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mercredi 21 juin 2023

Produits phytopharmaceutiques. Normes élevées d'évaluation des risques également en cas de mélanges, selon le BfR

«Produits phytopharmaceutiques - normes élevées d'évaluation des risques également en cas de mélanges», source communication n°025/2023 du 14 juin 2023 du BfR.

Les personnes sont exposés à une multitude de substances, y compris des produits chimiques naturels et artificiels. En cas de co-exposition simultanée on parle d'exposition à ce qu'on appelle des mélanges. Dans de nombreux cas, cela est inoffensif du point de vue de la santé. Autrement dit, soit parce que les substances ne sont pas présentes à des concentrations auxquelles des effets pertinents sur la santé pourraient se produire, soit parce que le corps les détoxifie, rendant les substances potentiellement dangereuses inoffensives.

Les mélanges ne deviennent pertinents sur le plan toxicologique que dans les cas où les effets des substances individuelles sont amplifiés à un degré préjudiciable à la santé humaine ou lorsque les substances interagissent les unes avec les autres de telle sorte que des effets dangereux peuvent se produire. Cela peut se produire quelle que soit la nature ou l'origine du mélange. Peu importe donc que le mélange en question ait été intentionnel ou accidentel, ni qu'il soit composé de substances naturelles ou «synthétiques-chimiques».

Cependant, les mélanges délibérément produits, c'est-à-dire les mélanges «intentionnels», ont une composition prédéfinie et sont en tant que tels plus simples à évaluer que les mélanges accidentels. Dans le cadre de sa mission de protection de la santé des consommateurs, l'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR) évalue également les mélanges. Les évaluations respectives font partie des bonnes pratiques toxicologiques dans la plupart des silos réglementaires pour les mélanges formulés ou dans les cas où une co-exposition à des substances critiques est prévisible.

L'évaluation des mélanges dits accidentels est également prise en compte, si elle est connue et pertinente, mais constitue un défi en raison du grand nombre de combinaisons de substances possibles. La première tâche ici consiste à identifier les substances qui peuvent interagir et pour lesquelles l'exposition est suffisamment élevée pour qu'une toxicité du mélange se produise potentiellement. Le BfR a développé un concept avec des suggestions pour l'identification d'éventuels mélanges pertinents pour la santé.

Sont également prises en compte selon l'état actuel de la science les substances pouvant avoir des effets à faible dose. Les données en attente seront idéalement évaluées selon des relations dose-réponse claires, car celles-ci s'appliquent également principalement aux mélanges. Dans les cas où une relation dose-réponse claire ne peut être établie, les évaluations respectives suivent généralement une prémisse de minimisation de l'exposition selon le principe ALARA («As Low As Reasonably Achievable»). Un cas particulier concerne les substances qui relèvent des critères dits d’exclusion réglementaires, c'est-à-dire qu'elles sont indésirables en raison de leurs effets. Ici, une utilisation ciblée est généralement exclue, les évaluations de ces substances, par exemple en tant que contaminants, étant d'autant plus strictes. Normalement, il s'agit de toutes les substances CMR de catégorie 1, c'est-à-dire des substances cancérigènes (cancérigènes), mutagènes (mutagènes) ou toxiques pour la reproduction (nuisibles à la fertilité et/ou au développement), y compris les perturbateurs endocriniens respectifs.

Les mélanges peuvent avoir des effets différents selon leur mécanisme d'action. Il existe essentiellement quatre façons dont les substances peuvent interagir dans un mélange. (1) Ils peuvent avoir des effets différents indépendamment les uns des autres ; (2) Leur effet peut s'additionner (effet additif) ; (3) Ils peuvent avoir un effet plus fort ensemble que la somme des effets individuels (effet synergique); (4) Ils peuvent affaiblir l'effet de l'autre (effet antagoniste). Dans le cas d'effets égaux/similaires, on suppose généralement que les effets seront additifs. La condition préalable est que les substances ingérées aient le même mécanisme d'action et qu'elles aient été ingérées en même temps ou dans une succession temporelle rapprochée.

Divers règlements de l'UE prescrivent déjà la prise en compte des effets cumulatifs et synergiques, par exemple, le Règlement UE (CE) n°1107/2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques. Par conséquent et conformément à cette exigence, le BfR a élaboré une ligne directrice pour l'évaluation cumulative des produits phytopharmaceutiques, les procédures respectives étant établies depuis 2017. Essentiellement, les évaluations respectives suivent une approche nivelée pour l'évaluation cumulative des diverses substances actives, que ce soit dans les produits de protection des plantes ou dans des mélanges en cuve. En septembre 2020, les salariés et les tiers non impliqués (résidents et passants) ont également été inclus dans ces évaluations. Les études sur les effets des résidus multiples de produits phytopharmaceutiques ne permettent pas de supposer que les évaluations actuellement réalisées ne sont pas suffisamment conservatrices. Indépendamment de cela, les stratégies de test et d'évaluation respectives sont et ont été soumises à un développement continu et à des projets de recherche en cours, dont plusieurs auxquels le BfR a participé activement. Cela comprend EuroMix, PANORAMIX et PARC.

Dans le même temps, le BfR traite également d'autres questions pertinentes, par exemple, au sujet des substances perturbatrices endocriniennes (appelées perturbateurs endocriniens) pour lesquelles le BfR a publié des FAQs ainsi qu'une vidéo explicative.

lundi 6 mars 2023

A propos d'un rappel d'oranges de Tunisie en France

L’information sur un rapppel d’orange maltaise de Tunisie de la marque Orsero, El Hana et en vrac le 3 mars 2023 par RappelConso a suscité chez moi une interrog, à propos du motif du rappel : «Décision des autorités suite à la mise en place de la MUS (mission des urgences sanitaires) dans le cas d'un dépassement de LMR avec ARFD non applicable.» Quézaco pour le consommateurs ?

Hum, hum, s’agit-il de pesticide ? Pourquoi ne dit-on pas clairement !

La notification au RASFF de l’UE par la France le 3 mars 2023 est plus explicite : chlorpyrifos et imazalil au-dessus de la LMR dans des oranges de Tunisie.

Ce que ne dit pas la notification au RASFF de l’UE, c’est que produit a été aussi rappelé au Luxembourg le 3 mars en raison de la résence d’une «teneur élevée d’un résidu phytopharmaceutique».

Autre curiosité, l’affichette du rappel par les distributeurs qui est identique, tant en France qu’au Luxembourg, ne mentionne pas le motif du rappel, jugez plutôt.
Enfin, et c’est à noter, les organges ont été commercialisées du 10 au 20 février 2023 et le rappel a eu lieu le 3 mars 2023, étonnant, non ?

Le libellé du motif du rappel de RapppelConso demandant des précisions et un éclairage, le blog vous propose, dans un but d’information, des précisions ...

LMR: Limite Maximale De Résidus
Une denrée conforme à la législation européenne est considérée saine pour la santé du consommateur. Dans ce cas-là, les résidus éventuels se trouvent au-dessous de la limite maximale de résidus (LMR). Dans le cas d’un dépassement de la LMR, il est très important de vérifier si ce dépassement pose un problème pour la santé publique. En utilisant la valeur de l’ARfD et les outils de l’Agence Fédérale Belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), il est possible d’évaluer s’il existe un risque réel imminent pour la santé publique. L’AFSCA dispose d’un outil en ligne afin que vous puissiez vous-même effectuer l’analyse des risques. Pour accéder à cet outil, cliquez au lien «Calcul PSTI* - Evaluation du risque pour le consommateur en cas de dépassement d’une limite maximale en résidus de pesticides (LMR)» à cette page web de l’AFSCA**.

Qu'est-ce qu'une dose de référence aiguë (ARFD)?
L’ARfD représente la quantité de résidus de pesticides qu’un individu ne doit pas dépasser au cours d'un repas ou d’une journée et est exprimée en kg de poids vif.

Pourquoi le concept de dose de référence aiguë?
Avec l’évaluation des pesticides on a découvert qu’une seule ingestion de certains végétaux avec un taux relativement élevé de résidus pouvait conduire dans certains cas à des intoxications aiguës. Pour évaluer la possibilité d'une telle intoxication, le concept de dose aiguë (ARfD) a été mis en place. Ce concept a été ajouté à l’évaluation des effets des contaminants. Auparavant, seuls les effets chroniques étaient évalués, à partir desquels on ne faisait que mesurer les effets à long et moyen terme d’une consommation de contaminants.

La valeur estimée de consommation (PSTI, Predicted Short Terme Intake / IESTI, International Estimate of Short-Term Intake) et la donnée toxicologique de référence (ARfD) sont ensuite comparées :
Si PSTI < ARfD : Absence de risque pour le consommateur.
Si PSTI > ARfD : Risque pour le consommateur.

*Les paramètres ci-dessous permettent d’évaluer la quantité du pesticide en dépassement qui serait ingérée par le consommateur (PSTI ou IESTI):
LP : Large Portion, elle est exprimée en kg/jour et correspond à la consommation au 97,5 percentile pour la denrée considérée.
U : Poids unitaire de la denrée exprimée en kg.
FV : Facteur de variabilité dépendant du poids unitaire de la denrée.
PF : Facteur de transformation ou Facteur d’épluchage (déterminé comme le ration des résidus dans le produit transformé/pelé divisé par la concentration en résidus dans le produit non transformé/non pelé). Cette donnée n’est pas disponible pour tous les couples pesticides/produits.
pc: Poids corporel moyen.

** Ce fichier permet de d'évaluer si une denrée ne respectant pas une LMR représente un risque sérieux pour la santé des consommateurs. L'estimation de l'ingestion d'un pesticide donné au cours d'un repas/journée (Predicted Short Terme Intake [PSTI]) est effectué suivant les méthodes de calcul actuellement en vigueur dans l'UE.

Références

Mise à jour du 7 mars 2023
Patatras, RappelConso signale désormais le rappel d'orange maltaise le 7 mars en lieu et place du 3 mars indiqué dans l'article, voir aussi le rappel chez Auchan le 3 mars. Totalement incompréhensible !
Le résultat est que le Luxembourg a eu quatre jours d'avance sur la France.

samedi 25 février 2023

Débat en Belgique : Risques, opportunités et menaces pour la food safety et la food security liés à la diminution de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques

Je ne crois pas que ce type de débat puisse se dérouler sereinement en France tant que le climat d’agribashing est conséquent. Il y aurait ainsi d’un côté les vilains pesticides chimiques sensés être utilisés par l’agriculture conventionnelle versus les gentils pesticides de l’agriculture biologique

Cela se passe en Belgique avec un débat annuel de l’AFSCA avec ses comités consultatif et scientifique sur le thème suivant : «Risques, opportunités et menaces pour la food safety et la food security liés à la diminution de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques.» Source communiqué de l’AFSCA du 24 février 2023.

Ce vendredi 24 février, l'AFSCA a organisé sa réunion annuelle avec son comité scientifique et son comité consultatif. De cette manière, les différents acteurs de la chaîne alimentaire sont impliqués dans un débat ouvert où la parole est donnée à la science. Cela stimule la synergie et compréhension mutuelle entre l'AFSCA, le monde scientifique et les représentants des principaux secteurs professionnels, les organisations de consommateurs et les autorités concernées. Les intérêts de tous ainsi que les tendances actuelles et défis de demain y ont fait l’objet de profondes discussions, le tout dans le but de continuer à protéger les consommateurs.

Le thème de cette année s’articulait autour de la réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques : risques, opportunités et menaces pour la sécurité alimentaire (food Safety) et la sécurité des aliments (food security).

Les produits phytopharmaceutiques sont utiles dans le contexte de la sécurité alimentaire car ils permettent de lutter contre les maladies et les insectes des plantes. D'autre part, l'Eurobaromètre 2022 de l’EFSA montre que 40% de la population belge est préoccupée par la sûreté des produits alimentaires sur lesquels on peut retrouver des résidus de produits phytosanitaires.

Le Comité scientifique institué auprès de l’AFSCA publiait en 2022 un avis sur «l’exposition chronique de la population belge aux résidus de produits phytopharmaceutiques par la consommation de fruits et légumes». Globalement, sur base des résultats de surveillance de l'AFSCA pour la période 2014 à 2020, le Comité scientifique concluait que l'exposition à long terme des consommateurs belges, y compris les enfants, aux résidus de produits phytopharmaceutiques via la consommation de fruits et légumes ne présentait pas de risque ou n'était pas préoccupante, même en cas de consommation élevée de fruits et légumes. Chaque année, l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) contrôle la présence et teneurs de résidus de quelques 600 produits phytosanitaires différents dans plus de 3 000 produits alimentaires. Sur les quelque 14 500 échantillons de fruits et légumes, de céréales et d'autres produits d'origine végétale contrôlés entre 2014 et 2020, 97 à 98% étaient conformes aux limites légales.

En outre, il existe des objectifs européens et nationaux qui visent à assurer une utilisation durable des produits phytosanitaires. Par exemple, le programme 2023-2027 du Plan d'Action National pour la Réduction des Pesticides (PAN) vise à réduire l'utilisation des pesticides et leur impact sur l'environnement et sur la santé publique à travers différentes actions ciblant les professionnels et les particuliers.

Aujourd’hui, plusieurs intervenants ont apporté leur éclairage sur la question. Ainsi, outre le point de vue scientifique, les intérêts et les défis du secteur agricole ont été abordés par le biais d'organisations telles que Belplant, l'Association des coopératives horticoles belges, l'Union professionnelle des agriculteurs ou la Fédération wallonne de l'agriculture. Via Test Achat, les consommateurs ont également pu être représentés dans ce débat.

On peut affirmer à l'unanimité qu'un équilibre doit être recherché et trouvé entre la sécurité alimentaire d'une part, et la sûreté des aliments d'autre part. Tous les acteurs s'accordent sur la nécessité de s'efforcer de parvenir à une utilisation durable des produits phytopharmaceutiques, mais aussi sur le fait qu'il s'agit là d'un défi majeur. Cela nécessite les ressources et le temps nécessaires, et tout le monde doit garder le consommateur au centre de ses préoccupations, à cet égard.

Commentaire
Comme ce débat est intéressant, «Un équilibre doit être recherché et trouvé entre la sécurité alimentaire d'une part, et la sûreté des aliments d'autre part.» En France, on aurait tendance à avancer à marche forécée ou à sens unique, alors qu’il faudrait laisser les agriculteurs travailler.
Rappelons que la sécurité des aliments ou la sécurité sanitaire des aliments est un préalable à la nutrion et à la food security (sécurité alimentaire).

mercredi 17 novembre 2021

Que sait-on des résidus de pesticides dans l'alimentation ?

La question de la présence éventuelle, dans les aliments, de traces des substances utilisées comme insecticides ou fongicides a été posée voici plus de deux siècles. À cette époque, l'interrogation visait uniquement des composés d'origine végétale (ex : extraits de tabac) ou minérale (ex : chaux, sels de cuivre, d'arsenic…). Depuis, chaque époque a cherché des réponses rationnelles en fonction de la nature des questions, de l'état des connaissances et de la valeur des méthodes d'analyses disponibles. Source Agri Mutuel.

Le point avec l'Académie d'agriculture de France.

Au fil des décennies, le sujet s’est complexifié en raison du nombre grandissant et de la diversité des substances utilisées pour la protection des plantes, de la sensibilité croissante des moyens de détection, de l’écheveau des réglementations nationales et internationales et la multiplication des catégories d’usage réglementaire. Pour la mise en marché des produits, l’instauration de procédures officielles nationales, puis européennes, et le progrès scientifique ont permis de renforcer la valeur des réponses apportées. La création de limites maximales de résidus, l’harmonisation progressive des normes internationales et la mise en place de réseaux de surveillance publiant des rapports, sont maintenant de nature à clarifier le sujet et à fournir des réponses solides. […]

En Europe, la surveillance exercée par les États et le regroupement de l’ensemble des études conduites sur les résidus de substances phytopharmaceutiques dans les aliments permettent de disposer de données très solides pour juger de la situation et de son évolution dans le temps.

Sur une période de plus de vingt années, il est ainsi possible de conclure que la majorité des denrées alimentaires issues de l’agriculture ne contiennent pas de résidus.

Dans une fraction mineure des échantillons analysés, un ou plusieurs résidus sont quantifiables à des niveaux inférieurs aux limites maximum autorisées.Il existe enfin un faible pourcentage de denrées qui sont en infraction avec ces limites. Elles résultent majoritairement de traitements de post-récolte, de denrées importées et de distorsions entre des réglementations nationales qui, tout en allant vers plus d’harmonisation, demeurent encore hétérogènes.


La nature, la fréquence et le niveau des contaminants détectés permettent régulièrement aux autorités de surveillance de conclure que l’exposition aux résidus de pesticides par voie alimentaire des consommateurs européens est peu susceptible de présenter un risque pour leur santé.

Synthèse du programme européen d'analyses des résidus de produits phytopharmaceutiques dans les denrées alimentaires. Moyenne 1996-2017 du réseau d'études regroupant les pays de l'UE + Norvège et Islande coordonné par l'EFSA (Source : rapports annuels de l'EFSA). Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

Aux lecteurs du blog
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