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jeudi 27 février 2020

Curieuse communication des risques du groupe Danone après un problème rencontré chez un bébé


Leur bébé régurgite un ver : des parents portent plainte contre le lait Gallia. La petite fille de trois mois a vomi « un ver de 6 à 7 centimètres » ? Source La Voix du Nord avec l’AFP du 26 février 2020

Un couple de parents breton a déposé plainte contre le fabricant de lait infantile Gallia, après que leur enfant de trois mois a régurgité un ver parasitaire de plusieurs centimètres, a appris l’AFP mercredi auprès du commissariat de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

« Une mère de famille est venue déposer plainte (mardi) faisant état de faits concernant son enfant, et de l’administration du lait Gallia », a indiqué le commissariat de Saint-Malo, confirmant des informations du quotidien Ouest France. « Au mois de novembre, sa fille de trois mois a des montées de température. Elle l’a emmenée aux urgences où elle a été traitée dans un premier temps. Et quelques jours après, elle a vomi un ver de 6 à 7 centimètres de sa bouche », précise le commissariat.

Selon la déposition de la maman aux enquêteurs, « le ver a été analysé et l’hôpital a conclu à un ver parasitaire » qui « n’a pas été créé » par l’organisme de l’enfant.

Cette mère a affirmé au commissariat déposer plainte après « avoir entendu dans les médias que deux autres enfants ont eu les même symptômes ». Selon Ouest France, une autre plainte a été déposée simultanément dans le Puy-de-Dôme et un troisième cas avait été soupçonné dans les Landes.
« Nous avons été contactés par des parents du Puy-de-Dôme qui ont vécu la même situation, à la différence qu’eux ont trouvé la larve vivante dans la boîte », a affirmé la plaignante citée dans le journal.

Le parquet de Saint-Malo n’avait pas encore reçu la plainte du couple breton mercredi matin.

Plusieurs hypothèses avancées par Danone car « Le lait infantile Gallia est fabriqué par le groupe agroalimentaire français Danone ».

Ce qui est curieux est ce qui suit :
« En l’état des informations à date transmises et sans que les boîtes de lait ne nous aient été retournées pour analyse, plusieurs hypothèses peuvent expliquer la présence d’un insecte: les conditions de transport, de stockage en entrepôt, de conservation, etc. », a déclaré la directrice financière de Danone, Cécile Cabanis, lors d’une conférence de presse organisée pour présenter les résultats annuels du groupe.

Cette hypothèse apparat douteuse dans la mesure ôù le produit est fermé ...
« En ce qui concerne la chaîne de production, nous rappelons que la poudre de lait ne transite pas à l’air libre. Elle chemine dans des tuyaux fermés et est conditionnée sous atmosphère protectrice avec moins de 2% d’oxygène, rendant de fait impossible la survie d’un organisme vivant dans ces conditions », a-t-elle ajouté.

C'est d'autant plus curieux que la communication du groupe Danone se fait via la directrice financière …

Cela étant selon un remarquable avis de l'Anses relatif à la filière de production des préparations en poudre pour nourrissons, voir l'article que le blog lui a consacré ici, on peut lire,
Le produit qui entre dans la tour de séchage n’est pas stérile. Une fois sortie des cyclones, la poudre est en contact avec des équipements et l’air ambiant qui ne sont pas stériles. En effet, des opérateurs circulent dans la partie sèche, notamment ceux qui surveillent l’entreposage intermédiaire et le conditionnement. En outre, il est difficile de réduire à zéro la présence d’animaux nuisibles (insectes, oiseaux, rongeurs). Les conteneurs d’entreposage ne sont pas stériles. Enfin, la répartition de la poudre dans les contenants destinés à la vente ne se fait pas en condition aseptique.

Et aussi,
Les transferts de poussières sont liés au fonctionnement de l’usine, aux interventions des opérateurs lors des opérations de maintenance et de nettoyage, aux nuisibles ou au transport par les mouvements d’air.
L’enjeu pour éviter la contamination des produits est d’éviter d’une part, les transferts de poussières par la mise en place de mesures de maîtrise et d’autre part, les points d’accumulation potentiels.

A suivre ...

Mise à jour du 28 février 2020. On lira dans Le Figaro.fr de ce jour avec Reuters,
Danone mis en cause pour la présence de larves dans du lait infantile Gallia. Le groupe indique que l'hypothèse la plus probable est que « cela se passe après le site du production ».
...la radio RTL a fait état d'un total de cinq familles concernées, en Bretagne, dans le Var, dans les Bouches-du-Rhône, dans le Puy-de-Dôme et les Landes. 
Mise à jour du 7 mars 2020. Un communiqué de Danone du 13 février  nous apprend que Danone lance Track & Connect pour ses préparations infantiles : une innovation centrée sur la data, au service des consommateurs et des distributeurs.

On devrait donc savoir rapidement d'où viennent larves et vers dans les préparations infantiles ... 

dimanche 23 février 2020

Remarquable avis de l'Anses relatif à la filière de production des préparations en poudre pour nourrissons. Avis utile pour toutes les entreprises alimentaires !

L'Anses nous propose un avis révisé (qui annule et remplace l’avis du 19 septembre 2019. Les corrections effectuées sont décrites en Annexe 4.) relatif à la filière de production des préparations en poudre pour nourrissons.
L’Anses a été saisie pour réaliser une actualisation de l’expertise rendue par l’Afssa en 2008 (Contamination microbienne des préparations lactées en poudre destinées aux nourrissons et personnes âgées) (Afssa 2008), en particulier sur l’analyse des dangers et l’évaluation de l'efficacité des mesures de maîtrise mises en œuvre par les exploitants. L’avis de l’Anses servira de base à la rédaction d’une instruction technique qui détaillera les points de vigilance à examiner lors des inspections.
En appui de la saisine, quatre plans de maîtrise sanitaire (PMS) représentatifs de la diversité des procédés de fabrication et des productions ont été transmis par la DGAL.

La DGAL devrait donc avoir du grain à moudre pour ses inspections et les entreprises alimentaires fabricant de la poudre de lait pour nourrissons vont pouvoir ainsi disposer d’un outil équivalent à un guide de bonnes pratiques d’hygiène et des principes de HACCP, même si l’Anses indique en conclusion de son avis de 74 pages, excusez du peu, « l’Anses encourage vivement la filière à élaborer un guide commun sur les bonnes pratiques d'hygiène et des principes HACCP appliqués à la production des préparations en poudre pour nourrissons. »

C’est louable mais est-ce bien nécessaire ? Dans un tout autre domaine, le Syndicat National de l'Alimentation et de la Restauration rapide n’a toujours ce type de guide et qui s’en émeut …

L’important n’est pas là me semble-t-il et toutes les entreprises alimentaires devraient pouvoir bénéficier de cet avis clair, précis, documenté et argumenté, jugez plutôt …

Il est rappelé fort justement,
la plupart du temps, les produits mis sur le marché et impliqués dans les épidémies ont été considérés comme conformes sur le plan des dangers microbiologiques après la réalisation des analyses libératoires réglementaires. Cependant, il a été possible de retrouver les bactéries pathogènes dans l’environnement des sites de production de ces produits impliqués dans les épidémies, quelquefois même après plusieurs années.

C’est ce que notait déà une note de service de la DGAL de 2009,
Les analyses microbiologiques destinées à vérifier la conformité aux critères microbiologiques existants ne sont en aucun cas suffisantes pour garantir la sécurité sanitaire des aliments et il n’est pas possible d’évaluer précisément l’impact que peut avoir un critère microbiologique de sécurité sur la protection de la santé publique.

L’avis de l’Anses rappelle que pour bien connaître son produit, il faut bien maîtiser son environnement de fabrication,
Pour mieux caractériser les limites du contrôle microbiologique des produits finis, il a fallu étudier les modalités de contamination des produits au cours des fabrications et en déduire les conséquences en matière de lot contaminé et de performance de différents plans d’échantillonnage utilisés pour détecter la non-conformité des lots avant commercialisation.

La pédagogie de l’avis de l’avis de l’Anses commence avec l’application des principes HACCP, que tout un chacun est sensé connaître … et à cet égard le volet validation me paraît essentiel …

Le zoning ou la division en zones à risques distinctes ou zones d’hygiène de l’entreprise est une des clés de la réussite de la maîtrise des contaminants, selon le principe diviser pour mieux maîtriser et surtout éviter les transferts de contamination (appelée aussi contamination croisée).

L’Anses pointe « le nettoyage de l’environnement des équipements en portant une attention particulière aux points d’accumulation, en prohibant l’emploi de l’eau. De ce fait, il ne peut y avoir de désinfection. Le nettoyage sans eau s’obtient p. ex. par l’emploi de balais et balayettes, grattoirs et aspirateurs (mais pas par l’emploi de soufflettes) ».

Il me semble que les balais et balayettes sont à proscrire car ils peuvent remettre en suspension des poussières ; le recours à l’aspirateur individuel muni d’un filtre est utile car ce la permet de rechercher des contaminant dans le sac de recueil des poussières cumulées …

Le souci du détail est bien documenté par des experts et mis en avis en évidence par de très nombreux conseils judicieux …

Un autre intérêt de l’avis de l’Anses est l’analyse des quatre plans de maîtrise sanitaire (PMS) transmis par l’administration.
Parmi les points à approfondir, je retiens « les mesures ou actions suivantes font l’objet d’une description insuffisante dans les PMS expertisés » à savoir la « validation et vérification de l’efficacité des plans de nettoyage et de désinfection ».

J’ai mis ce point en avant car c’est une constante chez de très nombreuses entreprises alimentaires …

L’avis de l’Anses va jusqu’à proposer un tableau des « Principales mesures de maîtrise à appliquer au cours des étapes de production – conclusions de l’analyse des PMS, conditions d’efficacité et attendus pour l’inspection » ainsi qu’un autre tableau sur les « Actions pouvant être menées sur le plan microbiologique - conclusions de l’analyse des PMS et attendus pour l’inspection ».

Tout est fait pour mettre les entreprises face à leurs responsabilités !

Comme indiqué plus haut, après des aspects sur l’« Apport et limites du contrôle microbiologique du produit fini », viennent la « Prévention et surveillance de la contamination environnementale ».

L’Anses propose une « cartographie des voies de contamination » avec les « flux des matières premières, des produits et des matériaux de conditionnement », les « transferts liés aux opérateurs » et les « transferts liés aux flux d’air » et enfin les « autres transferts ».

Je me répète il s’agit ici d’un avis remarquable par sa qualité et sa précision qui fera date dans les avis du CES Biorisk et du GT « Poudres infantiles » ...