne 16 300 boites de lait Picot AR vendues exclusivement en pharmacie depuis le 29 novembre 2018.
Les autorités sanitaires demandent aux parents qui disposeraient de boîtes concernées par cette mesure de rappel de ne pas les utiliser dans la mesure du possible, qu’elles soient neuves ou déjà entamées, et de les rapporter, si possible, au point de vente où elles ont été achetées.

On apprend aussi que la DGGCRF va suivre de près ces mesures de rappels mais curieusement ce type phrase n'apparaît pas dans le communiqué de rappel sur les produits de l'entreprise Modilac.
La DGCCRF procède à la vérification d’effectivité des mesures de rappel et à l’information de ses homologues européens et étrangers, au moyen du réseau RASFF. Les investigations menées par la DGCCRF se poursuivent, en lien avec les autorités espagnoles, afin d’obtenir tout élément utile, en particulier relatifs à la traçabilité des fabrications de l’usine concernée

Dans cette affaire des deux rappels de lait infantile, on aussi le droit à un festival du principe de précaution …
Pour l'entreprise Modilac, le communiqué du 23 janvier, cité dans le communiqué de la DGCCRF du 24 janvier, indique :
Principe de précaution : retrait / rappel de formules infantiles fabriquées en Espagne, distribuées en pharmacies

Pour l'entreprise Lactalis, la DGCCRF ne cite pas le communiqué de Lactalis, et pour cause, elle n'en a pas eu connaissance, mais ce communiqué fait fort dans la précaution, puisque il est évoqué un principe de précaution maximum … ça c'est du langage marketing !
A la suite du rappel de plusieurs formules infantiles d’un concurrent fabriquées en Espagne chez un fournisseur extérieur, LNS décide, par principe de précaution maximum et à titre préventif, du retrait/rappel des produits Picot AR, seule référence Picot produite chez ce même fournisseur.

On a le droit à l'artillerie lourde, « par principe de précaution maximum et à titre préventif », le «  à titre préventif » ne suffit pas …
"
Le risque zéro n'existant pas, je pense que formule aurait dû être, prendre « un maximum de précautions » , mais là, on s'écarte du principe de précaution … car ce n’est plus le principe de précaution qui est pertinent, mais bien la mesure de prévention …

Bon, on pourrait débattre longtemps sur le dévoiement du principe de précaution …

Reste les excuses présentées qui ne coûtent pas grand chose mais qui font bien en clôture d'un communiqué de retrait / rappel, cette absence peut être reprochée :
La Société Lactalis présente ses excuses pour la gêne que pourraient occasionner ces mesures préventives auprès des familles et des clients. 
MODILAC regrette sincèrement cette situation et vous présente toutes ses excuses pour l’inquiétude générée. 

Reste à savoir ce qui s'est passé « entre fin août 2018 et le 10 janvier 2019 ». Aurait-on pu déclencher le rappel plus tôt ?
Les investigations sont longues, mais tout de même, selon Santé publique de France,
Les premiers éléments d’investigation auprès des parents de ces 7 nourrissons mettent en évidence la consommation, dans les jours précédant les symptômes, de laits en poudre de marque Modilac produits par une même usine en Espagne : Modilac expert Riz 1er âge ; Modilac Riz 2ème âge et Modilac Riz 2ème âge Anti Régurgitation. Les 7 bébés ne partageaient pas d’autre aliment ou boisson en commun. Les biberons étaient préparés avec de l’eau embouteillée de 4 marques différentes.

A suivre ...

jeudi 17 janvier 2019

L'Anses donne une leçon de science au tribunal administratif de Lyon

Dans une note aux rédactions, l'Anses revient sur le jugement du tribunal administratif de Lyon : l’Anses conteste toute erreur d’appréciation.
L’Anses a pris connaissance du jugement du tribunal administratif de Lyon du 15 janvier 2019 annulant la décision de mise sur le marché du Roundup Pro 360. 
Rappelons qu’afin de protéger la santé humaine et environnementale, l’Anses est chargée de mettre en œuvre, au niveau national, la réglementation européenne en matière de mise sur le marché des produits réglementés : produits phytosanitaires, produits biocides et médicaments à usage vétérinaire. Elle contribue également à faire évoluer cette réglementation pour plus d’efficacité et de transparence. 
L’Anses applique chaque jour le principe de précaution par une évaluation des risques rigoureuse mise en œuvre par des comités d’experts scientifiques indépendants. 
Dès 2016, l’Agence a été la première autorité nationale à retirer les autorisations de mise sur le marché de 126 produits à base de glyphosate contenant un co-formulant potentiellement génotoxique. 
L’Anses réévalue actuellement l’ensemble des produits à base de glyphosate commercialisés en France et est pleinement engagée dans l’évaluation des alternatives à l’usage du glyphosate, conformément aux engagements du gouvernement. 
S’agissant du jugement du tribunal administratif de Lyon, l’Anses conteste toute erreur d’appréciation dans l’application de la réglementation nationale et européenne.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Comme le rapporte seppi dans un article dont il a le secret, 
Rappelons que les tribunaux disent le droit – éventuellement de manière erronée (elle est humaine...) – et ne sont pas censés prononcer des avis scientifiques. Nous ne pouvons qu'espérer que cette décision passe aux instances judiciaires supérieures pour qu'il y ait une jurisprudence sur la portée du « principe de précaution », qui nous paraît particulièrement malmené en l'espèce.

NB : L'image provient de ce site.


Complément du 18 janvier 2019. Comme un malheur n'arrive jamais seul après la décision du tribunal administratif de Lyon, voici qu'une émission de télévision du service public, eh oui c'est ainsi, donne dans la désinformation, on lira le communiqué de Science-Technologies-Actions du 18 janvier 2019, collectif dont le but est de défendre et promouvoir la Science dans le débat public, Envoyé spécial désinformation sur France 2.

mercredi 16 janvier 2019

Science bafouée en France, la justice administrative interdit le Roundup Pro 360

Dans un précédent article, je disais que le gouvernement se donnait trois ans pour interdire le glyphosate.


Le président de la République a dit sur ce site, « Jai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans. 


Selon la radio du service public, Le tribunal administratif de Lyon a réaffirmé le principe de précaution à propos du glyphosate. La justice annule donc l'autorisation de mise sur le marché du Roundup 360, le désherbant de Monsanto qui contient cette substance. La justice a rappelé le potentiel cancérogène du glyphosate. »
L'avis du tribunal administratif de Lyon est très clair : « L’utilisation du Roundup Pro 360 (...) porte une atteinte à l'environnement susceptible de nuire de manière grave à la santé. Par suite l’ANSES a commis une erreur d’appréciation au regard du principe de précaution défini par l’article 5 de la charte de l’environnement en autorisant le Roundup Pro 360 malgré l’existence de ce risque. »

La réponse de l'Anses ne s'est fait attendre, voir ci-dessous
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On peut donc considérer que l'article de Philippe Stoop paru dans le quotidien L'Opinion du 22 décembre 2017 était prémonitoire, « Glyphosate et dénigrement des agences sanitaires: des dérives politiques inquiétantes ».

Comme les politiques tergiversent sur le glyphosate, le pouvoir des juges empiète sur leurs prérogatives, mais cela n'est pas une nouveauté, en tentant de dire la science, c'est consternant !

La justice n'a pas retenu le fait qu'aucune agence sanitaire au monde a dit que le glyphosate était cancérigène et en dernier lieu, le Canada, le 11 janvier 2019, avec une déclaration sur le glyphosate a confirmé sa décision, le glyphosate n'est pas cancérigène.

On savait le principe de précaution attentatoire à la recherche scientifique, on voit désormais que cela est attentatoire à l'évaluation des risques, sans compter le renforcement de ceux qui veulent délégitimer l'Anses, on n'a pas encore fini d'en mesurer les conséquences ...

Pour ceux qui veulent en savoir plus, je suggère Le thriller Glyphosate pour les nuls et la série d’articles détaillés et documentés de seppi sur le sujet, ici.

Enfin, en prévision d'un émission de télévision sur le glyphosate, Gil Rivière-Wekstein demande au ministre de l'agriculture, « allez-vous condamner cette nouvelle campagne d’#agribashing lancée par le service public ? »

Vidéo à écouter avec intérêt ...