Voici le premier article, à mon sens, sur le COVID-19 et les EHPAD en France. Le titre de l'article paru dans Eurosurveillance le 16 avril est Epidémie
potentiellement mortelle de maladies
à coronavirus (COVID-19) chez des
personnes âgées dans des
maisons de retraite et des
établissements de longue durée.
Au final, nous avons ici la reproduction du scénario catastrophe de la grippe d'il y a quelques années, on ne pourra donc pas dire qu'on ne savait pas ...
Résumé
Motivés par
l'effet dévastateur potentiel d'une épidémie de COVID-19 dans les
maisons de retraite et les établissements d’herbergement
pour personnes âgées
dépendantes (EHPAD)
pendant une longue durée,
nous présentons l'impact des pires scénarios dans les
établissements français en utilisant une structure d'âge et des
taux de mortalité par âge spécifiques. Le nombre de décès
pourrait être égal au nombre annuel de décès
causé par la grippe saisonnière chez les personnes âgées de plus
de 65 ans ou pourrait largement dépasser cela, selon le taux
d'attaque final et la proportion d'institutions infectées.
Discussion
Dans un
établissement donné, la mortalité causée chez les résidents par
une épidémie
d'infections respiratoires aiguës (IRA) ou d'infections des voies
respiratoires inférieures dépend du taux
d’attaque (TA)
final et du taux
de létalité (TL). Un TA
de 25% chez les résidents est courant et les IRA sont déjà la
principale cause de décès par étiologie infectieuse en
institution. En France, les trois quarts des résidents souffrent
d'au moins une maladie cardiovasculaire (principalement
l'hypertension), 42% d'une démence et 18% d'une affection
broncho-pulmonaire.
L'estimation de la
population du taux de
reproduction de
base R0 du syndrome respiratoire aigu sévère lié
au coronavirus 2 (SRAS-CoV-2)
au début de l'épidémie en Chine était de 2,2 (intervalle de 90% à
haute densité: 1,4-3,8), avec un taux beaucoup plus élevé de
probabilité d'événements
sur-étalés par rapport à la grippe saisonnière. Compte tenu du
manque d'immunité antérieure, de la circulation du virus dans la
population générale, de l'intensité des contacts entre les membres
du personnel dans les établissements, des comorbidités
sous-jacentes des résidents et du manque de traitement antiviral, le
R0 pourrait être beaucoup plus élevé dans les établissements que
dans la population en général.
Comme dans d'autres
urgences sanitaires, les personnes âgées sont souvent la partie
invisible de la crise. Les personnes âgées dépendantes sont plus
sujettes à des présentations cliniques atypiques. Les présentations
d'infections virales respiratoires atypiques, associées au défi de
mener correctement une interview en cas de troubles neurocognitifs,
retarderont le diagnostic et le traitement. Cela sera préjudiciable
au pronostic individuel et facilitera la propagation virale au sein
de l'établissement. Étant donné que les tests de confirmation ne
sont pas systématiquement effectués, le nombre exact de décès
final attribuable au COVID-19 dans les établissements restera
largement inconnu.
Bien sûr, le
risque qu'une institution donnée soit affectée dépendra de son
emplacement et du moment de l'épidémie. Une série de mesures ont
été recommandées en France pour réduire le risque d'introduction
du SRAS-CoV-2 dans les institutions de soins pour
personnes âgées et pour réduire le risque de transmission
nosocomiale: confinement,
suspension des visites et aides personnelles, chaînes
d'approvisionnement sécurisées, isolement des cas, mesures de
barrière étendues, assainissement, limitation des activités
internes, etc. L'isolement social augmentera à son tour le risque de
troubles cognitifs et retardera le diagnostic. Des contacts étroits
entre les résidents et le personnel infirmier et des contacts
fréquents au sein du personnel infirmier entraînent une forte
probabilité d'infection parmi le personnel infirmier. En
conséquence, l'institution doit embaucher du personnel temporaire et
organiser des rotations pendant une longue période de lourde charge
de travail. Les institutions doivent alors faire face à un double
fardeau: un fardeau élevé de maladie parmi les résidents et de
graves contraintes de personnel.
Des
campagnes d'information et de communication publiques devraient être
canalisées pour protéger les personnes les plus vulnérables et les
plus âgées de notre société, pour les rendre visibles et pour
apporter un solide soutien psychologique au personnel infirmier. En
outre, nous devons également renforcer la communication entre le
personnel infirmier et les familles à la fin de la vie du résident
ainsi qu’après la mort. Afin de relâcher la pression sur les
hôpitaux généraux, une approche palliative des soins devrait être
proposée au sein des établissements concernés, en tenant compte
des considérations éthiques.
Référence
Trois
observations
Les
auteurs sont motivés, j’aurais bien aimé que Santé publique de
France et
le ministère de la santé soient motivés
en
temps réel. A
chaque, c’est le même scénario catastrophe, et l’on ne pourra
pas dire qu’on ne savait pas !
Le
second point est qu’en
isolant par confinement strict les personnes âgées, on précipite
leur fin…
Le
troisième point concerne le
terme hébergement,
l’« hébergement »
est, selon le Larousse et Le Robert, signifie le fait de loger
quelqu’un « à titre provisoire », ce qui en dit long
sur notre inconscient par rapport à la personne en question :
l’Ehpad est en somme un bassind e décantation entre la vie et la
mort : en bon francias, ça seule traduction juste, c’est « on
vous a assez vus ».
Texte de Jacques Julliard dans un éditorial du magazine Marianne
intitulé « Les Vieux ».
Complément.
Je ne sais si le président du conseil scientifique du chef de l'Etat sera concerné par le confinement des personnes âgées, lui qui est aussi une personne âgée, et qui entend encore confiner, terme qui vient du latin cum (avec) et finis (frontières), pendant un certain temps ou un temps certain, ceux qu'on appelle aussi, les anciens, les aînés, les vieux, les vieillards, les seniors .. dans le fil de ce que préconisait la présidente de la Commission européenne ... mais de quel droit!
Ah mais ... voilà pour coup de gueule !
Sur ce sujet, on lira,