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vendredi 20 septembre 2019

Bilan 2018 du RASFF de l'UE: Un mauvais bilan pour la France et la sécurité des aliments


Dans un article d’août 2018, j’indiquais que, lors d’un bilan intermédiaire, « La France est en deuxième position pour les notifications au RASFF de l’UE pour les produits d’origine France au deuxième trimestre 2018, selon une étude ». Voir image ci-dessous.

Malheureusement ou pas, la France a perdu sa deuxième place et n’est plus que troisième derrière la Turquie et la Chine … dans le dernier bilan 2018 du RASFF de l’UE …, Turquie (318 notifications), Chine (315 notifications), mais la France est troisième avec 215 notifications, mais elle est le premier pays de l’UE, non mais ...

Je ne crois que l’on aura un commentaire du ministre de l’agriculture, d’habitude si disert sur les questions touchant à l’agro-alimentaire …

Concernant quelques actions de notre pays

Prenons l’exemple de la coopération et de l’assistance entre les Etats-membres, le rapport 2018 du Rassf indique, « Il est clair qu’il y a une utilisation inégale du système. Des pays comme l'Allemagne (363 notifications sous AAC) et l'Autriche (334 notifications sous AAC) utilisent le système beaucoup plus intensément que d'autres. » La France ne l’a utilisée qu’à 39 reprises …

Autre aspect, la France n’est que le cinquième pays de l’UE à l’origine des notifications au RASFF de l’UE, derrière les Pays-Bas (469), l’Allemagne (419), l’Italie (393) et le Royaume-Uni (353) ..., c'est dire si la surveillance et les contrôles ne sont pas optimisés ...

Bien triste bilan pour la France ...

jeudi 19 septembre 2019

Rapport 2018 du RASFF : Les notifications d’alerte et les pathogènes sont en forte hausse


Le rapport 2018 du RASFF vient de paraître, ici. Vous pourrez aussi aisément comparer avec le rapport 2017 du RASFF, ici.

Bien entendu, faute place et de temps, il faudrait analyser plus en profondeur ce rapport 2018 et voici ci-après quelques éléments-clés.

Notifications au RASFF en 2018
En 2018, 3 699 notifications initiales au total ont été transmis par RASFF (versus 3 832 en 2017), dont 1 118 ont été classé comme alerte (versus 942 en 2017), 493 comme information pour suivi (versus 596 en 2017), 675 comme information pour attention (versus 706 en 2017), 1401 comme notification de rejet aux frontières (versus 1 588 en 2017) et 12 comme nouvelles notification.

Ces notifications initiales ont donné lieu à 10 484 notifications de suivi (versus 9 117 en 2017), représentant une moyenne de 2,8 suivis par notification originale. Pour les notifications d’alerte, cette moyenne s'élève à un impressionnant 5,8 suivis par notification originale.

Par rapport à 2017, le nombre de notifications d’alerte impliquant un risque grave pour la santé d’un produit circulant sur le marché, a augmenté de 19% avec 13% de plus de suivis transmis. L’augmentation des alertes est significative pour la cinquième année consécutive.

Les chiffres globaux présentent une légère baisse de 4% dans les notifications originales par rapport à 2017 (après une forte augmentation en 2017) et une augmentation de 14% des notifications pour suivi, ce qui a entraîné une importante augmentation globale de 9%.

Cela montre que le nombre global des notifications est stable tandis que la réactivité et la collaboration efficace de nos États-membres autour de chaque notification initiale est clairement en augmentation.

De la coopération et de l’assistance entre les Etats-membres
Page 10 du rapport 2018 du RASFF est présentée une carte significative, qui est bien plus qu’une simple anecdote,
La carte montre le nombre de notifications sous AAC (ou Administrative Assistance and Cooperation System) par pays notifiant en 2018 (en gros, il s’agit d’une assistance administrative mutuelle). Il est clair qu’il y a une utilisation inégale du système. Des pays comme l'Allemagne (363 notifications sous AAC) et l'Autriche (334 notifications sous AAC) utilisent le système beaucoup plus intensément que d'autres. Ceci démontre que l'échange d'informations sous AAC montre toujours un très grand potentiel de croissance.

Ou que cela ne fonctionne pas si bien que ça entre les Etats-membres …, ainsi la France a demandé 39 notifications sous AAC …

D’où proviennent les notifications ?
En 2018, 42% des notifications au RASFF concernaient des contrôles aux frontières extérieures de l'EEE aux points d’entrée ou aux postes frontières.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Comme quoi les contrôles, ça peut être efficaces …

Les incidents notifiés au RASFF en 2018

Dans le tableau , vous pouviez déjà voir que 30 notifications ont été associées à des épidémies d'origine alimentaire. Au total, 58 notifications concernant épidémies d’origine alimentaire en 2018. Parmi elles, 13 ont identifié Salmonella comme cause probable et 12 où norovirus a été identifié.

Notifications au RASFF par pays d'origine en 2018
Sans souci, la France est en tête avec 215 notifications! Voir la carte page 20 du raport 2018 du RASFF et le tableau page 40. A noter aussi ces 215 notifications en 2018 des produits d’origine France sont à comparer avec les 133 en 2017, 119 en 2016 et 122 en 2015. Cela montre une certaine dégradation de la situation.

Micro-organismes pathogènes
492 notifications
Les notifications concernant les micro-organismes pathogènes ont augmenté de 19% en 2018 par rapport à 2017.

A noter 370 notifications (en baisse de 35%) concernant les pays non-membres de l’UE et Salmonella est souvent la cause.

Salmonella
Salmonella est toujours le pathogène le plus fréquemment rapporté dans les aliments en provenance des Etats-membres (246 notifications, soit une augmentation de 19%), mais il en va de même pour les pays non membres de l’EEE (304 notifications). La viande est à l’origine de l'essentiel des notifications.


Listeria monocytogenes
La contamination par Listeria monocytogenes se trouve principalement dans les aliments d'origine animale. Néanmoins, la principale épidémie multi-pays d'origine alimentaire liée à du maïs congelé en 2018 a rappelé que la contamination par Listeria pourrait être possible dans d’autres aliments, en particulier dans les aliments qui ne sont pas traités thermiquement avant consommation.

Notifications récurrentes
Listeria monocytogenes a été notifiée 13 fois dans des fromages de France (souvent au lait cru). Il n'y avait pas d'opérateurs récurrents.

Norovirus
Il y a eu 47 notifications (en hausse de 100%!) concernant norovirus, dont 34 signalés chez des huîtres de France, avec pas moins de six opérateurs différents. Il y a eu 6 notifications concernant norovirus dans différents types de baies.

Escherichia coli producteurs de shigatoxines
Escherichia coli producteurs de shigatoxines (28 notifications) peut provoquer des maladies d’origine alimentaire en raison de sa capacité à produire des toxines.
Produits de viande (non traités thermiquement), 14 notifications et fromages, 8 notifications.

Allergènes
149 notifications (en hausse de 31%)

Corps étrangers
136 notifications (en hausse de 36%)

Mycotoxines
569 notifications

Résidus de pesticides
237 notifications (en hausse de 27%)

Notifications des aliments pour animaux
313 notifications
Les notifications concernant les aliments pour animaux représentent environ 9% du nombre total des notifications RASFF, ce qui est considérablement plus que les années précédentes. Leur nombre a augmenté de 74 par rapport à 2017.

Matériaux entrant en contact avec les aliments
139 notifications
Les notifications sur les matériaux entrant en contact avec les aliments ne sont plus à la baisse et leur nombre a augmenté de 17%. Leur part relative dans les notifications totales en 2018 n’est que de 3,8%.
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NB: Au petit jeu du classement des pays ayant le plus de notification par pays d’origine, on trouve sans surprise, et hors concours, la Turquie (318 notifications), la Chine (315 notifications), mais la France est troisième avec 215 notifications, mais elle est première parmi les pays de l’UE, non mais ...

samedi 12 janvier 2019

Les avis de rappels de produits alimentaires en 2019, toujours le mur de la non-information

En France, 6 avis de rappel ont concerné six produits prêts à être consommés depuis le début de l'année, dont cinq avis de rappel sur six avec pour cause de présence de Listeria monocytogenes

S'agissant de denrées d'origine animale, le ministère de l'agriculture s'arqueboutant sur le 'fameux' guide d'aide à la gestion des alertes d'origine alimentaire (Version révisée/complétée du 2 juillet 2009) n'a informé que d'un seul avis de rappel sur six en 2019, voir aussi ce tweet du ministère de l'agriculture, comme quand on veut informer, on peut ...

Je n'insiste plus sur le sujet tant cette attitude devient, à mon sens, pathologique ...

Bref, selon le ministère de l'agriculture, trois acteurs interviennent dans le système d'alerte sanitaire en France :
  • les professionnels responsables de la qualité du produit ;
  • les services de contrôle (les directions de la protection des populations - DDPP (directions départementales de la protection des populations) ou DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations) ;
  • le consommateur responsable (respect des bonnes pratiques d’hygiène, respect des DLC, etc.).
Soit, mais que peut faire le consommateur face à des produits prêts à être consommés contaminés ?

Il me semble donc logique que tous les acteurs, je dis bien tous, du système d'alerte sanitaire en France puissent communiquer sur le sujet et pas seulement le ou les distributeurs …

Ainsi, dans l'historique de 2019, les distributeurs ont informé les consommateurs via leur sites Internet respectifs sur cinq avis de rappel sur six.

Il serait, à mon sens, aussi utile de communiquer au consommateur les volumes mis en jeu lors de ces rappels, s'agit-il de quelques kg ou de tonnes de produits ?
La contamination par Listeria monocytogenes est-elle faible ou élevée ?

Autant d'informations que le consommateur ignore, de même que sur le plan d'amélioration mis en œuvre par l'entreprise, car il faut espérer que les entreprises concernées par un rappel fassent l'objet d'un suivi …
Nous en avions entendu parler dans un curieux communiqué de la DGCCRF à propos de trois rappels successifs d'entrées chaudes de la marque « l’atelier Blini » et j'en avais parlé ici.

Au niveau des notifications au RASFF de l'UE pour les produits d'origine on maintient le cap de l'an passé pour les produits d'origine France avec déjà cinq notifications ...
Cliquez l'image pour l'agrandir
J'ai indiqué ce qu'il fallait penser de la notification 1., ici, une sorte de session de rattrapage pour la DGCCRF ...
Autre exemple, la notification 5. a fait l'objet d'un rappel en Belgique le 21 décembre 2018, mais pas d'information en France ...etc.

Complément. En date du 15 janvier 2019, 7e rappel de produit alimentaire en France ; il s'agit du 6e avis de rappel de produit alimentaire contaminé par Listeria monocytogenes.

lundi 3 décembre 2018

Les produits alimentaires fabriqués en France sont en tête des notifications au réseau d’alerte européen RASFF, faut-il se réjouir de cette bonne nouvelle ?


En sécurité des aliments en France, il faut bien l’admettre, les résultats en termes d’inspections en sécurité des aliments ne sont pas au rendez-vous puisqu’ils sont en baisse depuis 5 ans, les exemples sont connus et identifiés, notamment par le Rapport de la Commission d’enquête chargée de tirer les enseignements de l’affaire Lactalis et d’étudier à cet effet les dysfonctionnements des systèmes de contrôle et d’information, de la production à la distribution, et l’effectivité des décisions publiques, et l’on ne voit pas l’once d’un début d’autocritique (voir à ce sujet ce qui se passe au Royaume-Uni), et il me semble que changer de paradigme en matière de sécurité des aliments serait tout à fait approprié !

Alors à la fièvre ambiante que vit en ce moment la France, j’ajoute modestement ma contribution … pour une meilleure sécurité des aliments !

Un constat est simple et sans appel est le suivant : la France avec ses produits d’origine nationale est devenu le premier pays de l’UE en termes de notification au réseau d’alerte européen RASFF … en 2018 !
  1. France, 203
  2. Pologne, 165
  3. Espagne, 159
  4. Pays-Bas, 148
  5. Allemagne, 141
  6. Italie, 138
  7. Royaume-Uni, 92
Pas de quoi être fier, il ne s’agit d’agri ou de France bashing, mais plutôt le résultat d’une certaine politique de sécurité des aliments voulue depuis de nombreuses années … et qui rencontre ses limites : trop de règles, environnement économique, pression de la distribution, maîtrise sanitaire insuffisante, etc.

80 notifications seulement sur 203 ont été déclarées par la France, soit 39,4%.

Ci-dessous la liste des notifications depuis 2012 jusqu’à 2018, mais l’année n’est pas encore finie :

- 2018 : 203
- 2017 : 133
- 2016 : 119
- 2015 : 121
- 2014 : 110
- 2013 : 129
- 2012 : 111

Bien entendu il y a des pays qui sont des candidats hors concours, souvent habitués au podium comme la Chine et la Turquie, avec respectivement 289 et 287 notifications. Suivent plus loin, les Etats-Unis, l’Inde, et le Brésil, avec respectivement 183, 150 et 98 notifications.

En prenant en compte les plus gros contributeurs, la France se retrouve donc à la troisième place de l‘ensemble des pays commercialisant avec l’UE et identifiés par le réseau d’alerte européen RASFF. Bien triste constat …

Parmi les causes des notifications, sans surprise arrivent largement en tête les micro-organismes pathogènes ou dangereux.

- Micro-organismes pathogènes : 131, soit plus de 68,5% du nombre de notifications, dont norovirus (38), Salmonella (29), Listeria (20), Campylobacter (18), E. coli producteurs de shigatoxines (17) ,Escherichia coli (8), Cronobacter (2), Intoxication alimentaire (4)
- Corps étrangers : 21
- Infestation parasitaire : 9
- Métaux lourds : 7
- Biocontaminants : 6, dont 3 pour cause d’histamine
- Allergènes : 5
- Micro-organismes non pathogènes : 4
- Additifs alimentaires : 3
- Résidus de pesticides : 3
- Composition : 3
- Biotoxines marines : 2
- Mycotoxines : 2
- Défaut d’emballage : 2
- Contrôle du procédé insuffisant : 2
- Contaminants industriels : 2


Parmi les produits concernés :

- Mollusques bivalves : 53 dont huîtres 41, moules 7, clams 4 et amandes de mer 1
- Lait et produits laitiers : 34
- Volaille et les produits de volaille : 29
- Poissons et produits de la mer : 19
- Viande et les produits de viande (hors volaille) : 11
- Céréales et produits de boulangerie : 9
- Fruits et végétaux : 9
- Plats préparés et snacking : 8
- Produits transformés : 5
- Confiserie : 3
- Cacao, cafés et thés : 2
- Matériaux au contact des aliments : 2


Cela étant, il y a aussi le volume des exportations. En toute logique, plus un pays exporte, comme c’est le cas de la France, plus les alertes seront nombreuses … cela étant il a des limites ...

Ce constat va de pair avec ce que témoignent les rapports d’activité de la DGCCRF concernant les alertes des produits alimentaires et qui soulignent l’importance de la parts des produits d’origine nationale dans ces alertes :


2017
- 575 alertes
- 405 alertes ayant une origine nationale dont 10 % ont concerné d’autres États membres de l’Union européenne.
2016
- 543 alertes
- 369 alertes ayant une origine nationale dont 9 % ont concerné d’autres États membres de l’Union européenne.
2015
- 536 alertes
- 394 ayant une origine nationale dont 5 % ont concerné d’autres États membres de l’Union européenne
2014
- 389 alertes dont 276 ayant une origine nationale
- 50 notifications sur le réseau d’alertes européen RASFF
2013
- 264 alertes nationales dont 145 ont fait l’objet d’une notification sur le réseau d’alertes européen RASFF


Je ne sais pas comment sont obtenus les chiffres de la DGCCRF. Mais, on voit bien ce qui se passe depuis des années, avec une lente mais constante augmentation depuis 2015, les alertes étant dues très majoritairement aux produits alimentaires d’origine nationale.

Même constat avec ce qui se passe sur le territoire national au niveau des avis de rappel des produits alimentaires avec 303 avis de rappel, selon le site Oulah!, au 1er décembre 2018 versus 192 pour toute l’année 2017 !


Les résultats indiquent que la morbi-mortalité attribuable aux maladies infectieuses d’origine alimentaire reste élevée en France, avec 1,28 à 2,23 millions de cas annuels, dont 15 800 à 21 200 hospitalisations et entre 232 et 358 décès. En France, les infections à norovirus, Campylobacter spp. et Salmonella spp. représentent la majorité des cas et des hospitalisations d’origine alimentaire. Les infections à Salmonella spp. et Listeria monocytogenes représentent la moitié des décès d’origine alimentaire.

Ces éléments sont bien loin des données annuelles, rituelles et relativement ‘rassurantes’ des toxi-infections alimentaires collectives, dont « on estime ainsi que moins d’une TIAC sur cinq, voire sur dix, serait effectivement déclarée. »

Bien entendu, ces notifications au RASFF de l’UE et les alertes liés aux avis de rappel en France sont une bonne chose, on détecte et surtout les professionnels font le job, mais derrière ce constat se cache l’absence de la transparence en matière de communication et d’information …, ce qui suscite bien des questions de confiance, mais aussi des cas sporadiques d’intoxications alimentaires, ce qui me fait dire que les maladies infectieuses d’origine alimentaire en France constituent un fardeau élevé.