dimanche 7 avril 2019

Le clean label n’est pas toujours aussi naturel qu’il n'y paraît


« Le clean labelling n’est pas toujours aussi propre qu’il n’y paraît » est un document de l’AFSCA paru le 3 avril 2019.
L'AFSCA constate que les entreprises du secteur alimentaire ont tendance à éviter d’apposer des numéros E sur les étiquettes des produits alimentaires et à vendre des produits avec ce que l'on appelle un « clean label ». Toutefois, cela peut entraîner des erreurs dans l'étiquetage des denrées alimentaires ou même dans l'utilisation d'additifs illégaux, qui ne répondent pas aux exigences de la législation sur les additifs alimentaires. 
Dans le contexte de cette tendance clean labelling, les ingrédients particuliers apparaissant sur l’étiquette de divers produits alimentaires, tels que le vinaigre tamponné, l’extrait de légumes (épinards, bette à carde, ...) ou les fruits (agrumes, grenade, ...), l’extrait de levure, la fibre de bambou, le sucre fermenté, arôme naturel)… Ces ingrédients donnent au produit final une impression « de naturel » et sont commercialisés comme des produits naturels, bien qu'ils aient été recommandés au producteur dans le but d’assurer une meilleure conservation, maintien de la couleur ... 
Il s’agit clairement d’« ingrédients qui ne sont pas typiquement utilisés comme ingrédient alimentaire et qui sont délibérément ajoutés aux denrées alimentaires à des fins technologiques et deviennent un ingrédient de ces aliments », c’est-à-dire des additifs. Ces ingrédients remplissent la fonction des numéros E omis volontairement, à la différence qu'ils ne sont pas contrôlés par le producteur en termes de pureté, de concentration, de sécurité ... et qu'ils ne sont pas mentionnés en tant qu'additif sur l'étiquette. En plus d'un risque potentiel pour la sécurité alimentaire, les opérateurs qui utilisent ces ingrédients et les consommateurs sont également trompés
N’hésitez pas à lire la suite du document … et peut-être, apprendra-t-on que la DGCCRF va intervenir, mais en a-t-elle les moyens ?


Limagrain nous explique « C'est quoi le Clean Label? »
Le Clean Label est synonyme d'une déclaration claire, propre et compréhensible pour le consommateur. Le Clean label exclut donc les termes techniques ainsi que les ingrédients artificiels, y compris les additifs. Les crises alimentaires ont généré beaucoup d'interrogations, de remise en cause du consommateur vis-à-vis de son alimentation, ainsi qu'une demande forte d'authenticité, de naturalité. Dans son esprit, ce retour aux sources fait partie de l’équilibre alimentaire et de la nutrition préventive des maladies. 
Le Clean Label reste néanmoins un concept non réglementé et la perception et demandes peuvent variés selon les pays concernés. 
Du point de vue des industriels qui se doivent de répondre aux demandes du marché, ce sujet peut s'avérer plus complexe qu'il n'y parait. Même si des solutions naturelles existent, l'industrialisation, les process complexes, l'extension des DLUO, les recettes élaborées peuvent poser des problèmes dans une démarche de substitution à qualité constante.
Si c’est pas réglementé, j’en veux pas, ainsi que la soi disant « déclaration claire, propre et compréhensible pour le consommateur. »

On lira aussi les documents de la DGCCRF du 27 juillet 2018 sur Étiquetage des denrées alimentaires et du ministère de l’agriculture sur une tendance la « Recherche de naturalité ».
Tendance : la naturalité, pour une grande partie des consommateurs, sous-entend une absence de « produit chimique ». En effet, les consommateurs sont attentifs à la composition des aliments et privilégient ceux sans éléments artificiels (conservateurs, additifs, colorants artificiels …). Ils cherchent à éviter également les produits issus des biotechnologies, les OGM ou encore l’utilisation de pesticides dans l’agriculture.
On se souvent enfin que le E 330, l’acide citrique, tout ce qu’il y a plus inoffensif, est régulièrement l’attaque de sectaires d’un autre âge comme le montre ce reportage d’Europe 1 de février 2018.

vendredi 5 avril 2019

Exploration de la saisonnalité de Campylobacter en Europe à l'aide du système de surveillance européen (TESSy), 2008 à 2016


Les objectifs de cette étude (Eurosurveillance  Volume 24, Issue 13, 28/Mar/2019) sont les suivants: 
(i) examiner comment la saisonnalité des infections à campylobactériose varie en Europe et explorer les associations entre incidence, température et précipitations et (ii) comparer ces résultats à ceux d’études antérieures. Nous avons également cherché à évaluer l'utilité des données de TESSy pour l'analyse saisonnière transeuropéenne de la campylobactériose. 
Selon une étude, les pays nordiques avaient un pic saisonnier de campylobactériose du milieu à la fin de l'été, tandis que la plupart des autres pays européens avaient une augmentation plus faible au début de l'année. Article adapté d'après Food Safety News.

Les chercheurs ont présenté les variations saisonnières de la campylobactériose en Europe de janvier 2008 à décembre 2016 ; ils ont examiné les associations avec la température et les précipitations et ont comparé les résultats avec ceux d'études antérieures.

L'infection à Campylobacter est la maladie d'origine alimentaire la plus souvent rapportée dans l'Union européenne. Elle cause plus de 200 000 cas par an, mais en raison de la sous-déclaration, le nombre réel d'infections pourrait être plus proche de neuf millions. Dans l'UE, le coût annuel associé en termes de santé publique et de perte de productivité est estimé à 2,4 milliards d'euros (2,7 milliards de dollars).

Dans beaucoup de pays, la campylobactériose a un pic saisonnier du début au milieu de l'été. Les facteurs qui contribuent à cela incluent la modification des schémas de colonisation bactérienne dans les troupeaux de poulets, différentes méthodes de préparation des aliments, la transmission par des mouches et la consommation élevée de fruits et de salade.

L'analyse a inclus 1 784 996 cas provenant de 18 pays pour la période de 2008 à 2016 et six clusters (cas groupés) ont été définis, indiquant que la saisonnalité est comparable et que les facteurs contribuant à la saisonnalité peuvent également être similaires. Les cas faisant état de voyages à l'étranger (n = 135 178) ont été retirés de l'ensemble des données. D'autres critères d'exclusion ont été supprimés, Belgique, Chypre, Estonie, Islande, Lettonie, Malte, Pologne, Portugal et Roumanie.

L’Autriche, la République tchèque et l’Allemagne font partie du premier groupe, avec un pic saisonnier diffus qui se produit à la fin du mois de juillet, mais aussi un pic plus faible vers la mi-juin.

Les pays nordiques comme le Danemark et la Suède (groupe 2), ainsi que la Norvège et la Finlande (groupe 3) affichent respectivement un pic début août et fin juillet.
La plupart des autres pays européens font partie du groupe quatre (France, Italie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas et Slovénie), avec un pic saisonnier plus tôt dans l’année, vers la mi-juin.

Le groupe cinq regroupe le Royaume-Uni et l'Irlande avec la Hongrie et la Slovaquie séparées géographiquement ; L'incidence maximale se produit début juin.

Le groupe six (Espagne) est très différent des autres, avec une incidence plus constante tout au long de l’année et un pic moins net. Cela pourrait être une conséquence de son emplacement dans le sud ou du faible nombre de cas signalés.

En dépit des interventions de plusieurs pays européens pour lutter contre les maladies d’origine alimentaire, la force et le calendrier des pics de campylobactériose sont restés globalement similaires au cours des 10 dernières années. Cela confirme le rôle important de l'environnement et des conditions météorologiques, qui sont peu touchées par les interventions basées sur l'alimentation, selon l'étude.

Par rapport aux études antérieures, l’incidence maximale de la campylobactériose au cours des dernières semaines est pratiquement la même, à l’exception de l’Irlande et des Pays-Bas. Bien que la raison du changement aux Pays-Bas d’un pic de plusieurs semaines plus tôt soit inconnue, le pic en Irlande pourrait être du au petit nombre de cas dans les études précédentes.

Cinq des six groupes de pays présentent des associations significatives avec la température. Il y avait aussi une association statistiquement significative avec les précipitations mais cela a moins d'influence sur l'incidence de la campylobactériose que la température.

Les associations entre la température, les précipitations et les infections à Campylobacter étaient plus fortes dans les pays nordiques que dans les autres pays européens.

Les chercheurs ont utilisé les données du système de surveillance européen (TESSy).
TESSy est un ensemble de données utile pour l’analyse saisonnière transnationale de la campylobactériose et d’autres maladies infectieuses, mais les données qu’il contient ont leurs limites et reposent, dans une certaine mesure, sur l’infrastructure de notification de chaque pays et sur la rapidité de la notification. 
Pour la France, la dernière étude disponible est celle de VanCauteren et al. parue en janvier 2018, dont l’InVS indique :
Une étude sur la morbidité et la mortalité liées aux infections d’origine alimentaire en France entre 2008-2013 a permis d’estimer le nombre annuel moyen de cas symptomatiques de Campylobacter à 493 000 (ICr90% : 273 000-1 080 000) dont 392 000 (ICr90% : 215 000-863 000) liés à une transmission alimentaire soit 26 % du nombre total des infections d’origine alimentaire en France.

Canada : Rappel d'un fromage sec à pâte dure de Crête pour cause de présence de Listeria monocytogenes



Mizythra sec de Crête de marque Oreinos Mylopotamos
Selon ce site,
Le Myzithra ou Mizythra est un fromage grec traditionnel non pasteurisé à base de lactosérum de fromages de brebis, de chèvre ou de lait de vache. Il est fabriqué en Grèce depuis des milliers d'années et serait l'ancêtre de tous les fromages de lactosérum grecs. Il existe deux formes de mizythra, frais et sec. 

(…) Le mizythra vieilli à la texture dure et au goût salé est appelé mizythra sec. Sous cette forme, le mizythra est généralement savouré comme un fromage râpé ou cuit sur des spaghettis.
Pour d’autres informations sur ce fromage, voir ces liens, 1 et 2.

« Un fromage crétois Mizythra sec rappelé au Canada pour cause de présence de Listeria », source article de Kelsey M. Mackin paru le 5 avril 2019 dans Food Safety News.

À la demande de MFG Distribution Inc., l'Agence canadienne d'inspection des aliments a publié un avis de rappel de « Mizythra sec de Crête de marque Oreinos Mylopotamos parce que ce produit pourrait être contaminé par la bactérie Listeria monocytogenes. Le produit visé décrit ci-dessous ne doit pas être consommé. »

MFG Distribution Inc. a distribué son fromage à pâte dure de marque Oreinos Mylopotamos à des magasins non identifiés situés en Ontario et au Québec. Aucun autre détail sur la manière dont la contamination probable a été découverte n'a été inclus dans l'avis de rappel.

Ce rappel découle de résultats d'analyses effectuées par l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA). L'ACIA procède actuellement à une enquête sur la salubrité des aliments qui pourrait entraîner le rappel d'autres produits. Tout autre rappel de produit à haut risque sera signalé à la population au moyen d'une mise à jour de l'avis de rappel d'aliments.
L'ACIA veille à ce que l'industrie retire du marché le produit faisant l'objet du rappel.

« Les aliments contaminés par la bactérie Listeria monocytogenes ne présentent pas nécessairement d'altération visible ni d'odeur suspecte, mais peuvent quand même vous rendre malade. » indique l’avis de rappel.

Bien qu'aucun cas de maladie n'ait été signalée à la date du rappel du 2 avril, les consommateurs sont instamment priés de se départir immédiatement du fromage rappelé ou de le retourner à son magasin d'achat. Selon l'avis de rappel, le fromage à pâte dure rappelé ne comporte pas de date identifiable, « Meilleur avant » (Best before) et ‘tous les codes’ peuvent faire l'objet d'un rappel.

Le fromage à pâte dure rappelé de « 1,45 kg » était vendu dans un emballage et portait la marque « Oreinos Mylopotamos » sur le devant de l'emballage.

L'infection à Listeria peut prendre jusqu'à 70 jours pour que les symptômes se développent. Les symptômes comprennent une forte fièvre, de graves maux de tête, des raideurs, des nausées, des douleurs abdominales et de la diarrhée. Les jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli peuvent développer des infections graves, parfois mortelles, du fait de l'exposition à la bactérie Listeria monocytogenes.

Toute personne ayant consommé du fromage à pâte dure crétois Mizythra sec et a développé des symptômes de Listeria doit consulter un médecin et informer son médecin de l’exposition possible à l’agent pathogène.

Pour plus d’informations, les consommateurs peuvent contacter l’ACIA en remplissant un formulaire en ligne.

Le souci posé par ce rappel est qu’il s’agit d’un fromage à pâte dure généralement conseillé aux personnes à risques, « il faut préférer les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté, etc.), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé. La même recommandation vaut pour les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées. »

A suivre donc …

jeudi 4 avril 2019

Il s’agit bien d’une intoxication alimentaire à l’Ehpad de Lherm en Haute-Garonne, selon le procureur de la République

Après l’article du 1er avril 2019, Suspicion d'intoxication alimentaire dans un Ehpad de Haute-Garonne, il y aurait confirmation d’une « toxi-infection alimentaire » …

Morts à l'Ehpad de Lherm : une « toxi-infection alimentaire détectée », selon Le Dauphiné.com du 4 avril 2019.
L’enquête sur la mort de cinq résidents d’une maison de retraite à Lherm, près de Toulouse, a permis de détecter une « toxi-infection alimentaire », a annoncé ce jeudi le procureur de Toulouse, Dominique Alzéari.

Mais il n’y a pas de précision dans l’immédiat sur les bactéries incriminées, a indiqué le procureur, affirmant par ailleurs que « rien ne permet d’objectiver un acte volontaire ». Il a également annoncé qu’une information judiciaire allait être prochainement ouverte mais qu’il était « trop tôt pour rechercher des responsabilités individuelles ».

Dès l’annonce du drame, survenu dimanche soir, l’Agence régionale de Santé avait déclaré que la suspicion première était celle d’une intoxication alimentaire.
Décès à l'Ehpad de Lherm : « L’hypothèse de l’intoxication alimentaire confortée », indique le procureur
Treize plaintes, émanant de sept familles de victimes, ont été déposées. Les analyses toxicologiques se poursuivent pour déterminer l'éventuelle bactérie à l'origine du choc toxique.

« L’hypothèse de l’intoxication alimentaire semble confortée », a précisé Dominique Alzeari. Selon les résultats des premières analyses réalisées sur les repas témoins du jour même et de la veille, « il y a une présence de bactéries dans les différents ingrédients des repas servis dimanche », poursuit le procureur de la République.

Seules les salades périgourdines servies hachées, mixées ou sous forme liquide sont concernées par la présence de cette bactérie. Des repas aussi bien servis au réfectoire que dans les chambres.

Des analyses toxicologiques se poursuivent, notamment sur les ustensiles utilisés pour la préparation et le service des repas, pour savoir si on retrouve dessus des bactéries.

Mais impossible pour le moment de dire exactement de quelle bactérie il s’agit et d’où elle provient. Seule certitude, deux personnes sont mortes « d’une défaillance cardiovasculaire respiratoire secondaire à un choc toxique et compatible avec une intoxication alimentaire ».
Complément du 5 avril 2019. Selon Le Parisien.fr du 4 avril 2019
Était-ce la salade périgourdine et le poulet basquaise qui leur ont été fatals ? Ou l’un des autres repas du week-end eux aussi contaminés ? Quatre jours après la mort de cinq résidents - quatre femmes et un homme âgées de 72 à 95 ans - de la maison de retraite (Ehpad) « la Chêneraie » de Lherm (Haute-Garonne), les investigations privilégient la thèse d’une grave infection alimentaire ayant abouti à un « choc toxique ». « Parmi les cinq victimes, deux sont décédées suite à des arrêts cardio-respiratoires. Pour les trois autres, des analyses sont toujours en cours », a indiqué jeudi après-midi le procureur de Toulouse lors d’une conférence de presse, citant les premiers retours d’autopsies et d’analyses.
Complément du 7 avril 2019Selon France info du 5 avril 2019,
« Une toxi-infection alimentaire a été objectivée du fait de la présence de bactéries dans différents ingrédients retrouvés dans des repas-témoins saisis, y compris avant le jour des décès », a assuré le procureur de la République de Toulouse. Concernant l'hypothèse d'une infection due au mixage des aliments, le procureur a répondu que « des gens qui ont pris ces repas n'ont pas été malades ». Il a souligné que pour les 26 victimes de l'intoxication finalement recensées, l'établissement servait plus de 50 repas « mixés ou lissés », destinés aux personnes dépendantes.
On lira aussi cet article du Sun de Grand-Bretagne du 1er avril 2019, ici.

Complément du 1er février 2021. selon La Dépêche du 28 janvier 2021,

Quatre personnes, dont le directeur et deux cuisiniers, ont été placées en garde à vue mardi. Ils sont suspectés d'être impliqués de près ou de loin dans le drame survenu le 1er avril 2019 à l'Ehpad La Chaineraie, où cinq personnes ont perdu la vie.