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samedi 14 octobre 2023

Un article met en évidence l’épidémie de botulisme en France

«Un article met en évidence l’épidémie de botulisme en France», source article de Stéphanie Soucheray paru le 13 octobre 2023 dans CIDRAP News.

Paru le 12 octobre 2023 est paru dans Eurosurveillance, des chercheurs font état d'une épidémie de 15 cas d'intoxication par le botulisme, dont 1 décès, le mois dernier pendant la Coupe du monde de rugby organisée à Bordeaux, France.

Les auteurs présentent les descriptions de cas cliniques de huit patients vus au CHU de Bordeaux, où le premier patient traité lors de l'épidémie a été admis en unité de soins intensifs (USI) le 6 septembre. Ce patient a nécessité une ventilation mécanique et a présenté un certain nombre de graves symptômes, notamment un affaissement oculaire, des troubles de la déglutition et une paralysie oculomotrice, dans lesquels l'œil affecté ne suit pas correctement.

«En raison des symptômes neurologiques, le patient a été initialement traité pour le syndrome de Guillain-Barré, mais le botulisme a également été suspecté», précisent les auteurs. Au cours des 4 jours suivants, deux autres patients sont arrivés à l’hôpital avec des symptômes neuro-ophtalmiques similaires et ont nécessité des soins intensifs.

Des conserves de sardines maison mises en cause

Les trois premiers patients vus à l'hôpital ont déclaré s'être rendus en France pour le tournoi de rugby. Le 10 septembre, les enquêteurs français ont interrogé les trois hommes, qui ont tous déclaré avoir mangé des sardines en conserve maison dans le même bar-restaurant de Bordeaux.

Du 11 au 12 septembre, l'hôpital a accueilli cinq autres patients, tous des visiteurs internationaux, présentant des symptômes d'intoxication par le botulisme, notamment une paralysie descendante et une maladie gastro-intestinale étendue.

Les patients venaient du Canada, de France, d'Irlande et des États-Unis. Deux patients étaient des hommes, six étaient des femmes et tous, sauf un, avaient moins de 50 ans. Le délai moyen entre la consommation de sardines et les premiers signes de maladie était de 13 heures.

«Six cas sur huit ont nécessité une ventilation mécanique invasive en raison d'une paralysie des muscles respiratoires», ont indiqué les auteurs. Le délai médian entre l’apparition des symptômes et l’intubation était de 25 heures.

Au 12 octobre, six des huit patients vus au CHU de Bordeaux sont sortis, et deux restent sous ventilation mécanique. Tous les huit avaient reçu un traitement à base d’antitoxine botulique.

La plus grande épidémie en France

Suite aux premiers cas, la Direction générale de la santé (DGS) a adressé une alerte nationale à tous les praticiens concernant les cas constatés à Bordeaux, 2 cas supplémentaires et 1 décès liés à cette épidémie. Au total, 15 personnes sont tombées malades et toutes ont déclaré avoir mangé des sardines dans le même restaurant.

Bien que rare, le botulisme peut être l'une des maladies d'origine alimentaire les plus graves, souvent causée par des aliments en conserve ou fermentés maison mal transformés.

De 2008 à 2018, la France a signalé 82 foyers de cas de botulisme d'origine alimentaire, dont 159 cas, et le plus grand nombre de personnes impliquées dans une seule épidémie était six, faisant de cette nouvelle épidémie la plus importante du pays.

Les cliniciens de toute la France ont été invités à rechercher des symptômes de botulisme chez les patients ayant récemment voyagé à Bordeaux. Ces symptômes comprennent des difficultés à avaler, une vision floue, des troubles de l'élocution et une paralysie flasque descendante.

«Le botulisme d'origine alimentaire peut être mal diagnostiqué», concluent les auteurs. «Ce article souligne l'importance de notifier rapidement les cas suspects de botulisme, car cela déclenche une prise de conscience et une enquête immédiate pour déterminer la source et contrôler l'épidémie.»

Référence

Courtot-Melciolle Léa, Jauvain Marine, Siefridt Mona, Prevel Renaud, Peuchant Olivia, Guisset Olivier, Mourissoux Gaëlle, Diancourt Laure, Mazuet Christelle, Delvallez Gauthier, Boyer Alexandre, Orieux Arthur. Food-borne botulism outbreak during the Rugby World Cup linked to marinated sardines in Bordeaux, France, September 2023. Euro Surveill. 2023;28(41):pii=2300513. https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2023.28.41.2300513

Complément

Selon les auteurs de l’étude,
Il est possible que l'épidémie de botulisme à Bordeaux, provoquée par la neurotoxine botulique de type B, soit liée à l'utilisation d'huile d'olive et d'herbes aromatiques (marinade) avant la stérilisation des sardines en conserve.
Complément bis
On lira ce document de l’Anses du 26 octobre 2023, «Le botulisme : de quoi s’agit-il et comment s’en prémunir ?» 

mercredi 4 octobre 2023

Botulisme alimentaire : Retour sur la crise sanitaire. Page de pub de l'Institut Pasteur !

Dans cette intoxication alimentaire à Bordeaux liée à des conserves, il y a eu plusieurs cas de botulisme. Le blog vous proposé différentes approches, depuis Santé publique France très discrète sur ce sujet à l’OMS ...

La dernière approche en date est celle du 2 octobre avec ce communiqué de l’Institut Pasteur, «Botulisme alimentaire : Retour sur la crise sanitaire».

Début septembre 2023, plusieurs personnes ont été intoxiquées après avoir consommé des sardines en conserve artisanale dans un bar bordelais. Au 14 septembre 2023, cette intoxication a provoqué le décès d’une personne et l’hospitalisation de 10 autres. Retour sur la chronologie précise des événements et le rôle de l’Institut Pasteur dans la gestion de cette crise sanitaire. 

Le 11 septembre 2023, l’Agence Régionale de Santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine reçoit le signalement de plusieurs cas probables de botulisme. Sept personnes prises en charge au CHU de Bordeaux présentent des troubles neurologiques ou digestifs. Elles ont toutes fréquenté la semaine précédente un même bar bordelais, où elles ont consommé des sardines en conserve artisanale. Les symptômes et l’épidémiologie évoquent le botulisme alimentaire, provoqué par la bactérie Clostridium botulinum. «Il s’agit d’une bactérie qui, lorsque la stérilisation d’une conserve est mal faite, peut se multiplier et produire une toxine. Les gens se contaminent au moment de l’ingestion» précise Gauthier Delvallez, responsable adjoint du centre national de référence (CNR) des bactéries anaérobies et botulisme.

La confirmation du botulisme par l’Institut Pasteur

L’enquête démarre ensuite concrètement. Ces cas suspects amènent la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) de la Gironde à effectuer des prélèvements alimentaires pour rechercher la présence de toxine botulique dans les conserves suspectées. Le lendemain, 12 septembre, le bilan s’aggrave : une personne est décédée et sept se trouvent en service de réanimation. Au 14 septembre, 15 cas suspects de botulisme ont été identifiés, dont 10 sont hospitalisés. Si les signes évocateurs du botulisme se précisent, le diagnostic biologique doit encore être posé avec certitude. C’est le CNR des bactéries anaérobies et botulisme de l’Institut Pasteur qui lèvera les derniers doutes. Les échantillons collectés par la DDPP ainsi que les prélèvements des patients hospitalisés ont été analysés par le CNR qui a pu confirmer un botulisme de type B pour plusieurs patients et la présence de la bactérie et de sa toxine dans les conserves de sardines.

Une prise en charge adaptée, le plus tôt possible, à l’hôpital

On dispose de peu d’outils de lutte contre cette intoxication rarissime qui génère en moyenne 15 à 20 cas par an, en France. Le traitement du botulisme requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée.

En cas de suspicion de botulisme, l’administration d’une anti-toxine botulique dans les 24 à 48 premières heures après le début des symptômes peut permettre de raccourcir le temps d’hospitalisation. La grande majorité des malades pris en charge sans délai guérissent sans séquelles, mais le traitement et la convalescence peuvent durer plusieurs mois.

Les CNR, des sentinelles face aux pathogènes

L’étroite collaboration entre les autorités sanitaires nationales et régionales et le CNR bactéries anaérobies et botulisme de l’Institut Pasteur a permis de rapidement identifier de façon certaine la bactérie à l’origine de cette crise sanitaire, la plus grave à ce jour en France en lien avec le botulisme alimentaire. Une étape essentielle pour une prise en charge optimale des personnes contaminées ou susceptibles de l’être.

Mise à jour du 12 octobre 2023

On lira l’étude, «Food-borne botulism outbreak during the Rugby World Cup linked to marinated sardines in Bordeaux, France, September 2023», parue le 12 octobre dans Eurosurveillance.

Complément bis
On lira ce document de l’Anses du 26 octobre 2023, «Le botulisme : de quoi s’agit-il et comment s’en prémunir ?» 

samedi 8 février 2020

Epidémie de salmonellose à Salmonella Dublin en lien avec une consommation de Morbier au lait cru : point au 7 février 2020


Santé publique de France rapporte le 7 février une « Epidémie de salmonellose à Salmonella Dublin en lien avec une consommation de Morbier au lait cru : point au 7 février 2020 »
13 cas de salmonellose de sérotype Dublin sont en cours d’investigation : lien identifié avec une consommation de Morbier au lait cru entre novembre 2019 et janvier 2020.
Contexte / Alerte

Santé publique France investigue actuellement 13 cas de salmonellose causés par Salmonella enterica sérotype Dublin (S. Dublin) signalés par le Centre national de référence (CNR) des Salmonella (Institut Pasteur) du fait de l’appartenance des souches à même cluster génomique. Les souches ont été isolées entre la semaine 48 (fin novembre 2019) et la semaine 1 (début janvier 2020). Il s'agit de 8 hommes, et 5 femmes, âge médian de 72 ans. Les cas sont répartis sur 7 régions.

Parmi ces 13 cas, 3 patients sont décédés, sans présumer de la responsabilité de la salmonellose dans le décès.
Investigations épidémiologiques menées par Santé publique France

Le début des symptômes, pour les cas interrogés, va de la semaine 48 à la semaine 1, la majorité des cas se regroupant sur 3 semaines (S48 à S50). Neuf cas ont été hospitalisés. La majorité des cas ont rapporté avoir consommé avant leurs symptômes du Morbier au lait cru, acheté dans des enseignes différentes.
Investigations microbiologiques par le CNR

Le CNR a confirmé que les souches de S. Dublin des 13 cas appartenaient au même cluster par deux méthodes complémentaires suite à l’analyse du génome complet.
Investigations de traçabilité par la DGAL et ses DDPP

L'analyse par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) des achats de fromages à partir des cartes de fidélité des cas a permis d'identifier que les Morbiers achetés par les cas provenaient d’un même fournisseur. Des investigations chez ce producteur sont en cours par la DDPP en lien avec la DGAL afin d’identifier les causes de cette contamination et prendre les mesures correctives nécessaires.
Mesures de contrôle

Suite aux résultats des investigations, la SA PERRIN (FR 25-155-001 CE), en lien avec les autorités sanitaires, procède le 07/02/2020 au retrait de la vente et à un rappel des morbiers au lait cru suivants :
Meules entières des lots : n°23240923 (DLUO 10/02), 23240924 (DLUO 01/02), 23271122, 23271123, 23271124, 23271125, 23271126 et 23271127 (DLUO au 05/03 et 30/03). Lot de découpe : n°13 (DLC au 12/02)
Ces produits sont commercialisés au rayon traditionnel et au rayon libre-service des supermarchés et hypermarchés (GMS) sur tout le territoire français et sont identifiables par le numéro d’agrément (FR 25-155-001 CE) apposé sur le fromage ou l’emballage.
Les autorités sanitaires recommandent aux personnes qui détiennent encore les produits concernés de ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente où ils ont été achetés.

Je me demande si ce retrait/rappel n'arrive pas un peu tard sachant que les cas se sont produits entre la semaine 48 de 2019 et la semaine 1 de 2020, mais y avait-il une autre réponse ?

Un communiqué du ministère de l'agriculture du 7 février 2020 informe du « Signalement de cas de salmonelloses : retrait et rappel de morbier au lait cru » et fournit des détails du rappel, n° de lots, etc.

On se rappelle que le 12 juillet 2019, le ministère de l'agriculture avait signalé des « Cas de gastroentérites liés à la consommation de coppa contaminée par des salmonelles ». La formulation trouvée le 7 février me paraît plus exact, même si Santé publique de France parle d'épidémie ... et d'éventuels décès ...

A noter une constance dans les communiqués des autorités sanitaires, c'est d'antidater d'un jour, au minimum, les communiqués dans ce genre d'épisode …

Dans ce contexte, on pourra lire ou relire quelques épisodes précédents,
En complément, il n'est même pas certain que l'on ait un communiqué de rappel de la part des distributeurs ...


Mise à jour du 10 février 2020Un article de Joe Withworth paru le 9 février dans Food safety News traite du sujet, « 13 sick from Salmonella in France linked to eating raw milk cheese ».

Il est aussi indiqué que « Les autorités françaises enquêtent également sur une flambée d'origine alimentaire suspectée d'être causée par Salmonella Enteritidis dans des œufs biologiques d'Italie. »

En effet, selon une notification au RASFF de l'UE par la France le 9 janvier, référence 2020-0125, il y aurait des cas d'intoxication alimentaire suspectée en France liés à des œufs bio d'Italie de marque Oliveiro Claudio pour présence dSalmonella enterica sérotype Enteritidis.

Un rappel des œufs bio a eu lieu en Italie le 28 janvier, voir ici

A noter enfin, un premier avis de rappel du 8 février mis en ligne sur le site Internet d'AuchanSuite à la présence éventuelle de Salmonelles et par mesure de précaution, la société SA PERRIN VERMOT procède au rappel des produits  ... mais aussi Lidl et Casino.

On apprend également par les autorités du Luxembourg, le 10 février
Les autorités de sécurité alimentaire luxembourgeoises viennent d’être informées par la société Auchan que le produit « Morbier AOP » de la marque Jean Perrin contaminé potentiellement par des Salmonelles a été distribué au Luxembourg dans les magasins Auchan.
Une distribution plus large ne peut être exclue.
Mise à jour du 12 février 2020. Rappel tardif de Morbier chez Carrefour en date du 10 février, ici 

mardi 19 mars 2019

Retour sur l'investigation d’une épidémie nationale de Salmonella Dublin associée à une consommation de fromages au lait cru, France, 2015 à 2016


Dans un article de janvier 2019 intitulé, « Démêlage d'une épidémie à Salmonella liée à des fromages au lait cru en France, 2015 à 2016 », je rapportais les cas de maladies infectieuses d’origine alimentaire liés à l consommation de Morbier et au Mont d’Or.

Voici que Santé publique de France, dans son article du mois de février 2019, nous relate l’« Investigation d’une épidémie nationale de Salmonella Dublin associée à une consommation de fromages au lait cru, France, 2015 à 2016 ».

En anglais, cela donne « Disentangling a complex nationwide Salmonella Dublin outbreak associated with raw-milk cheese consumption, France, 2015 to 2016 » ou « Démêlage d’une épidémie complexe à Salmonella Dublin à l'échelle nationale associée à la consommation de fromage au lait cru, France, 2015 à 2016 ».

Comme il ne s’agit pas du même article, j’ai souhaité vous faire partager ce qui s’est dit dans cet article du mois par Santé publique de France.

On apprend ainsi :
En France métropolitaine entre le 17 novembre 2015 et le 11 mars 2016, 83 cas avec une infection à Salmonella Dublin ont été identifiés par le CNR ce qui fait de cette épidémie de Salmonella Dublin une des plus importantes en France de ces dernières années.
Salmonella Dublin est un sérotype de salmonelle particulièrement invasif chez l’homme et plus fréquemment responsable de pathologies sévères et de taux de mortalité plus importants comparé aux autres sérotypes de salmonelle. Salmonella Dublin peut être isolé chez les bovins, avec pour vecteur typique de transmission dans les intoxications alimentaires, le lait cru et les fromages au lait cru. 
Cette investigation a été novatrice à au moins deux titres. Au niveau microbiologique, le Centre national de référence a utilisé deux méthodes. La première, le Multilocus variable-number tandem repeat analysis (MLVA), avait déjà été utilisée dans de précédentes investigations d’intoxications alimentaires. La seconde, le Whole genome sequencing (WGS), a été utilisée pour la première fois pour cette épidémie d’infections à Salmonella Dublin et a permis de mieux discriminer les clusters de cas (cas groupés –aa) par rapport au MLVA. L’utilisation du WGS peut faciliter la caractérisation du lien entre les cas humains et les sources potentielles de contamination et peut aussi fournir une meilleure image du contexte global de l’épidémie en la reliant avec d’autres épidémies, concomitantes ou plus anciennes. Le WGS est désormais utilisé en routine au CNR depuis 2017. Au niveau épidémiologique, pour la première fois en France, le recrutement des témoins dans une investigation épidémiologique s’est fait à partir d’une cohorte de personnes participant à un projet de recherche en ligne, l’étude GrippeNet.

Parmi les questions posées à Aymeric Ung, épidémiologiste à Santé publique France, j’ai retenu la question suivante :
Cette investigation a montré l’ampleur de cette épidémie sur la quasi-totalité du territoire français. Quels en sont les résultats marquants ? A-t-elle permis d’identifier les aliments mis en cause et d’apporter des mesures de gestion ? 
Effectivement, les 83 cas ont été identifiés dans 12 des 13 régions de France métropolitaine, avec 19 cas (23 %) provenant de la seule région Bourgogne-Franche-Comté. L’âge médian des cas était de 70 ans. Au total, 10 décès (12 %) ont été reportés sans information disponible sur la cause de décès. Nous avons pu interroger 63 cas (76% des cas), 68% avaient été hospitalisés et 66% des cas pour lesquels l’information était disponible déclaraient des maladies chroniques (asthme, cancer…).


Les investigations microbiologiques, épidémiologiques et environnementales ont pointé vers deux fromages au lait cru, le morbier et le mont d’Or, comme étant les sources de contamination probables de cette épidémie de Salmonella Dublin. L’utilisation rétrospective du WGS a par ailleurs confirmé la survenue de précédentes épidémies de Salmonella Dublin en 2012. 
Les résultats de cette investigation ont pointé vers plusieurs producteurs de fromage de la même région comme sources potentielles de l’épidémie. Il a été difficile d’identifier précisément les lots consommés par les cas car certains fromages ont été consommés à la coupe et également du fait de la fréquence importante de consommation de ces fromages par les cas.  
Suite à cette investigation, le groupe des producteurs de morbier et de mont d’Or a mis en place un plan d’action, incluant notamment un test systématique pour la salmonelle des lots de morbier et mont d’Or vendus à partir de février 2016, des visites des fermes plus régulières par des vétérinaires, une meilleure détection du bétail contaminé et leur élimination. 
Selon un article du 28 avril 2018, du Dauphiné.com, « Une dizaine de morts à cause de morbier et Mont-d’Or contaminés. »
Une dizaine de personnes sont mortes et près de quatre-vingt ont été malades en 2015 et 2016. Elles auraient été contaminées par du fromage notamment du morbier et du Mont d’Or, selon de la cellule investigation de Radio France.

dimanche 27 janvier 2019

Démêlage d'une épidémie à Salmonella liée à des fromages au lait cru en France, 2015 à 2016

Dans une époque antérieure, j'avais indiquais dans un article du 6 septembre 2012,

L'affineur de fromage Dischamp a été informé, hier matin, par les services sanitaires de l'ARS que 48 personnes ont été intoxiquées par la présence de la bactérie de Salmonella Dublin dans l'un des lots de saint-nectaire fermier commercialisés. Ce lot n° D21950033 est celui de saint nectaire fermier vendu à la coupe entre le 10 août et le 5 septembre. Il représente 3.500 fromages, soit 5 tonnes.
Pour ce rappel ci-dessus, pas encore d'informations sur le site Internet du ministère de l'agriculture, ni sur celui de l'ARS Auvergne. Ce que je viens d'énoncer n'est plus exact car il y a désormais un communiqué, certes très tardif, mais il y a un communiqué du ministère de l'agriculture Le GAEC FEREYROL (producteur des fromages fermiers) et la société DISCHAMP (distributeur des fromages) procèdent à un rappel de Fromage fermier au lait cru « Saint Nectaire. » En date du 7 septembre 2012, le minstère de l'agriculture communique sur Salmonelles dans du Saint-Nectaire : deux foyers de contamination. A suivre …
Malheureusement, il n'est plus possible d'avoir accès aux liens cités dépendant du ministère de l'agriculture, qui renvoient à la loi Egalim : Tout savoir sur la loi Agriculture et Alimentation, tout un programme … mais pas d'information ...

L'exemple du Saint-Nectaire souligne que le danger est assez présent dans les fromages au lait cru, mais ce dont il va être question ci-après ne concerne ni du Saint-Nectaire, ni du Reblochon, mais du Morbier et du Mont d'Or ...

« Le cru est risqué: Salmonella Dublin dans du fromage au lait cru, France, 2015-16 », selon Doug Powell du barblogLe 'cru' étant du fromage au lait cru ...

La revue en ligne Eurosurveillance publie un article sur le « Démêlage d'une épidémie complexe à Salmonella Dublin, liée à la consommation de fromage au lait cru, à l'échelle nationale, France, 2015 à 2016 ».

ooOOoo

Salmonella non thyphi est une des principales causes d'infections d'origine bactérienne d'origine alimentaire en Europe. La majorité des infections humaines sont causées par un nombre limité de sérotypes de Salmonella parmi les 2600 décrits à ce jour. Le sérotype Dublin de Salmonella enterica (S. Dublin) est particulièrement invasif chez l'homme et conduit le plus souvent à une maladie grave et à des taux de mortalité plus élevés par rapport aux autres sérotypes. S. Dublin est adapté aux hôtes pour les bovins et est fréquemment isolé du bétail, avec du lait cru ou des fromages au lait cru comme véhicule typique des épidémies d'origine alimentaire.

En 2012, une épidémie majeure à S. Dublin est survenue en France, avec 103 cas liés à la consommation de Saint-Nectaire (fromage de lait cru bovin). En 2015, 34 cas de S. Dublin ont été rapportés liés à la consommation de Reblochon (fromage de lait cru bovin) (données non présentées; Santé publique France).

En France, le Centre national de référence (CNR) des Salmonella et l'Anses collectent et sérotypent régulièrement des isolats humains et non humains de Salmonella, respectivement, selon le schéma Kauffmann Schéma Blanc-Le Minor. Les isolats de S. Dublin collectés sont fréquemment sensibles à tous les antibiotiques et présentent un profil d'électrophorèse en champ pulsé (PFGE) indiscernable. Afin de mieux distinguer les isolats de S. Dublin, une analyse par MLVA a récemment été utilisée pour la surveillance et les investigations épidémiologiques. De plus, il a été démontré que le séquençage du génome entier (WGS) de Salmonella faisait la distinction entre des isolats étroitement apparentés de S. Dublin.

Le 18 janvier 2016, le CNRC français a signalé à Santé publique de France un excès d'infections à S. Dublin à travers le pays, avec 37 isolats de S. Dublin identifiés entre la mi-novembre 2015 et la mi-janvier. 2016, comparé à 10 isolats de S. Dublin au cours de la même période les deux années précédentes. Une équipe d’investigation épidémiologique composée d’experts de Santé publique de France, du CNR, de l’Anses et de la DGAL a lancé des investigations épidémiologiques, microbiologiques et alimentaires approfondies pour confirmer l’épidémie, identifier le vecteur de la transmission et proposer les mesures de maîtrise appropriées.

Limites
Nos investigations ont souffert de plusieurs limites. Premièrement, les cas ont été interviewés par téléphone, tandis que les témoins ont rempli un questionnaire en ligne plus court, ce qui aurait pu permettre d’obtenir des données sur l’exposition avec différents degrés de précision. Pour minimiser ce biais, nous avons utilisé les mêmes questions pour les cas et les témoins. Deuxièmement, la distribution par âge et par sexe des témoins différait de celle des cas. Nous avons donc inclus l'âge et le sexe dans l'analyse multivariée pour ajuster ces caractéristiques. Troisièmement, il était difficile d'identifier les sources exactes de contamination en raison probablement du faible taux contamination par S. Dublin des lots de fromages. La contamination du bétail étant diffuse, il était difficile d'incriminer certains producteurs de fromage de la région Bourgogne-Franche-Comté en tant que sources de la contamination. En outre, les lots suspects de fromage identifiés au cours d'enquêtes de traçabilité n'étaient plus disponibles pour des essais. Ensuite, même si des investigations épidémiologiques ont été menées sur une période très limitée pour permettre le lancement d'analyses microbiologiques ad hoc à l'appui des hypothèses émises, nous avons dû faire face à l'impossibilité de passer tout le processus en raison du manque de produits.

Conclusions et recommandations
Les preuves microbiologiques, épidémiologiques et environnementales indiquaient que deux fromages au lait cru, Morbier et Vacherin Mont d’Or, seraient des vecteurs des infections à S. Dublin. L’utilisation des méthodes de sous-typage MLVA et WGS a permis d’identifier différents groupes et les vecteurs potentiels de l’infection, en soulignant l’importance de méthodes de sous-typage adéquates lors des éclosions à Salmonella et la pertinence du système de surveillance microbiologique interne à l’entreprise. En conséquence, le WGS a maintenant été mis en œuvre de manière routinière au CNR français et les résultats de cette enquête multidisciplinaire ont abouti à un plan de contrôle renforcé des usines de transformation de fromages au lait cru afin de prévenir de futures épidémies.
ooOOoo


On y apprenait que L’Anses a été saisie le 28 juillet 2016 par la Direction générale de l’alimentation (DGAl) d’une demande d’avis relatif à l’évaluation des protocoles d’échantillonnage des laits et fromages morbier et mont d’or en vue de réduire le risque épidémique de salmonellose.

Dans cet avis de l'Anses du 24 avril 2018, on découvrait,
En région Franche-Comté, les données de surveillance des salmonelles en filière bovine indiquent une contamination régulière des laits et de certains fromages au lait cru par Salmonella Dublin. Malgré la vigilance de la filière vis-à-vis de cette contamination, une épidémie ayant touché principalement des personnes âgées ou fragilisées et responsable de 92 malades et 10 décès, a été attribuée à la consommation de morbier et mont d’or contaminés par Salmonella Dublin, au cours de la période de novembre 2015 à avril 2016. Les protocoles d’autocontrôle sur les fromages ont été renforcés à partir de février 2016. Depuis août 2016, les protocoles d’autocontrôle sur le lait ont eux aussi été renforcés.
Malgré cette vigilance, le contrôle d’un lot réalisé après la mise sur le marché, mi-juillet 2016, a révélé la présence de Salmonella Dublin dans un établissement, entraînant des mesures correctives. Dans ce contexte épidémique, la question de l’efficacité des contrôles du lait et des fromages pour les périodes considérées normales et les périodes à risque se pose.

La suite, vous la connaissez maintenant ... Ah oui, il reste un dernier point,
Un article du 28 avril 2018, on apprenait par le Dauphiné.com, Une dizaine de morts à cause de morbier et Mont-d’Or contaminés.
Une dizaine de personnes sont mortes et près de quatre-vingt ont été malades en 2015 et 2016. Elles auraient été contaminées par du fromage notamment du morbier et du Mont d’Or, selon de la cellule investigation de Radio France.