mercredi 1 mai 2019

Champion du monde des rappels de produits alimentaires en avril 2019


Eh oui, c'est certes un titre honorifique, mais c'est hélas surtout un triste constat, la France est donc devenue en avril 2019, 'Champion du monde des avis de rappels des produits alimentaires', pour reprendre l'expression devenue culte du film, La vérité, si je mens !

C'est plus fort qu'aux Etats-Unis, cela n'a pas été facile, cela a pris du temps, mais on y est enfin arrivé ; c'est aussi plus fort que chez nos voisins européens, Royaume-Uni, Belgique, ItalieAllemagne, etc., ça se fête ?

Après les chiffres des rappels de janvier, de février et de mars avec respectivement 20, 25 et 35 rappels, voici venir ceux d’avril 2019 avec un  chiffre oscillant entre 43 avis de rappel selon mon décompte, et 46 avis de rappel selon le site Oulah

Chaque mois, ça grimpe un peu plus ... soit aux environs de 123 à 126 rappels de produits alimentaires en quatre mois !

NB : Le mois d'avril a été un mois tellement dense en rappels qu'il m'a semblé difficile de fournir un chiffre exact ; pour ma part, le nombre avancé est un nombre minimum. Il faut vous dire qu'il y a eu au moins deux rappels 'massifs' de fromages en avril, l'un réalisé par la société fromagère de la Brie et l'autre par la Fromagerie Alpine.

Les ‘résultats de notre enquête’ sur les rappels de produits alimentaires publiés par nos autorités sanitaires sont les  suivants : huit avis de rappels sur le site de la DGCCRF et dix avis de rappels (dont 6 pour la société fromagère de la Brie) sur le site du ministère de l’agriculture

Une conséquence des récents rappels en avril est la présence de cas de SHU en relation possible avec des fromages de la Fromagerie Alpine et des cas de listériose avec des fromages de la société fromagère de la Brie.


On attend toujours que le rapport et avis adoptés le 13 juillet 2018 par le Groupe de travail « Amélioration de l’efficacité des procédures de retrait-rappel des produits de consommation courante » du Centre National de la Consommation (CNC) se traduisent dans des faits concrets ... il y a désormais urgence ...


Tout ce qui est décrit vient de plus loin, car, dès 2018, il y avait eu 60% d'avis de rappel en plus par rapport à 2017 : 216 avis de rappel en 2018 versus 133 en 2017, selon le site Oulah.

Liste des 42 rappels en France de produits alimentaires rappelés en avril 2019
  • 1er avril 2019 : Plateau dégustation Italie 160g de marque Auchan
  • 1er avril 2019 : Assiette de charcuterie italienne 150g de marque Montagne Noire
  • 1er avril 2019 : Assiette italienne 160g de marque Casino Saveurs d’ailleurs
  • 1er avril 2019 : Sprat fumé de marque Corrue & Deseille
  • 1er avril 2019 : Mini Rosty 750g LP de marque Leader Price
  • 2 avril 2019 : Quatre épices de marque MARIUS de la société Marius Bernard
  • 3 avril 2019 : Brie de Montereau et Brie de Nangis de marque Société Fromagère de la Brie
  • 3 avril 2019 : Brie de Coulommiers x 1 au kg de marque Société Fromagère de la Brie
  • 3 avril 2019 : Coulommiers 45% de marque Société Fromagère de la Brie
  • 3 avril 2019 : Pâté en croûte richelieu de marque Le Charcutier Auchan
  • 4 avril 2019 : Andouillettes supérieures de marque Monique Ranou
  • 4 avril 2019 : Andouillettes pur porc supérieures de marque Onno
  • 4 avril 2019 : Boulettes de poisson surgelées « Fish balls » de marque YU’CHI
  • 4 avril 2019 : Quenelles Traiteur Brochet de marque Lustucru par la société Lustucru Frais. A noter que la DGCCRF a publié un avis de rappel le 11 avril.
  • 5 avril 2019 : Andouillettes supérieures de marque Netto fabriquées par Salaisons Celtiques Pontivy
  • 5 avril 2019 : Haché de thon provençal de la marque Cité Marine
  • 6 avril 2019 : Différents produits de charcuterie de la Société Salaisons MAK-YUEN (La Réunion)
  • 8 avril 2019 : Assortiment de 9 brochettes au fromage frais – saumon fumé de marque O Tapas de la Fromagerie de l’Etoile. Les dates des communiqués de rappels tant chez Auchan que chez Casino sont du 5 avril, mais la publication sur les sites internet respectifs d’Auchan et de Casino date du 8 avril, classique tour de passe-passe, puisque pas de permanence le week-end …
  • 9 avril 2019 : Croissants jambon emmental de marque CASINO.
  • 10 avril 2019 : Fromages fermiers de chèvre AOP au lait cru Pouligny Saint-Pierre de marque P. Jacquin et Fils.
  • 10 avril 2019 : Barre chocolat vegan 150g de marque VEGO.
  • 11 avril 2019 : Crèmes et fromages de marque Société Fromagère de la Brie. Crème en vrac et fromages de type Brie, Coulommiers, Chevru, Chatel, Marquise, Saint-Siméon, Vignelaits, Bayard, Jean de Brie, Brillat-Savarin, Crème de France, Explorateur, Morin, Fromage à la truffe d’été, le Cœur  de la fromagère, Coulommiers 45% Reflet de France.
  • 11 avril 2019 : Fromages de marque Hennart : Boule de raisin, Brie aux brisures de truffes, Brie à la moutarde, Brie au poivre, Brie de chevru, Brie de Melun, Camembert bleu d’Auvergne, Chanteraine, Coulommiers jeune, Coulommiers fourré aux noix, Crémeux au poivre, Fleuricrème, Plateau du voyageur
  • 11 avril 2019 : Coulommiers de marque Fromagerie du Dolloir
  • 11 avril 2019 : Brie de Meaux AOP jeune, Brie de Meaux AOP ½ affiné de marque Hennart
  • 11 avril 2019 : Brie, Brillat Savarin, Brie de Nangis de marque Beillevaire
  • 11 avril 2019 : Brie de Meaux, Brie de Melun, Brie Le Montereau, Montereau poivre, Coulommiers, Orvannais de marque Loiseau
  • 11 avril 2019 : Coulommiers 400g de marque Reflet de France (Carrefour)
  • 11 avril 2019 : Cake aux pépites de chocolat de marque Monoprix
  • 16 avril 2019 : Dés de chorizo doux de marque Itinéraires des Saveurs (Intermarchés) et Netto
  • 16 avril 2019 : Compléments alimentaires 19-ANABOL TESTO de marque USN
  • 17 avril 2019 : Gourdes aux fruits 12 x 90g - Carrefour Kids de la société DELIS. A signaler qu'un avis de rappel a été publié par la DGCCRF le 24 avril alors que le distributeur Carrefour a publié un avis le 17 avril 2019 ...
  • 18 avril 2019 : Mini Pâté Cocktail Lapin Noisettes 500 g de la société Brient
  • 21 avril 2019 : Fromages fermiers de chèvre au lait cru
  • 25 avril 2019 : Eau de source de marque Cristaline vendue à Wallis et Futuna
  • 26 avril 2019 : Cassoulet Mitonné 1260 g de marque William Saurin de chez Carrefour et Auchan. A noter le rappel tardif d'Intermarché le 29 avril 2019
  • 26 avril 2019 : lot de gourdes aux fruits 12 x 90g avec les marques de Carrefour et Carrefour Kids. Il s’agit d’une extension du rappel précédent.
  • 27 avril 2019 : retrait et rappel de fromages Saint-Félicien (180g) et de Saint Marcellin (80g) de la fromagerie Alpine de différentes marques et commercialisés chez différents distributeurs en raison de cas de SHU selon le ministère de l'agriculture.
  • 28 ou 29 avril 2019 : Cascade de rappels de Saint-Félicien (80 et 180g) et Saint Marcellin (80g) susceptible d’être contaminé par Escherichia coli de type O26, mais aussi d'autres noms de fromages Romans de Romans et Sac du Vigneron, voir les détails chez Auchan, CarrefourE.LeclercLidl, Leader Price, Géant Casino, etc.
  • 30 avril 2019 : plateau assortiment « Plateau Girolles » – Pont L’Evêque de marque Services compris. Le Saint Marcellin présent sur ce plateau est susceptible d’être contaminé par des Escherichia coli de type O26.
  • 30 avril 2019 : présence Poêlée surgelée « La Parisienne » de marque Bonduelle.
  • 30 avril 2019 : St Marcellin et St Félicien de marque Schoepfer commercialisé par Carrefour.
  • 30 avril 2019 :  retrait et au rappel du produit « Cordon Bleu de Poulet 1,5 Kg sous atmosphère modifiée » de la société Galliance par Carrefour.
Mais c'est possible, c'est à peine croyable !
Cause des avis de rappel :
Listeria : 16, dont
- 10 fromages au lait cru,
- quatre produits de charcuterie,
- un poisson fumé (sprats) et,
- un produit de pâtisserie charcutière
Allergène : 12, dont
- un pâté en croûte dont l’allergène ‘pistaches’ n’est pas mentionné sur l’étiquette,
- le produit Quatre épices qui peut contenir de l’arachide,
- des Miny rosty de pommes de terre qui comportent un risque allergène, la présence de céleri,
- des boulettes de poisson surgelées pour cause d’absence de la mention des allergènes soja et blanc d’œuf,
- quenelles Traiteur Brochet de marque Lustucru pour cause d’absence de la mention des allergènes poissons et crustacés.
- barre chocolat vegan pour cause de présence de protéines de lait dans le produit non signalées (mais alors damned ce n’est plus vegan, fraude ?)
- cake aux pépites de chocolat car la présence de l’allergène soja ne figure pas sur la liste d’ingrédients.chocolat
- allergène gluten non mentionné dans un complément alimentaire
- erreur de contre étiquette, qui indique la composition de saucisse sèche Label Rouge au lieu des dés de chorizo. (Allergènes non étiquetés sur le produit).
- gourdes aux fruits susceptibles de contenir l’allergène LAIT non déclaré dans la liste des ingrédients
- extension du rappel de gourdes aux fruits susceptibles de contenir l’allergène LAIT non déclaré dans la liste des ingrédients.
- mise en évidence d’un étiquetage ne mentionnant pas la présence de l’allergène soja suite au rappel de Cordon Bleu de Poulet 1,5 Kg sous atmosphère modifiée.
Corps étrangers : 6, dont
- plastique mou dans des andouillettes supérieures,
- corps étrangers métalliques dans des mini pâté cocktail lapin noisettes
- morceaux de verre dans une poêlée surgelée
Escherichia coli producteur de shigatoxines O26 et O157: 6, dont
- fromages de chèvre au lait cru et fromage au lait de vache au lait cru ou thermisé.
Histamine : 1,
- haché de thon provençal (Intermarché). C’est ballot, alors qu’il existe des tests rapides en 10 minutes.
Divers : 2
- mauvaise odeur de renfermé et en bouche et possible présence de germes : eau de source de marque Cristaline.
- micro fuite ponctuelle a été décelée sur quelques boîtes d’un lot de fabrication provoquant la déformation (couvercles gonflés) de ces boîtes de cassoulet.

Au niveau du RASFF de l’UE pour les produits d’origine France pour le mois d'avril 2019, il y a eu 23 notifications :
Seules huit notifications sur 23 ont été faites par la France.
30/04/2019 : référence 2019.1615, France, intoxication alimentaire suspectée causée par Escherichia coli producteurs de shigatoxines (O26) dans des fromages au lait cru. Il a quand même fallu 3 jours à nos autorités pour notifier cette alerte.
30/04/2019 : 
référence 2019.1611, Belgique, deltaméthrine (2,6 mg/kg) et une substance non autorisée, le tricyclazole (0,058 mg/kg) dans des plats de riz de France. Pas d’information en France.
30/04/2019 : référence 2019.1604, Danemark, morceaux de métal dans du pain de France. Pas d’information en France.
26/04/2019 : référence 2019.1586, France, Listeria monocytogenes (< 10 UFC/g) dans du fromage Neufchâtel de France.
25/04/2019 : référence2019.1551, Belgique, corps étrangers (présence probable) dans des céréales croustillantes de France. Pas d’information en France.
24/04/2019 : référence 2019.1537, France, histamine (1344 mg/kg) dans du thon albacore (Thunnus alalunga) congelé du Vietnam, via l’Espagne, transformé en France. Pas d’information en France. 
16/04/2019 : référence 2019.1446, Italie, infestation parasitaire par Anisakis de  maquereaux réfrigérés de France. Pas d’information en France. Il s’agit de la 10e notification au RASFF depuis le début de l’année.
16/04/2019 : référence 2019.1444, Finlande, Salmonella enterica sérogroupe Bareilly (présence dans 25g) de curcuma en poudre de France. Pas d’information en France.
15/04/2019 : référence 2019.1419, France, Salmonella enterica séroupre Bredeney (présence dans 25g) dans des moules (Mytilus galloprovincialis) bio d’Italie, conditionnées en France. Pas d’information en France.
12/04/2019 : référence 2019.1390, Royaume-Uni, étiquetage insuffisant (l’étiquetage n’est pas en anglais) de mousse avec des  pépites de chocolat de France. Pas d’information en France.
12/04/2019 référence 2019.1408, Danemark, retrait du marché de fromages au lait cru de France contaminé par Listeria monocytogenes.
10/04/2019 : référence 2019.1348, Belgique, Listeria monocytogenes (présence) dans plusieurs fromages de France. Rappels en Belgique le 9 avril 2019, au Luxembourg le 11 avril 2019 et en Suisse le 16 avril 2019. Le RASFF fonctionne décidément très bien … car la Suisse n’était pas sur la liste des pays destinataires …
10/04/2019 : référence 2019.1347, Belgique, Listeria monocytogenes dans du  brie de France. Rappel en Belgique le 10 avril 2019 le rappel par REAL SA de Saint-Siméon 200g de la marque Société Fromagère de la Brie pour cause de présence de Listeria.
09/04/2019 : référence 2019.1328, France, Escherichia coli producteurs de shigatoxines (O26, eaestx+) dans du lait cru de chèvre de France. Information en France le 10 avril par un communiqué du ministère de l’agriculture. Rappel en Belgique le 11 avril 2017.
09/04/2019 référence 2019.1333, Luxembourg, Listeria monocytogenes dans du fromage au lait cru (Brie de Meaux) de France.
09/04/2019 : référence 2019.1324, Belgique, taux trop élevé de graines d’ambroisie (Ambrosia spp.) (230 mg/kg) dans des graines de tournesol de France. Pas d’information en France.
08/04/2019 : référence 2019.1314, Belgique, deltaméthrine (1,7 mg/kg) dans du blé de France, via les Pays-Bas.
04/04/2019 référence 2019.1296, France, Listeria monocytogenes (220 UFC/g) dans un assortiment de charcuterie de style italien de France. Il aura fallu entre quatre et six jours, selon les avis de rappel listés ci-dessus pour que nos autorités notifient cette alerte au RASFF (réseau supposé être rapide) de l’UE. Le produit a été aussi distribué au Luxembourg et Monoprix a diffusé l’information aux autorités de ce pays qui ont diffusé un avis de rappel le 29 mars 2019.
04/04/2019 : référence 2019.1290, Danemark, morceaux de plastique dans des mini pizza surgelées de France. Pas d’information en France.
03/04/2019 : référence 2019.1251, France, Listeria monocytogenes (10 UFC/g) dans du Coulommiers de France.
03/04/2019 : référence 2019.1256, Belgique, taux trop élevé de graines d’ambroisie (Ambrosia spp.) (230 mg/kg) dans du millet de France. Pas d’information en France.
03/04/2019 : référence 2019.1257, Belgique, Taux trop élevé de graines d’ambroisie (Ambrosia spp.) (230 mg/kg) dans du sorgho rouge de France. Pas d’information en France.
01/04/2019 : référence 2019.1227, France, Listeria monocytogenes (< 5 UFC/g) dans du fromage de chèvre au lait cru de France. Pas d’information en France.

Il y a eu 5 notifications au RASFF de l’UE pour des produits d’origine UE et hors UE distribués en France pour le mois d'avril 2019 :
18/04/2019 : référence 2019.1481, Allemagne, fil métallique dans de la halva d'Ukraine, via l'Estonie. Pas d'information en France.

17/04/2019 : référence 2019.1465, Pays-Bas, colorant Sudan 4 (700 µg/kg) non autorisé dans de l’huile de palme du Nigéria, via le Royaume-Uni.  Rappel en Belgique et Malte. Pas d’information  en France.
11/04/2019 : référence 2019.1380, Royaume-Uni, l’allergène gluten non mentionné sur ce complément alimentaire du Royaume-Uni. Rappel réalisé le 4 avril par la FSA du Royaume-Uni Rappel par la DGCCRF le 16 avril 2019
04/04/2019 : référence 2019.1277, Belgique, Listeria monocytogenes (présence dans 25g) dans sprats fumés de Belgique. Distribution et rappel le 1er avril en France par Auchan.
04/04/2019 : référence 2019.1204, Belgique, migration de mélamine (13,91 mg/kg) d’assiettes pour enfants de Chine. Rappel par la DGCCRF le 26 avril 2019.

La seule 'bonne' nouvelle au niveau du RASFF de l'UE, si l'on peut dire, est qu'il n'y a eu en quatre mois que 74 notifications pour les produits alimentaires d’origine France en 2019 versus 87 notifications sur les quatre premiers mois de 2018 ...

Pour situer la 'performance' de la France en Europe, selon le RASFF de l'UE, nous sommes en seconde position pour les produits notifiés, derrière la Pologne, qui est en tête des pays européens, avec 80 notifications, puis viennent ensuite respectivement l’Allemagne avec 65 notifications, 41 pour le Royaume-Uni, 39 pour l’Italie et 38 pour la Belgique.

Sur le plan mondial, les notifications les plus importantes émanent des pays suivants : 154 pour la Chine, 100 pour la Turquie, 70 pour les Etats-Unis et 50 pour l’Inde.

Nous sommes donc en excellente compagnie ...

Ce constat, ce gâchis est immense, mais c'est surtout le 'silence assourdissant' de nos autorités sanitaires comme des entreprises alimentaires qui en dit long sur l'étendue du 'Cone of Silence' ...

Et c'est donc dans ce contexte que le gouvernement a décidé le 26 avril 2019, le « Lancement d'une mission inter-inspections sur l'organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments », mais rassurez-vous ou non, les avis de rappel ne sont pas au menu des objectifs de cette mission, cherchez l'erreur ... la réorganisation des services de contrôles d'abord, l'information du consommateur viendra plus tard ...


Information très récente du 30 avril 2019, « Sur proposition de Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Bruno Ferreira, Inspecteur général de santé publique vétérinaire, a été nommé ce jour en Conseil des ministres directeur général de l'alimentation (DGAL). Il succède à ce poste à Patrick Dehaumont qui occupait ces fonctions depuis 2012. »

Les raisons de ce changement font partie du silence as usual de la haute administration, mais, à mon sens, ce changement technique vise d’abord à anticiper l’option retenue par la mission inter-inspections sur l'organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments par un homme du sérail. Cela étant, le nouveau venu, étant lui-même inspecteur général de santé publique vétérinaire, il ne faudra rien attendre de bien nouveau dans la communication et la transparence des actions de contrôles et d’inspections en sécurité sanitaire des aliments, ce n'est pas le genre de la maison ...

Enfin, pour information, le ministère de l’agriculture publie le 29 avril 2019 un dossier recyclé sur la « Sécurité sanitaire des aliments : comprendre le dispositif de contrôle et de veille » : il s’agit d’articles diffusés de 2016 à janvier 2018, rien de bien neuf donc, sauf, actualité sanitaire immédiate oblige, « Consommation de fromages à base de lait cru : rappel des précautions à prendre ».

Et, last but not the least, la palme revient de façon assez consternante au ministre de l’agriculture qui fait désormais dans le genre ésotérique, car, selon cet article d’Emmanuelle Ducros dans L’Opinion du 30 avril 2019, « Le ministre Didier Guillaume veut revenir à « l’agriculture de nos grands-parents»: à quoi cela ressemblerait-il? »

Extraits choisis de cet article, à lire sans modération,
Pour lui, les méthodes agronomiques ancestrales (rotation des cultures, assolements, couverts...), peuvent être des réponses pour se passer des phytosanitaires... ainsi que la biodynamie, une méthode qui parie, entre autre, sur l’influence du zodiaque sur les cultures. Problème: l’agriculture d’antan ne garantissait pas la sécurité alimentaire de la France. 
Sur la biodynamie, Agriculture et Environnement nous avait déjà livré en 2018 sa baliverne #20, « L'agriculture biodynamique est une alternative sérieuse » (ici sur YouTube).
« Il faut revenir à l’agronomie, la rotation des cultures, la couverture, l’assolement, les semis… enfin, ce que faisaient nos grands-parents » : les propos de Didier Guillaume, relayés par nos confrères du Dauphiné Libéré, ont mis le monde agricole en émoi. 
La vidéo du Dauphine Libéré est à voir, car c’est un grand moment de science politique mais aussi de franche rigolade …, il ne manque plus que de décider la date des moissons après avoir tiré les cartes … mais quelle tristesse !


Complément du 9 mai 2019. On lira l'article de seppi, Pour un observatoire de l'agribashing gouvernemental.


De même, on lira le communiqué du 6 mai 2019 de Science-Technologies-Actions, qui est un Collectif dont le but est de défendre et promouvoir la Science dans le débat public, « Un Ministre de l’Agriculture tourné vers le passé et cultivant l’ésotérisme! ».

Complément du 11 mai 2019A noter, un rappel le 8 mai 2019 de Chaource par les autorités sanitaires du Luxembourg pour cause de STEC et le 9 mai par l'AFSCA de Belgique et le 10 mai en Allemagne. La Suisse a rapporté qu'il s'agit de E. coli O116:H28 dans une notification au RASFF de l'UE.

mardi 30 avril 2019

Le directeur général de l'OMS appelle à mettre l'accent sur la sécurité sanitaire des aliments


« Le directeur général de l'OMS appelle à mettre l'accent sur la sécurité sanitaire des aliments », source article de Joe Whitworth paru le 30 avril 2019 dans Food Safety News.

Selon le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il n'existe aucun type de sécurité sanitaire des aliments que ce soit pour les riches et un autre pour les pauvres.

M. Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Photo Pierre Albouy
Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que la santé de toutes les personnes, peu importe où elles vivent et ce qu'elles mangent, doit être également protégée. Il était parmi ceux qui ont pris la parole devant les participants au Forum international sur la sécurité sanitaire des aliments et le commerce au siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève.

Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, a déclaré qu'il existe un héritage de sous-dénombrement massif de personnes malades d'aliments insalubres.

« Les agents pathogènes présents dans les aliments, qu’ils soient microbiens, tels que les virus, les bactéries et les parasites, ou les produits chimiques provenant de toxines et de métaux lourds, voire des résidus de pesticides et de médicaments vétérinaires, comportent des risques pour la santé humaine. Mais trop souvent, les gens ne font pas de lien entre les symptômes auxquels ils sont exposés - ou auxquels ils pourraient l’être à l’avenir - et les risques liés à l’alimentation auxquels ils ont été exposés », a-t-il déclaré lors du forum tenu les 23 et 24 avril 2019.

« Ce qui rend la sécurité sanitaire des aliments unique et différente des autres domaines de la santé publique, c'est sa nature multisectorielle. Elle recoupe différents secteurs tels que la santé, l'agriculture, la pêche, l'industrie, le commerce, l'environnement, le tourisme, l'éducation et l'économie. Elle traverse également les frontières nationales. Les aliments produits dans un pays aujourd'hui peuvent, en moins de 24 heures, se trouver de l'autre côté de la planète et être acheminés vers les magasins, les restaurants et les maisons. »

Impact direct sur les populations du monde entier
En 2015, l'OMS a publié des estimations du fardeau mondial des maladies d'origine alimentaire. Celles-ci ont montré que près d'une personne sur 10 tombe malade chaque année et que 420 000 meurent d'aliments insalubres. Les enfants de moins de cinq ans supportaient un tiers de la charge de morbidité.

Ghebreyesus a déclaré que bien que la première Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments, qui se tiendra cette année le 7 juin, soit importante, la question ne devrait pas être traitée en priorité une fois par an.

« Chaque repas, chaque collation, chaque fois que les plats sont préparés, chaque fois que les aliments sont cultivés, produits et transportés - tout cela est un moment où la sécurité sanitaire des aliments doit être une priorité », a-t-il déclaré.

« Alors que le forum insiste à juste titre sur les aspects économiques et commerciaux des aliments, nous ne devons jamais oublier les dizaines de millions de personnes qui doivent supporter le fardeau des maladies d’origine alimentaire. Nos actions ici auront un impact direct sur la vie et la santé des personnes partout dans le monde. Il nous incombe de tirer le meilleur parti de ces opportunités politiques et de faire passer la sécurité sanitaire des aliments au niveau supérieur. »

L'événement a eu lieu en Suisse, un pays qui importe environ la moitié de tous ces aliments.

Outre les faits scientifiques, les aspects éthiques - tels que le développement durable, le bien-être animal et la protection de l'environnement - deviennent de plus en plus importants dans les échanges internationaux et accroissent la pression sur les pays qui importent beaucoup de marchandises, selon l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) en Suisse.

Des responsables de l'OSAV ont déclaré que les normes internationales étaient importantes pour le pays et devaient reposer sur des bases scientifiques, mais également tenir compte de facteurs culturels ou des attentes des consommateurs.

Capacité à commercer
Alan Wolff
Alan Wolff, directeur général adjoint de l'OMC, a déclaré que les autorités nationales constituaient le premier rempart contre la propagation de la maladie.

« Toutes les autorités ont besoin de systèmes opérationnels de contrôle des aliments pour garantir la sécurité sanitaire des aliments importés. Les consommateurs doivent pouvoir avoir confiance dans le fait que cela respecte les mêmes exigences de sécurité sanitaire des aliments que les aliments produits au pays. »

Les exportateurs doivent se conformer aux exigences des pays importateurs en matière de sécurité sanitaire des aliments, a déclaré Wolff.

« Les droits de douane sont souvent perçus comme un obstacle majeur au commerce. Cependant, la manière dont les normes sont appliquées aux importations peut totalement bloquer le commerce d'un produit alimentaire. Pour cette raison, le manque de capacité à respecter les exigences en matière de sécurité sanitaire des denrées alimentaires peut constituer un obstacle majeur à la participation au commerce international, en particulier pour les exportateurs des pays en développement et plus généralement pour les PME. »

Il a ajouté que l’Accord de l’OMC sur les mesures sanitaires et phytosanitaires, entré en vigueur en 1995, avait contribué à protéger la santé publique tout en réduisant les obstacles au commerce en exigeant que les exigences en matière de sécurité sanitaire des aliments reposent sur des bases scientifiques.

Wolff a déclaré que le fait d'aider les pays à mettre en œuvre les mesures de sécurité sanitaire des aliments et à se conformer aux exigences des marchés d'exportation est une priorité essentielle et que le Cadre intégré renforcé (EIF pour Enhanced Integrated Framework) et le Fonds pour l'application des normes et le développement du commerce (STDF pour Standards and Trade Development Facility) contribuent à renforcer les capacités.

« Grâce au soutien du STDF, plus de 70 projets ont aidé les agriculteurs, les transformateurs, les commerçants et les gouvernements à renforcer leur capacité à respecter les normes internationales en matière de sécurité sanitaire des aliments, à protéger la sécurité des aliments des consommateurs et à obtenir un meilleur accès aux marchés mondiaux. En Afrique, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, les projets du STDF ont également aidé les agriculteurs à utiliser des pesticides à faible risque pour les cultures tropicales, respectant ainsi les normes internationales en matière de sécurité sanitaire des aliments et facilitant ainsi  des échanges sûrs. »

Wolff a déclaré que l'importance de ce travail ne fera qu'augmenter à l'avenir.

« La demande de produits alimentaires augmentera à mesure que la population mondiale augmente, les habitudes de consommation et les préférences des consommateurs évoluent, les chaînes d’approvisionnement deviennent plus complexes et le changement climatique entraîne des changements des conditions de croissance. En outre, les changements technologiques ont un impact sur la production alimentaire, sur les outils et solutions disponibles pour la sécurité sanitaire des aliments et sur les pratiques commerciales. »

L'événement s’est réalisé à partir de la première conférence internationale sur la sécurité sanitaire des aliments organisée par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), l'OMS et l'Union africaine, qui a eu lieu à Addis-Abeba en février de cette année.