jeudi 13 décembre 2018

Vote du Parlement européen sur la sécurité de chaîne alimentaire: plus de transparence et une meilleure prévention des risques ?


« Chaîne alimentaire: plus de transparence, une meilleure prévention des risques », source communiqué de presse du Parlement européen du 11 décembre 2018.
  • Un accès public à toutes les informations relatives à la sécurité
  • Un registre européen commun des études commandées devrait être créé
  • L’agence pourrait exiger des études supplémentaires
Les députés souhaitent que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) publie les études de sécurité avant qu’un produit ne soit autorisé sur le marché. 
Une proposition visant à permettre à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de travailler plus efficacement et de façon plus transparente a été adoptée par 427 voix pour, 172 contre et 67 abstentions. 
Les règles actualisées visent à améliorer la transparence dans l’évaluation des risques et à garantir la fiabilité, l’objectivité et l’indépendance des études utilisées par l’EFSA pour autoriser un produit à être mis sur le marché.
Une nouvelle procédure de pré-soumission a été introduite pour permettre d’accélérer la procédure de soumission, l’EFSA pouvant prodiguer des conseils au candidat sur la manière de fournir toutes les informations requises.
Contexte. La proposition fait suite à l’initiative citoyenne européenne sur le glyphosate, notamment aux inquiétudes exprimées dans l’initiative au sujet de la transparence des études scientifiques utilisées pour l’évaluation des pesticides. Elle fait également suite au bilan de qualité de la législation alimentaire générale lancé en 2014 par la Commission et achevé en janvier 2018. 
Le texte adopté « Transparence et durabilité de l'évaluation du risque au niveau de l'UE dans la chaîne alimentaire » est ici.

« Le Parlement européen vote pour lever le voile sur les évaluations de la sécurité des aliments », source BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) du 11 décembre 2018.
Le Parlement européen a voté le 11 décembre 2018 en séance plénière afin de rendre plus transparente l'évaluation des risques dans la chaîne alimentaire.


Le Parlement s'est déclaré favorable à la publication immédiate des éléments non confidentiels des demandes présentées par l'industrie alimentaire à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) en vue d'autoriser des additifs alimentaires, des pesticides ou des OGM. À moins que la divulgation ne présente un intérêt public majeur, un traitement confidentiel peut être accordé à une liste fermée d'éléments d'information non liés à la sécurité sanitaire. Il incombera à l’industrie de prouver le préjudice commercial si certaines informations sont diffusées. Bien que l'utilisation commerciale des données soit interdite, son utilisation à des fins de recherche sera librement autorisée pour permettre un examen attentif des évaluations scientifiques de l'EFSA.
 Monique Goyens, directrice générale du BEUC, a déclaré:
« Nous sommes heureux que le Parlement européen ait choisi de défendre les consommateurs. Les controverses publiques sur le glyphosate, l'aspartame ou le bisphénol A ont ébranlé la confiance des consommateurs dans la manière dont l'UE réglemente la sécurité des aliments. Si nous voulons rétablir la confiance des consommateurs, nous devons mettre fin au secret études utilisées par l’EFSA pour évaluer la sécurité des substances qui se retrouvent dans nos aliments. »
Cependant, les législateurs européens ont également soutenu certaines modifications qui pourraient entraver une transparence totale:
  • la mise en place d’une « chambre de recours » au sein de l’industrie afin de contester les décisions de confidentialité de l’EFSA, ce qui retardera la publication des données sur la sécurité sanitaire.
  • l’inclusion d’idées novatrices dans la liste des éléments confidentiels potentiels. Ce langage vague et non spécifique ouvre la voie à des demandes abusives de confidentialité.
Monique Goyens, directrice générale du BEUC, a ajouté:
« Le vote d’aujourd’hui envoie un signal très positif. Cependant, les pourparlers interinstitutionnels à venir doivent corriger certaines imperfections, qui pourraient sinon atténuer l'impact de la réforme proposée. »
« La ‘chambre de recours’ permettant au secteur industriel de contester les décisions de confidentialité de l’EFSA entraînera un fardeau administratif supplémentaire pour une agence dont les ressources sont déjà tendues. Cela retardera également la publication des données. »
« Les décideurs politiques de l'UE doivent s'assurer qu'aucune donnée de sécurité sanitaire ne soit cachée au public. Pour ce faire, ils devraient éliminer toute échappatoire potentielle dans la liste des informations pour lesquelles l'EFSA pourrait accorder un traitement confidentiel. » 
Le rapport va maintenant être renvoyé à la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) du Parlement, qui entamera des négociations en trilogue avec le Conseil et la Commission européenne.
Cela serait bien de publier toutes études sur le glyphosate qui montrent que ce produit n'est pas cancérogène, vous avez dit transparence totale ?


mercredi 12 décembre 2018

Que se passe-t-il quand Bacillus cereus envahit nos cellules ?


Une étude publiée dans Nature Microbiology montre une idée un peu plus claire de ce qui se passe quand Bacillus cereus envahit les cellules humaines.

Une équipe de l’Université nationale australienne a examiné la façon dont le corps réagit à Bacillus cereus, qui peut provoquer une intoxication alimentaire et parfois causer de graves infections ailleurs dans le corps, notamment une septicémie, une pneumonie et une méningite.

Les chercheurs ont découvert qu'une toxine sécrétée par la bactérie se lie directement aux cellules du corps humain et perce des trous dans les cellules pour les tuer, ce qui déclenche une réponse immunitaire.

Comprendre la façon dont les toxines produites par cette bactérie provoquent une inflammation dans le corps est une clé pour comprendre comment la traiter, a déclaré le chercheur principal Anukriti Mathur.

« Notre système immunitaire agit comme une arme à double tranchant dans ce genre de cas ».
« Dans certains cas d'infection bactérienne, il serait essentiel de renforcer notre système immunitaire pour le renforcer. »
« Cependant, dans des cas tels que la septicémie, où une inflammation indésirable se produit dans votre corps, vous souhaitez atténuer les réactions inflammatoires. »
« Un équilibre tout à fait unique est nécessaire pour nous protéger contre différents types d'infections. »
« Parce que nous savons maintenant comment les bactéries et les toxines agissent, nous pouvons les combattre et trouver des moyens d’utiliser le système immunitaire pour le combattre. »

Les chercheurs affirment que cette découverte sera essentielle pour comprendre et traiter les cas graves d’intoxication alimentaire.

« Cette étude pourrait aider les patients dont le système immunitaire est affaibli », a dit Mathur.
« Nous pourrions peut-être sauver des patients en affaiblissant la toxine ou, dans le cas d'une septicémie, en atténuant les réponses inflammatoires. »
« Cela signifie également que nous disposons d'options thérapeutiques pour soutenir davantage les traitements antibiotiques, en particulier face à la résistance croissante aux antibiotiques. »

Cependant, pour le Dr Si Ming Man, responsable du groupe, mieux vaut prévenir que guérir.

« Il est important pour nous de bien nous laver les mains et de préparer les aliments conformément aux règles de sécurité sanitaire », a déclaré le Dr Man du John Curtin School of Medical Research (JCSMR).
« Faites toujours cuire ou réchauffez correctement les aliments. Il est possible que des bactéries se soient déposées dessus et qu'ils commencent à sécréter des toxines dans vos aliments. »
« Chauffer correctement vos restes de nourriture détruira la plupart des bactéries et leurs toxines. »
Anukriti Mathur et Si Ming Man espèrent que leurs travaux vont améliorer le traitement des intoxications alimentaires. Australian National University: Lannon Harley


Mais qu'en est-il de cette bactérie qui perce des trous dans vos cellules et qui vous laisse penchée sur la cuvette des toilettes?

Cela concerne les parties de votre système nerveux ciblées par les toxines produites par la bactérie, selon Vincent Ho, gastroentérologue et chercheur à l'université de Western Sydney qui n'a pas participé à l'étude.

Bacillus cereus produit plus de 12 toxines différentes. L'une déclenche des vomissements et une autre diarrhée, a expliqué le Dr Ho.

La toxine induisant les vomissements, appelée céreulide, se lie aux récepteurs de la sérotonine dans l'estomac et dans l'intestin grêle et stimule le nerf vague, qui contrôle les mouvements musculaires dans l'intestin.


« Cela renvoie aux centres chargés du vomissement situé dans le cerveau », a-t-il dit.
« Et de manière très similaire, la forme diarrhéique fonctionne également. Cela provoque une stimulation directe de l’intestin grêle, ce qui déclenche une réaction du mécanisme réflexe appelée réflexe gastro-colique. »
« Les toxines stimulent les récepteurs de la muqueuse intestinale… ce qui provoque beaucoup plus de mouvement du muscle dans l'intestin et le côlon. »

Bacillus cereus peut être retrouvé dans les légumes, le riz et les pâtes, ainsi que dans la viande et le poisson. Il aura une croissance dans ces aliments s'ils sont conservés à une mauvaise température. Source Doug Powell du barfblog.

Aussi propres qu'ils ont l'air? Les résultats des inspections officiels des établissements alimentaires reflètent-ils la réalité en matière de sécurité sanitaire des aliments?


Dans les « Données relatives aux toxi-infections alimentaires collectives déclarées en France en 2016 » publiées par l’InVS, il était rapporté :
Depuis avril 2017, les consommateurs ont accès aux résultats des contrôles sanitaires réalisés depuis le 1er mars 2017 dans tous les établissements de la chaîne alimentaire (restaurants, cantines, abattoirs, etc.) sur le site www.alim-confiance.gouv.fr. Cette mesure a été prévue par la loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, du 13 octobre 2014. L’impact de cette mesure incitative à l'amélioration continue des établissements agroalimentaires pourra être évalué dans les années à venir.
Je ne sais pas si en France un tel constat sera fait comme cela a été le cas avec la ville de New-York, ou même si une étude sera mise en œuvre comme celle décrite dans l’article qui suit …

« Aussi propre qu'ils ont l'air? Les notes ou scores des inspections en hygiène des aliments, ka contamination microbiologique et les maladies d'origine alimentaire », est le titre d’un article paru dans Food Control. L’article est disponible intégralement et gratuitement.
Cette étude britannique décrit la relation entre le respect de la loi sur l'hygiène des aliments, tel que reflété dans les notes ou scores en hygiène des aliments et des mesures de la contamination microbiologique d'échantillons d'aliments prélevés sur des entreprises alimentaires destinées aux consommateurs en Angleterre, en Irlande du Nord et au Pays de Galles et les éclosions de maladies d'origine alimentaire.


Ce document met en évidence une association entre les résultats des inspections en hygiène alimentaire effectuées par des inspecteurs qualifiés, selon une procédure rigoureuse et cohérente, et la contamination microbiologique d’échantillons réels d’aliments provenant de ces locaux. Un modèle théorique proposé démontre également la réduction des maladies d'origine alimentaire qui résulterait d'une conformité accrue à la loi sur l'hygiène des denrées alimentaires. Source Doug Powell du barfblog. 
Les auteurs terminent par une conclusions et des limites à leur étude :

Cette analyse démontre une association entre le respect de la loi en hygiène alimentaire et les niveaux de contamination microbiologique dans des échantillons d'aliments prélevés dans des établissements alimentaires. En outre, un modèle quantifie l'impact positif possible sur la réduction des maladies d'origine alimentaire en améliorant l'hygiène alimentaire et le respect de la législation en matière d'hygiène alimentaire. Détecter des avantages pour la santé publique avec ce type d’analyse est extrêmement complexe. Notre analyse suggère fortement un lien important et des avantages potentiels réels d'une surveillance vigilante et d’une réglementation plus stricte pour élever les normes en hygiène.

En ce qui concerne les limites, nous reconnaissons d’abord que les résultats des inspections d’hygiène alimentaire ne représentent qu’un instantané dans le temps. Les inspections sont non annoncées et il est possible de visiter des locaux lors d’un jour particulièrement mauvais ou inhabituellement bon et obtenir une note ne reflétant pas les conditions habituelles. Des égouts débordent sporadiquement, des infestations de rongeurs éclatent soudainement et peuvent ne disparaître que brièvement après des efforts de lutte antiparasitaire. Cependant, les inspections visuelles, effectuées par des inspecteurs bien formés qui suivent un processus systématique et utilisent une liste exhaustive, constituent toujours l'un des meilleurs moyens dont nous disposons actuellement pour évaluer l'hygiène des aliments. Le fait de savoir que les notes correspondent aux données microbiologiques renforce notre confiance dans les inspections en hygiène des aliments en tant que première ligne de protection des consommateurs.

Deuxièmement, des échantillons microbiologiques de cette analyse n'ont pas été prélevés dans le cadre d'un plan d'enquête structuré, mais au cours du travail quotidien de centaines d'agents de la sécurité des aliments. Cependant, cet inconvénient est plus que compensé par le grand nombre d'échantillons disponibles, à savoir 37 304 par le LAEMS (ou Local Authority Enforcement Management System) et 7 115 de l'UKFSS (ou United Kingdom Food Surveillance System).

Troisièmement, bien que cette étude ait analysé une grande variété de micro-organismes pathogènes, elle n’a pas évalué des micro-organismes comme norovirus ou à Campylobacter qui provoquent des maladies présentant des symptômes similaires à ceux causés par d’autres agents pathogènes. (…)

Quatrièmement, nous ne pouvons pas sous-estimer l’aspect humain de la sécurité des aliments et le besoin d’études, de lignes directrices et de réglementations supplémentaires concernant les employés du secteur alimentaire. La culture de la sécurité des aliments – comment des personnes se comportement vis-à-vis de la sécurité des aliments, le comportement des employés et le fonctionnement de l'organisation - ont une incidence directe sur le risque d’un danger pour le consommateur. (…)

Cinquièmement, les critiques mis en ligne sur les notes en hygiène peuvent indiquer des cas de corruption pouvant affecter la crédibilité des notes. (…)
… nous n’avons trouvé aucune preuve de corruption au Royaume-Uni, où cette étude a été menée et où des initiatives évaluant la fiabilité et la cohérence sont en place.

Enfin, le partage de données pourrait être amélioré dans le cadre d’un système de contrôle des aliments, de la fourche à la fourchette. Les systèmes de management de la sécurité des aliments et les systèmes d’assurance accrédités fournissent des données importantes qui ne sont pas encore intégrées de manière optimale au système de contrôle des aliments au Royaume-Uni. Les inspections visuelles fournissent des preuves importantes, mais l’intégration de données provenant de l’industrie, ainsi que mieux utiliser les réseaux sociaux pour informer et éduquer les consommateurs - comme cela a été fait récemment dans le cadre de l'initiative britannique réussie sur Campylobacter - pourrait contribuer à renforcer la sécurité des aliments en tant que système.

Bien que ces limites posent des défis à la mise en conformité de la réglementation sur l’hygiène alimentaire, la contamination microbiologique et les épidémies de maladies d'origine alimentaire, elles ne modifient pas la tendance claire corroborée par des sources de données distinctes. Un meilleur respect de la législation alimentaire conduit à de meilleures notes en hygiène dans les établissements alimentaires. Lorsque ces évaluations sont générées par des inspecteurs des aliments formés qui suivent des directives rigoureuses, ces évaluations ont un lien étroit avec une probabilité plus faible d'épidémies de maladies d'origine alimentaire. Les stratégies visant à encourager ou à encourager la conformité sont clairement justifiées. Le respect effectif et cohérent des recommandations fondées sur des preuves en matière d’hygiène des aliments peut aider à garantir que les établissements de restauration sont, en effet, aussi propres qu’ils en ont l’air.