mardi 19 mars 2019

Retour sur l'investigation d’une épidémie nationale de Salmonella Dublin associée à une consommation de fromages au lait cru, France, 2015 à 2016


Dans un article de janvier 2019 intitulé, « Démêlage d'une épidémie à Salmonella liée à des fromages au lait cru en France, 2015 à 2016 », je rapportais les cas de maladies infectieuses d’origine alimentaire liés à l consommation de Morbier et au Mont d’Or.

Voici que Santé publique de France, dans son article du mois de février 2019, nous relate l’« Investigation d’une épidémie nationale de Salmonella Dublin associée à une consommation de fromages au lait cru, France, 2015 à 2016 ».

En anglais, cela donne « Disentangling a complex nationwide Salmonella Dublin outbreak associated with raw-milk cheese consumption, France, 2015 to 2016 » ou « Démêlage d’une épidémie complexe à Salmonella Dublin à l'échelle nationale associée à la consommation de fromage au lait cru, France, 2015 à 2016 ».

Comme il ne s’agit pas du même article, j’ai souhaité vous faire partager ce qui s’est dit dans cet article du mois par Santé publique de France.

On apprend ainsi :
En France métropolitaine entre le 17 novembre 2015 et le 11 mars 2016, 83 cas avec une infection à Salmonella Dublin ont été identifiés par le CNR ce qui fait de cette épidémie de Salmonella Dublin une des plus importantes en France de ces dernières années.
Salmonella Dublin est un sérotype de salmonelle particulièrement invasif chez l’homme et plus fréquemment responsable de pathologies sévères et de taux de mortalité plus importants comparé aux autres sérotypes de salmonelle. Salmonella Dublin peut être isolé chez les bovins, avec pour vecteur typique de transmission dans les intoxications alimentaires, le lait cru et les fromages au lait cru. 
Cette investigation a été novatrice à au moins deux titres. Au niveau microbiologique, le Centre national de référence a utilisé deux méthodes. La première, le Multilocus variable-number tandem repeat analysis (MLVA), avait déjà été utilisée dans de précédentes investigations d’intoxications alimentaires. La seconde, le Whole genome sequencing (WGS), a été utilisée pour la première fois pour cette épidémie d’infections à Salmonella Dublin et a permis de mieux discriminer les clusters de cas (cas groupés –aa) par rapport au MLVA. L’utilisation du WGS peut faciliter la caractérisation du lien entre les cas humains et les sources potentielles de contamination et peut aussi fournir une meilleure image du contexte global de l’épidémie en la reliant avec d’autres épidémies, concomitantes ou plus anciennes. Le WGS est désormais utilisé en routine au CNR depuis 2017. Au niveau épidémiologique, pour la première fois en France, le recrutement des témoins dans une investigation épidémiologique s’est fait à partir d’une cohorte de personnes participant à un projet de recherche en ligne, l’étude GrippeNet.

Parmi les questions posées à Aymeric Ung, épidémiologiste à Santé publique France, j’ai retenu la question suivante :
Cette investigation a montré l’ampleur de cette épidémie sur la quasi-totalité du territoire français. Quels en sont les résultats marquants ? A-t-elle permis d’identifier les aliments mis en cause et d’apporter des mesures de gestion ? 
Effectivement, les 83 cas ont été identifiés dans 12 des 13 régions de France métropolitaine, avec 19 cas (23 %) provenant de la seule région Bourgogne-Franche-Comté. L’âge médian des cas était de 70 ans. Au total, 10 décès (12 %) ont été reportés sans information disponible sur la cause de décès. Nous avons pu interroger 63 cas (76% des cas), 68% avaient été hospitalisés et 66% des cas pour lesquels l’information était disponible déclaraient des maladies chroniques (asthme, cancer…).


Les investigations microbiologiques, épidémiologiques et environnementales ont pointé vers deux fromages au lait cru, le morbier et le mont d’Or, comme étant les sources de contamination probables de cette épidémie de Salmonella Dublin. L’utilisation rétrospective du WGS a par ailleurs confirmé la survenue de précédentes épidémies de Salmonella Dublin en 2012. 
Les résultats de cette investigation ont pointé vers plusieurs producteurs de fromage de la même région comme sources potentielles de l’épidémie. Il a été difficile d’identifier précisément les lots consommés par les cas car certains fromages ont été consommés à la coupe et également du fait de la fréquence importante de consommation de ces fromages par les cas.  
Suite à cette investigation, le groupe des producteurs de morbier et de mont d’Or a mis en place un plan d’action, incluant notamment un test systématique pour la salmonelle des lots de morbier et mont d’Or vendus à partir de février 2016, des visites des fermes plus régulières par des vétérinaires, une meilleure détection du bétail contaminé et leur élimination. 
Selon un article du 28 avril 2018, du Dauphiné.com, « Une dizaine de morts à cause de morbier et Mont-d’Or contaminés. »
Une dizaine de personnes sont mortes et près de quatre-vingt ont été malades en 2015 et 2016. Elles auraient été contaminées par du fromage notamment du morbier et du Mont d’Or, selon de la cellule investigation de Radio France.

lundi 18 mars 2019

Le Dr Doug Powell du barfblog prend sa retraite, merci Doug !

« Pas encore mort : l'avenir du barfblog.com », source article de Doug Powell du barfblog.

Doug Powell prend sa retraite du barfblog.
Après 26 ans et 15 287 publications sur barfblog.com, le Dr Doug Powell, expert en communications relatives à la sécurité des aliments, prend sa retraite.
Pour m’avoir donner l’envie de faire un blog et pour avoir tenté d’en finir avec la tenue régulière d’un blog, je sais ce que cela signifie.
Pour lui rendre hommage, rien de tel que de vous proposer en Français son dernier article … et encore merci Doug. Prends bien soin de toi ...

ooOOoo

« La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent. » Albert Einstein.

On pense que cette célèbre citation, souvent attribuée à tort à Albert Einstein, a été créée par Narcotiques Anonymes en 1981 (la même année où je suis entré à l'université).

En plus d’aider à élever cinq filles, de divertir sans fin avec les gens avec qui je jouais au hockey sur glace à Guelph, aidant ainsi de nombreux enfants à apprendre à faire du patin à glace, influençant de nombreux étudiants (bons et mauvais, pas beaucoup entre les deux), énervant beaucoup de bureaucrates et de personnes de l’industrie, publier beaucoup d’articles revus par des pairs qui sont toujours cités quotidiennement et près de 15 000 publications dans le barfblog.com, j’ai publié des informations.

Les informations du Food Safety Network ont débuté bien avant bien avant tout le monde.

Depuis 26 ans, je relatais des informations.

Doug et Amy chez moi à Paris il y a quelques années ...
Et toujours j’ai toujours mis en avant des preuves scientifiques ou leur absence, jusqu'à ce que les autres en fassent de même, ce ne sont que des plagiaires.

J'ai combiné ma formation en biologie moléculaire à une expérience en journalisme et j'ai tracé mon chemin dans la sécurité des aliments.

La vision que j’avais toujours eue en matière d’information sur la sécurité des aliments, depuis toutes ces années, était ce dont j’entendais parler quotidiennement, et souvent directement : Comment diable étais-je supposé savoir?

Nous avons miné le monde (j'ai utilisé Compuserve pour avoir accès aux fils de l’AP et autres avant Google, alors que le MMWR (bulletin des maladies infectieuses -aa) du Centers for Disease Control des États-Unis mettait six mois à arriver par courrier, quand ceux qui avaient besoin de savoir auraient dû avoir l'information dès que possible).

J'ai fait de mon mieux, même lorsque le meilleur n’était pas suffisant.

J’ai toujours aimé ce que j’ai fait - je n’ai pas été payé depuis plus de deux ans - mais c’est quelqu'un d’autre qui devrait en être responsable.

J'ai une démence précoce, j'ai d'autres problèmes de santé, alors plutôt que d’embêter les membres de la famille à publier des informations, je vais m'éloigner tant que je le peux.

Sur les 15 287 publications du barfblog.com, j’ai écrit (ou copié-collé) 13 070 depuis 2005.

Et il est e temps pour moi de faire quelque chose de différent.

Je peux encore écrire, peut-être sur la sécurité des aliments, peut-être sur d'autres choses, peut-être sur la probabilité de quand les poules auront des dents. .
Mais pour l’instant, j’ai d’autres priorités.

Ben (Ben Chapman, collègue de Doug au barfblog –aa) peut savoir quoi faire et ce qu'il veut faire.

Ça était un honneur et un privilège de partager ton écran d’ordinateur, peut-être même ton cerveau, et ainsi améliorer la sécurité aliments, grâce au thermomètre numérique sensible ou manger de moins de graines germées crues, etc.
Paix et amour.
dp

Jim Romahn lui rend hommage sur son blog,

… aujourd'hui, avec son article annonçant sa retraite, il se demande si son collègue Ben Chapman de Caroline du Nord, poursuivra le barfblog.com. 

Powell a été sans peur en interpellant des personnes au pouvoir qui n'ont pas réussi à protéger le public en faisant très attention à la sécurité des aliments.

Il a été renvoyé ou mis à la porte de l’Université de Guelph et l’Université du Kentucky, ainsi que celle du Kansas …

Il a poursuivi sa croisade pour la sécurité des aliments depuis l'Australie.

Dans son message d’adieu, il a écrit: « J'ai fait de mon mieux, même lorsque mon meilleur n’était pas suffisant. »
« J'aime toujours ce que je fais même si je n'ai pas été payé depuis plus de deux ans, mais aujourd’hui, quelqu'un d'autre devrait prendre la suite. »

dimanche 17 mars 2019

Le fast food et l'approvisionnement français, Burger King versus McDonald's


Régulièrement les fast-food parle de leur approvisionnement français via la presse … et en ce moment cela donne cette information rapportée le 15 mars 2019 par La France Agricole, « Burger King vante ses approvisionnements français ».

Régulièrement, pas vraiment, mais le plus souvent lors du salon de l’agriculture, les fast-food font des annonces, communiquent sur le made in France, qu’en est-il précisément, et là, c’est souvent plus compliqué … le marketing des fast-food étant passé par là …

Trois type de produits sont au menu de cette ‘petite’ comparaison entre Burger King et McDonald’s :

Viande bovine
En 2016, la viande bovine dans nos restaurants est d'origine française pour 54,51% (chiffre de 2016 –aa). Ainsi, nous avons utilisé plus de 25 078 tonnes de viande bovine française. Le volume restant provient d'Irlande et des Pays-Bas selon le même cahier des charges et les mêmes contrôles qu'en France. Nos fournisseurs s'approvisionnent uniquement auprès de fournisseurs référencés selon des critères très exigeants, et utilisent principalement des muscles issus de l'avant des bovins comme par exemple, l'épaule, le collier, le plat de côte.
Quant à la viande de bœuf des menus pour les enfants, elle est désormais également produite en France, et fournie par le groupe Bigard. « Au total, près de la moitié de nos viandes est d’origine France, environ 40 à 45 % », a précisé M. Tafani, selon lequel la filière française n’est pas en mesure, à l’heure actuelle, de fournir la matière première nécessaire à un approvisionnement 100 % français.
Pommes de terre
Quant aux pommes de terre transformées en frites, entre « la moitié et les trois quarts » proviennent déjà de l’Hexagone, et « 100 % en 2020, sauf aléas météorologiques », « contre 0 % » en 2016.
Depuis novembre 2013, toutes nos frites sont 100% pommes de terre françaises
Salades et crudités
Les légumes et crudités de saison, eux, viennent de France – et hors saison (soit 20 % du total), du Maroc, de la Belgique ou des Pays-Bas.
Pas d’information sur l’origine des salades et des crudités mais uniquement sur la qualité. 
Enfin, Salon de l’Agriculture oblige …, un communiqué de février 2019 rapporte que « McDonald's renforce a nouveau la qualité de ses ingrédients grâce à des partenariats structurants avec trois filières agricoles françaises » …

Sur les promesses des géants des fast-food, on lira cet article de juin 2017, McDonald’s et ses burgers, viande bovine française ?, qui rapportait, selon agro-média du 22 juin 2017, « McDonald’s souhaite tripler ses volumes en viande de race charolaise d’ici 2019 ».