Après la Belgique
qui a sonné l’alerte, puis la France, voici la Suisse, «L'industrie alimentaire face à la crise énergétique», source
AGIR.
Le contexte est tendu pour le secteur alimentaire: hausse du prix des
matières premières et des coûts énergétiques, risques de pénurie
de gaz et d'électricité, sans oublier la toujours possible
résurgence de la pandémie lors de la saison hivernale. Les sociétés
se préparent à différents scénarios.
«Les entreprises les plus exposées sont celles où les produits
doivent être stockés au frais et où la chaîne du froid doit être
respectée scrupuleusement», explique à l'agence AWP Lorenz Hirt,
directeur général de la Fédération des industries alimentaires
suisses (Fial).
En outre, il y a des sites de production sur lesquels une panne de
courant, même de quelques secondes, oblige à cesser complètement
les activités de l'installation pour la nettoyer et effectuer les
contrôles nécessaires. «De tels processus peuvent durer une
demi-journée, voire plus, lorsque l'on parle d'une usine complète.
Ainsi, l'impact serait important pour ces entreprises, même dans le
cas d'une courte panne énergétique», selon le spécialiste.
«Nous avons mis en place un groupe de travail dédié», souligne un
porte-parole du transformateur laitier Emmi. L'objectif est
d'élaborer différents scénarios, des plans d'urgence ainsi que de
clarifier la possibilité d'obtenir un accès prioritaire au gaz pour
des acteurs essentiels de l'alimentaire dans l'éventualité d'une
pénurie en Europe.
Dans le cas où le gaz ne serait pas suffisant, il faudrait remplacer
le combustible des chaudières par du fioul ou du gaz liquide lorsque
cela est possible, ou bien ralentir, voire stopper complètement
l'installation. «En plus des difficultés de production et
d'approvisionnement, ce scénario impliquerait des effets indirects
négatifs, dans la mesure où une quantité moindre de lait pourrait
être réceptionnée et traitée», explique-t-il.
«Nos processus de production d'aliments en poudre à partir de lait
ou d'alternatives au lait implique des températures de plus de 200
degrés, qui sont impossibles à réduire pour des raisons de qualité
et de sécurité du produit», indique de son côté une porte-parole
du fabricant d'aliments pour bébé Hochdorf.
«Dans le cas d'un rationnement de l'énergie, nous avons différentes
possibilités pour bifurquer de manière transitoire à des sources
alternatives en ce qui concerne le gaz. Mais pour l'électricité,
cela sera plus compliqué, car nous en avons besoin tout au long de
notre chaîne de production", explique la porte-parole. "Selon
le scénario, on peut s'attendre à des capacités réduites et des
interruptions de production pour les laits pour bébés et les
poudres de lait.»
Quant aux chips Zweifel, différentes mesures d'économies
d'électricité et de scénarios de production sont actuellement à
l'étude pour continuer à produire dans le cas d'une pénurie. La
situation actuelle, qualifiée «d'exceptionnelle», également au
niveau des coûts, est un «défi» pour l'entreprise, relève une
porte-parole.
Marges sous pression
La Fial plaide pour une priorité à donner en matière
d'approvisionnement énergétique au secteur alimentaire. A la
question de savoir si des différences doivent être faites selon les
produits, qui sont plus ou moins essentiels, la faîtière répond
que cela n'est pas de son ressort.
«Ce qui est important, c'est de maintenir les rayons des détaillants
bien remplis. S'il y a des problèmes importants d'approvisionnement
quelque part et des rayons vides, même seulement pour des produits
perçus comme non essentiels, cela aurait une influence psychologique
négative sur les comportements d'achat, avec la constitution de
provisions dans divers segments.
Cela n'est pas souhaitable, car une situation de pénurie qui
n'existait pas auparavant pourrait très bien se créer du jour au
lendemain», avertit M. Hirt.
Les acteurs de l'alimentaire risquent de ne pas être en mesure
d'absorber la forte hausse des coûts en réduisant les marges. «En
général, les marges dans la fabrication de produits alimentaires
sont plutôt faibles et ne suffiront certainement pas à absorber la
hausse globale des coûts», relève M. Hirt.
«La hausse des prix de l'énergie a fortement pesé sur notre
performance semestrielle», confirme à AWP la porte-parole de
Hochdorf. «Par rapport au premier semestre 2021, le gaz a renchéri
de 54% et l'électricité a enflé entre 307% et 215% selon les
endroits. Nous sommes actuellement en discussion avec nos clients
pour voir comment répercuter ces coûts», explique-t-elle.
Du côté d'Emmi, la hausse des prix de l'énergie vient s'ajouter
aux coûts «massivement plus élevés» pour les achats et la
logistique, ce qui «renforce la pression sur les marges dans le
marché très compétitif des produits laitiers».
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS).
Complément
On lira sur France
info, «Crise énergétique : les craintes de la Suisse» sont
assez paradoxales malgré 80% de l’électricité consommée qui
provient d’énergies renouvelables, cet hiver cela ne suffira pas
...