jeudi 18 juillet 2019

Souvenir surprise de vacances en France, une gastro-entérite?


Information fournie par le Réseau Sentinelles, « Situation observée pour la semaine 28 de l'année 2019, du 08/07/2019 au 14/07/2019 : activité modérée à forte ».
Définition des cas : Au moins 3 selles liquides ou molles par jour datant de moins de 14 jours motivant la consultation.

En France métropolitaine, la semaine dernière (2019s28), le taux d’incidence des cas de diarrhée aiguë vus en consultation de médecine générale a été estimé à 93 cas pour 100 000 habitants (IC 95% [78 ; 108]), juste au-dessus du seuil épidémique (92 cas pour 100 000 habitants). Le taux d’incidence devrait se consolider sous le seuil épidémique une fois toutes les données disponibles.


Au niveau régional, les taux d’incidences les plus élevés ont été observés en : Corse (155 [62 ; 248]), Pays de la Loire (128 [59 ; 197]) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (118 [45 ; 191]). 
Il me semble que ce sont des régions à fort potentiel touristique …

Pour BFMTV, « Le seuil épidémique de gastro-entérite a été atteint en France dans plusieurs régions, annonce Santé publique France ce mercredi. »

Hélas, depuis la disparition de l’InVS qui diffusait auparavant les bulletins du Réseau Sentinelles, Santé publique de France n’annonce encore rien du tout …

Autre perle dans cet article,
Pour limiter la contagion, les « mesures barrière » restent les plus efficaces: « contrairement à la grippe, la transmission de la gastro-entérite est très peu aérienne. Elle se transmet essentiellement par les mains donc il faut bien les désinfecter ou les savonner et nettoyer ses toilettes, sans oublier les poignées de portes », rappelle le docteur Smadja, secrétaire général de SOS Médecins France.
Et quand il y a des vomissements, elles vont où les particule virales ?

Lors de vomissements (le virus est projeté dans l’air et peut se retrouver sur des objets ou sur une autre personne qui prend soin du malade), peut-on lire dans ce document. 
Transmission de la gastro-entérite par l’air

Il a été retrouvé des particules virales dans l’air des chambres de nourrissons hospitalisés pour gastro-entérite, ce qui confirme qu’une quinte de toux ou un éternuement peut expulser des virus présents dans la bouche ou la gorge pendant une gastro-entérite. Cependant, le risque de contamination reste très faible au regard de la quantité de virus présents dans l’air. Le plus souvent, plus que l'air lui-même, ce sont donc des gouttelettes projetées dans l'air qui sont responsables de la transmission du virus, notamment lors d'un éternuement ou d'un vomissement. C'est donc davantage la salive que l'air qui est transmetteur. 
Pour s’en convaincre, on lira Norovirus aéroporté pourrait être un facteur d’épidémie, selon une étude suédoise et Des vomissements peuvent produire des aérosols de norovirus, selon une étude … ainsi que le très bon document « Virus des gastro-entérites, épidémiologie et prévention » par Alexis de Rougement, 2018, pour lequel j’ai extrait le schéma ci-dessous :

Edition génomique, qu'en pensent les consommateurs? Une conférence du BfR avec des consommateurs!


« Matériel génétique sur mesure, qu'en pensent les consommateurs? », source BfR 25/2019, du 15 juillet 2019.

La conférence du BfR avec des consommateurs sur l’édition génomique* est un forum permettant aux citoyens de débattre sur les nouvelles méthodes en biotechnologie.

Cet article s'inscrit dans la droite ligne de l'article récent de Marcel Kuntz, L'Europe veut-elle abandonner les biotechs à la Chine et aux Etats-Unis ?

Est-il envisageable d’organiser en France une telle conférence avec des consommateurs avec le climat de peur, de suspicion, de dénonciation, personnellement , je ne le crois pas, hélas … mais sait-on jamais ?

En tout cas, certainement pas avec le ministre de l'agriculture qui entend revenir à l'agriculture de nos grands parents, mais l'Anses, elle, pourrait bien l'organiser, qui sait?

ooOOoo

Quelques exemples, tomates aromatiques et durables, blé qui défie la chaleur et la sécheresse, la thérapie génique pour les maladies héréditaires, les propres cellules immunitaires du corps qui luttent contre le cancer,  de nouveaux ciseaux à ADN sont censés tenir toutes ces promesses.

Mais quels sont les risques?

Où sont les limites?

Qu'est-ce que la société doit prendre en compte lorsqu'elle se lance dans ces nouvelles méthodes en biotechnologie?

Les citoyens peuvent débattre de ces questions et de nombreuses autres lors de la Conférence avec les consommateurs sur l’édition génomique organisée par le BfR (Institut fédéral allemand pour l'évaluation du risque), « Genome Editing » est le terme spécialisé pour les ciseaux à ADN.

« Il ne fait aucun doute dans mon esprit que les nouvelles méthodes d'édition du génome représentent une révolution scientifique - avec des conséquences profondes pour la vie quotidienne », a déclaré le Dr. Andreas Hensel, président du BfR..

« C'est pourquoi il est très important que le travail d'évaluation du BfR comprenne comment les consommateurs perçoivent ce sujet. Leurs suggestions, idées et critiques sont les bienvenues. »

La conférence avec les consommateurs se compose de trois parties. Lors de deux week-ends de préparation (les 10 et 11 août, et les 31 août et 1er septembre), les participants se connaîtront et recevront une introduction aux aspects scientifiques, techniques et sociaux de l'édition du génome.

Lors de la conférence finale de trois jours, du 28 au 30 septembre, les questions du groupe consommateurs seront d'abord posées à un groupe d'experts sélectionnés.

Ensuite, un vote des consommateurs sera formulé, qui sera présenté aux représentants de la politique, de la science, des entreprises et de la société civile.

Les consommateurs participant à la conférence des consommateurs se verront chacun rembourser leur temps passé avec la somme de 500 euros.

Qu'est-ce que l’édition génomique?

Les humains ont toujours influencé le plan génétique par le biais de la sélection animale et végétale. D'abord par la - très longue - sélection des propriétés souhaitables, puis par la suite, dans le cas de la sélection végétale, à l'aide de produits chimiques qui ont conduit à des changements rapides et considérables de la constitution génétique. Cela a permis de produire de nouvelles variantes de plantes à fruits plus gros, par exemple. L'émergence du génie génétique dans les années 1970 a ensuite permis le transfert ciblé de matériel génétique (gènes).

Au cours des 20 dernières années, plusieurs méthodes ont été développées pour modifier spécifiquement le matériel génétique (le génome). Cela est possible avec des ciseaux à ADN, qui coupent la molécule d'ADN à un point très spécifique. Les propriétés d'un gène peuvent ensuite être corrigées à ces points de coupe. Les ciseaux à ADN les plus connus sont CRISPR/Cas9. Cela a pour origine une bactérie. Cet instrument scientifique permet de réécrire du matériel génétique, c’est-à-dire d’« éditer » - d’où le terme « édition génomique ».

La Conférence du BfR avec des consommateurs sur l’édition génomique peut être consultée en ligne ici.

* Selon l’INSERM, L’édition génomique permet d’effectuer des modifications génétiques ciblées dans tout type de cellule, grâce à des ciseaux moléculaires spécifiques. Disponibles depuis les années 80, ces outils ont gagné en efficacité et en spécificité au cours du temps. En 2012, l’avènement du système CRISPR-Cas9, caractérisé par sa très grande simplicité et son coût modeste, a révolutionné cette approche : l’édition génomique a désormais gagné tous les domaines de la science et de la médecine.

Pour Wikipédia, La correction de séquence génomique (Genome Editing pour les anglophones) ou « correction du génome avec des nucléases modifiées », (aussi désigné par l’acronyme GEEN, pour « genome editing with engineered nucleases »), ou souvent improprement appelée édition génomique ou édition du génome (expressions à éviter car le mot anglais « editing » ne correspond pas à édition), ou encore parfois dite édition génétique (mais cette expression est aussi à éviter car ayant d’autres sens) regroupe un ensemble de techniques de manipulations du génome via la « réécriture du matériel génétique ».

L'Europe veut-elle abandonner les biotechs à la Chine et aux Etats-Unis ?


Cet article a été initialement publié le10 juillet 2019  dans Euractiv sous le titre, « Has Europe lost the new biotechnology battle? » ou « L'Europe a-t-elle perdu la nouvelle bataille de la biotechnologie ? ».

Je reproduis bien volontiers le texte en Français ci-après.

Marcel Kuntz est directeur de recherche au CNRS, enseignant à l'université Grenoble-Alpes, médaille d'or 2017 de l'Académie d'agriculture et membre-fondateur du Collectif Science-Technologies-Actions.

Les règles de l'UE sur les OGM risquent d'étouffer l'innovation en matière de biotechnologie et pourraient conduire la Chine et les États-Unis à accroître leur domination en matière de brevets, écrit Marcel Kuntz.

Marcel Kuntz est chercheur au Centre national de la recherche scientifique
Les techniques d'édition de gènes (ou génomes) sont déjà largement utilisées dans les laboratoires de sciences biologiques pour générer des connaissances précieuses. Ils promettent également de grands progrès dans divers domaines appliqués. Cependant, nombreux sont ceux qui s'inquiètent après que la Cour de justice européenne (CJCE) ait rendu une décision l'année dernière affirmant que les organismes obtenus par mutagenèse (l'utilisation la plus simple de l'édition de gènes, parfois impossible à distinguer des mutations naturelles) devraient être considérés comme des OGM. Par conséquent, la directive de l'UE sur les OGM pourrait créer un nouvel obstacle à l'innovation, tout comme ce qui est arrivé à la transgenèse classique.

Le débat public sur l’édition des gènes porte souvent sur les «nouvelles techniques de sélection végétale», qui constituent un ensemble d’innovations susceptibles d’accélérer l’amélioration génétique des plantes. Cependant, dans le contexte réglementaire actuel, un certain nombre de sociétés de sélection envisagent de délocaliser leurs programmes de sélection avancés par mutagenèse en dehors de l'Europe « si rien n'est fait pour modifier les règles de l'UE ».

Un nombre croissant d'inventions brevetées impliquant l'édition de gènes
Cependant, l'édition de gènes ne se limite pas aux plantes. Afin de faire la lumière sur la diversité des applications potentielles, nous avons compilé et analysé tous les brevets déposés sur des inventions impliquant une mutagenèse de type CRISPR, qui est devenu l'outil le plus populaire pour l'édition de gènes, utilisant ce que l'on appelle des ciseaux moléculaires (le plus célèbre étant le CAS9). Nous choisissons d’examiner les brevets car, si un laboratoire décide de déposer une demande de brevet, cela signifie qu’il considère que son invention est prometteuse pour une utilisation pratique, ou au moins d’importance stratégique.

Le paysage des brevets CRISPR (CAS 9 et autres «ciseaux»), récemment publié dans Nature Biotechnology, a recueilli plus de 2000 brevets et révèle une grande diversité d'applications dans les domaines médical, industriel et agricole, ainsi que d'acteurs (publics et privés). Dans le domaine médical, 100 maladies sont concernées par ces inventions, dont 131 brevets contre le cancer et 112 contre les maladies virales.

L'UE a le principe de précaution tandis que la Chine et les États-Unis sont propriétaires des brevets
Il est frappant de constater un nouvel équilibre des forces géopolitique dans ce domaine biotechnologique crucial. Comme on le sait, les laboratoires aux États-Unis ont joué un rôle de pionnier dans l’invention d’origine, et les laboratoires de ce pays restent des chefs de file en matière d’améliorations techniques et dans le secteur des applications médicales. Cependant, la Chine est maintenant en tête dans les secteurs industriel et agricole (plantes et animaux). La Chine a dépassé les États-Unis dès 2016 en ce qui concerne le nombre total de brevets CRISPR par an.

Non moins frappant est le fait que le nombre de brevets CRISPR provenant d’Europe est loin derrière les États-Unis et la Chine. Nous expliquons la position forte de la Chine par des investissements massifs, bien sûr, mais aussi par une stratégie de pouvoir délibérée, malheureusement absente dans l’UE. Pour le dire sans ambages, l'UE applique le principe de précaution, tandis que la Chine et les États-Unis en possèdent les brevets ! L’Europe souffre d’une réticence «culturelle» à déposer des brevets et de son incapacité à vaincre la controverse sur les OGM. La position affaiblie de l’Europe est également observée pour les brevets d’édition de gènes liés à la santé publique (qui n’est pas un domaine biotechnologique controversé comme l’agriculture).

Comment l'Europe peut-elle éviter la vassalisation par d'autres empires économiques?
Comme l'a déclaré Vytenis Andriukaitis, membre de la Commission européenne chargé de la santé, « nous avons besoin d'un nouveau cadre réglementaire pour ces nouvelles techniques ». Dans ce contexte, une coalition de 14 États membres de l'UE appelle la prochaine Commission européenne à mettre à jour la législation de l'UE sur les OGM. Le mécanisme d'avis scientifique (SAM) de la Commission a également recommandé de réviser la directive existante sur les OGM afin de « refléter les connaissances actuelles et les preuves scientifiques, en particulier sur l'édition de gènes et les techniques établies de modification génétique ».

La proposition de SAM pour une réglementation «fondée sur des preuves, applicable, proportionnée et flexible» ne diffère pas de nos propres suggestions de 2016, qui incluaient un plaidoyer en faveur d'un système de réglementation axé sur les produits, en accord avec des dizaines de scientifiques et d'académies. Fait important, le «produit» ne doit pas être compris comme une construction d’ADN, mais comme le produit final mis sur le marché. En d’autres termes, ce dont nous avons besoin n’est pas une sorte d’amélioration chirurgicale de la directive actuelle sur les OGM, qui repose sur la méthode utilisée pour obtenir un produit biotechnologique. Cela entraînerait inévitablement un fardeau réglementaire absurde sur les nouvelles biotechnologies.

Il faut reconnaître que la directive sur les OGM, ainsi que le concept « OGM » dans son ensemble, étaient de graves erreurs et ont contribué à détruire des domaines de biotechnologies prometteurs en Europe et dans de nombreuses autres régions du monde, sans aucun bénéfice pour la santé et l'environnement (tout le contraire en fait!)

Pendant de nombreuses années, les scientifiques ont tenté en vain d’avertir les autorités politiques des conséquences négatives du fardeau réglementaire actuel imposé à la biotechnologie. En tant que partie d’un consortium regroupant plus de 13 pays européens, nous pourrions documenter, avec des chiffres à l’appui, que la situation politique actuelle contre les OGM en Europe constitue un obstacle à la recherche afin de relever les défis de l’agriculture à l’avenir. Ce n'est tout simplement pas un chemin durable.

Les pays européens ne doivent pas laisser les États-Unis et la Chine devenir les producteurs exclusifs de l'innovation biotechnologique. Ce n'est pas une « réponse ferme à la décision de la Cour européenne » qui est nécessaire, mais un double changement de paradigme urgent: une approche plus scientifique de la réglementation et, d'autre part, une vision stratégique de la biotechnologie pour l'Europe.

Le Collectif STA composé de chercheurs, ingénieurs, médecins, enseignants et autres citoyens consternés par la marginalisation de la Science et les attaques incessantes contre les technologies innovantes, a pour but de faire entendre la voix de la raison, de l'approche scientifique et du progrès, notamment auprès des décideurs et des médias.