samedi 15 décembre 2018

ECDC : En moyenne de 100 foyers de cas par semaine en 2017, mais n'est-ce pas seulement la pointe émergée de l’iceberg ?


« ECDC : En moyenne de 100 foyers de cas par semaine en 2017 », source article de Joe Whitworth paru le 15 décembre 2018 dans Food Safety News.

Certes, il y a eu sans « en moyenne de 100 foyers de cas par semaine en 2017 » dans l’UE, selon l’ECDC, mais il faudra prendre avec recul ces données diffusées, car, si l’on en croit cette publication, la déclaration des toxi-infections alimentaires collectives ou TIAC (foodborne and waterborne outbreaks en anglais) représenterait la partie émergée de l’iceberg :
C’est un fait, les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) souffrent d’une importante sous-déclaration, en France comme dans d’autres pays : on estime ainsi que moins d’une TIAC sur cinq, voire sur dix, serait effectivement déclarée.
Voir aussi ce lien.
ooOOoo
Nombre de foyers de TIAC par agent causal, 2010-2017. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Selon le rapport de 2017 sur les zoonoses, il y aurait en moyenne 100 foyers de cas d'origine alimentaire et hydrique par semaine en Europe.
Le rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a également révélé que l'agent pathogène était inconnu dans 37,6% des foyers.

Au total, 5 079 foyers de cas d'origine alimentaire ou hydrique ont été rapportées, soit 372 de moins qu'en 2016. Ces incidents concernaient 43 400 cas (13 519 de moins qu'en 2016), 4 541 hospitalisations (119 de plus) et 33 décès (un de plus).

La France a notifié le plus grand nombre de 1 378 toxi-infections alimentaires collectives et représentait plus du quart de ceux déclarés en 2017 dans l'UE. (On attend d’un jour à l’autre les données relatives aux toxi-infections alimentaires collectives déclarées en France en 2017).


Les ‘repas familiaux’ étaient le lieu d’exposition des cas aux aliments contaminés le plus fréquemment et un foyer sur trois s’est déclaré dans ce contexte.

Par rapport à 2016, une diminution (100 foyers de cas de moins) a été observée dans les incidents dus au norovirus et à Campylobacter (79 foyers de moins), tandis qu'une augmentation a été observée pour l'histamine (plus de 22 foyers). L’Allemagne a signalé pour la première fois depuis le début de la déclaration un foyer de cas du à l’hépatite E.
L'analyse de 643 foyers avec des preuves solides (12,7% du total) a révélé que 60% étaient associées à des aliments d'origine animale ; De la ‘viande et des produits à base de viande’ étaient le groupe d’aliments le plus fréquemment impliqué, 121 foyers, suivi de ‘Poisson et produits de la mer’, 106 foyers, ‘Œufs  et ovoproduits’, 105 foyers et ‘Lait et produits laitiers’, 49 foyers.

Des foyers importants (> 100 cas) ou très grands (> 200 cas) se sont produites en Allemagne, Belgique, Estonie, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni et Suède. Principalement causé par le norovirus (10 foyers), suivi de Salmonella (quatre), Clostridium perfringens (trois), Bacillus cereus, toxines de Staphylococcus aureus et de Shigella flexneri (un chacun).

Distribution des preuves solides et des preuves faibles des foyers de cas d’origine alimentaire et hydrique par agent causal, UE, 2017. Cliquez pour agrandir.
Mike Catchpole, scientifique en chef de l’ECDC, a dit que la légère baisse était la bienvenue mais que de nombreux défis s’annoncent.

« La baisse du nombre de foyers doit être saluée, mais nous avons tout de même enregistré une moyenne de 100 foyers de cas  d'origine alimentaire et hydrique par semaine en 2017, dont certaines ont touché plusieurs pays. La tendance à la hausse de la listériose, qui continue de causer des décès chez les groupes vulnérables, doit être inversée. »

Foyers de cas à Campylobacter
Campylobacter a été identifiée dans 33 foyers d'origine alimentaire et  hydrique présentant 36% des preuves solides et 362 de preuves faibles, touchant 1 445 personnes, dont 207 hospitalisées et un décès.

L'Allemagne (147 foyers avec 552 cas) a enregistré le plus grand nombre de foyers de cas d'origine alimentaire ayant des preuves solides ou faibles, suivies de la Slovaquie (117 foyers avec 133 cas) et d'un décès après hospitalisation et de la France (40 foyers avec 207 cas).

Les foyers de cas les plus probants causés par Campylobacter spp. proviennent du lait et de la viande de poulet, avec respectivement 18 et 8 des 33 foyers de cas  ayant des preuves solides.

En Suède, un foyer épidémique à Campylobacter, de 2016 à la mi-juin 2017, a presque doublé le nombre de cas dans le pays par rapport aux années précédentes. Il était lié à une augmentation du pathogène dans un abattoir local de poulets de chair.

Salmonella en tête
Salmonella a été la principale cause de toxi-infections alimentaires d'origine alimentaire causée par Salmonella Enteritidis, causant une TIAC sur sept. La Pologne et la Slovaquie ont représenté 63,3% de tous les foyers de cas causés par ce sérovar. Les 1 241 toxi-infections alimentaires à Salmonella ont représenté 24,4% du total.

La salmonellose a eu l'impact le plus important avec 9 600 (22,1%) de tous les cas épidémiques, 49% des hospitalisations et 33,3% des décès. La présence de salmonelles dans ‘Œufs et ovoproduits’ est à l’origine du plus grand nombre de foyers ayant des preuves solides (99 foyers). Salmonella dans les œufs et les ovoproduits ainsi que dans la viande et les produits à base de viande constituait le couple agent pathogène/aliment le plus à risque.

Listeria et STEC
Listeria monocytogenes a été identifiée dans 10 foyers de cas d'origine alimentaire touchant 39 personnes dans six États membres.
L'Autriche (deux cas), le Danemark et la Suède (un cas chacun) ont signalé que quatre des dix foyers avaient des preuves solides. Les aliments impliqués étaient ‘fromages’, ‘poissons et produits à base de poisson’ et ‘viande et produits à base de viande’ et ‘légumes, jus et autres produits dérivés’. Le Danemark a signalé trois foyers avec des preuves faibles et l'Allemagne, l'Irlande et l'Italie en ont eu chacun un.

Les STEC ont été identifiés dans 48 foyers de cas d'origine alimentaire touchant 206 personnes dans 11 Etats membres.
Neuf foyers notifiés par sept États membres ont été signalés avec des preuves solides sur le véhicule alimentaire incriminé, quatre pour de la viande bovine et des produits de viande et deux du lait.

Brucella a été identifié lors d'un foyer en Allemagne. Shigella a été signalé par huit États membres dans 22 foyers, dont S. flexneri (11 foyers) et S. sonnei (six foyers). Neuf foyers de cas étaient associées à une infection à E. coli pathogène, notamment E. coli entéroagrégatifs (EAEC), E. coli entérotoxigéniques (ETEC), E. coli entéroinvasifs (EIEC), E. coli entéropathogène (EPEC), signalées par cinq Etats membres. Yersinia a été identifié dans 12 foyers, dont 11 causés par Y. enterocolitica, dont un grand foyer impliquant 80 patients au Danemark.

Des foyers liés à des toxines bactériennes ont été signalés par 20 États membres et associées à des toxines de Clostridium perfringens, Staphylococcus et Bacillus cereus. Des foyers d'hépatite A ont augmenté de façon remarquable en 2017, passant de 17 en 2016 à 90 foyers de cas. Cela est principalement dû aux déclarations de la Pologne (augmentation de 99,4%, 64 foyers de plus par rapport à 2016).

Les foyers liés à des parasites étaient stables en 2017 par rapport aux années précédentes. La Roumanie a enregistré une forte augmentation du nombre de cas de trichinellose (111 cas en 2017 contre quatre en 2016) en raison d'un foyer impliquant 109 cas. Les foyers causés par des biotoxines marines, notamment la ciguatoxine, ont également augmenté de 42% par rapport à 2016, principalement en raison d'un nombre plus élevé de cas signalés par la France.
ooOOoo
Concernant les foyers causés par des biotoxines marines, on se réveille en France, comme en témoigne cette note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/2018-895) du 10 décembre 2018 sur la « Mise en œuvre technique et financière du dispositif de surveillance sanitaire microbiologique et phycotoxinique des zones de production de coquillages (REMI et REPHYTOX). »

Pour les foyers de cas à norovirus liés aux coquillages (mollusques bivalves) de France, on attendra encore un peu, mais il y a eu tout de même 53 alertes notifiées au RASFF de l’UE …

Un rappel perdu dans l’incroyable nombre d’avis de rappel en France en 2018


Voici un avis de rappel totalement ignoré de nos autorités sanitaires, il faut les excuser, ce n’est que le 322e avis de rappel de produits alimentaires diffusé en France au 15 décembre 2018, versus 192 pour l’année 2017 … raison de plus de faire de la pub pour cet énième rappel ...

En effet selon le site Oulah!, toujours aussi bien informé, ce 322e avis de rappel (un record !) concerne du « Lait demi-écrémé brique 1L de marque LAIT D’ICI ».

On repassera donc pour la transparence des informations de la part de nos autorités sanitaires, dont on nous rabat les oreilles en permanence, et dont on nous promet chaque jour de nouveaux lendemains, quelle duperie !

De quoi s’agit-il ici dans ce rappel de briques de lait UHT, « Présence de résidus de produits de nettoyage dans certaines briques de lait. »

Le nettoyage des installation UHT est réalisé par un équipement de nettoyage en place (NEP) est conçu pour contrôler les paramètres de nettoyage clés. Ces paramètres comprennent la température, le débit, la concentration en détergent, ainsi que le temps de contact entre les surfaces à nettoyer et les solutions de NEP (soude et acide). Cet équipement de nettoyage est fait pour optimiser le temps de production tout en minimisant la consommation de détergent. En effet selon cet article, le NEP peut « conduire à des durées de non-productivité élevées (jusqu'à 5 h / jour) et génère une part importante des effluents rejetés en station (50 à 95% en volume). »
Le NEP est donc là en principe pour éviter aussi les risques potentiels relatifs à la sécurité des aliments, il est réalisé après un certain temps de production afin d’éviter un encrassement de l’installation.

Autres questions,
  • La surveillance et la maîtrise du NEP a-t-elle été prise en défaut ?
  • La station de nettoyage en place a-t-elle fait l’objet d’une validation récente ?
On vous demande donc de « Ne pas consommer et rapporter au point de vente. »

Agrément sanitaire : FR44-025-001 CE

Code-barres :
- Brique 1L : 3 49608 021 013 7
- Pack x6 1L : 3 49608 021 019 9

Lot 18312

DDM et dénomination
- 08/03/2019 suivie de la lettre G
- 2ème ligne commençant par 3C ou 4D
- Heure comprise entre 08h40 et 11h54

Vente : Métro et Systeme U

Contact service consommateurs
Tél. 04 58 02 02 44 (Coût d’un appel local, appel non surtaxé)
Du lundi au vendredi de 9h à 19h et le samedi de 9h à 12h

Source : Société CSA

Le distributeur Metro, malgré ses engagements qualité, n’a pas diffusé de communiqué de rappel sur son site Internet, quant Système U, cela fait belle lurette qu’il n’informe pas sur les rappels, étonnant, non ?

vendredi 14 décembre 2018

Listériose : Rapport annuel épidémiologique 2016 dans l'UE


« Listériose Rapport épidémiologique annuel 2016. », source ECDC du 14 décembre 2018.

Faits marquants
  • En 2016, 30 pays ont signalé 2 555 cas confirmés de listériose dans l'UE/EEE.
  • Le taux de notification UE/EEE était de 0,47 cas pour 100 000 habitants.
  • Les taux les plus élevés ont été détectés chez les nourrissons de moins d'un an et chez les personnes âgées de plus de 64 ans (respectivement 1,3 et 1,6 cas pour 100 000 habitants).
  • Le taux de notification de la listériose dans l'UE/EEE montre une tendance à la hausse.
Epidémiologie
En 2016, 2 555 cas confirmés de listériose ont été déclarés par 30 pays de l'UE/EEE, avec un taux de notification global de 0,47 pour 100 000 habitants. L'Allemagne et la France ont enregistré le nombre le plus élevé de cas déclarés (697 et 375 respectivement), ce qui correspond à 42,0% de tous les cas signalés dans l'UE/EEE. Les taux d'incidence les plus élevés ont été observés en Belgique et en Finlande (1,07 pour chacun des deux pays).
 Discussion
La listériose est une maladie relativement peu courante, mais provoque généralement une forte proportion de cas graves et de décès parmi les populations sensibles. La surveillance de la listériose par l'UE/EEE est axée sur ces formes invasives sévères où les groupes à risque sont principalement des personnes âgées et des personnes immunodéprimées, ainsi que des femmes enceintes et des nourrissons. La notification des cas de listériose chez l'homme est obligatoire dans la grande majorité des États membres de l'UE/EEE. La listériose peut également se manifester sous des formes plus bénignes, provoquant des symptômes gastro-intestinaux, mais ces cas ne sont généralement pas notifiés au niveau national et ne relèvent pas non plus du champ de la surveillance au niveau de l'UE/EEE. 
En 2016, la majorité des cas de listériose dans l'UE/EEE a été rapporté chez des personnes de plus de 64 ans, en particulier des hommes. Presque tous les cas de listériose signalés dans l'UE/EEE ont été hospitalisés en 2016 (97,7%) et 247 cas ont été mortels. Le taux de cas de listériose a régulièrement augmenté au cours des dernières années chez les personnes âgées de > 75 ans ainsi que chez les femmes âgées de 25 à 44 ans (probablement liées à la grossesse). Pour la population âgée, l'augmentation est probablement liée à la proportion croissante de personnes de plus de 45 ans présentant des problèmes de santé sous-jacents. L'augmentation de la consommation d'aliments prêts à être consommés et l'amélioration du système de surveillance de la listériose dans certains États membres pourraient également avoir contribué à la tendance à la hausse. 
En 2016, cinq foyers de cas à Listeria ont été signalés à l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui concernaient 25 cas. Les foyers dus à Listeria étaient associées à la plus forte proportion de décès parmi les maladies d'origine alimentaire (8,0%) et Listeria est l'un des pathogènes d'origine alimentaire et hydrique associés aux plus fortes proportions d'hospitalisations lors d'éclosions (56,0%). 
L'ECDC, l'EFSA et le laboratoire de référence de l'Union européenne pour L. monocytogenes ont mis en place une base de données commune collectant des données de typage par PFGE pour les isolats humains, alimentaires, animaux et environnementaux provenant d'instituts de santé publique et des autorités de sécurité alimentaire et vétérinaires afin de permettre la détection des foyers de listériose affectant plusieurs pays. Le développement technique évolue rapidement et comparé à la PFGE, des méthodes basées sur le séquençage du génome entier (WGS) montrent un pouvoir discriminant supérieur confirmant que plusieurs souches de L. monocytogenes présentent une transmission internationale prolongée. De plus, L. monocytogenes est l'un des pathogènes pour lesquels les laboratoires de santé publique de l'UE/EEE effectuent une transition rapide des méthodes de typage traditionnelles aux méthodes de typage WGS. Ce sera le premier pathogène d'origine alimentaire et hydrique. pour lequel une surveillance complète en temps réel assistée par WGS est prévue au niveau de l'UE/EEE. Parallèlement, le réseau International PulseNet travaille à la normalisation des systèmes de génotypage de type MLST de L. monocytogenes et à la définition de la nomenclature des souches pour parvenir à la comparabilité internationale des données. 
On peut regretter que les données s’arrêtent à 2016 alors que l’EFSA a proposé un rapport 2017 sur les zoonoses, il y a quelques jours.

Dans son communiqué de présentation du rapport 2017 sur les zoonoses, l’EFSA avait indiqué sur la listériose :
Les cas de listériose ont légèrement diminué en 2017 : 2480 infections ont été signalées, contre 2509 en 2016. Cependant, la tendance est à la hausse depuis ces cinq dernières années. Les personnes âgées ont constitué le groupe le plus touché par la maladie en 2017, en particulier les personnes âgées de plus de 84 ans. Dans ce groupe d'âge, le taux de mortalité par listériose se monte à 24% ; dans l’ensemble de l’UE, l’infection a été fatale à un patient sur dix. Les taux les plus élevés de Listeria monocytogenes ont été détectés dans le poisson et les produits de la pêche (6%), suivis des salades prêtes à manger (4,2%).
Complément du 3 janvier 2018. A noter que selon les données épidémiologiques de l’InVS pour 2017, il y a eu 371 cas de listériose en France.
En 2017, l’incidence de la listériose en France était de 5,5 cas par million d’habitants. Cette incidence est globalement stable depuis 5 ans mais en augmentation modérée par rapport aux incidences annuelles observées pendant la période 1999-2012, qui variaient entre 3,1 et 5,3 cas par million d’habitants. Elle suit une tendance déjà constatée dans d’autres pays européens depuis 2006. En France, cette augmentation d’incidence concerne essentiellement les sujets âgés de plus de 70 ans, présentant des comorbidités.
Comme vu dans un autre article, la principale cause de rappel en France en 2018 est la présence de Listeria 


Selon Public Health England (PHE), le nombre de cas de listériose en 2017 en Angleterre et au Pays de Galles est tombé à son plus bas niveau depuis au moins une décennie.
Au total, 135 cas d’infections à Listeria ont été rapportés, ce qui représente une baisse de 17,7% par rapport au nombre moyen (164) enregistré au cours des six années précédentes (2010-2016). D'après les données depuis 2008, le nombre le plus élevé de cas était de 209 en 2009 et 179 en 2016.
La listériose reste une maladie rarement rapportée (~ 3 cas par million de la population), avec une diminution du nombre de cas signalés en 2017 par rapport aux années précédentes. Cependant, parmi les cas, l'issue de la grossesse reste grave : près du quart a entraîné une fausse couche ou une mortalité à la naissance, et un taux de mortalité de 30,3% chez les cas non liés à la grossesse.