dimanche 11 septembre 2022

Belgique : La survie de 4 entreprises alimentaires sur 10 est en jeu. Même problèmatique en France !

«Les crises successives mettent en péril la survie de 4 entreprises alimentaires sur 10», source FEVIA (Fédération de l'industrie alimentaire belge) du 7 septembre 2022.

Deux entreprises alimentaires belges sur trois ont lancé leurs fusées de détresse financière ces derniers mois et 4 sur 10 risquent même de sombrer en cas de nouveau coup dur économique. Telles sont les conclusions inquiétantes d’une étude sur la résistance aux chocs que la fédération du secteur Fevia a commandée à Graydon. Bart Buysse, président de Fevia, appelle donc les responsables politiques et les partenaires de la chaîne à agir maintenant face à la gravité de la situation : «La combinaison de coûts historiquement élevés pour les matières premières, l’énergie et les salaires devient intenable pour nos entreprises, surtout si elles ne peuvent pas les répercuter sur leurs clients, principalement les supermarchés. Nos entreprises fournissent des emplois et des investissements dans notre pays depuis des années, mais aujourd’hui, elles ont besoin d’un soutien et de solutions concrètes. Nous le signalons depuis des mois. L’heure est grave. Ne pas agir maintenant c’est de la non-assistance à personne en danger !»

En bonne santé avant la crise du COVID, aujourd’hui en danger
Avec le score de résistance aux chocs, Graydon calcule la mesure dans laquelle une entreprise peut absorber un ou plusieurs chocs. Pour le secteur des boissons et des aliments, il apparaît que 87% des entreprises étaient en très bonne santé avant la crise du COVID. Aujourd’hui, 66% des entreprises alimentaires belges ne sont pas suffisamment résistantes aux chocs.

Pour 40% des entreprises, la situation est aujourd’hui carrément précaire. L’impact de la guerre en Ukraine et le cumul d’explosions des coûts des matières premières, de l’énergie et des salaires n’y sont bien sûr pas étrangers. Le manque de réserves – épuisées par les crises successives – pourrait faire sombrer ces entreprises en cas de nouveau choc. Comme 97% des entreprises alimentaires belges sont des PME (avec moins de 100 employés), ce sont elles qui sont le plus exposées.

L’explosion des coûts est intenable pour les entreprises alimentaires
L’étude de Graydon montre clairement que les entreprises alimentaires n’ont pas encore totalement digéré les conséquences négatives de la crise du COVID. D’un côté, la part des entreprises alimentaires belges ayant un score de résistance aux chocs alarmant a diminué grâce aux mesures de soutien corona. D’un autre, beaucoup de ces entreprises sont restées dans la zone de danger, entre autres à cause de l’impact du variant Omicron.
Entre-temps, presque tous les coûts ont atteint des sommets sans précédent. La comparaison de l’évolution des prix sur la période de janvier à août 2022 avec les mêmes périodes en 2021 et 2020 – au cours desquelles nos entreprises étaient déjà confrontées à des pénuries et à de fortes hausses de prix – montre que la situation risque de devenir intenable pour de nombreuses entreprises alimentaires :
Par ailleurs, une enquête auprès des membres de Fevia montre qu’à peine la moitié des entreprises alimentaires a obtenu une augmentation des prix de la part des supermarchés en 2022. De plus, dans la plupart des cas, elle représentait moins de la moitié de l’augmentation des coûts. Les membres de Fevia s’inquiètent aussi des marges infimes qu’il leur reste pour investir et innover. Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit même d’une pure question de survie.

En outre, une indexation des salaires de plus de 10%, prévue en janvier 2023, attend encore les entreprises alimentaires belges. Cela risque de les rendre moins compétitives, car les augmentations de salaires dans les pays voisins, vers lesquels notre pays exporte traditionnellement beaucoup, sont beaucoup plus faibles. Avec la lasagne fiscale en Belgique, cela encourage aussi de plus en plus les achats transfrontaliers.

Pour information, selon ce site, «Les ‘lasagnes fiscales’ belges poussent les consommateurs à l’étranger» près de 4 Belges sur 10 achètent des boissons moins chères au-delà des frontières. Il s’agit donc d’une ‘lasagne de taxes’ qui touche l’alimentation et les boissons, et qui explique pour partie l’exode physique du consommateur à l’étranger.
Même écho du côté français avec l’ANIA (Association nationale des industries alimentaires) avec ce communiqué du 30 août 2022, «Disponibilité et flambée des prix – demain des rayons vides si la production alimentaire n’est pas préservée coûte que coûte».

Le contexte est connu de tous : perspective d’ici cet hiver d’une coupure totale du gaz russe qui impliquerait un rationnement d’énergie et des coupures de courant auxquels s’ajoute une explosion des prix. L’ANIA tire la sonnette d’alarme. Aujourd’hui, les entreprises alimentaires sont très inquiètes pour le maintien de leur production. Une problématique énergétique qui vient fragiliser encore davantage un secteur agroalimentaire pris en étau entre la nécessité d’une juste rémunération des agriculteurs et la guerre des prix incessante que se mènent les distributeurs.

«Comment répondre à l’angoisse d’un patron de PME qui, en 2021 payait 2,5 millions d’euros au titre de l’énergie, qui en paye… 6,5 millions en 2022 et qui en payera… 14 millions en 2023 ? Quelles réponses lui apporter ? A aujourd’hui nous n’en avons pas…»
Jean-Philippe André, Président de l’ANIA.

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