dimanche 10 février 2019

Sécurité des aliments, le rappel volontaire par les entreprises alimentaires est-il un oxymore ?

« Lettre de l'éditeur de Food Safety News : Que la FDA reste vivante est-il un oxymore », source article de Dan Flynn du 10 février 2019 paru dans Food Safety News.

Nous connaissons tous ce qu'est un oxymore lorsque nous en entendons un. Parmi mes favoris: le renseignement militaire, les horaires des trains de l'Amtrak (sorte de SNCF aux Etats-Unis) et l'ingénierie de la circulation des voitures. Les écrivains essaient généralement d'éviter d'utiliser involontairement des oxymores. Un des problèmes que j'essaie toujours de mettre de côté chez Food Safety News est le « rappel volontaire ».

Au moins depuis que la loi sur la modernisation de la sécurité des aliments a été adoptée, il y a huit ans, les rappels sont à peu près aussi volontaires que la décision que nous avons tous prise de signer au bas d'une contravention.

Le gentil policier explique que nous pouvons soit signer et promettre de comparaître devant le tribunal - soit simplement envoyer la contravention par courrier - ou être arrêté sur place. Vous vous dites, « Oh, gentil policier, laissez-moi la signer pour que vous puissiez continuer votre chemin ».

Faites-vous du volontariat ou prenez-vous l'option la moins pénible?

Le rappel volontaire, cependant, est un oxymore qui ne veut pas mourir. Pendant longtemps, j'ai reproché aux clowns du marketing de l'industrie alimentaire de maintenir vivant le « rappel volontaire ».

Maintenant, j'ai pris conscience de cela. Ce n’est pas dû aux clowns du marketing, mais c’est d'une personne beaucoup plus haut placée dans la chaîne alimentaire. Le 7 février, le commissaire de la FDA, Scott Gottlieb, a commenté « de nouvelles étapes pour renforcer le processus de l'agence en matière de publication d'alertes publiques et de notifications de rappels ».

Voici comment il a commencé: « La US Food and Drug Administration prend de nouvelles mesures pour renforcer et moderniser le processus de publication d’un avertissement public concernant un rappel volontaire et la notification des rappels. »

Aie. Non pas que Gottlieb essaie de cacher quelque chose. C’est vraiment l’équivalent de signer en bas d'une contravention ou d’être arrêté.

« La plupart des entreprises collaborent avec la FDA pour initier rapidement des rappels volontaires et travaillent avec leurs partenaires de la chaîne d'approvisionnement pour retirer le produit des rayons afin de prévenir toute distribution ultérieure », a écrit Gottlieb. « Et en général, un rappel survient rapidement lorsque le problème est découvert. Cependant, dans certains cas, la FDA peut avoir besoin de fournir des conseils de sécurité sanitaire au marché pour protéger les consommateurs. »

« Hormis le fait de maintenir vivant l’oxymore « rappel volontaire », la FDA sous la direction de Gottlieb a fait du bien en matière de rappel. L’autorité réglementaire de rappel obligatoire de l’agence est comme une arme chargée, prête à viser et à tirer. Les responsables de la FDA ont présenté la nouvelle politique de rappel obligatoire en novembre dernier.

La FDA, qui a compétence sur environ 80% des aliments aux États-Unis, va également divulguer les points de vente au détail des produits alimentaires rappelés dans certaines situations, selon Gottlieb. Le ministère de l’agriculture des États-Unis le fait depuis des années.

« Nous franchissons une nouvelle étape pour aider à s'assurer que les avertissements publics et les notification des rappels soient appropriés lorsque des produits réglementés par la FDA sont en cause », a déclaré Gottlieb la semaine dernière.

« La dernière directive que nous publions aujourd'hui décrit les circonstances dans lesquelles une entreprise doit émettre un avertissement public à propos d'un rappel volontaire, elle décrit le délai général imparti aux entreprises pour émettre un tel avertissement, quelles informations devraient être comprises dans un avertissement public et elle décrit aussi les situations où la FDA peut prendre des mesures pour émettre son propre avertissement public si l'avertissement d'une entreprise est jugé insuffisant. Elle décrit également la politique de la FDA concernant la publication des rappels dans son rapport sur l’application de la loi, qui répertorie tous les rappels surveillés par la FDA, parfois avant la réalisation d’une évaluation finale des dangers pour la santé. » Il y revient avec cette affaire de « rappel volontaire » dans une déclaration qui porte sur les obligations et les délais.

Le commissaire a également fait de son mieux pour répondre aux critiques qui pourraient être formulées à l’encontre de la FDA. Gottlieb a-t-il abordé le fait qu'il y ait suffisamment d'avertissements publics et trop de rappels?

Il a ajouté que la FDA avait publié des alertes ou des avertissements aux consommateurs concernant de nombreux produits alimentaires tels que les Honey Smacks de chez Kellogg’s, des légumes rappelés et la laitue romaine. En avril 2018, la FDA a émis une ordonnance de rappel obligatoire pour certains produits à base de kratom. Également en 2018, la FDA a rendu publique la liste des établissements de vente au détail vendant du melon prédécoupé associé à une épidémie d'infections à Salmonella.

Gottlieb a dit qu'il y a eu un total de 7 420 rappels au cours de la dernière année. Le commissaire a déclaré que 831 d'entre eux étaient classés dans la catégorie de risque la plus élevée de l'agence.

« Ce chiffre représente un chiffre faible sur cinq ans à propos des rappels », a déclaré Gottlieb. « Cependant, les avis de rappel pourraient sembler avoir augmenté parce que notre publicité de ces événements est devenue plus importante. Nous fournissons régulièrement plus d’informations sur les rappels et d’autres problèmes de sécurité sanitaire des aliments survenus. Nous avons également communiqué plus fréquemment, et dans de nombreux cas, directement avec les consommateurs via les réseaux sociaux de l’agence. Je pense qu’il est essentiel que les consommateurs disposent de ces informations pour pouvoir prendre des mesures afin de protéger leur propre santé. »

Gottlieb promet encore plus à l'avenir.
« Je reste déterminé à investir dans les programmes de rappel et d'épidémies de la FDA, en tirant parti de nos succès et en appliquant le leadership et l'expertise de la FDA pour protéger les familles américaines et assurer la sécurité de notre pays », a-t-il dit.

Maintenant, Monsieur le Commissaire, si vous pouviez faire un petit changement en substituant le mot « entreprise » au mot « volontaire », appelez cela un « rappel de l'entreprise », vous pouvez éliminer un oxymore et personne ne vous accusera que cela provient du renseignement militaire.

Complément. En France, il peut aussi y avoir le rappel volontaire, mais on surtout, le rappel par mesure de précaution, décidément on a aussi chez nous les même clowns du marketing de la sécurité des aliments !

Présence de larves d'Anisakis dans du poisson et information du consommateur

Le Progrès.fr du 10 février 2019 rapporte, « Sainte-Sigolène : il trouve un ver parasite dans son poisson ».
Le jeune homme s’était fendu d’un post « sous le coup de la colère  », après avoir trouvé un ver dans un filet de poisson acheté à l’Intermarché sigolénois. 
Samedi 2 février, le jeune homme achète un filet de poisson au rayon pêche du magasin. Au moment de le préparer, il se rend compte de la présence d’un « invité » remuant. 
 « Sous le coup de la colère », il poste sur le réseau social. Les partages s’enchaînent, ainsi que les commentaires.


Dans le même temps il s’est renseigné auprès de la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations). « Je ne voulais pas faire de la mauvaise pub au magasin, mais simplement être entendu ».

Il l’a visiblement été, puisqu’il a obtenu un rendez-vous avec la direction du magasin, vendredi après-midi. 
« Le directeur a été à l’écoute et compréhensif. Il m’a expliqué les méthodes de l’enseigne. Il m’a également informé que ce ver, qui était bien un anisakis, existe et qu’ils s’en débarrassent en travaillant le poisson. Il arrive qu’à la découpe, si la chair est épaisse, on puisse passer à côté. Rien à voir avec l’hygiène. »

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Heuh, un peu quand même... car Intermarché est responsable de la qualité sanitaire des produits vendus. Selon Synhorcat,
Ils ne doivent pas contenir de parasites. En conséquence, ce danger doit être pris en compte dans votre plan de maîtrise sanitaire. La réglementation actuelle du paquet d’hygiène (particulièrement les règlements CE n°178/2002, 853/2004 et 2074/2005) prévoient les notamment les obligations suivantes :


- contrôles visuels pour s’assurer de l’absence d’infestation visible par des parasites, 

- traitement par la congélation -20°C pendant au moins 24 heures pour les produits à risque. 
Si la congélation est uniquement utilisée dans un but d’assainissement du produit en garantissant pendant 24 heurs une température à cœur de -20°C, 

- vous n’êtes pas obligés de préciser « denrées congelée » pour la présentation au consommateur, mais vous ne pouvez plus faire mention de l’état frais de vos produits,

- vous devez toutefois informer vos clients professionnels par écrit de la réalisation de ce traitement assainissant. 
Le non respect de la réglementation vous expose à des sanctions pénales dans le cadre d’un contrôle sanitaire relevant la constitution d’une infraction à la législation par vos soins.

C'est donc un peu plus compliqué qu'un simple « panneau d'information » tel que cela est relaté dans ce média ci-après :
Les enseignes préciseront désormais les risques
Le loup soulevé par le jeune homme auprès de la DDCSPP a également eu les conséquences positives attendues. « La DDCSPP m’a informé que l’enseigne était obligé de donner les indications aux consommateurs, chose qu’ils n’avaient pas faite. Désormais, l’enseigne ainsi que l’ensemble des magasins Intermarché préciseront le risque de vers et les conditions à respecter pour ne pas être victime de ce parasite : cuire ou congeler le poisson avant consommation. » 
Des panneaux seront affichés dans les magasins Intermarché.

Recommandations aux opérateurs


«La cuisson (60°C à cœur) et la congélation telle que décrite dans le règlement (CE) n°853/2004 du 29 avril 2004, dans des conditions de temps et températures précises (- 20°C en tous points du produit pendant au moins 24 heures), sont les traitements les plus efficaces pour tuer les larves d’Anisakis et de Pseudoterranova. Cependant, aucune mesure de maîtrise n’est disponible à ce jour pour lutter contre le risque d’allergie, y compris les allergies cutanées. La migration éventuelle des larves en direction des tissus avoisinants (filets) doit être évitée par réfrigération et éviscération le plus rapidement possible des poissons fraîchement pêchés (cela permet de réduire le risque mais ne l’élimine pas car des larves peuvent être présentes et encapsulées dans le muscle du poisson vivant). Le parage des filets est recommandé.
Recommandations aux consommateurs


L’inactivation des larves d’Anisakidae est assurée par :

une congélation pendant sept jours dans un congélateur domestique, une cuisson à cœur (un minute minimum à 60°C à cœur). Une cuisson rose à l’arête est insuffisante pour inactiver les larves potentiellement présentes. 
Une éviscération rapide du poisson pêché ou acheté entier est conseillée. La découpe en tranches fines (carpaccio) plutôt qu’en tranches épaisses ou en cubes permet souvent de détecter la présence de parasite. Une larve d’Anisakis coupée en deux morceaux reste capable de pénétrer dans la paroi du tube digestif. Il n’existe pas de mesure permettant d’éviter le risque allergique, seule l’éviction est recommandée en cas d’allergie.

Deux soucis sont donc à pendre en compte les larves d'Anisakis mais aussi le risque allergène … en souhaitant qu'Intermarché et les autres distributeurs puissent ben intégrer tous ces éléments ...

Bilan des alertes dans le domaine alimentaire en 2017 : Y'a beaucoup de boulot !


Une note de service de la DGAL, DGAL/MUS/2019-86 du 01-02-2019, traite de la « Publication du bilan et des statistiques des alertes dans le domaine alimentaire enregistrées par la mission des urgences sanitaires en 2017 ».
Ce bilan annuel 2017 donne une description de l'activité des services déconcentrés et de la Mission des Urgences Sanitaires (MUS) en matière de gestion des alertes dans le domaine des denrées alimentaires d'origine animale.

Il y a encore peu ce bilan s'appelait le bilan des non-conformités relatives aux denrées d'origine animale, aux produits en contenant et aux aliments pour animaux enregistrées à la DGAL et la dernière version disponible devait concerner le bilan des années 2012 et 2013 …et puis plus rien en termes de bilan .., c'est dire si ce bilan 2017 présente un grand intérêt.
Disons-le d'emblée, c'est un excellent travail qui a été réalisé et qui est proposé dans cette note de service de la DGAL. Beaucoup de données à étudier mais aussi des questions à se poser, la MUS traite les alertes, sanitaires, c'est bien, mais pourquoi n'est-on pas informé ?

On nous dit en préambule, sous forme d'avertissement, que « Ces données ne permettent pas de tirer des conclusions sur la qualité sanitaire des produits mis sur le marché en France, ni d’effectuer des comparaisons avec celles d’autres pays ou avec celles du RASFF. »

Soit, mais quand on voit le nombre d'alertes nationales, on est quand même un peu inquiet, 1045 alertes pour 2017… surtout quand on essaie de suivre tant bien que mal les informations sur les avis de rappel
Le nombre annuel d'alertes nationales est stable depuis 2014. De même, la part des alertes déclenchées hors de France est stable depuis 2014 (2014: 10%, 2015: 12%, 2016: 13%, 2017: 11%).

Et surtout, si on lit la conclusion de ce rapport,
Le nombre d’alertes en 2017 est relativement stable par rapport aux années précédentes. A noter que ce chiffre, nous le verrons lors du prochain bilan, est en nette augmentation en 2018 (30% d’augmentation enregistrée au mois de septembre 2018).

On s'en doutait, mais là on se demande pourquoi une telle dégradation de la situation après quatre année de stabilité, pourquoi aucun indicateur n'est pas à la baisse ?

Les données de la MUS soulignent le bon travail fait par les autocontrôles dans les entreprises alimentaires, pourtant si décriés dans différents rapports :
La majorité des alertes est déclenchée suite à des autocontrôles positifs (64%). Les Plan de Surveillance -Plan de Contrôles (PSPC) de la DGAL sont à l'origine de 12% des alertes, denrées alimentaires d'origine animale (DAOA) et alimentation animale confondues. Pour l'alimentation animale seule, les PSPC sont à l'origine de 17% des alertes (soit 2 alertes issues de PSPC pour 12 alertes déclenchées en France).

Il est même souligné que « La majorité des alertes sont déclenchées suite à des autocontrôles professionnels avec une légère progression des contrôles à la production. »
Parmi les alertes déclenchées suite à des autocontrôles, 48% font suite à un prélèvement au niveau du détaillant et 36% font suite à un prélèvement au niveau du producteur.

Merci qui ? Merci les entreprises alimentaires !
En ce qui concerne les alertes déclenchées en dehors de la France, en 2017, la majorité a fait suite à un prélèvement officiel (43%), ou à un autocontrôle (38%). A noter que dans les autres Etats membres, les autorités compétentes réalisent plus de prélèvements en contrôle officiel qu'en France.
La dernière phrase sonne comme un aveu d'impuissance. Le ministère de l'agriculture nous indique que « Au total, plus de 800 000 analyses sont réalisées chaque année par un réseau de laboratoires agréés. » Il faut donc croire malgré l'avertissement du début du rapport, que c'est sans doute mieux ailleurs ...
Les produits carnés (boucherie, charcuterie, volaille, gibier) représentent la plus grande part des alertes (44%). Viennent ensuite les produits de la mer, c'est-à-dire poissons, coquillages et crustacés (32%) et les produits laitiers (14%).
Les contaminants impliqués dans les alertes enregistrées par la MUS en 2017 : Listeria monocytogenes constitue la problématique la plus fréquente (33% des alertes), suivi par Salmonella (20% des alertes).

Pour Listeria monocytogenes, « en France, une différence existe avec d’autres pays pour la gestion de certains produits avec présence de Listeria monocytogenes < 100 UFC/g », il y a systématiquement alerte.

Au niveau des rappels, aucun site Internet public ou privé ne donne la totalité des informations sur les avis de rappel. Le site Oulah! avait dénombré 133 avis de rappel en 2017, mais cependant, il est très loin du compte car,
« En 2017, 291 rappels ont été effectués. L'ensemble de ces rappels concerne les denrées (aucun rappel sur le feed -alimentation animale). Certains rappels sont mis en place alors qu'aucun retrait n'est possible : c'est le cas lorsque le produit est à DLC dépassée par exemple. Concernant ces rappels, 52% ont une portée nationale ou internationale. »
On reste stupéfait devant le constat selon lequel, « Des communiqués de presse ont été publiés pour 18 alertes, soit 6% des alertes avec rappel. »

Puis intervient le petit jeu du chat et de la souris, ce n'est pas à moi de le faire mais à l'autre, et le consommateur doit se dire que ces enfantillages doivent cesser, et apparemment, ils vont cesser car « on » annonce un site unique des avis de rappel :
L'administration a pris en charge la publication du communiqué de presse dans 7 cas. En règle générale, le professionnel est en effet responsable de la communication. Dans certains cas, l'administration peut se substituer au professionnel (lorsque celui-ci est défaillant ou lorsque le rappel concerne plusieurs producteurs dans le cas par exemple de fermetures de zones de pêche), ou communiquer en parallèle dans un contexte de cas humains.
Les rappels concernent principalement des produits contaminés par des bactéries : 222 rappels sur 291 concernaient cette problématique en 2017. Parmi les alertes liées à des bactéries, 35% ont nécessité un rappel.
L'autre principale cause à l'origine de rappels est la présence de corps étrangers type verre (18 rappels), devant les toxines (3 rappels) et les virus (2 rappels).

En bref, bactéries, toxines, virus, tout cela est de la microbiologie ...

Concernant le RASFF, « en 2017 sur les 110 alertes déclenchées, 16 ont entraîné des mesures de retrait et/ou rappel. »

Les chiffres du RASFF pour 2017 consultés sont quelque peu différents, 133 notifications au RASFF pour les produits d'origine France dont 80 alertes ...

Pour les produits carnés, « Au total, 44% des alertes déclenchées en 2017 concernaient des produits carnés (soit 457 alertes). »
Les problématiques les plus fréquentes sont des contaminations bactériennes: 171 alertes à Listeria monocytogenes, 160 alertes à Salmonella.

Pour les produits laitiers, « En 2017, 140 alertes ont été enregistrées à la MUS. La grande majorité de ces alertes concerne des fromages au lait cru (101 alertes, soit 72%). »
Pour les fromages au lait cru en 2017 (produits en France et hors de France), 100 sur les 101 alertes étaient liés à une contamination bactérienne. En fromages au lait cru, 58 alertes étaient liés à la présence de Listeria monocytogenes. Sur ces 58 alertes, 55 concernaient un fromage produit en France.

Les fromages au lait cru font partie du patrimoine culinaire de notre pays mais ils représentent aussi un souci en termes de santé publique.

Pour les coquillages, « La majorité des non conformités concerne la présence d'E. coli à un taux supérieur au seuil. Les alertes portent principalement sur des mollusques produits en France. »

Il me semble que la problématique norovirus dans les coquillages ait été sous estimée ...

Au niveau du RASFF de l'UE, il y a eu 21 notifications pour des coquillages de France et autant de notification avec E. coli qu'avec norovirus ...

Ce bilan sous forme de constat, c'est bien mais comment fait-on pour améliorer les choses ?

samedi 9 février 2019

Premier bilan du nouveau dispositif de surveillance des zones de production de coquillages. On en reste coi !

Le ministère de l'agriculture communique le 4 février 2019 sur le « Premier bilan de la mise en place du nouveau dispositif de surveillance des zones de production de coquillages ».

Chouette, on va enfin savoir ce qui se cache derrière les « nouvelles modalités de surveillance qui ont été définies par la Direction générale de l'alimentation et mises en œuvre pour la première fois, dans les 22 départements littoraux, le 1er janvier 2018. »

Il faut dire que l'année 2018 nous a réservé une activité intense au niveau des coquillages,
Rappelons qu’il y a eu 53 notifications au RASFF de l’UE en 2018 dont 36 pour la présence de norovirus dans les coquillages de France, et combien d’épidémies à norovirus ou de TIAC ? Nous ne le saurons pas … le RASFF parle quant à lui de 13 épidémies d'origine alimentaire ...
Au niveau des avis de rappels de coquillages, selon le site Oulah!, il y a eu 11 rappels d’huîtres et de moules pour cause de présence de norovirus en 2018. 
Cela étant, c’est bien de faire une note de service de la DGAL sur la « Gestion du risque norovirus en lien avec la consommation de coquillages »; mais c’est encore mieux d’informer les consommateurs sur les avis de rappel.
Le ministère de l’agriculture n’a signalé aucun de ces rappels au cours de l’année 2018 et maintenant une note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/2018-952 du 24-12-2018) nous informe sur la « Gestion du risque norovirus en lien avec la consommation de coquillages. » en ces termes : « Néanmoins, en raison de l'importance que peuvent prendre les gastro-entérites virales, etc. ».
Que dit ce « Premier bilan » ? Je préfère vous laisse juge de ce qu'il contient … c'est à la fois simple et complexe ...
Un an après la mise en place de cette nouvelle organisation, une réunion a été organisée rassemblant tous les acteurs institutionnels de la surveillance : les services de l'administration centrale et déconcentrés de l’État, les laboratoires départementaux d’analyses, ainsi que la coordination nationale et les laboratoires de l'Ifremer. 
Cette réunion a été l’occasion de rappeler les conséquences positives de l’évolution mise en place, le maintien de l’efficacité de la surveillance, ainsi que le renforcement du travail en réseau des différents acteurs locaux. L’Ifremer conforte sa position d’appui à la puissance publique à travers ses missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage, qui lui permettent de mettre à profit son expertise. 
Ce premier retour sur la mise en route du dispositif a également permis aux différents acteurs d’échanger sur leurs nouvelles missions, sur les difficultés rencontrées et sur les évolutions envisagées du dispositif. Ces échanges permettront de nourrir les réflexions en cours pour la surveillance sanitaire des zones de production de coquillages. 
2019 sera mise à profit pour conforter ce nouveau dispositif.
Norovirus a encore de beaux jours devant lui ...

Santé publique de France communique pour la troisième fois sur des « Cas de salmonellose de sérotype Poona chez des nourrissons : point au 8 février 2019 »

Il faut savoir le reconnaître, la communication n'est pas certes des plus excellentes, mais elle s'améliore par rapport à ce qui se faisait il y a quelques années ...

Santé publique de France communique pour la troisième fois sur des « Cas de salmonellose de sérotype Poona chez des nourrissons : point au 8 février 2019 ».

Vous retrouverez les différents articles parus sur le blog, ici.
Santé publique France a alerté le 23/01/2019 et le 24/01/2019 sur des cas de salmonellose de sérotype Poona chez des nourrissons.

Le 23 janvier 2019, il avait été identifié 4 cas.
Le 24 janvier 2019, il avait été identifié 7 cas.
A ce jour, le Centre National de Référence (CNR) des Salmonella à l’Institut Pasteur a identifié 5 cas de salmonellose à Salmonella Poona (S. Poona) chez des nourrissons dont les souches appartiennent à un même cluster génomique (souches génétiquement liées). De plus, le CNR a identifié 9 autres bébés ayant eu une salmonellose à S. Poona. Les souches de Salmonella de ces 9 bébés sont en cours d’analyse afin de déterminer si elles appartiennent au même cluster génomique. 

Santé publique France investigue ces cas de salmonellose en interrogeant les parents des bébés malades sur les symptômes et les consommations avant leurs symptômes. 

Ces 14 bébés, 9 garçons et 5 filles, résidant dans 10 régions différentes en métropole, âgés de 2 à 19 mois au moment des symptômes, ont été malades entre fin août 2018 et le 23 Janvier 2019 (figure 1). Tous ont présenté de la diarrhée dont sept avec du sang dans les selles et 13 ont eu de la fièvre. Sept bébés ont été hospitalisés pour leur salmonellose et sont sortis depuis. Tous les enfants vont mieux ou sont guéris.
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Les investigations auprès des parents de ces 14 nourrissons mettent en évidence la consommation, dans les jours précédant les symptômes, de laits en poudre de marque Modilac produits par une même usine en Espagne : Modilac expert Riz 1er âge ; Modilac Riz 2ème âge et Modilac Riz 2ème âge Anti Régurgitation. Les 14 bébés ne partageaient pas d’autre aliment ou boisson en commun. Les biberons étaient préparés avec de l’eau embouteillée de 5 marques différentes.
Les résultats de l’investigation suggèrent fortement que les laits Modilac expert Riz 1er âge, Modilac Riz 2ème âge et Modilac Riz 2ème âge Anti Régurgitation sont à l’origine de ces infections à Salmonella Poona.

En conséquence, le 24 janvier 2019, l’établissement producteur, en lien avec la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Direction générale de la Santé (DGS), a procédé au retrait et au rappel de toute sa gamme de produits de nutrition infantile à base de protéines de riz et, de manière élargie, de l’ensemble des fabrications issues du site de production espagnol concerné. Sodilac met également à disposition des parents un numéro vert 0800 800 970 pour répondre à leurs interrogations. 

Les références concernées, distribuées aux consommateurs exclusivement en pharmacies et dans plusieurs associations caritatives, ou commercialisées sur des sites de vente en ligne, sont rappelées sans distinction de lot ni de date de fabrication. 

Le 25 janvier 2019, par mesure de précaution, Lactalis a procédé à un retrait et au rappel de la référence Picot AR, seule référence produite sur le même site espagnol que les laits Modilac.

La DGCCRF avait relayé l'avis de rappel de Lactalis ici.

Notons aussi qu'il n'y pas eu à ce jour de notification au RASFF de l'UE.

A cette information de Santé publique de France, il faut indiquer que chez nos amis belge,
L’AFSCA a été informée de la présence de deux bébés malades en Belgique qui avaient, entre autres, consommé des produits de nutrition infantile achetés en France de la marque Modilac, quelques heures avant l’apparition des symptômes.
A suivre ...

Une nouvelle alerte de la FDA sur une épidémie à Salmonella montre que la menace liée au tahini se poursuit


« Une nouvelle alerte de la FDA sur une épidémie à Salmonella montre que la menace liée au tahini se poursuit », source article de Coral Beach du 8 février 2019 paru dans Food Safety News.

Le blog avait écrit plusieurs articles sur le rappel de tahini en France dont 1, 2.

Un nouvel avertissement au public de la FDA a annoncé le 8 février qu'une menace liée à Salmonella provenant de certains produits de tahini importés était en cours. Certains des produits rappelés peuvent comporter des informations sur l'étiquetage en hébreu uniquement, ce qui les rend difficiles à identifier pour de nombreux consommateurs américains.

Bien que seulement cinq infections à Salmonella Concord confirmées aient été signalées à des représentants du gouvernement fédéral, les produits à base de tahini rappelés ont une longue durée de conservation et une date de péremption allant jusqu'à 2021.

La FDA a retrouvé Salmonella Concord dans un échantillon de tahini recueilli au point d'importation. Cet échantillon était constitué de tahini de la marque Baron fabriqué par Achdut Ltd. La FDA a indiqué que le séquençage du génome entier avait été utilisé pour déterminer que Salmonella Concord du tahini de Baron était la souche épidémique.

Le fabricant Achdut Ltd. à Ari’el, Israël, a distribué les produits sous plusieurs marques, ce qui complique la capacité des consommateurs de déterminer s’ils ont les aliments rappelés chez eux, selon le Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Le CDC travaille sur l’investigation de l’épidémie avec la Food and Drug Administration (FDA).

« Retournez tous les produits de tahini rappelés à la boutique pour un remboursement ou jetez-les. Jetez tous les aliments à base de tahini rappelés, tels que l'houmous. Même si du tahini a été consommé et que personne n’est tombé malade, ne le mangez pas », a averti le CDC lors de la plus récente épidémie, publiée le 28 novembre 2018.

« Certains produits rappelés peuvent ne pas avoir de date ou porter un étiquetage en hébreu. Si vous ne savez pas si le produit à base de tahini a été rappelé, ne le consommez pas et jetez le. »

La mise en garde publiée le 8 février par la FDA a renforcé ce conseil du CDC.

« La FDA avise les consommateurs de ne pas consommer la marque de tahini Achva, Achdut, Soom, S&F et Pepperwood et la marque Soom Chocolate Sweet Tahini Halva Spread avec le numéro de lot 071318CH et les dates limites de consommation allant du 7 avril 2020 au 21 mai 2020 et la marque de tahini Baron’s avec la date limite de consommation au 5 mai 2021 » selon la mise à jour de l'agence.

« Certaines marques de tahini fabriquées par Achdut Ltd. peuvent manquer de dates précises… Les consommateurs qui ont acheté un produit à base de tahini et ne savent pas où le produit a été fabriqué ou ne peuvent pas identifier la marque par des codes de lot ou des dates d'expiration devraient se débarrasser du produit ou renvoyer l'aliment. au magasin pour un remboursement. »

Vous trouverez plus d’informations sur le produit et des photos des étiquetage du produit rappelé dans l’annonce de rappel d’Achdut. La FDA a publié une liste des produits de tahini rappelés. Le public peut trouver l’annonce de rappel de Soom Foods en cliquant sur ce lien.

Pour identifier certains des produits à base de tahini rappelés, les consommateurs devraient consulter les informations suivantes sur l'étiquetage :
12 oz. Pâte à tartiner Halva Tahini au chocolat avec le code de lot 071318CH. Conditionnement de tahini lot 18-123 et tahini dans les tailles et types suivants :
40 lb. Tahini Bio;
40 lb. Tahini Premium;
16 onces. Tahini Premium;
16 onces. Tahini Bio; et
11 oz. Tahini Premium.

Les produits de tahini rappelés portent des codes de lot allant de 18-097 à 18-141. Certains des produits énumérés ci-dessus ont été inclus dans le rappel volontaire initial par Achdut Ltd. le 27 novembre 2018. La FDA a publié la mise à jour du 8 février sur l'éclosion « afin d'assurer la plus large diffusion possible au public. »

Recommandations pour les restaurants et les consommateurs
La FDA et le CDC exhortent les consommateurs, les restaurateurs et les autres établissements de restauration à rechercher les produits à base de tahini rappelés et à les jeter. La FDA recommande également à tout exploitant de restauration commerciale ou de restaurant ayant utilisé du tahini rappelé - qu'il soit remballé ou utilisé comme ingrédient dans un aliment sans étape de destruction des micro-organismes dangereux - devrait envisager de rappeler ses produits. Les rappels doivent être signalés aux bureaux locaux de la FDA. Cliquez ici pour une liste des coordinateurs des rappels de la FDA.

Le CDC a publié des instructions de nettoyage pour le public et les services de restauration, y compris les restaurants:
Lavez et désinfectez les tiroirs ou les étagères des réfrigérateurs où les produits rappelés ont été rangés.
Lavez les récipients contenant des aliments à base de tahini rappelé avec de l'eau chaude savonneuse ou nettoyez-les au lave-vaisselle.

Détails de l'enquête sur l'éclosion
L’alerte du 28 novembre 2018 du CDC concernant l’épidémie signalait:
Cinq personnes infectées par la souche épidémique Salmonella Concord ont été signalées dans trois États;
Les cas de maladies ont débuté à des dates allant du 16 juin 2018 au 18 octobre 2018;
Aucune hospitalisation ou décès n'a été signalé.

Les personnes malades ont entre 17 et 52 ans et l'âge médian est de 30 ans; Trois personnes malades ont mangé du tahini ou de l'houmous fabriqué à partir de tahini à Hawaii et à New York.

Les deux autres personnes malades ont voyagé dans d'autres pays où ils ont mangé du tahini ou du houmous fait avec du tahini.
Les preuves épidémiologiques et de laboratoire indiquent que les produits de tahini d'Achdut Ltd. sont probablement à l'origine de cette éclosion, selon le CDC. Les maladies ne sont peut-être pas encore signalées en raison du temps qui s'écoule entre le moment où une personne tombe malade et le moment où la maladie est rapportée. Cela prend en moyenne deux à quatre semaines après la confirmation de l'infection par des analyses de laboratoire initiales et de suivi.

Au cours des entretiens, les personnes malades ont répondu à des questions sur les aliments qu’elles avaient consommés et d’autres expositions au cours de la semaine précédant leur maladie. Les cinq personnes malades ont déclaré avoir mangé du tahini ou du houmous fait avec du tahini.

vendredi 8 février 2019

Si tu vas au Carnaval de Rio, n'oublie surtout pas tes vaccins !

Si après avoir lu l'article, vous avez toujours envie de vous rendre au Carnaval de Rio, bon courage ...

« Carnaval de Rio 2019, Rio de Janeiro, Brésil » mise à jour épidémiologique du 7 février 2019 de l'ECDC.

En 2019, le carnaval de Rio aura lieu du 1er au 9 mars 2019 à Rio de Janeiro, au Brésil, avec un million de participants prévus. Il est probable que des voyageurs européens assisteront à l'événement.

La célébration est également très populaire à travers le Brésil dans d'autres villes et états tels que Salvador de Bahia, Recife et Manaus. Selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), le nombre de voyageurs de l'UE et de l'EEE à Rio de Janeiro, Brésil en 2017 était de 467 000, principalement du Portugal, de la France et du Royaume-Uni.

Lors de rassemblements de masse, les risques sanitaires les plus courants sont liés aux maladies à prévention vaccinale, aux maladies gastro-intestinales et aux maladies à transmission vectorielle dans des conditions climatiques favorables.

Avant l'événement
Avant de se rendre au Brésil, les participants au carnaval de Rio devraient s’assurer que toutes leurs vaccins sont à jour conformément au calendrier national de vaccination de leur pays de résidence, en particulier deux doses de vaccin antirougeoleux (généralement un vaccin ROR), rubéole, diphtérie, tétanos et polio. En outre, la vaccination contre l'hépatite A, le vaccin ACWY contre les méningocoques, la typhoïde et la fièvre jaune devrait également être envisagée.

Selon le ministère brésilien de la Santé, depuis le 18 janvier 2018, il y a eu 12 cas confirmés et 116 cas suspects de fièvre jaune dans tout le pays. Les personnes se rendant dans les zones à risque de fièvre jaune, y compris dans l'État de Rio de Janeiro, devraient consulter leur médecin avant le voyage et recevoir le vaccin contre la fièvre jaune au moins 10 jours avant le voyage (à moins que la vaccination ne soit contre-indiquée). EIles devraient également suivre des mesures pour éviter les piqûres de moustiques et être conscients des symptômes de la fièvre jaune.

Le Brésil a signalé 174 724 cas confirmés de dengue en 2018. Il y avait environ 90 000 cas probables de maladie dues au virus chikungunya, dont près de la moitié à Rio de Janeiro. En outre, environ 8 000 cas probables de maladie au virus Zika ont été signalés au Brésil, dont plus de 2 000 à Rio de Janeiro.

Plus de 10 000 cas confirmés de rougeole ont été signalés en 2018 au Brésil, principalement dans les États d'Amazonas et de Roraima, dont 19 cas signalés à Rio de Janeiro.

Pendant l'événement
Les participants au carnaval de Rio sont invités à se conformer aux bonnes pratiques d'hygiène et aux mesures préventives contre les piqûres de moustiques. Des mesures préventives sont nécessaires pour réduire le risque d'exposition à la fièvre jaune, à la maladie due au virus Zika, à la dengue, à la maladie due au virus chikungunya et au paludisme.

Les pratiques sexuelles sans risque et l'utilisation de préservatifs doivent être encouragées afin d'éviter les infections sexuellement transmissibles telles que la gonorrhée, la syphilis, le VIH et l'hépatite B et C. Vous trouverez plus d'informations sur les relations sexuelles sans risque ici. Les voyageurs doivent consulter leur médecin concernant la vaccination contre l'hépatite B.

Après l'événement
En cas de maladie au retour, les voyageurs doivent signaler leur séjour au Brésil à leur médecin. Les voyageurs nécessitant une hospitalisation dans l'Union européenne après une hospitalisation au Brésil doivent signaler leur séjour précédent afin de ne pas retarder la découverte éventuelle d'infections récentes liées aux soins de santé.

L'ECDC suivra de près l'événement par le biais d'activités de renseignement épidémiologiques de routine et signalera si des événements majeurs se produisent.