Santé
publique France publie le 21 janvier 2021 les données de surveillance des
infections à
Campylobacter
en France en 2019.
Résumé
L’infection
à Campylobacter
est
l’une des causes les plus fréquentes de gastro-entérites
bactériennes dans les pays développés. Une grande partie des
infections à Campylobacter restent asymptomatiques. Pour les cas
symptomatiques, les symptômes généralement observés sont ceux
d’une gastro-entérite
aiguë le plus souvent bénigne et spontanément guérie en moins
d’une semaine. Les complications associées à une infection à
Campylobacter
sont rares, de même que les décès (<0,1 %), et surviennent
surtout chez les personnes fragiles (personnes âgées, patients
immunodéprimés).
Chaque
année, Santé publique France publie un bilan complet des données
de surveillance des infections à Campylobacter.
Cette surveillance repose sur le Centre
national de référence (CNR)
des Campylobacters et Hélicobacters et la déclaration obligatoire
des toxi-infections
alimentaires collectives (TIAC).
Points
clés
Le
nombre de souches de Campylobacter
rapporté par le CNR est en
augmentation depuis 2013, année de la mise en place de la saisie
directe des données en ligne par les laboratoires. Cette
augmentation pourrait être un reflet d’une augmentation des
infections à Campylobacter
en France. Toutefois, cette augmentation du nombre de souches
rapportées doit être considérée dans le cadre des spécificités
du système de surveillance.
En
2019, la surveillance des infections à Campylobacter a
confirmé les tendances épidémiologiques et biologiques déjà
observées ces dernières années. Plus particulièrement, les
données montrent :
- une
prédominance de l’espèce C.
jejuni ;
- un
nombre de cas et incidence plus élevés chez les enfants ;
- une
prédominance des infections chez les hommes, sauf chez les
personnes âgées de 20 à 29 ans ;
- un
pic saisonnier pendant la période estivale ;
- une
résistance élevée aux fluoroquinolones et aux tétracyclines,
restée stable ces dernières années ;
- pas
d’augmentation notable des taux de résistances des six
antibiotiques testés en routine ;
- une
consommation de produits de volaille en tant que premier aliment
(incriminé ou suspecté) identifié comme source de contamination
dans les épisodes de toxi-infections alimentaires collectives.
Le
nombre de souches de Campylobacter
rapporté par le CNR est en augmentation depuis 2013, année de la
mise en place de la saisie directe des données en ligne par les
laboratoires. Cette augmentation pourrait être un reflet d’une
augmentation des infections à Campylobacter
en France. Toutefois, cette augmentation du nombre de souches
rapportées doit être considérée dans le cadre des spécificités
du système de surveillance. Plusieurs facteurs, comme une
augmentation de l’activité des laboratoires du réseau ou des
prescriptions de coprocultures, pourraient provoquer une augmentation
du nombre d’isolements et de la notification au cours du temps. La
mise en place de PCR multiplex dans de nombreux laboratoires a aussi
facilité la détection de Campylobacter
sp.
dans les prélèvements de selles.
Les
infections à Campylobacter en
France
En
France, la surveillance épidémiologique des infections à
Campylobacter
repose
sur deux systèmes : le Centre national de référence (CNR) des
Campylobacters et Hélicobacters et la déclaration obligatoire des
toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). Les
cas d’infections rapportés par ces systèmes de surveillance ne
constituent toutefois qu’une partie des cas réellement survenus.
En France, le
nombre annuel moyen de cas symptomatiques d’infections à
Campylobacter
a
été estimé à 493
000
(ICr90% : 273 000-1 080 000). Campylobacter
serait
responsable de 26 % du nombre total estimé des infections d’origine
alimentaire et de 31% des hospitalisations associées à ces
infections.
A
noter que le scan sur Campylobacter par Santé
publique de France indique que nombre
de cas d’infections à Campylobacter d’origine alimentaire en
France estimé à 392 000
...
Les
éléments en gras dans le texte sont soulignés par moi -aa.
Principales
caractéristiques des souches de Campylobacter spp
rapportées par le CNR
isolées en 2019
Le
CNR a rapporté 8 309 souches de Campylobacter
et
bactéries apparentées ayant été isolées en 2019 : 4 560 souches
de Campylobacter
et
bactéries apparentées reçues au CNR, auxquelles s’ajoutent les 3
749 souches identifiées par les laboratoires pour lesquelles les
informations épidémiologiques et bactériologiques ont été
saisies en ligne. La proportion de souches ayant fait l’objet d’une
saisie en ligne en 2019 a été de 45% (Figure 1).
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Parmi
les 8 309 souches rapportées, 7 712 souches étaient identifiées
comme Campylobacter
spp,
89 comme Arcobacter
spp (81
A.
butzleri et
8 A.
cryaerophilus)
et 5 comme Helicobacter
spp (503
souches sont arrivées mortes et n’ont pas pu être identifiées).
Parmi
les 7 712 souches de Campylobacter
spp rapportées
par le CNR, C.
jejuni était
la souche la plus fréquemment identifiée (n=6 526, 84,6%), suivi
par C.
coli (n=1
061, 13,8%) et C.
fetus (n=75,
1,0%).
Principales
caractéristiques des patients infectés rapportés par le CNR
L’âge
à l’infection variait entre 0 ans et 100 ans, avec une moyenne à
35 ans et une médiane à 28 ans.
En
2019, l’incidence la plus élevée était rapportée dans la classe
d’âge 0-9 ans, avec une incidence de 21 cas pour 100 000
habitants. L’incidence la plus faible était rapportée dans la
classe d’âge 40-59 ans (7 cas/100 000 habitants).
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Surveillance
des toxi-infections alimentaires collectives dues à Campylobacter
spp
Les
infections à Campylobacter
peuvent
aussi faire l’objet d’une déclaration aux autorités de santé
dans le cadre de la déclaration obligatoire des TIAC. En 2019, 55
foyers de TIAC dues à Campylobacter
(avec
confirmation biologique) ont été déclarés, comptabilisant un
total de 241 malades. Les aliments incriminés ou suspectés comme
source de contamination pour la plupart des foyers déclarés étaient
des produits de volaille (40% des foyers, n=22) ou des viandes autres
que volaille (22% des foyers, n=12). Le nombre de foyers déclarés
en 2019 étant similaire à 2018 mais le nombre de malades déclarés
en 2019 était inférieur à 2018.
Prévention
des infections à Campylobacter
Les
infections à Campylobacter
sp chez
les humains sont majoritairement des cas isolés. La colonisation par
Campylobacter
sp du
système digestif d’animaux destinés à la consommation humaine
est très répandue dans la filière volaille et dans une moindre
mesure dans les filières bovine et porcine. En France, des travaux
de recherche sur l’attribution des cas humains à différents
réservoirs (volailles, ruminants, environnement) ont montré que les
réservoirs principaux de contaminations humaines par C.
jejuni seraient
autant les volailles que les ruminants, tandis que le réservoir
principal de contaminations humaines par C.
coli serait
les volailles. Ainsi, les principaux facteurs de risque de
l’infection sont la manipulation de viande fraîche de volaille ou
de bœuf, la contamination croisée d’aliments par des surfaces
contaminées en cuisine, et la consommation de viande de volaille ou
bœuf (et dans une moindre mesure de viande de porc) insuffisamment
cuite. La prévention des infections à Campylobacter
repose
donc sur les bonnes
pratiques d’hygiène en cuisine (lavage des mains, nettoyage
des surfaces et ustensiles de cuisine après la manipulation de
volaille ou viande crue) afin d’éviter la transmission croisée,
et la cuisson suffisante de viande de volaille, de bœuf et de porc
(cuit à cœur).
Mise à jour du 6 février 2021. On lira l'article publié par Food Safety News, La France note une légère hausse de Campylobacter en 2019.