mercredi 5 décembre 2018

La sécurité des aliments aux Etats-Unis : Etats des lieux suite à l'épidémie liée à la laitue romaine


« Lorsque la laitue devient malsaine, il devient temps de repenser la sécurité des aliments aux États-Unis », source article écrit par un contributeur invité par Food Safety News du 5 décembre 2018.

Nous vivons à une époque partisane, comme peuvent probablement en témoigner tous ceux qui ont dû assister à un dîner de Thanksgiving avec des parents éloignés. Mais même votre oncle fou conviendrait que la sécurité de nos aliments ne devrait pas être une question partisane. Personne ne veut que son enfant tombe malade en mangeant un hamburger, du poulet ou, dans le cas de l'épidémie actuelle à E. coli liée à de la laitue romaine. Pourtant, les saladiers de Thanksgiving restés vides de la semaine dernière annoncent ce qui va se passer si notre gouvernement fédéral ne prend pas au sérieux la sécurité des aliments.

Malheureusement, les attaques de l’administration Trump contre les règles visant à garantir que nos aliments soient salubres ont déjà un impact sur la santé de nos familles. En fait, 2018 a été une année record pour les maladies d'origine alimentaire, avec 22 investigations en matière de sécurité des aliments menées par le Centers for Disease Control and Prevention (CDC). C’est le plus grand nombre d’alerte depuis au moins une douzaine d’années et les plans de l’administration visant à retarder et à affaiblir les règles visant à réduire le risque de contamination des produits impliquent de nouvelles épidémies.

En effet, cette dernière épidémie à E. coli est la deuxième en 2018 (et la troisième au cours des 12 derniers mois) impliquant de la laitue romaine. La crise actuelle, qui a débuté en octobre, a rendu malade plus de 40 personnes dans 12 États, de la Californie à l’Ohio et au New Hampshire. Plus de 20 Canadiens sont également été rendus malades ce qui indique que nous exportons nos menaces pour la santé vers d’autres pays. Selon le CDC, la laitue romaine de la côte centrale de la Californie est au centre de cette épidémie. Bien que la cause du dernier incident reste mystérieuse à ce jour, une épidémie distincte à E. coli à cause de la laitue romaine qui a fait au moins 5 morts et au moins 210 personnes malades a probablement été causée par l'eau d'irrigation contaminée, probablement par une énorme ferme usine à proximité. Un parc d'engraissement pour bovins situé à proximité du canal d'irrigation en est peut en être la source, mais la FDA n'a effectué que des analyses limitées et n'a pas confirmé le lien. Les mots crus d’une Une, « Les fèces de 100 000 bovins peuvent être critiqués pour cette épidémie mortelle de laitue romaine à E. coli. » Super, exactement ce que nous voulions tous dans notre salade.

La vraie tragédie, c’est que les règles de sécurité des aliments établies par l’administration Obama pour se protéger contre ce même élément - l’eau d’irrigation contaminée - devaient entrer en vigueur en janvier 2018. Mais sous une pression politique considérable exercée par l’agriculture industrielle, Scott Gottlieb, directeur de la FDA a annoncé en septembre 2017 que l'agence envisageait de suspendre les exigences en matière d'essais et d'inspection afin de garantir que l'eau d'irrigation des légumes-feuilles et des légumes ne soit pas contaminée par du fumier. Mettre du fumier hors de l'eau d'irrigation est essentiel, bien sûr, pour assurer la sécurité des aliments. La FDA propose non seulement de retarder la mise en œuvre de ces exigences jusqu'en 2024, mais devrait également assouplir nombre de ses protections.

Les efforts déployés par l’administration Trump pour affaiblir les normes de sécurité des aliments ne se limitent pas aux légumes verts. Répondant au souhait de longue date des grands producteurs de viande et de volaille, le ministère américain de l’agriculture (USDA) de Trump a également donné son feu vert au projet pour permettre aux abattoirs de poulets d’accélérer les lignes en vue de l’inspection. Il a proposé de faire la même chose pour les abattoirs de porc, rendant plus difficile l'inspection de chaque carcasse par les inspecteurs, augmentant le risque d'épidémies et de blessures chez les employés. En fait, dans le cadre du plan Trump, les inspecteurs de l'USDA devront inspecter et garantir la sécurité de 175 poulets par minute et de plus de 1 106 porcs à l'heure, c’est stupéfiant. N'essayez pas cela à la maison.

Entre-temps, les élevages industriels sont devenus une bombe à retardement pour les supermicrobes résistants aux antibiotiques, car l’industrie américaine nourrit ses animaux avec près de deux fois plus d’antibiotiques d’importance médicale que leurs homologues européens. La surutilisation d'antibiotiques chez les animaux d'élevage contribue à une crise de santé publique en Amérique. Au moins deux millions de personnes au moins souffrent d'infections résistantes aux antibiotiques chaque année, entraînant la mort de plus de 23 000 personnes. L’épidémie actuelle liée à la laitue romaine implique une souche de E. coli qui n’est pas traitable par des antibiotiques. Cependant, de nombreuses autres épidémies de maladies d'origine alimentaire ont été déclenchées par des bactéries résistantes aux antibiotiques, telles que la récente épidémie de Salmonella multirésistant causée par des dindes dans 35 Etats, qui a rendu malade 164 personnes, hospitalisé 63 personnes et tuant au moins une personne.

Des protections supplémentaires de notre approvisionnement alimentaire pourraient être les prochaines à aller sur le billot, victimes du décret de Trump exigeant la révocation de deux règlements pour chaque nouvelle règle. Le National Resources Defence Council (NRDC) et ses partenaires se battent contre la décision arbitraire deux pour une devant un tribunal, notant qu'elle crée un faux choix entre sécurité des aliments et d’autres protections.

Le fait est que l’argument fatigué avancé par les sbires de Trump, selon lequel la sécurité des aliments et d’autres règles environnementales sont trop coûteuses, ne résiste pas à un examen minutieux. La propre analyse de la Maison Blanche montre que les mesures de protection de l'environnement et d’autres règles de bon sens génèrent un bon retour sur investissement pour notre avenir, les règles de sécurité sanitaire des produits génèrent un montant estimés de 900 millions de dollars en bénéfices provenant de la prévention des maladies d'origine alimentaire, à un coût nettement inférieur.

L’administration Trump semble faire un calcul différent, pariant que le public ne remarquera pas à quel point les protections réduites rendent leurs aliments moins sûrs. Le budget alloué en 2011 à la loi de  sur la modernisation de la sécurité des aliments, qui constitue le premier renforcement important du programme de la FDA en matière de sécurité des aliments depuis 70 ans, est bien en deçà de ce que l’agence a jugé nécessaire pour appliquer pleinement la loi. Ni l’administration Trump, ni le Congrès ne souhaitent le financer adéquatement en 2018 ou 2019.

Ces épidémies bactériennes de plus en plus fréquentes servent de signal d'alarme: la protection de notre approvisionnement alimentaire doit être une priorité absolue. Les reculs de la réglementation, des mesures laxistes d'application et des budgets inadéquats pour la sécurité des aliments nuisent aux familles. Donner la priorité à la santé de nos enfants est une chose pour laquelle nous pourrions tous être reconnaissants.

Note de la rédaction de Food Safety News : Cet article a été rédigé par Erik Olson, directeur de la santé et des aliments, et la directrice par intérim des aliments, Lena Brook, du National Resources Defence Council.

Les maladies infectieuses d'origine alimentaire augmentent en Angleterre et au Pays de Galles, Quid en France ?


« Les maladies infectieuses d'origine alimentaire augmentent en Angleterre et au Pays de Galles », source article de Joe Whitworth du 5 décembre 2018 paru dans Food Safety News.

Les rapports de laboratoire concernant des pathogènes, notamment E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) O157, Campylobacter, et Salmonella ont tous augmenté par rapport à l'année dernière en Angleterre et au Pays de Galles.
Les données sont basées sur les infections gastro-intestinales courantes en Angleterre et au Pays de Galles signalées au Public Health England (PHE) à fin octobre.
Campylobacter spp. est passé de 47 675 infections de janvier à fin octobre 2017 à 51 497 au cours de la même période cette année.

Les cas d’infections à Salmonella spp. sont passés de 7 319 cas l’an dernier à 7 631 cas et STEC O157 de 530 à 578 cas au cours de la même période. Les sérovars les plus courants de Salmonella comprennent Salmonella Enteritidis et Salmonella Typhimurium.

Cryptosporidium spp., Guardia spp., Shigella spp. et les infections à norovirus ont également augmenté, rotavirus étant le seul agent pathogène à diminuer en fonction des infections gastro-intestinales rapportées.

Les données du rapport de laboratoire proviennent du Second Generation Surveillance System (SGSS) de PHE et les résultats sur les STEC O157 proviennent du National Enhanced Surveillance System du PHE pour les STEC.

Le PHE a recommandé de faire preuve de prudence lors de la comparaison des données d'une année sur l'autre.
« Le nombre d'infections varie d'une année à l'autre. Cela peut être dû à des modifications des méthodes de laboratoire, de l'activité des épidémies, de la saisonnalité des agents pathogènes ou à la suite d'interventions en matière de sécurité sanitaire des aliments ou de santé publique. Il est important que les chiffres ne soient pas considérés isolément, les tendances ne devraient être mesurées que sur des années à l’aide de méthodes appropriées en tenant compte de la variabilité inter et intra-annuelle mentionnée ci-dessus », a déclaré une porte-parole à Food Safety News.

Le rapport hebdomadaire des Notifications de maladies infectieuses (NOID pour Notifications of Infectious Diseases) indique que cette année 2018, jusqu'au 2 décembre, le nombre de cas d'intoxication alimentaire (je pense qu’il s’agit des cas de toxi-infection alimentaire collective -aa) Angleterre et au Pays de Galles s'élevait à 10 352, ce qui est inférieur au chiffre de 10 911 enregistré l'année dernière et à 12 359 à la même période en 2016.
« L’intoxication alimentaire est inclus dans la liste des maladies à déclaration obligatoire et repose sur la suspicion clinique de la cause plutôt que sur des analyses de confirmation en laboratoire. Des changements dans le temps peuvent être dus à un meilleur accès aux analyses de laboratoire, à une modification de la perception clinique du problème ou du système de notification, aux tendances séculaires ou à la suite de communications en matière de sécurité des aliments ou de santé publique », a dit la porte-parole de PHE.
La PHE utilise des cas confirmés en laboratoire pour la surveillance de routine et les tendances de suivi.
« Les notifications de cas et d'épidémies de suspicions d'intoxication alimentaire reposent généralement sur une suspicion clinique et sont connues pour être variables. Les premières et deuxièmes études sur les maladies intestinales infectieuses en ville ont examiné cet aspect en détail et ont développé des moyens d’interpréter les ratios de notification entre le nombre de cas en ville et ceux rapportés à la surveillance nationale », a-t-elle dit.
« Il n'y a pas de critère générique pour le moment où nous communiquons de manière proactive à propos d'une éclosion. Cependant, les facteurs clés que nous prenons en compte sont les suivants: les interventions de la santé publique disponibles, s’il existe une action que les personnes peuvent prendre et si notre action protégera le public. »
Le séquençage complet du génome (WGS pour Whole Genome Sequencing) en temps réel surveille Salmonella, Shigella, STEC, Campylobacter et Listeria monocytogenes.

Les données de surveillance de la PHE sont utilisées pour interpréter les tendances en examinant chaque semaine les données microbiologiques afin d'identifier les modifications pouvant nécessiter une enquête approfondie, dans le rapport britannique sur les zoonoses et le rapport des statistiques de surveillance à l'EFSA et à l’ECDC pour leur rapport annuel sur les zoonoses, les agents zoonotiques et les intoxications d’origine alimentaire.

Dans une mise à jour sur un foyer de Salmonella Typhimurium lié à l'agneau et au mouton, la PHE a déclaré que depuis le 19 novembre, 190 cas de la souche du foyer ont été rapportés depuis juin.
Cela représente une hausse par rapport aux 165 cas rapportés en octobre. Une augmentation du nombre de cas avec ce type de souche a été identifiée en juillet 2017 et plus de 300 infections et un décès ont été signalés depuis.

L’agence a également fait le point sur une épidémie de Salmonella Enteritidis liée à une marque de blanc d’œuf liquide en provenance de France et des matières premières en provenance d’Espagne, d’Allemagne et des Pays-Bas. Neuf cas ont été identifiés comme faisant partie de l'éclosion, en hausse par rapport aux sept cas d’infections signalées en octobre. Le dernier cas a été enregistré début septembre 2018.

Qu’en est-il en France ?

On lira les dernières données épidémiologiques 2017 fournies par l'InVS pour la listériose, ici ; Campylobacter, ici, les salmonelloses non typhiques, aucune donnée n’est fournie et pour les STEC, seules les données épidémiologiques du SHU chez l’enfant âgé de moins de 15 ans en France sont fournies, l’année 2017 est ici. Pour les données des TIAC en 2017, il faudra attendre encore un peu …

Les attentes des consommateurs sont que la DGCCRF fasse le job dans la diffusion des avis de rappel !


Le 1er décembre, un tweet d’Oulah ! rapporte « Suite au rappel publié le 22 novembre 2018, HEMA a décidé de faire un nouveau rappel produit par mesure de précaution pour toutes les lettres en chocolat au lait aux noisettes. »

En effet, il y avait eu un rappel du produit « Lettres en chocolat au lait noisettes de marque HEMA » le 22 novembre.
Ces lettres en chocolat peuvent contenir des particules de matière plastique, risquant de causer des blessures.

A noter que ces deux rappels n’ont pas fait l’objet de la moindre information par la DGCCRF … étonnant  non ?


La DGCCRF communique le 5 décembre 2018 sur un « Avis de rappel de pommes Duchesse de marque POM'LISSE ».

Ce rappel intervient après une notification d’alerte au RASFF de l’UE par la Belgique le 30 novembre, référence 2018.3489, en raison de la présence de morceaux de plastique bleus d’un convoyeur. Le produit a été distribué en France.

Selon les cas, la DGCCRF a mis entre 5 et 11 jours pour rendre public l’avis de rappel, étonnant non ?

Autre exemple, la La DGCCRF communique le 28 décembre 2018 sur un avis de rappel « Cidre Fermier de Bretagne Brut 75cl de marque Reflets de France (Carrefour) ».

Le site Oulah! a diffusé l’information le 23 novembre 2018.

La DGCCRF a mis 12 jours avant de diffuser l’information étonnant non ?

Enfin, last but not the least, j’apprends que la DGCCRF organise le 5 décembre 2018, un « atelier DGCCRF sur la Sécurité des produits : quelles attentes des consommateurs, quelles réponses des acteurs ? »

Le pompon est venu de l’intervention de Virginie Beaumeunier, directrice générale de la DGCCRF,
Les crises récentes rappellent l'exigence d'une transparence accrue vis à vis des consommateurs en matière de sécurité des produits, des services et des denrées alimentaires. Des obligations juridiques existent. Elles s'imposent aux professionnels.
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Et les autorités sanitaires n’ont-elles pas des obligations juridiques ?

Faire le job est donc si difficile que ça !


Mise à jour du 6 décembre 2018. La DGCCRF publie le 6 décembre un avis de rappel assiette pour  enfant de marque Nüby and Teller. 
L'AFSCA de Belgique avait publié un avis de rappel le 26 novembre ...

Cela fait suite à une notification d'alerte par l'Allemagne le 20 novembre au RASFF de l'UE, référence 2018.3350, pour la migration de mélamine (2,7 mg/dm²) d'une assiette pour enfants déclarée comme étant à base de maïs et de bambou en provenance de Chine, via la Belgique.