Selon eux « Les agriculteurs et la production alimentaire pourraient être considérés comme encore plus stratégiques dans la crise que nous vivons au cours de ces premiers mois de l’année 2020 ».
Extraits.
Nous
vivons depuis presque un mois une situation inédite, confrontés à
une épidémie due à un virus émergent. La lutte est plus ou moins
bien coordonnée au plan international afin d’éviter d’assister
à de brusques pics de décès d’un très grand nombre de personnes
sensibles.
Le
choix a été fait dans différents pays, dont la France, de
restreindre la mobilité des populations avec une politique de
confinement assez stricte, néanmoins variable selon les pays, pour
ralentir la diffusion du virus et étaler les hospitalisations.
Face
à cette situation inédite, les consommateurs ont reproduit avec une
intensité certes modérée les comportements d’accumulation de
biens considérés comme essentiels, dont principalement des denrées
alimentaires, et ce malgré l’évidence d’une capacité des
filières à assurer l’approvisionnement régulier des populations.
Depuis
le début de cette crise, il apparaît en France que les actuelles
défiances alimentaires ont été oubliées, certainement pas au-delà
de la période de confinement. Il y a à peine deux mois, l’aliment
était perçu par beaucoup comme porteur d’un risque sanitaire réel
ou imaginé. Il s’agit bien d’un retour, provisoire, mais quelque
peu irrationnel aussi, à la peur ancestrale de manquer qui avait
disparu depuis un demi-siècle.
Si le dévouement du personnel de santé est absolument exemplaire en
ces temps difficiles, celui des agriculteurs et des filières aval de
la production agricole et alimentaire mérite aussi d’être
rappelé, même si les risques d’exposition au virus sont moindres
pour eux.
Il
n’y a pas si longtemps que ces mêmes agriculteurs subissaient des
agressions parfois violentes, de la part de ceux, qui ces derniers
jours, se précipitaient vers les rayons des magasins de distribution
alimentaire et pas forcément uniquement les rayons d’aliments de
l’agriculture biologique.
Cette
dépendance vis-à-vis de la production agricole, car les stocks sont
faibles même si l’approvisionnement est régulier et sécurisé,
justifie la « reconnaissance d’un caractère crucial et
stratégique à la fabrication et à l’approvisionnement en denrées
alimentaires » exprimé par le ministre de l’économie et celui de
l’agriculture et de l’alimentation lors de la crise actuelle, via
une
note en date du 17/03/202012.
Il
reste à espérer qu’une fois l’urgence sanitaire passée,
ceux-là mêmes qui ont rempli leur chariot, avec avidité lors de
cette crise, ne se retrouvent pas dans les rangs de ceux qui
critiquent et dénigrent l’agriculture et les agriculteurs malgré
les efforts de ces derniers pour se conformer aux normes exigées par
la société civile depuis plus de 20 ans13, au-delà la production
de la première protection contre l’infection. C’est
cette production qui permet une « health
and nutritious diet ».
Lorsque
ce virus ou un nouveau surgira, les tenants du sentiment
anti-agriculteur, « l’agri-bashing », pourraient être amenés à
subir une disette, faute d’agriculteurs pour assurer la production
avec les conséquences sanitaires historiques évoquées et méritant
toujours d’être rappelées.
Complément du 2 avril 2020. On lira ce document de la FAO, Q & R : Les effets de la pandémie du COVID-19 sur l’alimentation et l’agriculture.