vendredi 22 janvier 2021

Infections à Campylobacter en France : données épidémiologiques 2019

Santé publique France publie le 21 janvier 2021 les données de surveillance des infections à Campylobacter en France en 2019.

Résumé

L’infection à Campylobacter est l’une des causes les plus fréquentes de gastro-entérites bactériennes dans les pays développés. Une grande partie des infections à Campylobacter restent asymptomatiques. Pour les cas symptomatiques, les symptômes généralement observés sont ceux d’une gastro-entérite aiguë le plus souvent bénigne et spontanément guérie en moins d’une semaine. Les complications associées à une infection à Campylobacter sont rares, de même que les décès (<0,1 %), et surviennent surtout chez les personnes fragiles (personnes âgées, patients immunodéprimés).

Chaque année, Santé publique France publie un bilan complet des données de surveillance des infections à Campylobacter. Cette surveillance repose sur le Centre national de référence (CNR) des Campylobacters et Hélicobacters et la déclaration obligatoire des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC).

Points clés

Le nombre de souches de Campylobacter rapporté par le CNR est en augmentation depuis 2013, année de la mise en place de la saisie directe des données en ligne par les laboratoires. Cette augmentation pourrait être un reflet d’une augmentation des infections à Campylobacter en France. Toutefois, cette augmentation du nombre de souches rapportées doit être considérée dans le cadre des spécificités du système de surveillance. 

En 2019, la surveillance des infections à Campylobacter a confirmé les tendances épidémiologiques et biologiques déjà observées ces dernières années. Plus particulièrement, les données montrent : 
  • une prédominance de l’espèce C. jejuni ;
  • un nombre de cas et incidence plus élevés chez les enfants ;
  • une prédominance des infections chez les hommes, sauf chez les personnes âgées de 20 à 29 ans ;
  • un pic saisonnier pendant la période estivale ;
  • une résistance élevée aux fluoroquinolones et aux tétracyclines, restée stable ces dernières années ;
  • pas d’augmentation notable des taux de résistances des six antibiotiques testés en routine ;
  • une consommation de produits de volaille en tant que premier aliment (incriminé ou suspecté) identifié comme source de contamination dans les épisodes de toxi-infections alimentaires collectives.

Le nombre de souches de Campylobacter rapporté par le CNR est en augmentation depuis 2013, année de la mise en place de la saisie directe des données en ligne par les laboratoires. Cette augmentation pourrait être un reflet d’une augmentation des infections à Campylobacter en France. Toutefois, cette augmentation du nombre de souches rapportées doit être considérée dans le cadre des spécificités du système de surveillance. Plusieurs facteurs, comme une augmentation de l’activité des laboratoires du réseau ou des prescriptions de coprocultures, pourraient provoquer une augmentation du nombre d’isolements et de la notification au cours du temps. La mise en place de PCR multiplex dans de nombreux laboratoires a aussi facilité la détection de Campylobacter sp. dans les prélèvements de selles.

Les infections à Campylobacter en France

En France, la surveillance épidémiologique des infections à Campylobacter repose sur deux systèmes : le Centre national de référence (CNR) des Campylobacters et Hélicobacters et la déclaration obligatoire des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). Les cas d’infections rapportés par ces systèmes de surveillance ne constituent toutefois qu’une partie des cas réellement survenus. En France, le nombre annuel moyen de cas symptomatiques d’infections à Campylobacter a été estimé à 493 000 (ICr90% : 273 000-1 080 000). Campylobacter serait responsable de 26 % du nombre total estimé des infections d’origine alimentaire et de 31% des hospitalisations associées à ces infections.

A noter que le scan sur Campylobacter par Santé publique de France indique que nombre de cas d’infections à Campylobacter d’origine alimentaire en France estimé à 392 000 ...

Les éléments en gras dans le texte sont soulignés par moi -aa.

Principales caractéristiques des souches de Campylobacter spp rapportées par le CNR isolées en 2019

Le CNR a rapporté 8 309 souches de Campylobacter et bactéries apparentées ayant été isolées en 2019 : 4 560 souches de Campylobacter et bactéries apparentées reçues au CNR, auxquelles s’ajoutent les 3 749 souches identifiées par les laboratoires pour lesquelles les informations épidémiologiques et bactériologiques ont été saisies en ligne. La proportion de souches ayant fait l’objet d’une saisie en ligne en 2019 a été de 45% (Figure 1).

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Parmi les 8 309 souches rapportées, 7 712 souches étaient identifiées comme Campylobacter spp, 89 comme Arcobacter spp (81 A. butzleri et 8 A. cryaerophilus) et 5 comme Helicobacter spp (503 souches sont arrivées mortes et n’ont pas pu être identifiées).

Parmi les 7 712 souches de Campylobacter spp rapportées par le CNR, C. jejuni était la souche la plus fréquemment identifiée (n=6 526, 84,6%), suivi par C. coli (n=1 061, 13,8%) et C. fetus (n=75, 1,0%).

Principales caractéristiques des patients infectés rapportés par le CNR

L’âge à l’infection variait entre 0 ans et 100 ans, avec une moyenne à 35 ans et une médiane à 28 ans.

En 2019, l’incidence la plus élevée était rapportée dans la classe d’âge 0-9 ans, avec une incidence de 21 cas pour 100 000 habitants. L’incidence la plus faible était rapportée dans la classe d’âge 40-59 ans (7 cas/100 000 habitants).

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Surveillance des toxi-infections alimentaires collectives dues à Campylobacter spp

Les infections à Campylobacter peuvent aussi faire l’objet d’une déclaration aux autorités de santé dans le cadre de la déclaration obligatoire des TIAC. En 2019, 55 foyers de TIAC dues à Campylobacter (avec confirmation biologique) ont été déclarés, comptabilisant un total de 241 malades. Les aliments incriminés ou suspectés comme source de contamination pour la plupart des foyers déclarés étaient des produits de volaille (40% des foyers, n=22) ou des viandes autres que volaille (22% des foyers, n=12). Le nombre de foyers déclarés en 2019 étant similaire à 2018 mais le nombre de malades déclarés en 2019 était inférieur à 2018.


Prévention des infections à Campylobacter

Les infections à Campylobacter sp chez les humains sont majoritairement des cas isolés. La colonisation par Campylobacter sp du système digestif d’animaux destinés à la consommation humaine est très répandue dans la filière volaille et dans une moindre mesure dans les filières bovine et porcine. En France, des travaux de recherche sur l’attribution des cas humains à différents réservoirs (volailles, ruminants, environnement) ont montré que les réservoirs principaux de contaminations humaines par C. jejuni seraient autant les volailles que les ruminants, tandis que le réservoir principal de contaminations humaines par C. coli serait les volailles. Ainsi, les principaux facteurs de risque de l’infection sont la manipulation de viande fraîche de volaille ou de bœuf, la contamination croisée d’aliments par des surfaces contaminées en cuisine, et la consommation de viande de volaille ou bœuf (et dans une moindre mesure de viande de porc) insuffisamment cuite. La prévention des infections à Campylobacter repose donc sur les bonnes pratiques d’hygiène en cuisine (lavage des mains, nettoyage des surfaces et ustensiles de cuisine après la manipulation de volaille ou viande crue) afin d’éviter la transmission croisée, et la cuisson suffisante de viande de volaille, de bœuf et de porc (cuit à cœur).

Mise à jour du 6 février 2021. On lira l'article publié par Food Safety NewsLa France note une légère hausse de Campylobacter en 2019.

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