mercredi 1 avril 2020

France : Rappels de produits alimentaires en mars 2020, ça continue ...


Hélas, les rappels de produits alimentaires ne connaissent pas la crise liée à l'épidémie de Covid-19 ... et malheureusement les consommateurs ne sont pas plus informés ...

En 2020, il y a eu 53 rappels en janvier, 28 en février et  seulement, pourrait-on dire, 17 produits au rappel en ce mois de mars, selon Oulah!, la référence en matière de rappels en France. Du mieux donc ... pourvu que ça dure ... il nous rester optimiste !

Causes des rappels
  • Listeria monocytogenes : 6
  • Allergène : 3
  • Salmonella : 2
  • Métaux lourds (cadmium) : 1
  • Sprays alimentaire à usage professionnel : 1
  • Erreur de DLC : 1
  • Suspicion de non-conformité : 1
  • Colorant en teneur trop élevée : 1
  • Non conformité réglementaire : 1
A noter,
  • Le produit, foie gras, a fait l’objet de trois avis rappels distincts car proposé sous trois marques distinctes ;
  • Le produit, merguez bio de bœuf et bœuf et agneau, a fait l’objet de deux avis rappels distincts car proposé sous deux marques distinctes et de composition différente ;
  • Cinq produits bio dans ces 17 rappels.
Curiosités en matière de rappels de la part de nos autorités sanitaires
  • Le ministère de l’agriculture se signale avec zéro rappel diffusé en mars ... une nouvelle occasion ratée d'informer et de communiquer en toute transparence ...
RASFF de l'UE
  • 20 notifications en mars 2020 pour les produits d’origine France au RASFF de l’UE, ce n’est donc plus que les rappels de produits alimentaires en France qui arrivent en tête mais les notifications au RASFF de l'UE, c’est dire l’étendue du problème ...
    • sept notifications par l'Italie les 3, 9, 12, 13, puis deux le 20 mars par l’Allemagne et la Belgique et enfin une notification le 27 mars par la Suède pour la présence de norovirus dans des huîtres, décidément, le feuilleton continue depuis désormais quatre mois et ça commence à faire beaucoup ...
    • présence de STEC dans du fromage de chèvre d’après une notification par la Suisse le 2 mars ;
    • présence de Salmonella enterica ser. Typhimurium (présence dans 25g) dans du poulet réfrigéré notifiée par la Norvège le 12 mars ;
    • présence d’un taux élevé de E. coli dans des fromages au lait cru notifiée par l’Allemagne le 13 mars ;
    • présence de Listeria monocytogenes dans des foies de poulets à la crème et des champignons notifiée par l’Allemagne le 16 mars ;
    • présence d’alcaloïdes d’ergot dans du triticale pour animaux par la Belgique le 19 mars 2020 ;
    • présence d’acrylamide dans des chips par la Belgique le 20 mars 2020 ;
    • présence d’aflatoxines dans aliments à base riz par la Belgique le 23 mars 2010 ;
    • présence de Bacillus cereus dans des barres chocolatées aux protéines d’insectes;
    • cinq notifications par la France : Salmonella enterica ser. Typhimurium (présence dans 25g) dans de la viande dinde réfrigérée ; nombre trop élevé de Escherichia coli dans du fromage frais ; présence de Listeria monocytogenes dans des produits de poulet prêts à consommer ; présence de gluten dans des aliments pour bébés ; présence de Listeria monocytognes dans du jambon persillé.
Au premier trimestre 2020, il y a donc eu 74 notifications pour les produits d’origine France, dont 18 ont été notifiées par la France

La France est donc, hélas, en tête des notifications des produits d’origine au sein de l’UE, devant la Pologne (73 notifications) dans le RASFF de l’UE, au premier trimestre 2020 … 

Autres rappels ou produits sujet à rappel
Un rappel le 6 mars au Luxembourg de « Foie gras de canard entier au piment d'espelette 40g et Foie gras de canard entier du sud : 40g d’Auchan le traiteur pour présence de Listeria monocytogenes ».
La société Auchan remplace ainsi les autorités sanitaires de France : « Suite à une notification de la société Auchan, les autorités de sécurité alimentaire luxembourgeoises informent sur le rappel des produit ». Cela se traduit par pas de notification au RASFF de l'UE …


Poudre de lait infantile de marque Gallia, le rappel se fait attendre … malgré la présence de ‘ver’ ou de ‘larve’ ...
En conclusion, si l’on regarde du côté de nos pays voisins et amis de l’UE, pour le premier trimestre 2020, on doit pouvoir faire beaucoup mieux chez nous, en ce qui concerne les avis de rappels de produits alimentaires, jugez plutôt :
A suivre ...

Pendant l'épidémie de COVID-19, au secours, l'agribashing revient !


Dans un tweet du 31 mars, Gil Rivière-Wekstein d'agriculture & environnement avait donné le ton à propos d’un pic de pollution,
Pic de pollution : pour avoir 0 pollution agricole, la meilleure solution c’est... 0 production agricole, car toute les formes d'agriculture ont besoin d'engrais, y compris la #bio. Alors pourquoi cet acharnement sur l'agriculture ? Stop à l' #agribashing.
Mais voici l’éditorial de Jean-Paul Pelras dans l’Agri du 31 mars 2020, « Des paysans ou des « coquelicots » : il faudra choisir ! ». C’est à lire sans modération ...
Demain, autrement dit quand le ciel se sera éclairci, quand nous aurons retrouvé le chemin des plages et celui des restaurants, quand les rayons du supermarché seront à nouveau correctement achalandés, les politiques reprendront leurs places sur l’échiquier des conjectures en essayant de nous faire oublier, le plus vite possible, celui des conjonctures. Nous verrons alors revenir, entre autres prophètes, celles et ceux qui, parmi les environnementalistes du moment, ont dû se contenter de gigoter dans leur coin pendant que le monde essayait de se nourrir, sans rien trouver à redire cette fois ci, sur le modèle qui permet de garantir « la quantité ». Un modèle agricole désormais loué par nos dirigeants qui, en appellent à la solidarité, se transforment en recruteurs de main d’œuvre et invitent même la grande distribution à privilégier le produit français. Pour résumer la situation, en moins de quinze jours les agriculteurs de notre pays ont, pour certains, obtenu ce qu’ils réclamaient depuis une trentaine d’années.
Mais attention, car la lune de miel pourrait être de courte durée et la lune de fiel de retour avant l’été. En embuscade et confinés derrière des idéaux qui ne font plus recette depuis quelques temps, les écologistes préparent l’offensive. Tel le mouvement dit des « coquelicots » qui milite pour l’interdiction de tous les pesticides. Les « coquelicots » qui viennent de publier un communiqué où, tout en alimentant leur fonds de commerce, ils posent cette question : « les épandages d’engrais et de pesticides, qui redémarrent partout en France, peuvent-ils être une source de pollution de l’air et jouer en ce cas un rôle néfaste dans la propagation du virus ? »

Car ils n’ont plus de pot d’échappement à critiquer…
Nous y voilà, ou plutôt nous y revoilà avec un article paru dans Le Parisien qui enfonce le clou vendredi dernier en évoquant « le retour des activités agricoles émettrices de particules fines ». Ou encore cette « analyse » publiée dans Libé : « La crise du coronavirus est une crise écologique. Destruction de la biodiversité, élevage intensif et explosion des maladies infectieuses : tout est lié. Il faut changer d’urgence de modèle agricole, pour éviter de nouvelles crises sanitaires ». Même combat pour Le Monde, qui revenait en début de semaine sur la publication du collectif « Air-Santé-Climat ». Sans oublier Nicolas Hulot qui, comme témoin d’une apparition divine, déclare sur BFM TV : « La nature nous envoie un message (…) Une sorte d’ultimatum ». Quel crédit faut-il apporter à ces observateurs qui jettent leur dévolu tantôt sur les activités humaines en leur faisant opportunément porter la responsabilité du progrès, tantôt sur les pratiques champêtres car ils n’ont, pour l’instant, plus de pots d’échappements à critiquer ? Et bien, ce sera le crédit que la société voudra bien leur accorder au lendemain de cette pandémie. Va-t-on à nouveau contraindre l’agriculteur avec des dogmes qui limitent son activité, sa compétitivité et sa capacité à maintenir notre indépendance alimentaire ? Ou bien va-t-on revenir vers un peu de bon sens, en exigeant de la part des écologistes, et ce sera certainement très compliqué, qu’ils en fassent preuve à leur tour ? En d’autres termes, entre les paysans et les « coquelicots », il va falloir choisir.
Reste à savoir de quel côté vont se ranger les politiques qui ont, hélas, au moment des suffrages et une fois les crises passées, plus souvent besoin des seconds que des premiers.
Reste à savoir de quel côté vont se ranger les politiques qui ont, hélas, au moment des suffrages et une fois les crises passées, plus souvent besoin des seconds que des premiers.

NB : Tous les liens sont de mon fait. -aa

Ce samedi 28 mars, en pleine période de confinement, alors que la pollution a drastiquement baissé depuis deux semaines dans le monde, un pic modéré de pollution aux particules fines PM10* a curieusement été observé dans le nord de la France.
L’agriculture, secteur qui semble le moins touché par la crise du coronavirus, a souvent été pointée du doigt. Mais est-ce vraiment à juste titre ? N’avons-nous pas affaire à une situation plus complexe ? Nous allons voir que si…

*Les PM 10 sont des particules en suspension dans l'air dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres, d'où leur nom particulate matter 10 en anglais ou PM 10.

Complément.


Alors que notre agriculture est mise à mal en cette crise de coronavirus, il faut déjà préparer son redressement. La France, pleine de ressources, doit impérativement maintenir une stratégie de souveraineté alimentaire. Mais pour cela il faut avant tout alléger nos agriculteurs d’un maximum de contraintes logistiques (manque de main d’œuvre, de transports, de produits de traitement) et normatives (durée hebdomadaire de temps de travail, contrats multi-travailleurs). Un mot d’ordre : en temps de guerre, il faut privilégier l’urgence.


Dans ce contexte, on lira « Agriculture : gagner la guerre de l'arrière », article de Pascal Perri paru dans Les Echos.
La pandémie de Covid-19 montre à quel point la souveraineté alimentaire de la France est stratégique. Notre pays doit alors renoncer de manière temporaire à ses contraintes normatives parfois excessives du « temps de paix » si elle entend gagner cette guerre de l'arrière contre le coronavirus, écrit Pascal Perri.

Complément du 4 avril 2020. On lira l'article très détaillé de seppi, Covid-19, particules fines, agriculture... et manipulation.

Complément du 4 avril 2020. Le blog Alerte Environnement rapporte cette image ci-dessous que je partage sans modération ...

La première étape consiste à réaliser qu’au-delà du phénomène d’agribashing, désormais reconnu de façon presque unanime, l’agriculture subit une véritable guerre de sape, qui vise à détruire notre modèle agricole. Et s’il est indispensable de construire un dialogue avec les consommateurs, il reste tout aussi nécessaire de neutraliser ces attaques répétées.
Ensuite, comme le révèle la crise du coronavirus, qui touche désormais le monde entier, le rôle incontournable de notre production alimentaire doit être pris au sérieux. Le président Emmanuel Macron a eu parfaitement raison de marteler, lors de son discours à la nation du 12 mars, que « déléguer notre alimentation est une folie ! ». L’indépendance de la France et de l’Europe exige que l’agriculture soit à nouveau considérée comme un secteur hautement stratégique, dont l’objectif est de nourrir tous les Français, et tous les Européens. Il s’agit donc, pour l’État comme pour les acteurs du monde agricole, de définir une véritable stratégie pour remettre du dynamisme dans nos filières, et pour laisser s’exprimer leurs potentiels. Dans le but, d’abord, de reconquérir les marchés français abandonnés au profit des importations, faute de compétitivité. Mais aussi pour consolider et promouvoir nos filières qui exportent.

Plus de flexibilité pour effectuer des contrôles officiels dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire en raison du coronavirus, selon un nouveau règlement de l’UE


Parmi les considérations,
Un certain nombre d’États membres ont également informé la Commission que les contrôles officiels et les autres activités officielles préalables à la signature et à la délivrance des attestations et certificats officiels originaux papier qui devraient accompagner les envois d’animaux et de produits germinaux circulant entre des États membres ou entrant dans l’Union ne peuvent actuellement pas être effectués conformément à la législation de l’Union.
Eu égard à ces circonstances particulières, il convient de prendre des mesures pour éviter d’exposer le personnel des autorités compétentes à des risques sanitaires graves sans compromettre la prévention des risques pour la santé humaine et animale et celle des végétaux dus aux animaux, aux végétaux et aux produits d’origine animale ou végétale et sans compromettre la prévention des risques pour le bien-être des animaux. Il convient simultanément d’assurer le bon fonctionnement du marché unique, fondé sur la législation de l’Union sur la chaîne agroalimentaire.
Les États membres ayant d’énormes difficultés à faire fonctionner leurs systèmes de contrôle actuels devraient donc pouvoir appliquer les mesures temporaires établies par le présent règlement dans la mesure nécessaire pour gérer les défaillances graves de leurs systèmes de contrôle qui en découlent. Les États membres devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier dès que possible à la défaillance grave de leurs systèmes de contrôle.
Les États membres qui appliquent les mesures temporaires prévues par le présent règlement devraient en informer la Commission et les autres États membres et les informer également des mesures prises pour remédier aux difficultés rencontrées dans la réalisation des contrôles officiels et des autres activités officielles conformément au règlement (UE) 2017/625.
Le présent règlement établit des mesures temporaires nécessaires pour maîtriser les risques de grande ampleur pour la santé humaine et animale, la santé des végétaux et le bien-être des animaux, de façon à remédier aux défaillances graves dans le fonctionnement des systèmes de contrôle des États membres dans le contexte de la crise liée au Covid-19.

Ce qui a changé,

Un règlement a été adopté avec des mesures temporaires pour faire face à de graves perturbations dans le fonctionnement des systèmes de contrôle dans les pays de l'UE.

La mesure est initialement limitée à deux mois et sera revue en fonction de l'expérience de son application. Les pays qui souhaitent l'utiliser doivent en informer la Commission et les autres États membres.

Les contrôles vétérinaires et phytosanitaires des animaux, des plantes, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux peuvent être effectués en utilisant des personnes autorisées par les autorités nationales. Cela s'applique lorsque le personnel des autorités ne peut pas atteindre le lieu où le contrôle doit être effectué en raison de restrictions de mouvement visant à empêcher la propagation communautaire du coronavirus.

Les laboratoires spécialement désignés par les autorités peuvent être utilisés lorsque les laboratoires officiels normalement utilisés ne sont pas disponibles pour des analyses, des tests ou des diagnostics.

Pour les contrôles aux frontières, les documents soumis par voie électronique peuvent être acceptés pour compléter les contrôles si la personne responsable s'engage à fournir l'original dans les plus brefs délais. Les rencontres physiques avec les opérateurs peuvent être remplacées par d'autres moyens de communication.

Complément du 2 avril 2020. On lira ce document de la FAO, Q & R : Les effets de la pandémie du COVID-19 sur l’alimentation et l’agriculture.

mardi 31 mars 2020

Wanted : Les dirigeants mondiaux doivent répondre à l'alarme pandémique mondiale

« Wanted : Les dirigeants mondiaux doivent répondre à l'alarme pandémique mondiale », source article de Simone McCarthy et Shi Jiangtao à Hong Kong/Pékinparu dans SCMP le 31 mars 2020.
  • Le coronavirus est le problème de tout le monde mais jusqu'à présent, les pays ne travaillent pas ensemble pour affronter une crise de plus en plus difficile
  • La communauté internationale est entrée dans une situation d'urgence qu'elle aurait pu préparer il y a des années, disent des analystes
Olga Jonas a travaillé comme conseillère économique à la Banque mondiale lorsque des centaines d'employés se sont concentrés sur les menaces mondiales du changement climatique. Au cours de la même période, seulement deux personnes examinaient les risques de pandémies de maladies. Jonas était l'un d'eux.

Elle a passé sept ans à la banque pour coordonner la réponse de l'organisation aux menaces mondiales de la grippe aviaire et pandémique entre 2006 et 2013, et ce fut une lutte difficile pour attirer l'attention, selon un rapport qu'elle a écrit pour le Fonds monétaire international en 2014.

« Bien qu'un récent rapport de la Banque mondiale ait identifié les pandémies comme l'un des trois principaux risques mondiaux - avec le changement climatique et les crises financières - la plupart des discussions, rapports et communications officiels ne tiennent aucun compte du risque de pandémie », écrivait-elle à l'époque à propos de l'élaboration des politiques mondiales.

Peu de choses ont changé entre-temps pour préparer des pays à une maladie comme le Covid-19 qui déferle actuellement sur la planète, a-t-elle déclaré.

« Très peu a été fait pour aider les pays à améliorer leur état de préparation, et c'est absolument nécessaire et cela figurait dans chaque rapport après chaque pandémie, mais personne n'était responsable », a déclaré Jonas, qui est maintenant chercheur principal au Harvard Global Public Health Institute aux États-Unis. Après une carrière de 33 ans à la Banque mondiale.

« Les coûts sont donc désormais bien plus élevés que ce qui aurait été nécessaire. »
Ces coûts incluent plus de 37 000 morts, l'évaporation d'une valeur combinée de 7,7 milliards de dollars sur les marchés financiers mondiaux en une semaine en mars, et l'éviscération des entreprises et du commerce au prix potentiel de millions d'emplois. C'est tout le travail d'un coronavirus inconnu en l'espace de trois mois. Et les biologistes préviennent qu'il y en a beaucoup plus.

Jonas n'était pas la seule à tirer la sonnette d'alarme sur la menace des pandémies. L'Organisation mondiale de la santé et les agences de santé ont souligné le risque d’empiétement sur les habitats des animaux sauvages, qui hébergent des virus pouvant se propager aux humains. Un autre facteur est les milliers de routes aériennes internationales qui sillonnent le monde, créant des voies de transmission rapides pour les pathogènes.

La mauvaise préparation à cette pandémie s'est traduite par la pénurie de fournitures, d'équipement et de traitement dans la plupart des pays où le Covid-19 a pris pied, laissant le personnel médical en première ligne vulnérable aux infections. Les avertissements de l'OMS pour que d'autres pays se préparent à une épidémie ont été largement ignorés alors que la Chine a subi le choc initial de la crise.

Malgré les appels lancés depuis lors à une coopération internationale pour faire face aux défis d'une pandémie, la réponse est enlisée dans la politique, en particulier entre la Chine et les États-Unis.

Les deux plus grandes économies du monde sont entrées dans la pandémie à la suite d'une guerre commerciale prolongée et d'une litanie d'autres différends alors qu'elles se positionnaient pour un leadership et une influence mondiale. Le coronavirus n'a fait qu'aggraver les relations.

Les pandémies devraient rassembler les pays pour collaborer et coopérer davantage, a déclaré Yanzhong Huang, chercheur principal pour la santé mondiale au sein du groupe de réflexion américain Council on Foreign Relations.

« Mais apparemment, ce n'est pas le cas pour l'épidémie du coronavirus », a-t-il déclaré.
« Au lieu de travailler ensemble et de faire preuve d'empathie et de sympathie les uns envers les autres, tout ce que nous avons vu, c'est du doigt pointé, la guerre des mots, l'expulsion des journalistes et la propagation des théories du complot. Je ne pense pas que cela aiderait à revigorer les relations bilatérales lorsqu'un monde en crise se tourne vers eux pour le leadership. »

Ère pandémique’
Dans un monde politique d'avant le Covid-19 caractérisé par le populisme, les autorités centralisées étaient considérées comme faisant partie du problème. Après le Covid-19, les gouvernements et d'autres groupes se demandent maintenant comment développer une réponse internationale et unifiée à ce que le spécialiste des maladies Peter Daszak appelle une ère pandémique.

« Les virus ne font pas de distinctions politiques, ils se contentent de nous envahir, de nous infecter tous, ils ne se soucient pas du passeport que vous avez, nous sommes tous en danger », a déclaré Daszak, écologiste et président de l'Alliance EcoHealth, une ONG basée à New York. « Et si nous ne travaillons pas ensemble, nous ne pourrons pas riposter. »
La pandémie du coronavirus devrait réduire la croissance de la Chine en 2020 à 2,3%, prévient la Banque mondiale le 31 mars 2020.

Daszak, qui a fait des recherches sur les coronavirus de chauve-souris en Chine et en Asie du Sud-Est pendant 15 ans et a conseillé l'OMS sur les maladies infectieuses émergentes, a déclaré qu'il existait potentiellement des centaines de milliers de virus non découverts chez les animaux susceptibles de provoquer des maladies chez l'homme.

Il a dit qu'il y avait eu « une croissance exponentielle des nouveaux virus émergents » comme maladie, augmentant le risque pour les humains - une évaluation que d'autres partagent.

« Les coronavirus ont clairement la capacité de franchir les limites des espèces et de s'adapter à de nouveaux hôtes, ce qui permet de prédire facilement que d'autres émergeront à l'avenir », Zhang Yongzhen du Shanghai Public Health Clinical Center and School of Life Sciences de l'Université de Fudan et Edward C. Holmes de l'Université de Sydney a écrit dans un commentaire publié dans la revue Cell jeudi.

Dans le même ordre d'idées, une agence appelée Global Preparedness Monitoring Board (GPMB) a publié son premier rapport (en Français) mettant en garde contre l'augmentation du risque de pandémie quelques mois seulement avant l'épidémie de Covid-19 en Chine fin 2019.

Il s'agissait d'un appel aux armes contre les menaces de pandémie et adressé aux organisations du G7, du G20, du G77, des Nations-Unies, des donateurs, des institutions multilatérales, des banques de développement et à tous les pays. L'organisme, qui est soutenu par l'OMS et la Banque mondiale, a déclaré avoir trouvé une série de lacunes dans les préparatifs nationaux et internationaux en cas de pandémie.

Le rapport indique que le mécanisme de financement d'urgence de la Banque mondiale en cas de pandémie manquait de flexibilité essentielle, et qu'un fonds d'urgence de l'OMS était encore épuisé depuis la dernière grande épidémie d'Ebola qui a commencé en 2018.

Le rapport indique également que la plupart des pays n’ont pas respecté le Règlement sanitaire international de l’OMS en matière de protection contre les flambées épidémiques. La réglementation a été durcie en 2005 après l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) pour obliger les pays à respecter un minimum de capacités de surveillance, de laboratoire et de réponse de santé publique aux épidémies.

Le rapport du conseil de surveillance indique qu'en 2018, seulement un tiers des pays respectaient la réglementation. « Non seulement cela a un impact sur leur propre capacité à répondre aux épidémies, mais cela met le monde entier en danger », selon le rapport.

« De nombreuses recommandations [faites après les épidémies passées] examinées ont été mal appliquées, ou pas du tout mises en œuvre, et de graves lacunes persistent », ont écrit les coprésidents du conseil, l'ancien directeur général de l'OMS, Gro Harlem Brundtland et Elhadj As Sy, secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

« Pendant trop longtemps, nous avons permis un cycle de panique et de négligence face aux pandémies: nous intensifions nos efforts en cas de menace grave, puis les oublions rapidement lorsque la menace disparaît. Il est grand temps d'agir. »

Le monde n’était pas préparé à la menace d’une « pandémie hautement pathogène et mortelle d’un pathogène respiratoire » qui pourrait tuer 50 à 80 millions de personnes et anéantir 5% de l’économie mondiale, selon le rapport du conseil.

Entre-temps, l'OMS avait un budget pour 2020-2021 de 4,8 milliards de dollars, dont 80% constitués de financements volontaires et en grande partie liés à des projets spécifiques, ont constaté les auteurs. Un projet sur la préparation à une pandémie de grippe ne disposait que d'un budget biennal de 39 millions de dollars, selon le site internet de l'OMS.

« L'OMS est bien imaginée et probablement suffisamment bien financée pour donner des conseils aux pays sur la façon de vacciner, de prioriser les médicaments, de conseiller sur la formation des professionnels de la santé, etc. », a déclaré Antoine Flahault, directeur de l'Institut de la santé globale à l'Université. de Genève.

« Mais si vous vous attendez à ce qu'ils se rendent sur le terrain pour toutes ces nouvelles flambées et urgences et fournissent des travailleurs de la santé et des ventilateurs, vous avez besoin d'une agence beaucoup mieux financée, pas d'une agence qui reçoit le budget d'un grand hôpital universitaire dans le monde occidental. »
Il est temps d'intensifier
Jonas, l'ancien conseiller économique de la Banque mondiale spécialisé dans le financement des soins de santé, a déclaré que des normes de base plus strictes étaient nécessaires pour faire face au défi de la pandémie et qu'elles pourraient être liées à une aide financière.

Les banques pourraient faire partie de la diligence raisonnable pour vérifier si les pays disposaient de systèmes adéquats pour détecter les maladies émergentes et les intercepter avant qu'elles ne se mondialisent. « C'est parfaitement faisable », a-t-elle déclaré, mais pour le moment, la vérification de la préparation n'était « le travail de personne ».

Le chercheur en maladies infectieuses Daszak a déclaré que l'innovation était nécessaire dans chaque pays pour contenir les épidémies, car les épidémies n'étaient plus ralenties par la distance.

« Des maladies qui n’ont jamais échappé à ce niveau dans notre histoire s’échappent soudainement et deviennent des événements internationaux », a-t-il déclaré. « Nous demandons des voyages en avion de en moins chers et nous les utilisons beaucoup, et peu importe la distance [une nouvelle infection virale] est toujours à un jour à New York, Londres, Moscou. »

Selon Swee Kheng Khor, un médecin basé en Malaisie et spécialiste mondial de la santé publique, Swee Kheng Khor, un médecin et spécialiste mondial de la santé publique, exige que chaque pays s'engage à lutter contre les épidémies.

« La capacité individuelle de chaque pays ne sera jamais suffisante pour lutter contre les menaces au niveau des espèces comme les épidémies et le changement climatique », a déclaré Khor. « Une collaboration mondiale est nécessaire pour lutter contre ces tendances, et bien qu'il y ait une tentation de succomber au nationalisme, les pays doivent être prêts à renoncer à des montants appropriés de leur souveraineté afin de se sauver. »

L'urgence de la pandémie de Covid-19 a obligé les dirigeants du Groupe des 20 économies développées et émergentes à tenir un sommet par vidéoconférence la semaine dernière.

« [La maladie] est la crise sanitaire déterminante de notre époque », a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Nous sommes en guerre avec un virus qui menace de nous déchirer. »

Le nombre d'infections a dépassé 770 000 mardi, tuant près de 37 000 personnes dans le monde, les États-Unis dépassant la Chine et l'Italie sur la liste des pays ayant les cas les plus confirmés.

Dans une déclaration conjointe après l'appel de 90 minutes, les dirigeants mondiaux, y compris le président américain Donald Trump et le président chinois Xi Jinping, ont exprimé leurs préoccupations concernant les risques pour les pays sous-développés en Afrique et dans d'autres parties du monde et se sont engagés à renforcer la coordination et à faciliter le flux. de fournitures médicales vitales à travers les frontières.

Les dirigeants se sont également engagés à dépenser 5 milliards de dollars en dépenses nationales et en d'autres mesures économiques pour atténuer l'impact économique dévastateur du coronavirus et « faire tout ce qu'il faut pour surmonter la pandémie ».

Malgré les promesses élevées, les analystes ont déclaré que la lutte contre la maladie pourrait largement dépendre de la coopération entre les États-Unis et la Chine - et jusqu'à présent, il n'y a guère de signes de cela.

Trump a rendu furieux Pékin en qualifiant la maladie de « virus de la Chine », tandis que le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a insinué que l'armée américaine aurait pu amener le coronavirus dans la ville centrale de Wuhan, en Chine, où il a été détecté pour la première fois en décembre. Trump a cessé d'utiliser la référence à l'approche de la réunion du G20.

Dans son discours au sommet, M. Xi a appelé les dirigeants mondiaux à soutenir le rôle de l’OMS dans la lutte contre les coronavirus. Ses remarques sont intervenues quelques heures après que Trump a critiqué l'OMS lors d'un briefing à la Maison Blanche pour être ce qu'il a qualifié de « biaisé envers la Chine ».

Zhu Feng, expert en affaires internationales à l'Université de Nanjing, a déclaré que le monde semblait de plus en plus sans chef et que les grandes puissances devaient trouver des moyens de désamorcer les tensions, de rétablir la confiance et de travailler à des solutions communes.

« Les deux parties ont intensifié leur rhétorique et politisé leurs réponses à l'épidémie de coronavirus », a-t-il déclaré.

Chen Xi, professeur adjoint à la Yale School of Public Health, a déclaré que le coronavirus avait été un test de stress qui avait révélé des défauts dans tous les pays, y compris la Chine et les États-Unis.

« Les actions enfantines entre la Chine et les États-Unis sont très regrettables. Je ne pense pas qu’un pays puisse gagner cette bataille sans s’unir », a-t-il déclaré. « Les leçons les plus importantes que nous puissions tirer de cette pandémie comprennent l'amélioration substantielle de la transparence et de la coordination mondiale. »

Pékin a fait valoir que la crise des coronavirus a montré que les institutions internationales et le multilatéralisme sont indispensables dans une situation d'urgence mondiale, mais d'autres sont moins certains de la manière dont la pandémie renforcera tout ordre mondial.

« La réalité est qu'il n'y a pas de gouvernance mondiale, tous nos mécanismes multilatéraux ne sont aussi solides que la somme de ce que les pays sont prêts à faire », a déclaré Roland Rajah, directeur du programme d'économie internationale au Lowy Institute en Australie.

« Ces mécanismes existent, mais la question est de savoir si les pays les utiliseront ou non comme moyen de coordination, et nous ne le voyons pas encore aujourd'hui. »

Les institutions internationales sont également devenues des champs de bataille pour la compétition américano-chinoise ces dernières années, Washington et ses alliés exprimant leurs inquiétudes quant à l'influence croissante de Pékin sur les principales organisations multilatérales, telles que l'OMS, la Banque mondiale et les Nations Unies.

Leurs querelles intenses ont alimenté la méfiance, érodé leur crédibilité et rendu la coopération multilatérale de plus en plus difficile, selon les analystes.

Rajah a déclaré que la montée du populisme, du nationalisme et du protectionnisme s'était mélangée à la géopolitique entre les grandes puissances pour « créer un cocktail dangereux », laissant un vide de leadership sur la scène mondiale.

« Le grand risque d'un manque de coordination internationale concerne le monde émergent et en développement », a-t-il déclaré. Cela incombe aux organisations internationales de financement.

« S'ils ne sont pas en mesure d'intervenir lorsque ces pays en ont réellement besoin, il y aura alors de sérieuses questions sur leur légitimité. »