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mardi 5 février 2019

Retour sur une épidémie nationale à Salmonella Agona associée aux laits infantiles de chez Lactalis


Retour sur une épidémie nationale à Salmonella Agona associée à des laits infantiles avec une distribution internationale en décembre 2017 avec des éléments d'une publication parue dans le numéro du 11 janvier 2019 d'Eurosurveillance.

Identification de l'épidémie
À la fin du mois de novembre 2017, le Centre national de référence (CNR) pour la recherche de Salmonella avait constaté une augmentation inhabituelle de Salmonella Agona chez des nourrissons, 22 cas ayant été identifiés entre août et novembre 2017 chez des enfants de moins de six mois. Le 1er décembre, des entretiens avec des soignants de huit de ces nourrissons par Santé Publique France (SPF) ont identifié des produits de lait infantile d'une seule entreprise comme source potentielle. Tous sauf le premier des huit cas investigués, avaient consommé des produits fabriqués dans une seule installation exploitée par cette entreprise. Cette installation avait déjà été associée à une épidémie à Salmonella Agona en 2005. Une investigation sur l’épidémie est actuellement en cours avec le CNR, SPF, le ministère de la santé et le ministère de l’économie en charge des affaires des consommateurs.

Investigations environnementales et des produits
Les investigations environnementales et des produits par l'entreprise et du ministère chargé de la consommation sont toujours en cours. Cependant, les informations épidémiologiques suggèrent fortement que les produits fabriqués dans une installation sont à l'origine des infections. L'installation fabrique une large gamme d'aliments pour nourrissons et enfants en bas âge. Les analyses microbiologiques de routine des produits effectués par l'installation dans le cadre des pratiques de production normales ont été négatifs. Le 2 décembre 2017, l'entreprise a rappelé volontairement les lots des trois produits initialement impliqués (laits-A, B, C). Le 10 décembre, après que les parents d'un cas eurent déclaré utiliser exclusivement un quatrième produit (Lait-D) et à la lumière des résultats préliminaires d'investigations environnementales menées sur le site, l'entreprise a rappelé tous les produits fabriqués sur son site depuis la mi-février 2017 et pour laquelle la production était associée à une tour de séchage sur le site [1 et 2]. Le 13 décembre, cinq autres lots omis de la liste de rappel publiée le 10 décembre ont été rappelés. Le 22 décembre, par mesure de précaution, l'entreprise a rappelé volontairement tous les produits fabriqués ou transformés dans l'installation depuis février 2017.

Potentiel de propagation internationale et alertes internationales
Au 8 janvier 2018, des investigations de traçabilité en amont avaient révélé que les produits rappelés avaient été distribués dans 66 pays, dont 12 dans l'Union européenne (UE). Une alerte a été diffusée le 4 décembre sur le système européen d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), qui a été mise à jour au fur et à mesure de la disponibilité d'informations supplémentaires sur le réseau de distribution international des produits. L'alerte a également été émise via le réseau Infosan de l'Organisation mondiale de la santé. Les autorités européennes de la santé publique et les microbiologistes ont été alertés de l'épidémie le 6 décembre 2017 par SPF via une enquête urgente sur les informations diffusées par l'intermédiaire de l'Epidemic Intelligence Information System for Food and Waterborne Diseases and Zoonoses du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.
À ce jour, deux cas chez des nourrissons ayant consommé des produits exportés concernés ont été identifiés dans des pays de l'UE autres que la France. L'isolat d'un cas en Espagne appartenait à un cluster de l'épidémie avec un polymorphisme mononucléotidique dans le séquençage du génome entier réalisé au CNR. L'isolat provenant d'un cas en Grèce n'a pas produit de H2S, ni de gaz après 18 h d'incubation sur une gélose au fer Kligler et les résultats du séquençage du génome entier sont en attente.

Mesures de contrôle en France
En France, depuis le 2 décembre 2017, de multiples plates-formes médiatiques ont été utilisées pour informer les parents et les personnes en charge de l'épidémie, pour leur conseiller de ne pas utiliser les produits en cause et de recommander des pratiques d'hygiène appropriées pour la préparation de produits à base de lait pour nourrissons. Tous les produits rappelés ont été publiés sur le site Internet du ministère français chargé de la consommation. La première alerte publique ayant été lancée un week-end, des conseils ont également été donnés sur la manière de réduire le risque si des produits de remplacement n'étaient pas disponibles au cours du week-end. En coopération avec la Société française de pédiatrie, des conseils ont été émis sur les différentes options de produits à base de lait pour nourrissons. Le ministère français de la santé a mis en place un service d'assistance téléphonique pour les parents et les soignants concernés. Les établissements de pédiatrie et de maternité ainsi que les professionnels de la santé ont également été informés.
Il s'agit du troisième foyer à Salmonella associé à des produits laitiers pour nourrissons signalé en France [Voir ici et ici]. Des épidémies similaires ont également été rapportées ailleurs. Un foyer à Salmonella Agona touchant 141 cas confirmés est apparu en France en 2005 et était associé à deux produits différents fabriqués dans le même établissement et impliqués dans le foyer actuel. Lors de l'éclosion de 2005, des échantillons des produits en cause et des échantillons environnementaux de l'installation ont donné des isolats présentant le même profil par PFGE que les isolats cliniques. Cependant, seul un échantillon sur 176 et quatre des 27 échantillons des deux produits alimentaires concernés et six des 420 échantillons environnementaux ont été testés positifs pour Salmonella Agona suggérant une contamination de faible niveau. Les dates de production des échantillons d'aliments positifs suggèrent une contamination persistante de l'environnement. La source de la contamination dans l'installation n'a pas été identifiée. Dans le cadre de l'éclosion actuelle, les enquêtes environnementales sont toujours en cours et, à ce stade, aucune source de contamination évidente n'a été identifiée dans l'installation.
Le nombre de cas associés à cette éclosion est probablement sous-estimé, car les cas présentant des symptômes bénins n'ont peut-être pas consulté un professionnel de la santé ou n'ont pas fait l'objet d'un diagnostic approfondi (prélèvement de selles, culture, identification du sérotype, confirmation au CNR). Malgré cette possibilité, compte tenu de la large distribution des produits et du faible nombre de cas signalés, le niveau de contamination des produits est probablement faible. Le fait que l'épidémie actuelle implique le même sérotype que dans l'épidémie précédente soulève la question de la persistance de la présence de l'organisme dans l'établissement pendant 12 ans. La persistance de Salmonella Agona dans un environnement de production d'aliments secs aux États-Unis, entraînant deux éclosions à dix ans d'intervalle, 1998 et 2008, a déjà été rapportée. Une comparaison des isolats humains et environnementaux de 2005 avec les isolats de l'éclosion actuelle est en cours afin d'étudier cette possibilité.

Référence. Jourdan-da Silva NathalieFabre LaetitiaRobinson EveFournet NellyNisavanh AthinnaBruyand MathiasMailles AlexandraSerre Estelle,Ravel MagaliGuibert VéroniqueIssenhuth-Jeanjean SylvieRenaudat CharlotteTourdjman MathieuSeptfons Alexandrade Valk HenrietteLe Hello Simon. Ongoing nationwide outbreak of Salmonella Agona associated with internationally distributed infant milk products, France, December 2017. Euro Surveill. 2018;23(2):pii=17-00852. https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2018.23.2.17-00852

lundi 4 février 2019

Un enfant belge malade en lien avec la présence de Salmonella dans les produits de nutrition infantile

L’AFSCA informe et demande aux parents ayant acheté des produits de nutrition infantile des marques Modilac et Picot AR, vendus en France et en ligne, de ne plus les donner à consommer à leurs enfants.

« Un enfant belge malade en lien avec la présence de Salmonella dans les produits de nutrition infantile », source article de Joe Whitworth du 4 février 2019 paru dans Food Safety News.

La Belgique a signalé un cas à Salmonella chez un nourrisson lié à un foyer en France.

L'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) a déclaré avoir été informée que deux bébés malades en Belgique qui avaient entre autres consommé des produits de nutrition infantile de la marque Modilac achetés en France quelques heures avant l'apparition des symptômes .

À la suite d'une investigation, il semble que la consommation de produits de marque Modilac ait été à l'origine des symptômes chez l'un des deux enfants malades.

Salmonella Poona a rendu malade quatre enfants en France, liés à la consommation de produits de marque Modilac, commercialisés par Sodilac, une filiale de Savencia SA. Trois autres cas font toujours l'objet d'une investigation et le séquençage est en cours.

Les quatre patients confirmés, âgés de deux mois à dix mois, sont tombés malades entre août et fin décembre 2018. Pour les cas probables, la fourchette d'âge va jusqu'à 18 mois et la date d'apparition de la maladie va jusqu'en janvier 2019.

Lactalis a rappelé 16 300 boîtes de lait Picot AR, fabriqué dans la même usine espagnole que les produits Modilac, mais aucun cas de maladie n’a été associé aux produits Lactalis.

Les produits Modilac concernés ne sont pas distribués sur le marché belge. Ils sont distribués en France uniquement dans les pharmacies et via des associations caritatives ou commercialisés via des ventes en ligne. Des articles ont également été envoyés au Vietnam, Maroc, Algérie et Tunisie.

L'AFSCA a demandé aux parents ayant acheté les produits en France ou en ligne de ne plus les utiliser. L’agence a pris contact avec les autorités françaises et la situation est surveillée.

L'AFSCA insiste régulièrement sur le fait que les consommateurs doivent être conscients que les achats en ligne à l’étranger ne sont pas toujours sûrs et les consommateurs doivent s'informer des risques éventuels en consultant les sites internet des autorités sanitaires étrangères. 

Santé publique de France, l'agence de la santé publique, a rapporté que les quatre cas à Salmonella chez des nourrissons appartiennent à un même cluster génomique, à savoir que les souches sont génétiquement liées.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a déclaré qu'il n'avait pas trouvé de correspondances avec l'isolat français dans sa base de données. Jusqu'à présent, aucun autre pays n'a signalé d'appariement, mais les analyses de séquençage du génome sont en cours et des cas supplémentaires peuvent être signalés.

Salmonella Poona est le 36ème sérotype le plus courant du système de surveillance européen (TESSy). Il a été signalé par 23 pays de l'UE en 2013-2017 avec 147 à 206 cas par an. Sur la période de cinq ans, la France représentait 34% des cas, suivie du Royaume-Uni avec 26% et le groupe d'âge le plus commun étaient les enfants âgés de 0 à 4 ans (37% du total des cas).

samedi 26 janvier 2019

Rappels de laits infantiles, le recours au principe de précaution est inutile !

Autant le communiqué de la DGCCR du 24 janvier à propos du rappel de produits de nutrition infantile de la marque Modilac avait été sobre, c'est de l'habituel, du classique, voir ici, autant le communiqué de la DGCCRF du 25 janvier concernant le rappel de de produits de nutrition infantile de marque PICOT AR de chez Lactalis, n' pas plu du tout à la DGCCRF … qu'on en juge …

S'agissant de l'entreprise Modilac qui commercialise ces produits a procédé ce jour, en lien avec la DGCCRF et la DGS, au rappel de toute sa gamme de produits de nutrition infantile à base de protéines de riz et, de manière élargie, de l’ensemble des fabrications issues du site de production espagnol concerné.
La DGCCRF prend note de la décision de l’entreprise Lactalis Nutrition Santé de procéder au rappel du produit Picot AR, ce produit étant fabriqué dans la même usine espagnole que celle dont sont issus les produits ayant fait l’objet d’un rappel, en date du 24 janvier 2019, susceptibles d’être contaminés par Salmonella Poona.

On sent que cela n'a pas fait plaisir à la DGCCRF de passer par dessus leurs prérogatives …

Le retrait/rappel ne s'est donc pas fait en accord avec la DGCCRF et la DGS ...
Le retrait/rappel concerne 16 300 boites de lait Picot AR vendues exclusivement en pharmacie depuis le 29 novembre 2018.
Les autorités sanitaires demandent aux parents qui disposeraient de boîtes concernées par cette mesure de rappel de ne pas les utiliser dans la mesure du possible, qu’elles soient neuves ou déjà entamées, et de les rapporter, si possible, au point de vente où elles ont été achetées.

On apprend aussi que la DGGCRF va suivre de près ces mesures de rappels mais curieusement ce type phrase n'apparaît pas dans le communiqué de rappel sur les produits de l'entreprise Modilac.
La DGCCRF procède à la vérification d’effectivité des mesures de rappel et à l’information de ses homologues européens et étrangers, au moyen du réseau RASFF. Les investigations menées par la DGCCRF se poursuivent, en lien avec les autorités espagnoles, afin d’obtenir tout élément utile, en particulier relatifs à la traçabilité des fabrications de l’usine concernée

Dans cette affaire des deux rappels de lait infantile, on aussi le droit à un festival du principe de précaution …
Pour l'entreprise Modilac, le communiqué du 23 janvier, cité dans le communiqué de la DGCCRF du 24 janvier, indique :
Principe de précaution : retrait / rappel de formules infantiles fabriquées en Espagne, distribuées en pharmacies

Pour l'entreprise Lactalis, la DGCCRF ne cite pas le communiqué de Lactalis, et pour cause, elle n'en a pas eu connaissance, mais ce communiqué fait fort dans la précaution, puisque il est évoqué un principe de précaution maximum … ça c'est du langage marketing !
A la suite du rappel de plusieurs formules infantiles d’un concurrent fabriquées en Espagne chez un fournisseur extérieur, LNS décide, par principe de précaution maximum et à titre préventif, du retrait/rappel des produits Picot AR, seule référence Picot produite chez ce même fournisseur.

On a le droit à l'artillerie lourde, « par principe de précaution maximum et à titre préventif », le «  à titre préventif » ne suffit pas …
"
Le risque zéro n'existant pas, je pense que formule aurait dû être, prendre « un maximum de précautions » , mais là, on s'écarte du principe de précaution … car ce n’est plus le principe de précaution qui est pertinent, mais bien la mesure de prévention …

Bon, on pourrait débattre longtemps sur le dévoiement du principe de précaution …

Reste les excuses présentées qui ne coûtent pas grand chose mais qui font bien en clôture d'un communiqué de retrait / rappel, cette absence peut être reprochée :
La Société Lactalis présente ses excuses pour la gêne que pourraient occasionner ces mesures préventives auprès des familles et des clients. 
MODILAC regrette sincèrement cette situation et vous présente toutes ses excuses pour l’inquiétude générée. 

Reste à savoir ce qui s'est passé « entre fin août 2018 et le 10 janvier 2019 ». Aurait-on pu déclencher le rappel plus tôt ?
Les investigations sont longues, mais tout de même, selon Santé publique de France,
Les premiers éléments d’investigation auprès des parents de ces 7 nourrissons mettent en évidence la consommation, dans les jours précédant les symptômes, de laits en poudre de marque Modilac produits par une même usine en Espagne : Modilac expert Riz 1er âge ; Modilac Riz 2ème âge et Modilac Riz 2ème âge Anti Régurgitation. Les 7 bébés ne partageaient pas d’autre aliment ou boisson en commun. Les biberons étaient préparés avec de l’eau embouteillée de 4 marques différentes.

A suivre ...

vendredi 25 janvier 2019

Rappel de produits de nutrition infantile de marque Modilac : La com se met en place


La DGCCRF informe le 24 janvier 2019 dans la sobriété avec l'« Avis de rappel de produits de nutrition infantile de la marque Modilac ».
Marque : MODILAC
Risque : suspicion d’infection à Salmonella Poona
Commentaire : Les références concernées, distribuées aux consommateurs exclusivement en pharmacies et dans plusieurs associations caritatives, ou commercialisées sur des sites de vente en ligne, sont rappelées sans distinction de lot ni de date de fabrication.
Le communiqué du ministère le santé du 24 janvier 2019 lance la com du gouvernement avec le « Rappel de produits de nutrition infantile de la marque Modilac en raison d’une suspicion d’infection à Salmonella poona »
Le dispositif français de veille sanitaire a permis d’identifier un excès de cas de salmonelloses à Salmonella Poona chez des nourrissons de moins de 2 ans. Les investigations menées par Santé publique France ont permis d’identifier 4 nourrissons ayant été infectés par une même souche de cette salmonelle. Tous avaient consommé quelques jours avant la survenue des symptômes des produits de nutrition infantile à base de protéines de riz de marque Modilac, fabriqués dans une usine implantée en Espagne. Ces nourrissons vont aujourd’hui mieux et sont tous sortis d’hospitalisation. Trois autres cas sont en cours d’investigation.
En conséquence, l’entreprise Modilac qui commercialise ces produits a procédé ce jour, en lien avec la DGCCRF et la DGS, au rappel de toute sa gamme de produits de nutrition infantile à base de protéines de riz et, de manière élargie, de l’ensemble des fabrications issues du site de production espagnol concerné.
Modilac met également à disposition des parents un numéro vert 0 800 800 970 pour répondre à leurs interrogations.

La question que l'on peut se poser à la lecture de ce communiqué est ne pouvait-on pas prévenir et informer plus tôt ?
Les communiqués interviennent un jour après celui de l'entreprise Modilac ...

A noter que Santé publique France investigue actuellement des cas de salmonellose de sérotype Poona chez des nourrissons. C'était le 23 janvier 2019.


Le 24 janvier, Santé publique de France rapporte :

Santé publique France investigue ces cas de salmonellose en interrogeant les parents des bébés malades sur les symptômes et les consommations avant leurs symptômes.
Ces 7 bébés, 5 garçons et 2 filles, résidant dans 5 régions différentes, âgés de 2 à 18 mois au moment des symptômes, ont été malades entre fin août 2018 et le 10 Janvier 2019. Tous ont présenté de la diarrhée dont deux avec du sang dans les selles et 6 ont eu de la fièvre. Quatre bébés ont été hospitalisés pour leur salmonellose et sont sortis depuis. Tous les enfants vont mieux ou sont guéris.
Le communiqué de l'entreprise Modilac date du 23 janvier, soit un jour avant nos autorités, le temps sans doute de préparer la com :
Principe de précaution : retrait / rappel de formules infantiles fabriquées en Espagne, distribuées en pharmacies.
A la suite du signalement de 4 cas de présence de Salmonella poona confirmée dans les selles de nourrissons ayant consommé des formules infantiles à base de protéines de riz sous marque Modilac, MODILAC, en accord avec la DGCCRF, a décidé de rappeler :
L’ensemble des formules à base de protéines de riz au-delà des 2 lots concernés à date,
Par précaution, l’ensemble des formules infantiles fabriquées dans l’usine concernée en Espagne, en attendant que l’origine du problème soit établie.
Afin d’éviter tout risque de confusion, et de faciliter la gestion du retrait/rappel, nous avons décidé de procéder à un large rappel, sans distinction de lot, ni de date :

MODILAC EXPERT RIZ 1er âge
MODILAC EXPERT RIZ AR 1er âge
MODILAC EXPERT RIZ AR 2ème AGE
MODILAC EXPERT RIZ 2ème AGE
MODILAC EXPERT RIZ CROISSANCE
MODILAC EXPERT PREMA
PREMODILAC EXPERT
MODILAC EXPERT SL
MODILAC EXPERT HA
MODILAC EXPERT TRANSIT +
MODILAC EXPERT AR 1er AGE
MODILAC EXPERT AR 2eme AGE
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT CACAO
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT CARAMEL
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT VANILLE
MODILAC - MON PREMIER DESSERT SANS-LAIT BANANE
MODILAC 1er AGE distribués par les associations caritatives
MODILAC 2ème AGE distribués par les associations caritatives
MFODILAC regrette sincèrement cette situation et vous présente toutes ses excuses pour l’inquiétude générée.

Le communiqué indique ensuite une série de questions-réponses.

La phrase « Afin d’éviter tout risque de confusion, et de faciliter la gestion du retrait/rappel », montre une certaine confusion, et sans doute, ne sait-on pas quel lot est contaminé, donc on rappelle le tout …

Le recours au principe de précaution est abusif puisque d'une part il y a présence d'un danger par un pathogène, Salmonella, et d'autre part, il y a un lien épidémiologique avec quatre cas de maladies ...


Complément du 26 janvier 2019. La DGCCRF communique le 25 janvier 2019 sur un « Avis de rappel de produits de nutrition infantile de marque PICOT AR ».

La DGCCRF prend note de la décision de l’entreprise Lactalis Nutrition Santé de procéder au rappel du produit Picot AR, ce produit étant fabriqué dans la même usine espagnole que celle dont sont issus les produits ayant fait l’objet d’un rappel, en date du 24 janvier 2019, susceptibles d’être contaminés par Salmonella Poona. 
Le retrait/rappel concerne 16 300 boites de lait Picot AR vendues exclusivement en pharmacie depuis le 29 novembre 2018. 
Les autorités sanitaires demandent aux parents qui disposeraient de boîtes concernées par cette mesure de rappel de ne pas les utiliser dans la mesure du possible, qu’elles soient neuves ou déjà entamées, et de les rapporter, si possible, au point de vente où elles ont été achetées. 
(...) La DGCCRF procède à la vérification d’effectivité des mesures de rappel et à l’information de ses homologues européens et étrangers, au moyen du réseau RASFF. Les investigations menées par la DGCCRF se poursuivent, en lien avec les autorités espagnoles, afin d’obtenir tout élément utile, en particulier relatifs à la traçabilité des fabrications de l’usine concernée. 
Santé Publique France, en lien avec le Centre national de référence des Salmonelloses (Institut Pasteur), poursuit également la surveillance renforcée des cas de Salmonella poona.

Pour l'instant, pas de nouvelles du ministère de la santé ...


Le communiqué de Lactalis du 25 janvier 2019 est ici.

jeudi 29 novembre 2018

Saga de la non-transparence du ministère de l’agriculture : À propos du bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile


Un précédent article rapportait la non-transparence de nos autorités sanitaires dans Rappels des produits alimentaires, toujours une absence de transparence à tous les niveaux, et c’est tellement vrai que j’ai décidé d’en faire une saga …

Cette saga va commencer avec la publication par le ministère de l’agriculture le 12 novembre 2018 du « Bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile ».

Ce bilan s’inscrit dans la suite logique de la crise Lactalis, souvenez-vous des manchettes des médias en janvier 2018 (1, 2, 3 et 4), et fin août, la rédaction un rapport rédigé par une commission d’enquête … et enfin, depuis plus rien, as usual

On va donc voir ce que l’on va voir … même si aujourd’hui, tout cela ne semble plus intéresser grand monde, mais est-ce bien d’un « bilan du plan de contrôle renforcé » dont il s’agit ?

Les mots ont quand même un sens, mais là, il n’y a que quelques lignes, très décevant donc, … jugez plutôt …

Parmi les 110 établissements agréés pour la déshydratation de lait, 41 établissements manipulaient des poudres infantiles. Ces établissements ont été inspectés par les agents des directions départementales en charge de la protection des populations, qui en plus de la vérification des locaux et équipements, ont procédé à un examen documentaire des résultats d’autocontrôle mis en œuvre par les professionnels.

Donc pas de prélèvements réalisés

A l’issue de ces inspections, le niveau de maîtrise des risques sanitaires de ces établissements a été évalué par les inspecteurs et mis en transparence sur le site internet et l’application mobile Alim'confiance. Parmi ces établissements, 32 ont un niveau sanitaire satisfaisant ou très satisfaisant.

Un établissement a fait l’objet d’une suspension d’activité par les services de l’État, car les manquements relevés y étaient importants. Cet établissement ne pourra reprendre son activité que lorsque toutes les garanties de maîtrise des risques seront apportées aux services de contrôle. Il est à noter que cet établissement ne produisait pas de poudres infantiles lors de l'inspection ayant conduit à sa fermeture administrative.

Enfin, huit établissements ont été mis en demeure de procéder à des mesures correctives dans un délai imparti par les services d’inspection. Ces mesures ont concerné par exemple des adaptations de locaux, le renforcement de procédures de nettoyage-désinfection ou encore un plus grand niveau d’exigence dans la réalisation des autocontrôles. Les entreprises concernées font l’objet d’un suivi renforcé. De nouvelles inspections inopinées par les services de l’État sont programmées pour vérifier d’une part, la mise en place des mesures correctives exigées et, d’autre part, l’amélioration et le maintien d’un niveau de maîtrise des risques satisfaisant.

Ce « bilan du plan renforcé » ne nous dit pas si les « huit établissements mis en demeure de procéder à des mesures correctives » avaient des salmonelles dans leur environnement de fabrication … ce sera certainement pour plus tard … si une commission d’enquête le demande …

La revue PROCESS Alimentaire du 5 février 2018 rapportait à propos de ce plan de contrôle renforcé, « Le recueil de ces paramètres technologiques contribuera à la préparation d’une saisine de l’Anses (qui sera publiée ultérieurement). Les inspections devront être finalisées au plus tard le 15 mai 2018. »
Les inspections ont peut-être étaient finalisées « au plus tard le 15 mai 2018 », mais elles n’ont été publiées que le 16 novembre 2018 !

Comme il ne faut fâcher personne, ce bilan demeure anonyme, aucune entreprise est citée … mais on sait que ce n’est pas le cas ailleurs …

Récemment, le 16 novembre et le  21 novembre 2018, la Food Standards Agency du Royaume-Uni rapportait :

Un abattoir du Yorkshire a été condamné à une amende pour manquement aux règles d'hygiène alimentaire. La société Yorkshire Abattoir Services Limited a été condamnée à payer plus de 34 400 £ (36 675 euros) après avoir été reconnue coupable d'infractions en matière d'hygiène alimentaire.

Une usine de découpe de viande de Birmingham condamnée à une amende de plus de 43 000 £ (48 222 euros) pour manquement à l'hygiène. Sandwell Foods Ltd, commercialisée sous le nom de Halal World, a été reconnue coupable de quatre infractions en matière d’hygiène des aliments.

Cela a le mérite d’être public, simple et clair … on sait à qui on a à faire …

Maintenant venons-en à cette transparence des résultats des inspections, dont on nous dit que « le niveau de maîtrise des risques sanitaires de ces établissements a été mis en transparence sur le site internet Alim'confiance ».

Comment faire pour retrouver les entreprises qui ont été inspectées sur le site Alim’confiance ?
Ce que l’on sait :
. 32 ont un niveau sanitaire satisfaisant ou très satisfaisant, soit 78% des établissements,
. huit établissements ont été mis en demeure de procéder à des mesures correctives dans un délai imparti par les services d’inspection et,
. un établissement a fait l’objet d’une suspension d’activité par les services de l’État
Pas facile d’avoir une liste …

Une première recherche des établissements concernés m’a amené à une « Liste des établissements agréés CE conformément au règlement (CE) n°853/2004 ». Ce règlement fixe des règles spécifiques d’hygiène applicables aux denrées alimentaires d’origine animale.

Malheureusement l’accès aux différentes listes des entreprises, dont on nous assure qu’il y a une mise à jour quotidienne, est refusé, souci de sécurité, me dit mon navigateur, même souci avec deux autres micro-ordinateurs essayés. La liste qui m’intéressait était : « Section IX. Lait cru, colostrum, produits laitiers et produits à base de colostrum ».

Je me rabats donc sur l’Instruction technique (DGAL/SDSSA/2018-71) du 29/01/2018, « Plan d'inspection des établissements fabriquant, mélangeant ou conditionnant des poudres de produits laitiers destinées à l'élaboration de denrées alimentaires pour bébés. »

Surprise, il n’y a pas « 110 établissements agréés pour la déshydratation de lait », comme indiqué dans le communiqué du ministère de l’agriculture précité, mais 98 figurant dans l’« Annexe : liste des établissements agréés au titre de leur activité de déshydratation du lait (Resytal, janvier 2018). » Pour en savoir un peu sur Resytal, on lira ce lien.

Une fois arrivé sur cette liste, il semble difficile de lister les « 41 établissements qui manipulaient de la poudre infantile », car cette information stricto sensu ne figure pas sur la liste … et quelques établissements pris au hasard faisant de la « poudre de lait » ne donnent aucun résultat après consultation du site d’Alim’confiance (recherche des établissements agroalimentaires)  

Ou bien, il me faut passer systématiquement tous les 98 établissements listés au crible du site Alim’confiance pour peut-être retrouver la liste des 44 établissements ayant fait l’objet du plan de contrôle renforcé, c’est dire si cela est simple et surtout transparent …

En conclusion,  retour à la case départ, dans attente d’une transparence qui ne ressemblera pas à la chasse audahu (attrape-nigauds) … à moins qu’une bonne âme (ça existe) me fournisse la marche à suivre …


Emission de télé ou téléfilm ou télé réalité ?

Dans le cadre de cet article sur le Bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile, il faut dire un mot de l'émission sur France 2, Cellule de crise, on pourrait croire par certains moments à un téléfilm, « Lait contaminé : au cœur de l'affaire Lactalis » a été diffusée le 27 novembre 2018 :

Alors que les Français sont de plus en plus méfiants face au contenu de leurs assiettes, l'enquête de « Cellule de crise » sur le lait infantile contaminé illustre comment l'agroalimentaire n'est toujours pas une industrie sous contrôle. Tout juste un an après la découverte de l'épidémie, les principaux acteurs de l'affaire Lactalis racontent les coulisses de la crise. Le 30 novembre 2017, les biologistes de l'Institut Pasteur identifient une épidémie de salmonellose. Les victimes sont des bébés, tous ont consommé des poudres de lait produites par le géant mondial Lactalis. C'est le début d'une crise alimentaire marquée par une spectaculaire et inquiétante série de dysfonctionnements : retards pour informer les parents, tergiversations pour identifier les lots potentiellement contaminés.

Se basant régulièrement sur des témoignages de parents, l’émotion est omniprésente et n’apporte rien à la gestion de crise de l’affaire Lactalis.

A aucun moment, il n’est expliqué ce qu’est une analyse microbiologique, c’est la base et c’est bien dommage, car l’analyse microbiologique ne donne pas toujours un résultat comme on aimerait que cela soit, ce n’est une analyse parfaite et elle comporte des biais inhérents à ce type d’analyses : la contamination sur un milieu sec pour les poudres de lait est hétérogène et il faut donc des volumes de prélèvements pour tenter de retrouver une contamination.

Ce que le consommateur aurait pu apprendre :

La sécurité des aliments est principalement assurée par une approche préventive (bonnes pratiques d’hygiène et application des principes de l’HACCP). Les critères microbiologiques donnent des références concernant l’acceptabilité des denrées et des procédés de fabrication mais pour des raisons liées par exemple à l’échantillonnage et la faible prévalence de certains dangers, les analyses microbiologiques ne peuvent jamais garantir la sécurité d’un produit analysé. Source Note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/N2006-8048) de février 2006 à propos des critères microbiologiques applicables aux aliments.

Pas un mot sur le « Bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile » publié par le ministère de l’agriculture et qui montre que l’absence de transparence prévaut toujours …

Le seul point vraiment utile et qui aurait pu être creusé, ce sont les contradictions flagrantes des deux ministres, ministre de l’agriculture et ministre des finances, lors des auditions de la Commission d’enquête chargée de tirer les enseignements de l’affaire Lactalis et d’étudier à cet effet les dysfonctionnements des systèmes de contrôle et d’information, de la production à la distribution, et l’effectivité des décisions publiques, Tome II :

Ministre de l’agriculture :
Or ces analyses, très nombreuses, comme vous pouvez le constater, ne comprennent pas le lait infantile, dont le contrôle relève de la DGCCRF. Vous me permettrez par conséquent de ne pas répondre à la place du ministère de l’économie et des finances, tutelle de la DGCCRF, puisque vous aurez tout loisir d’interroger mon collègue Bruno Le Maire sur le sujet.

Ministre de l’économie et des finances :
Les compétences sur la salmonelle sont du ressort de la DGAL et des services vétérinaires et pas de la DGCCRF.

Notons que cette intervention du ministre de l’économie et des finances ne se trouve pas dans le compte-rendu des auditions, mais uniquement dans les vidéos des auditions !

Notons aussi que comme dans une série américaine, tout un chacun s'est félicité des propositions du rapport de la commission d'enquête, sans se poser la question de savoir quelle mesure précise sera effectivement être mise en place dans la réalité, personnellement j'ai des doutes sur son effectivité.

Des exemples après l’affaire Lactalis auraient pu être pris pour montrer que malgré le rapport « poudre aux yeux » de la Commission d’enquête, rien n’a changé, as usual …

Enfin, le dernier intervenant de l’émission est une personne de Food Watch, ONG qui ne représente qu’elle-même, et qui a surtout servi de caisse de résonance médiatique (faire le buzz correspond plus à la réalité) sur la souffrance des parents, mais aussi en tapant sur les autorités, les distributeurs, les pharmacies, Lactalis, etc., dans le but de se faire connaître du public français …
France 2 a donc ainsi servi de caution et de tremplin à cette ONG, dont j’avais déjà dit en mai 2014, « foodwatch arrive en France : Non, merci ! », je n’ai pas changé d’avis …

Pour information :

Il y a eu en France à la fin de la semaine 47 de 2018, 304 avis de rappel de produits alimentaires versus 192 avis de rappel pour toute l’année 2017, soit 36,9 % de plus … là aussi la transparence serait de mise, mais quand …
Sur ce sujet, on lira aussi La folie des rappels de produits, « 2018, l'année de tous les records ? », ce n’est pas, l’année de tous les records, c’est une explosion …

Au niveau du RASFF de l’UE, à la fin de la semaine 47 de 2018, pour les produits alimentaires d’origine France, il y a eu 202 avis de rappel de produits alimentaires versus 133 notifications pour toute l’année 2017, soit 34,2 % de plus… un peu moins que le chiffre des produits alimentaires rappelés en France…