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samedi 11 avril 2020

Le risque de E. coli dans les systèmes hydroponiques et aquaponiques est peut être plus élevé qu'on ne le pensait


Ça commence souvent comme ça, un ‘post’ sur Promed , liste de messages sur les maladies infectieuses émergentes, un peu comme ces cas inexpliqués de pneumonie à Wuhan (Chine), ‘post’ sur Promed du 30 décembre 2019, la suite, on la connaît ... un peu …

Donc, un ‘post’ sur Promed du 10 avril 2020 attire notre attention sur les « risques potentiels causés par E. coli les systèmes hydroponiques et aquaponiques. »

« Le risque de E. coli dans les systèmes hydroponiques et aquaponiques est peut être plus élevé qu'on ne le pensait », source communiqué de Perdue University du 6 avril 2020.

J’avais parlé des cultures hydroponiques dans un article sur les « Etats-Unis : Quand l'industrie du bio se voit menacer par les cultures hydroponiques et aquaponiques ».

Mais là il s’agit d’un tout autre problème, E. coli signalé ici n’est autre que E. coli producteurs de shigatoxines (STEC), un agent pathogène alimentaire, jugez plutôt ...

Au cours des dernières années, une série de cas de maladie d'origine alimentaire dans les légumes verts à feuilles et d’autres produits a rendu malades des consommateurs et perturbé les producteurs et les chaînes d'approvisionnement. On pensait que les systèmes hydroponiques et aquaponiques pourraient réduire ces problèmes, car il existe peu de possibilités pour des agents pathogènes comme E. coli de contaminer les parties comestibles des plantes.

Une étude de l'Université Purdue a, cependant, retrouvé la présence de E. coli producteurs de shigatoxines (STEC), les mêmes bactéries qui ont rendu les consommateurs de plusieurs produits alimentaires malades, dans des systèmes de culture hydroponiques et aquaponiques.
Hye-Ji Kim, professeur adjoint d'horticulture et auteur correspondant de l'étude, a dit que les résultats suggèrent que les producteurs utilisant ces systèmes devraient être prudents dans la manipulation et la récolte pour éviter la contamination.

« Beaucoup de personnes pensent qu'il n'y a aucune chance que E. coli soit présent dans ces systèmes et que le risque de contamination est faible », a expliqué Kim, dont les résultats ont été publiés dans la revue Horticulturae, « The Occurrence of Shiga Toxin-Producing E. coli in Aquaponic and Hydroponic Systems ». « Nos résultats suggèrent qu'il existe un potentiel de problèmes de sécurité des aliments. Nous ne disons pas que ces aliments sont dangereux, mais qu'il est important de manipuler ces végétaux correctement et soigneusement. »

Les foyers de cas à E. coli qui se sont produites ces dernières années ont tendance à se produire dans les légumes verts à feuilles et d’autres légumes cultivés dans des champs irrigués. Les sources potentielles pourraient provenir de E. coli présents dans le fumier ou les eaux souterraines qui atteignent les parties comestibles des plantes ou des contaminants qui atteignent les plantes après les dommages racinaires causés par les animaux sauvages.

Les partisans des systèmes hydroponiques et aquaponiques suggèrent que leurs méthodes de culture réduiraient ou élimineraient tout risque de contamination.

Les deux systèmes hors-sol, les plantes hydroponiques sont cultivées dans de l'eau et des engrais chimiques ou des solutions nutritives, et les systèmes aquaponiques incluent l'élevage de poissons, les eaux usées de poissons étant utilisées comme eau et source de nutriments pour les plantes.

Kim, Yi-Ju Wang, étudiante diplômée au laboratoire de Kim, et d’Amanda Deering, professeur en science des aliments à Purdue, ont mis en place des systèmes hydroponiques et aquaponiques pour la culture de laitues, tomates et basilic pendant environ deux mois.

Les scientifiques ont retrouvé E. coli dans les deux systèmes au moment de la récolte.

Dans le système aquaponique, les auteurs pensent que E. coli a été introduite par le poisson. La bactérie a été retrouvée dans l'eau, sur les racines des plantes et dans les excréments des poissons.

« Notre système d'aquaculture séparé a confirmé que les fecès de poisson étaient une source majeure de contamination par les STEC dans le système aquaponique », ont écrit les auteurs. « Ces résultats indiquent que l'introduction de poissons contaminés peut être une source de pathogènes d'origine alimentaire en aquaponie. »

La présence de E. coli dans le système hydroponique, dans lequel aucun poisson n'était utilisé, suggère que la bactérie a été introduite accidentellement. Kim pense qu'il pourrait avoir éclaboussé d'un système aquaponique à proximité ou avoir été introduit par un visiteur qui l'a amené de l'extérieur de la serre. De toute façon, la présence dans le système suggère que la contamination accidentelle est un risque réel.

E. coli a également été retrouvé sur les racines des plantes dans les deux systèmes, mais les bactéries ne se sont pas internalisées dans les plantes. En d'autres termes, même avec les bactéries présentes dans l'eau et sur les racines, les parties comestibles des végétaux étaient toujours sûres à consommer.

La clé, dit Kim, est une manipulation appropriée pour garantir que E. coli ou d'autres agents pathogènes ne parviennent pas aux parties comestibles des plantes. Les racines endommagées permettraient aux bactéries de pénétrer dans les plantes, ce qui pourrait en faire des parties comestibles à l'intérieur. Et les éclaboussures d'eau pendant la croissance ou la récolte pourraient introduire des bactéries dans les parties comestibles des plantes.

« La meilleure façon de gérer ces problèmes est de ne pas toucher les racines ou l'eau pendant les cycles de production. Si vous le faites, vous devez vous laver soigneusement les mains avant de toucher les parties comestibles des plantes », a déclaré Kim. « Une bonne désinfection de l'équipement est également importante. Et acquérir du poisson qui ne contient pas de E. coli serait également bénéfique. »

Le laboratoire de Kim continue d'étudier les risques pour la sécurité sanitaire des aliments dans les systèmes hydroponiques et aquaponiques. Les projets comprennent l'endommagement des racines et la simulation d'éclaboussures pour comprendre l'ampleur de la contamination.

Le Département de l'agriculture de l'État de l'Indiana, le National Institute of Food and Agriculture de l’USDA et le Purdue University College of Agriculture ont financé cette recherche.

Légende de l’image : On pense que les systèmes de culture aquaponiques et hydroponiques ont peu de risques de contenir des bactéries qui peuvent rendre malades les consommateurs. Après avoir retrouvé E. coli dans les deux types de systèmes, Hye-Ji Kim suggère aux producteurs de faire preuve de prudence pour ne pas introduire la bactérie dans leurs opérations. (Agricultural Communication photo/Tom Campbell)

NB : Sur votre moteur de recherche préféré, vous trouverez aisément des articles soulignant l’intérêt des excréments de poissons pour faire pousser des salades … Mon Dieu, pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ...

lundi 19 août 2019

Quand Pseudomonas met au chômage technique une centaine de salariés


Le 17 avril 2019, on apprenait par Le Dauphiné Libéré qu’à « Brides-les-Bains : une bactérie perturbe l’activité des thermes ».

En raison de la persistance de la présence de bactéries pseudomonas révélée par les analyses reçues en cette fin de journée, l’Agence Régionale de Santé nous contraint de fermer le bâtiment thermal de Brides-les-Bains, alimenté par la source Laissus pour tous les soins des cures thermales conventionnées. 

Cette fermeture sera effective dès demain matin 19 avril 2019 à 7 h et pour une durée indéterminée, jusqu’à autorisation de réouverture par l’Agence Régionale de Santé.
Le 3 mai 2019, suite à une contamination aux « Thermes de Brides-les-Bains : une centaine de salariés au chômage technique ».

Le 7 mai 2019, « Brides-les-Bains (Savoie) : la contamination bactérienne persiste, les thermes restent fermés ».

Le 23 juillet 2019, « Brides-les-Bains (Savoie) : les dernières bactéries résistent, les cures annulées au moins jusqu'au 8 août ».

18 août 2019, Le Figaro.fr rapporte que « Les thermes et la ville de Brides-les-Bains contraints à la diète par des bactéries ».
Branle-bas de combat à Brides-les-Bains. Commerçants, restaurateurs et hôteliers de cette station thermale tirent la sonnette d’alarme. Le 19 avril, un arrêté préfectoral a interdit l’eau thermale pour les soins conventionnés, à cause de la présence de bactéries pseudomonas. Une catastrophe pour la petite commune de Savoie, qui accueille 12.000 curistes par an. 80 % de l’activité des thermes provient en effet de cures remboursées par la Sécurité sociale, pour soigner le surpoids et les rhumatismes. Or les thermes ne rouvriront pas avant mars prochain.

La direction a tardé à prévenir les curistes et les a même incités à annuler leur réservation de logement (autre source de revenu dans la ville). « La gestion de crise est catastrophique », déplore Martine Chedal, propriétaire de deux hôtels et membre du collectif SOS Acteurs économiques Brides-les-Bains. « En 2003, la présence de légionellose avait été réglée en un mois. Cet été, les touristes ont permis de sauver les meubles. En mai et juin, l’activité avait chuté de 80 %.»
On indique que « le changement des canalisations et du réservoir en amont des bâtiments thermaux », souhaitons que la conception hygiénique des équipements sera effective cette fois-ci …

La formation de biofilm de Pseudomonas dans des tuyauteries semble être à l’origine de la contamination, puis de son relargage dans l'eau des thermes … un classique hélas …

vendredi 8 février 2019

Etats-Unis : Quand l'industrie du bio se voit menacer par les cultures hydroponiques et aquaponiques

Dans un article du Figaro du 18 janvier 2019, Paul Ariès : « Le véganisme est le cheval de Troie des biotechnologies alimentaires », il était rapporté ce qui suit … et bien entendu, l'interview est à lire en intégralité ...
Le véganisme est le cache-sexe du courant dit de la libération animale ou de l'égalité animale. Ces fantasmes végans sont d'autant plus en phase avec notre modernité que nous avons largement perdu tout contact avec la nature, c'est pourquoi la pensée végane est d'abord une pensée urbaine, et qu'ils coïncident aussi avec les stratégies alimentaires des grands groupes économiques. Les végans sont les idiots utiles des fausses viandes, des faux fromages, des faux laits qui vont bientôt envahir nos étals, avec, par exemple, de la fausse viande réalisée à partir de cellules-souches. Un consortium fort de 2,2 billions de dollars entend imposer avec Jérémy Coller ces «fausses viandes». Tout est prêt: les brevets, les capitaux, l'acceptabilité, on calcule déjà le retour sur investissement! Si l'idéologie végane n'existait pas, le secteur de l'industrie agro-alimentaire devrait l'inventer.
C'est dans ce contexte que voici qu'aux Etats-Unis, « L'industrie du bio n'approuve pas chaleureusement les producteurs hydroponiques et aquaponiques », source article de Dan Flynn paru le 8 février dans Food Safety News.

L'hydroponie ou culture hydroponique est une agriculture hors-sol. L'aquaponique associe l'élevage de poissons et la culture de plantes en circuit (presque) fermé. 

Certains produits frais provenant de producteurs hydroponiques ont été approuvés et sont vendus sous le label bio de l’USDA, mais les agriculteurs qui cultivent leurs cultures bio dans le sol n’aiment pas la concurrence.

Il y a deux semaines, le litigieux Center for Food Safety (CFS) a déposé une requête en faveur de l’élaboration de règles auprès du ministère américain de l’agriculture (USDA), exigeant de nouvelles réglementations interdisant la certification bio à la production issue de l’agriculture hydroponique. La pétition de 22 pages demande également à l'USDA de révoquer toute certification bio existante précédemment délivrée aux exploitations hydroponiques.

La sécurité des aliments ne joue aucun rôle dans la pétition. La culture hydroponique n’a pas de sol, elle est donc un peu embarrassée car elle ne fournit pas d’échantillons de sol comme mesure de la conformité aux analyses. Le CSF souligne que la réglementation issue de l'Organic Foods Production Act (OFPA) de 1990 « suggèrent systématiquement des échantillons de sol comme mesure de vérification de la conformité ».

Les agents qui examinent les opérations dans le cadre du processus de certification bio de l’USDA « doivent effectuer des tests périodiques de résidus de produits agricoles », avec des échantillons de sol comme méthode d'analyse, indique la pétition de CFS. « De nombreux systèmes hydroponiques ne contiendraient pas de sol pour l'échantillonnage, comme le suggère la règlements de l'OFPA. »

Les producteurs hydroponiques, aquaponiques et aéroponiques peuvent actuellement obtenir une certification bio. L'USDA l'autorise dans la mesure où le certificateur peut démontrer qu'il est conforme à la norme bio. Un fournisseur de l'industrie dit que la culture hydroponique, par définition, est une méthode de culture de plantes dans une solution riche en nutriments à base d'eau qui n'utilise pas de sol. A la place, les racines de plantes se nourrissent d'une solution nutritive avec accès à l'oxygène.

Il y a un an, l'Agriculture Marketing Service (AMS) de l'USDA avait tenté de résoudre certains problèmes liés à la certification biologique des activités de la culture hydroponique et aéroponique. L’action de l’AMS intervient après que le National Organic Standards Board (NOSB) de l’USDA ait recommandé que l’on interdise aux systèmes autres que les sols de s'appeler production biologique. L'USDA a brièvement réfléchi à cette question avant de dire « merci, mais pas merci » au NOSB pour la recommandation.

L'aquaponique se réfère à la culture de graines dans un système avec des poissons d'élevage qui fournissent des nutriments pour les plantes. Les producteurs de serre et les agriculteurs urbains utilisant des systèmes de culture verticale utilisent des méthodes hydroponiques et aéroponiques, le tout sans sol. Le secteur de l’agriculture bio fait l’objet de débats autour de ces méthodes hydroponiques depuis près d’une décennie.

Le CFS souhaite une interdiction totale des activités hydroponiques d’être autorisées à utiliser le label bio de l’USDA. Il affirme que les systèmes de production hydroponiques qui n'utilisent pas de sol ne respectent pas les normes biologiques fédérales et violent les pratiques biologiques, qui exigent que l'agriculture biologique comprenne l'amélioration des sols et la conservation de la biodiversité.

Plus d'une douzaine d'autres agriculteurs, consommateurs, distributeirs et organismes de certification biologiques, dont l'Organic Farmers Association, la Northeast Organic Dairy Producers Alliance (NODPA), PCC Community Markets et le Cornucopia Institute se sont joints à la pétition.

« Décrire les opérations méga-hydroponiques comme 'biologiques' est contraire au texte et aux principes de base de la norme biologique. Nous sommes actuellement aux prises avec une bataille acharnée pour l'avenir de l'agriculture biologique. Nous sommes aux côtés des agriculteurs et des consommateurs de produits biologiques qui estiment que l'étiquette doit conserver son intégrité », a déclaré George Kimbrell, directeur juridique du CFS.

Les pétitionnaires affirment que les consommateurs font confiance au label biologique et paient un supplément pour l'assurance qu'il indique un moyen plus sain et plus écologique de produire les aliments qu'ils achètent.

Depuis que le label fédéral Certified Organic a été introduit il y a plus de 20 ans, le CFS affirme que le marché des aliments biologiques a connu une croissance exponentielle et qu'il s'agit désormais d'une industrie de 60 milliards de dollars dans laquelle des sociétés multinationales ont acheté des marques biologiques et sont en concurrence avec de petits producteurs d'aliments qui utilisent des méthodes respectueuses de l'environnement. .

« Permettre aux systèmes hydroponiques d'être certifiés bio compromet les moyens de subsistance des agriculteurs biologiques qui s'efforcent de préserver un sol sain comme fondement de leurs exploitations », a déclaré Kate Mendenhall de l'Organic Farmers Association. « Les producteurs hydroponiques bénéficiant du label bio sans rien faire pour le sol portent atteinte à la norme et mettent tous les agriculteurs biologiques basés sur le sol dans un désavantage économique insoutenable. »

La pétition affirme que l’agriculture biologique a traditionnellement été définie comme s’appuyant sur les exigences du sol, telles que l’amélioration de la fertilité du sol, l’amélioration de la qualité du sol et l’utilisation de méthodes agricoles respectueuses de l’environnement, telles que le travail du sol et la rotation des cultures.

L’USDA continue d’autoriser les cultures hydroponiques, ce qui va à l’encontre de la recommandation de l’avis consultatif du NOSB selon laquelle la certification bio ne devrait pas être étendue aux méthodes de culture hors sol.

Le Canada et le Mexique interdisent la culture hydroponique pour les produits bio et le Parlement européen a voté en faveur de la suppression de la certification bio des produits hydroponiques en avril 2018.

« Les lobbyistes du secteur agroalimentaire travaillent depuis des décennies pour assouplir les normes du bio », a déclaré Mark Kastel, directeur exécutif du Cornucopia Institute. « Dans ce cas, la gestion prudente de la fertilité des sols est non seulement un précepte philosophique, mais aussi codifié dans le droit fédéral. »
Et bien que le CFS réussisse souvent avec ses stratégies juridiques, la pétition actuelle à l'USDA pourrait ne pas aller très loin. Jennifer Tucker, l'administrateur adjoint du National Organic Program de l'USDA, a récemment déclaré que la certification bio des activités hydroponiques était « une question résolue ».

« L’année dernière, nous avons publié un bulletin d’information (newsletter électronique) qui indiquait que la culture hydroponique était autorisée depuis le début du programme et qu’elle a été toujours autorisée », a déclaré Tucker. « Nous considérons que c'est un problème réglé. »

The Packer, la publication du secteur des produits de base, fruits et légumes, a rendu compte des commentaires de Tucker lors de la Global Organic Produce Expo 2019.

« Il existe certains certificateurs qui certifient la culture hydroponique, et d'autres non. ils sont tous liés par un ensemble de réglementations communes », a ajouté Tucker.