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dimanche 22 novembre 2020

Il était une fois l'Anses, le ministre de l'agriculture, le Covid-19 et les visons en France

L'Anses informe le 19 novembre 2020, « Covid-19 : pas de rôle épidémiologique des animaux sauvages et domestiques dans le maintien et la propagation du virus en France ».
Suite à l’acquisition et à l’analyse de nouvelles données scientifiques, l’Anses a actualisé son expertise publiée en avril 2020 sur la transmission potentielle de la maladie Covid-19 par l’intermédiaire des animaux domestiques. L’Agence confirme qu’à ce jour les animaux domestiques et les animaux sauvages ne jouent aucun rôle épidémiologique dans le maintien et la propagation du SARS-CoV-2 en France, où la diffusion du virus est aujourd’hui le résultat d'une transmission interhumaine par voie respiratoire. Certaines situations particulières, comme une forte concentration d’animaux réceptifs au SARS-CoV-2, appellent toutefois à la vigilance pour ne pas constituer, à l’avenir, un réservoir animal favorable à la propagation du virus.
Dans le paragraphe, « Les animaux domestiques et sauvages ne jouent pas à ce jour de rôle actif dans l’épidémie Covid-19 », on peut lire,
A ce jour et à la lumière des éléments scientifiques actuellement disponibles, l’Agence confirme que les animaux domestiques et sauvages ne jouent pas un rôle épidémiologique dans le maintien et la propagation du SARS-CoV-2. A ce stade, cette diffusion est le résultat d'une transmission interhumaine par voie respiratoire.
Toutefois, la réceptivité de certaines espèces animales au SARS-CoV-2 étant désormais établie, le risque de constitution d’un réservoir animal existe. À cet égard, l’Anses recommande d’être particulièrement vigilant vis-à-vis de situations impliquant des contacts entre l’Homme et les espèces réceptives (chats, visons…), dans des conditions de densité importante d’animaux, et de promiscuité animal-Homme particulièrement en milieu clos ou confiné.
Un communiqué de plusieurs ministères du 22 novembre 2020 rapporte la
Surveillance du SARS-COV-2 dans les élevages de visons : un élevage contaminé.
Des analyses sont réalisées depuis mi-novembre dans le cadre d’un programme scientifique conduit par l’ANSES pour définir le statut sanitaire des 4 élevages de visons français vis-à-vis du virus SARS-COV-2.
A ce stade, ces analyses ont permis de révéler que le virus circulait dans un élevage d’Eure-et-Loir. Dès qu’ils ont eu connaissance de ces résultats, les Ministres concernés ont immédiatement ordonné l’abattage de la totalité des 1000 animaux encore présents sur l’exploitation et l’élimination des produits issus de ces animaux, afin de protéger la santé publique contre la Covid-19. Un autre élevage est indemne. Des analyses sont encore en cours dans les deux derniers élevages et les résultats sont attendus dans le courant de la semaine. Si des résultats s’avéraient positifs dans l’un de ces deux élevages, les mêmes mesures d’abattage que dans le premier élevage concerné seraient appliquées.
Les résultats des analyses réalisées sur les éleveurs des 4 élevages se sont tous révélés négatifs. Une surveillance renforcée a été mise en place pour 4 personnes en lien avec l’élevage contaminé et de nouvelles analyses sont en cours.
L’analyse de séquençage du virus sera connue d’ici la fin de la semaine et doit permettre d’exclure toute contamination par le variant SARS-COV-2
La surveillance et les mesures de biosécurité renforcées sont maintenues dans les trois autres élevages.
Les ministres rappellent l'importance des gestes barrières pour lutter contre la propagation de la Covid-19 : il s’agit de protéger les visons d’une éventuelle contamination à partir du personnel des élevages, mais aussi, par précaution, d’éviter les contacts entre des animaux qui seraient infectés et le personnel des élevages.
D'une part, l'Anses nous dit « Les animaux domestiques et sauvages ne jouent pas à ce jour de rôle actif dans l’épidémie Covid-19 ». Attention à la crédibilité scientifique !

D'un autre côté, on nous dit, 
« Le virus circulait dans un élevage d’Eure-et-Loir. (…) Les Ministres concernés ont immédiatement ordonné l’abattage de la totalité des 1000 animaux encore présents sur l’exploitation et l’élimination des produits issus de ces animaux, afin de protéger la santé publique contre la Covid-19. »
« Les résultats des analyses réalisées sur les éleveurs des 4 élevages se sont tous révélés négatifs. »
Je peux comprendre la protection de la santé publique contre la Covid-19, mais aucune personne n'a été malade ... c'est encore le principe de précaution qui a tué ces visons ...

Au Danemark, selon Courrier International
Le gouvernement social-démocrate avait ordonné, le 4 novembre, que 17 millions de visons soient abattus pour parer à une mutation du Covid-19. L’ordre était illégal et scientifiquement douteux. Mogens Jensen (ministre de l'agriculture -aa) s’excuse et annonce quitter son poste ce mercredi.
Côté scientifique, un chercheur ayant travaillé sur les nombreuses variations du coronavirus chez le vison a expliqué dans le New Scientist qu’il était «complètement idiot» de croire que le futur vaccin serait inefficace contre des nouvelles versions du coronavirus dues à une mutation.

dimanche 11 octobre 2020

Merci, agriculteur, de remplir notre garde-manger !

Merci à
seppi d'avoir signaler cet article que je relaie bien volontiers …

Merci, agriculteur, de remplir notre garde-manger !, source ¡Gracias, agricultor, por llenar nuestra despensa ! de José Antonio Arcos, journaliste espagnol spécialisé en information agricole, très centré sur l’Espagne et l’Europe. Article un peu ancien mais excellent et traduit par Christophe Bouchet sur son blog CulturAgriCulturE.

Avant-propos de Christophe Bouchet
Depuis plusieurs semaines, avec la crise actuelle du Covid-19, nous sommes tous très sensibilisés et reconnaissants de l’incroyable travail de tous les corps médicaux, souvent réalisé dans des conditions difficiles et même parfois précaires, avec un énorme dévouement en ces temps particulièrement difficiles que nous traversons.

José Antonio Arcos a voulu nous rappeler que les agriculteurs continuent à produire les aliments dont nous avons besoin, et que grâce à leur labeur quotidien et malgré la situation de confinement, nous disposons jour après jour d’aliments de qualité, bien que la vie économique de nos pays soit presque paralysée.

Je veux me joindre à cet éloge, en tant que consommateur et aussi en tant qu’agriculteur. Merci à tous.

Merci également à tous les ouvriers agricoles que poursuivent leur dur labeur dans les champs malgré la situation si tendue que nous vivons. Sans vous, beaucoup de fermes seraient à l’arrêt, malgré la bonne volonté des agriculteurs.

ooOOoo

« Si nous pouvons rester enfermés chez nous durant quinze jours et ceux qui suivront avec le garde-manger plein, c’est grâce aux agriculteurs. C’est grâce au secteur primaire – qu’ils soient pêcheurs, éleveurs ou agriculteurs – que nous pouvons éviter la faim et la désespérance d’une situation comme celle que nous vivons en Espagne à cause du coronavirus. Il n’y a pas de famine parce qu’il y a des aliments. Il y a des aliments parce qu’il y a des producteurs (agriculteurs, éleveurs et pêcheurs).

Grâce à ce travail des hommes et des femmes de l’Espagne Vidée, nous mangeons tous. L’Espagne Vidée ou Vide, l’Espagne rurale donne vie à l’Espagne urbaine et à chaque table sur laquelle on pose une assiette. Ce sont mes héros.

Valoriser la souveraineté alimentaire
Il est possible que désormais les millions d’Espagnols qui vivent en marge de l’agriculture et des différents secteurs de l’activité du monde agricole puissent comprendre le concept de souveraineté alimentaire. Ces deux mots, que durant ces dernières semaines les agriculteurs et les éleveurs ont crié dans les rues de toute l’Espagne, ne sont pas vides de sens.

Souveraineté alimentaire signifie la capacité d’une nation à s’auto-approvisionner. L’exemple typique, nous le voyons ces jours-ci alors que des millions de consommateurs ont fait des courses massives d’aliments, et ils ont trouvé les produits nécessaires pour remplir leurs paniers. Ces produits, ces aliments, n’apparaissent pas par génération spontanée dans un supermarché ou un magasin de fruits et légumes, ces aliments sans lesquels rien ne serait possible sont produits par un agriculteur. C’est leur créateur.

Cette souveraineté alimentaire prend un sens encore plus profond en situation de crise comme l’actuelle pour cause de coronavirus, face aux hypothétiques limitations ou fermetures des frontières. La souveraineté alimentaire permet que, en marge de ce qui pourrait se produire à l’extérieur, un pays reste capable d’alimenter sa population.

Merci, agriculteur et éleveur, gens de la terre. Merci pêcheur, homme de la mer.

Lorsque nous sortirons de cette pandémie (Covid-19), parce qu’il est certain que tous ensemble nous vaincrons le virus, quand ça se produira (ça se produira), s’il vous plait souvenez-vous que nous ne pouvons pas laisser tomber notre secteur primaire qui est celui qui nous donne à manger. C’est prioritaire.

A part que beaucoup peuvent désormais comprendre ce qu’est la souveraineté alimentaire, ils comprendront aussi pourquoi les agriculteurs sont un secteur stratégique.

« Sans agriculture, il n’y a rien (sine agricultura, nihil). Ce sont mes héros. Applaudissons-les tous. »

* L’expression Espagne Vidée (España Vaciada) s’est développée depuis quelques mois pour illustrer les effets de l’exode rural, de l’explosion démographique et économique des grandes cités du pays, et du manque de recours économiques, techniques et technologiques dont souffrent de plus en plus les zones rurales, sans qu’il y ait apparemment une volonté politique d’influer sur cette tendance. C’est aussi un mouvement de revendication de droits pour ces régions immenses, indispensables à la souveraineté alimentaire du pays, et abandonnées par les gouvernements successifs.

** Sine agricultura, nihil est la devise latine du corps des ingénieurs agronomes espagnols.

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Commentaire final de Christophe Bouchet

Que restera-t-il de tout cela lorsque cette crise sanitaire sera finie ?
Qui se souviendra que la souveraineté alimentaire n’est pas une vue de l’esprit, mais un besoin vital de toute société humaine ?

Parlera-t-on encore de l’évolution de l’agriculture européenne vers une activité d’entretien des paysages, dont la rentabilité n’a pas vraiment d’importance, pourvu qu’elle soit « propre » et politiquement correcte ?

Pourra-t-on alors retrouver un débat sain, non idéologique, sur la production d’aliments, le besoin de développer une agriculture productive, durable, rentable, saine, destinée en priorité à une consommation de relative proximité ?

jeudi 13 février 2020

Faible enregistrement de la présence de Campylobacter chez les volailles suédoises


Enregistrement d'une faible incidence de Campylobacter.
« Faible enregistrement de la présence de Campylobacter chez les volailles suédoises », source article de Joe Whitworth paru le 13 février 2020 dans Food Safety News.

Le taux de Campylobacter dans les volailles suédoises pour la production de viande est à un niveau record, selon la Swedish Poultry Meat Association.

Le groupe affirme que la présence de Campylobacter dans la viande de volaille en 2019 a diminué par rapport à l'année précédente avec une moyenne calculée à partir d'un échantillonnage de 4,6 pour cent des troupeaux positifs.

Pia Gustavsson, vétérinaire à l'Association suédoise de la viande de volaille (Svensk Fagel), a déclaré qu'elle calcule chaque année une moyenne de la présence de Campylobacter dans la volaille suédoise pour la production de viande.

« Les chiffres de 2019 ont montré un niveau record et la moyenne annuelle n’a atteint que 4,6%, soit la moitié des chiffres de l’année dernière. Il s'agit d'une énorme différence par rapport au reste de l'Europe où la prévalence est très répandue, et des chiffres de 50 à 80% ne sont pas rares.

« L'hygiène dans la cuisine joue un rôle essentiel pour réduire le risque de présence de Campylobacter lors de la manipulation des aliments. Se laver les mains, utiliser des planches à découper séparées pour le poulet et les légumes ainsi que cuire à au moins 70°C sont des règles simples et excellentes à suivre. »

Observation. Règles excellentes à suivre à condition de ne pas réaliser de transfert de contamination ou contamination croisée. -aa

Programme de surveillance de Campylobacter
En 2018, sur 4 331 groupes élevés par des membres de la Swedish Poultry Meat Association échantillonnés à l'abattage, Campylobacter a été détecté dans 8,7 pour cent des troupeaux.

En 2018, 63 échantillons ont également été analysés de poulets élevés et abattus dans des abattoirs qui ne sont pas membres du programme suédois de protection des oiseaux ou du programme de protection des animaux. Campylobacter avait été détecté dans 24 (38,1 pour cent) de ces troupeaux.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir

La Swedish Poultry Meat Association a tenté de réduire le nombre de troupeaux positifs pour Campylobacter en présence annuelle de Campylobacter dans les troupeaux de volailles. L'ambition de l'industrie est d'atteindre les mêmes niveaux bas que pour Salmonella.

Il y a plus de 30 ans, le Swedish Board of Agriculture, la Swedish National Food Agency (Livsmedelsverket), le Swedish Veterinary Institute (SVA) et leSwedish Institute of Infectious Diseases (désormais Folkhalsomyndigheten) ont lancé un programme de surveillance afin de réduire la prévalence de Campylobacter chez les volailles suédoises.

Dans le cadre de ce programme, des recherches et des études sont menées au niveau de l'exploitation, y compris l'échantillonnage pour réduire davantage le nombre de troupeaux de volailles positifs. Les conseils développés dans le cadre de ce travail portent principalement sur les pratiques d'hygiène préventive. Le nombre de troupeaux positifs est passé d'environ 60% en 1989 à 4,6% en 2019.

Les progrès n'ont pas toujours été simples. On estime que 5 000 cas à Campylobacter de plus que la normale ont été signalés dans le pays entre août 2016 et mai 2017. Certaines de ces infections étaient liées au poulet réfrigéré produit par Kronfågel.

Le nombre de troupeaux porteurs de Campylobacter varie selon la saison. La prévalence est la plus élevée à la fin de l'été et à l'automne.

« Nous trouvons satisfaisant que le travail de l'industrie, principalement les efforts d'hygiène préventive dans la production de volaille, ait donné de si bons résultats et que la tendance positive se poursuive », a déclaré Karin Åhl, du Swedish Board of Agriculture.

mardi 11 février 2020

Etats-Unis : Une association d'éleveurs de bovins publie une étude montrant chez le consommateur une confusion généralisée au sujet du contenu de la fausse viande d'origine végétale


« Le NCBA publie une étude montrant chez le consommateur une confusion généralisée au sujet du contenu de la fausse viande d'origine végétale », source tlsn.com.

La National Cattlemen’s Beef Association (NCBA) a publié le 7 février les résultats d’un sondage qui révèlent une confusion généralisée des consommateurs concernant la composition des ingrédients et des bénéfices supposés des faux produits de viande à base de plantes.

Dans un sondage en ligne auprès de plus de 1 800 consommateurs, moins de la moitié des répondants ont compris que le terme d'étiquetage « bœuf à base de végétaux » visait à décrire un produit alimentaire entièrement végétarien ou végétalien.

Une source importante de confusion découverte par la recherche de la NCBA est qu’environ un tiers des consommateurs interrogés pensaient que les faux produits de viande à base de plantes contenaient au moins du vrai bœuf. Lorsqu'on leur a demandé d'évaluer l'étiquetage de produits spécifiques et les documents de commercialisation de certains des principaux faux produits de bœuf à base de plantes actuellement sur le marché, les résultats ont été étonnants:

Près des deux tiers des répondants croyaient que les faux produits de viande produits par Beyond Meat, Impossible Foods et LightLife contenaient du vrai bœuf ou une sorte de sous-produit animal;
32 pour cent des consommateurs à qui on a montré un paquet de galettes à base de plantes « Beyond Burger » de Beyond Meat (qui comporte une icône d'une vache) ont déclaré aux chercheurs qu'ils pensaient que les galettes contenaient au moins de petites quantités de vraie viande;
37 pour cent des consommateurs à qui on a montré un paquet de « Gimme Lean » de Lightlife, qui comporte le mot « Beef » surligné dans une boîte rouge, ont déclaré que le produit contenait au moins du vrai bœuf. Aucun de ces produits ne contient de vrai bœuf.

« Le fait que tant de consommateurs regardent ces étiquetages et pensent que les produits contiennent de la viande ou d'autres sous-produits animaux est un signe clair que l'étiquetage est trompeur et les pratiques commerciales trompeuses des entreprises de viandes factices d'origine végétale ont causé une réelle confusion chez les consommateurs », a déclaré la présidente de la NCBA, Jennifer Houston.

« Beaucoup de ces faux produits de viande utilisent délibérément des graphismes et des mots qui font la réputation du bœuf, et cela doit cesser immédiatement. Les consommateurs se fient aux noms et à l'emballage des produits pour éclairer leurs décisions d'achat, et ils ont le droit de savoir que ces informations sont exactes et non trompeuses. »

Lorsqu'on leur a demandé de classer la fausse viande à base de plantes par rapport au bœuf sur une multitude d'attributs alimentaires, les résultats ont été encore plus surprenants. Par exemple:
44 pour cent des consommateurs pensaient que les produits à base de plantes étaient plus faibles en sodium, alors que le faux bœuf d'origine végétale est entre 220 et 620 pour cent plus élevé en sodium que la même portion de bœuf haché réel. À peine 24% des répondants ont correctement identifié le bœuf comme étant moins riche en sodium.

Scientifiquement parlant, le bœuf est considéré comme un aliment non transformé ou peu transformé, tandis que les faux produits à base de viande sont classés comme un produit alimentaire ultra-transformé. Malheureusement, 34% des personnes interrogées pensaient que les fausses viandes d'origine végétale étaient moins transformées et 34% estimaient que les faux et vrais produits de bœuf étaient équivalents à l'échelle de la transformation des aliments.

Concernant la grande catégorie de sécurité sanitaire, plus de la moitié des consommateurs pensaient que la viande d'origine végétale était meilleure.

« Cette recherche est un signal d'alarme pour notre industrie, les médias et les services réglementaires fédéraux », a déclaré Houston. « Dans l'industrie du bœuf, nous devons faire un meilleur travail en informant les consommateurs sur le fait que le bœuf est une source riche en nutriments de protéines de haute qualité et de nutriments essentiels qui peuvent jouer un rôle clé dans tout mode de vie sain. Nous avons également besoin de journalistes et des services réglementaires pour comprendre combien de consommateurs sont confus et/ou mal informés sur le contenu exact de ces nouvelles alternatives à base de plantes. »

La Food and Drug Administration (FDA) a le pouvoir d'empêcher ce genre de confusion chez les consommateurs. En 2020, la NCBA a déclaré qu'elle espérait avoir l'occasion de travailler avec l'Agence pour mettre fin à l'utilisation inappropriée du mot « bœuf » sur toutes les étiquetages des produits non carnés.

Pour des informations plus détaillées sur la méthodologie du sondage et les résultats, allez sur ce lien.

mardi 31 décembre 2019

Aux racines du malaise paysan


Bien évidemment, il ne sera pas question du malaise paysan ou d’agribashing au menu des vœux du Président de la République ce soir à la télévision, ce n’est pas un scoop de vous le dire, mais raison de plus pour en parler encore et encore … car je ne vois de sujet plus important pour l'identité de notre pays !

Voici donc « Aux racines du malaise paysan », un article paru sur le site agri-mutuel du 31 décembre 2019 et je suis très heureux de le diffuser en intégralité en cette fin d’année.


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Bousculés sur les marchés mondiaux, questionnés dans leurs pratiques par la société, les agriculteurs français vivent un malaise grandissant, qu'ils ont exprimé à plusieurs reprises cette année et dont l'« agribashing » n'est que la partie émergée.

Deux chiffres traduisent le recul du monde paysan : alors que les agriculteurs représentaient quelque 30 % de la population active au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la ferme France, fragilisée par les crises successives, pèse aujourd’hui moins de 3 % des actifs.

L’agriculteur « a été pendant très longtemps célébré, il a été reconnu, à un moment donné, un peu comme le symbole de la nation française en train de se moderniser. La France était avant tout un pays de paysans. Les agriculteurs ont en mémoire cette histoire-là », souligne François Purseigle, sociologue du monde agricole.

90 % des ruraux ne sont pas paysans
Plus cuisant encore, les paysans, longtemps fiers de nourrir un pays qui se targue de gastronomie, sont devenus une minorité jusque dans les campagnes : « l’essentiel des gens habitent autour des métropoles voire assez loin, donc 90 % des ruraux ne sont pas paysans. Du coup, il y a des problèmes de cohabitation entre des personnes qui n’ont pas du tout le même imaginaire. Il y a une concurrence d’usage du territoire », explique Jean Viard, directeur de recherche associé Sciences Po-CNRS.

« On a toujours été un peu en décalage, avec un rythme de vie différent (…) mais depuis quelques années, on vit un isolement, on vit cette frustration à côté des gens avec qui on habite, avec qui on va à l’école. On est devenu des gens limite fréquentables, des empoisonneurs », témoigne Olivier Coupery, agriculteur en polyculture élevage, et éleveur de chevaux, à Montfort-L’Amaury (Yvelines).

Alors que les associations antispécistes n’ont de cesse de dénoncer les mauvais traitements sur les animaux d’élevage, Olivier Coupery qui est visé par une pétition de riverains, aimerait, dans une forme de boutade, « qu’on prenne en compte le bien-être de l’agriculteur, le bien-être de l’éleveur ». Conséquences d’une arrivée des néo-ruraux : les demandes de faire taire Maurice le coq sur l’île d’Oléron, ou de déplacer les vaches et leur fumier trop odorant dans le Cantal.

Dénigrement systématique
Ces injonctions, qui se sont multipliées devant les tribunaux, ne sont cependant que les manifestations les plus folkloriques d’un phénomène dénoncé par la FNSEA : l’« agribashing » ou le dénigrement systématique des pratiques agricoles. La révolte du monde paysan contre cette mise à l’index a mené des centaines d’agriculteurs à manifester en tracteur sur les routes ces derniers mois, jusqu’au blocage du périphérique parisien le 27 novembre. Sont qualifiés d’agribashing autant les intrusions de militants anti-viande dans les élevages (« 71 actes délictueux » depuis le début de l’année selon le gouvernement) que la remise en question de l’utilisation des produits phytosanitaires.

Pour lutter contre les intrusions, la gendarmerie a créé fin 2019 la cellule spécialisée Demeter. Mais face à la demande d’une meilleure régulation des produits phytosanitaires, le gouvernement a lancé une concertation sur les zones de non traitement (ZNT) où toute pulvérisation est interdite, et a finalement annoncé fin décembre sa décision sur la distance d’épandage des pesticides par rapport aux habitations.

La montée en puissance des question environnementales dans la société n’est pas circonscrite à la France : en Allemagne, des milliers d’agriculteurs ont manifesté le 22 octobre contre les réglementations du gouvernement en matière de climat et de réforme agricole, qui menacent selon eux l’existence de leur activité. Trois semaines plus tôt, les paysans néerlandais avaient provoqué 1 000 kilomètres d’embouteillages, estimant être devenus les boucs émissaires de la lutte contre le réchauffement climatique.

Les normes toujours plus drastiques, des produits d’importation toujours plus nombreux
« Les néo-ruraux sont venus dans les conseils municipaux et ont amené un regard plus critique que constructif », témoigne Jérôme Régnault, co-fondateur du numéro vert « Ici la terre », ligne ouverte pour retisser des liens en répondant aux questions du grand public.

Mais, « ce serait un tort de réduire les symptômes de la crise agricole à la question de l’agribashing. Ce qui est sûr, c’est qu’un certain nombre de controverses portées notamment par des groupes sociaux ou une partie de la société peut venir renforcer des crises à la fois économiques et morales », souligne François Purseigle. « On a des agriculteurs qui doivent s’adapter à la concurrence mondiale et donc être super-productifs, ce qui est moins bien accepté par la société ; ça a créé une première zone de tension. Ce qui rajoute une touche de tension, c’est le changement climatique : la société française et une partie des citoyens sont de plus en plus conscients qu’il y a des enjeux de changements climatiques majeurs et que l’agriculture a une part de responsabilité », souligne Bertrand Valiorgue, professeur de stratégie des entreprises à l’Université de Clermont-Ferrand.

Sommés de monter en gamme et de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires lors des états généraux de l’alimentation, les agriculteurs ont très mal vécu ce qu’ils considèrent comme un double discours du gouvernement, qui dans le même temps invite des pays moins regardants en termes sanitaires et environnementaux à inonder de leurs produits moins chers les étals français, y compris en bio.

Si l’accord de libre-échange UE-Mercosur semble pour l’heure enterré en France, le Ceta, accord de libre-échange avec le Canada, d’ores et déjà expérimenté et en discussion au Parlement, a également été un motif de grogne ces derniers mois, d’autant que les produits français sont déjà malmenés sur des marchés mondialisés.

Comme le rappelait en juin l’économiste Philippe Chalmin, depuis la fin des quotas européens qui garantissaient un prix stable aux producteurs, « nous sommes dans un monde agricole de plus en plus marqué au coin de l’instabilité des prix et des marchés. Les prix agricoles dépendent peu, presque pas du tout, des prix payés par le consommateur », mais plutôt des cours non seulement nationaux et européens, « mais de plus en plus internationaux ». En d’autres termes, c’est la coopérative néo-zélandaise Fonterra qui fait la pluie et le beau temps sur les prix mondiaux du lait, et l’influence des achats de porcs des Chinois se fait sentir jusqu’au marché de Plérin en Bretagne.

22,1 % des agriculteurs  sous le seuil de pauvreté en 2016
Cette volatilité des cours, alliée aux aléas climatiques, a laissé sur le carreau plus d’un exploitant agricole, malgré une tentative de rééquilibrage des prix sur le marché intérieur avec la loi Alimentation qui n’a eu guère d’effet pour l’instant sur le revenu des agriculteurs.

Selon une étude de l’Insee, 22,1 % d’agriculteurs se trouvaient sous le seuil de pauvreté en 2016, ce qui en fait la profession la plus exposée. L’institut note également que 19,5 % des agriculteurs n’ont eu aucun revenu, voire ont été déficitaires, en 2017. « Les agriculteurs sont encore en phase de mutation avec un double mouvement à l’intérieur : vous avez le développement d’une agriculture bio et de proximité, qui représente déjà au moins 20 % des exploitations, et celui des grosses exploitations qui peuvent investir dans les terres et la technologie ». Et il reste les agriculteurs « formés à la chimie et à la mécanique » qui ont 35 à 60 ans et « ont des problèmes pour investir dans la transformation de leur modèle », détaille Jean Viard.

Dans ce contexte, « un regard accusateur, qui peut devenir agressif, ça peut être la goutte d’eau qui fait qu’on commet l’irréparable. Le fait que ça puisse amener un collègue au suicide, on le vit très, très mal », déclare à l’AFP Jérôme Régnault, céréalier et apiculteur dans les Yvelines.

Il y a eu 372 suicides de paysans en 2015 contre 150 cas en moyenne par an entre 2007 et 2011, selon les statistiques les plus récentes de la sécurité sociale agricole, la MSA.

Ce climat mortifère a été porté sur la place publique par le film « Au nom de la terre » où Guillaume Canet incarne un agriculteur poussé au suicide. Le film a été un succès public et tutoyait début décembre les 2 millions d’entrées après 11 semaines d’exploitation.

Le documentaire, plus confidentiel, de Sophie Loridon « Lucie après moi le déluge », témoignant de la rude existence dans une petite exploitation ardéchoise au long du XXe siècle, a pour sa part engrangé 15 000 entrées en 2019. Après le multi-césarisé « Petit paysan », ces succès montrent que les Français se sentent encore concernés par la question agricole. « Il y a quand même derrière la question des controverses qui entourent l’agriculture un intérêt profond pour la question agricole (…). Aujourd’hui encore, peut-être même plus qu’hier, bon nombre de Français se pressent dans des salons agricoles et sont attentifs et attachés à cette profession », selon François Purseigle.

Complément du 11 janvier 2020. On lira sur Alerte Environnement, Notre agriculture est vertueuse mais elle va mourir ...